De notre observateur liégeois (2)

Mon cher Beau, je continue mon courrier d'hier, sur ce que l'on pourrait résumer par: "comme on fait son lit, on se couche" ("on ne récolte que ce que l’on sème") ou les dérives d'un système de gouvernance assurant au FN des perspectives intéressantes

- comment ne pas te souligner ce que d'aucuns appellent une décision irréaliste, d'autres une preuve de mépris et d'irrespect vis à vis de la population; en tous les cas, une décision qui est une illustration de la coupure avec le monde extérieur, la non-prise en compte des réalités: à ne pas côtoyer leurs concitoyens, les élus n'ont pas conscience des ressentis. A force d'être entourés de courtisans, de flatteurs et d'obligés, vivant en vase clos, ils n'ont aucune idée de ce que pense "Monsieur Tout le monde"... De quoi s'agit-il? Ils avaient décidé de diminuer leurs indemnités de 30% avant d'être élus (il faut dire que la majorité précédente se les était scandaleusement augmentées, un an auparavant). Promesse tenue: sauf que, ils viennent de décider de les accroître, à effet rétroactif au 1er janvier! Ainsi donc, quelques mois après avoir tenu une promesse de campagne, ils reviennent dessus, alors que l'on annonce, pêle-mêle, que l'on ne diminuera pas les impôts en 2010 (après les avoir augmentés de 13% en 2009!), qu'il faudra continuer à se serrer la ceinture, que l'endettement, qui diminue faiblement, est plombé par des emprunts toxiques...Incongruité de cette hausse de 22%: un élu annonce, de plus, qu'un autre ajustement positif  interviendra l'an prochain! Argument en toute ingénuité: "on travaille beaucoup et c'est mérité"! Sauf que la population a été scandalisée, non seulement par cette auto-augmentation, mais aussi par le fait que le tout récent ex-Maire, absent depuis près de 7 mois, en a bénéficié aussi, pour une indemnité qu'il a continuée de percevoir (légalement). Les mêmes sont également interloqués que les élus se soient ainsi récompensés à ...effet rétroactif! En ce qui me concerne, et en dépit d'un souci de neutralité, force m'est de constater que la situation de banqueroute dans laquelle se trouve la ville d'Hénin-Beaumont, ne justifiait pas,  non seulement financièrement, mais aussi moralement, d'augmenter les indemnités des élus, ne serait-ce que d'un centime. Cela correspond bien à ce que j'exprimais précédemment, à savoir que les élus vivent dans l'irréel. Que personne n'ait imaginé, parmi eux, que cette décision scandaliserait les habitants, pose beaucoup de questions, notamment sur la perversion des esprits les mieux intentionnés, par le pouvoir. Pire encore: les élus s'étonnent des réactions de leurs concitoyens!!!

- il faut dire que le mythe suivant lequel le pouvoir est le seul détenteur de la vérité et que, de ce fait, il peut tout dire, même les mensonges les plus irréalistes, est très ancré dans ce territoire du Bassin Minier. Au risque de passer pour un imposteur ailleurs, il s'est arrogé, ici, le droit de dire que la situation financière s'est améliorée, en 2009, grâce à ses efforts (ce qui, pour lui, justifie l'augmentation de ses indemnités). Or, c'est de toute évidence faux: arrivé, effectivement, au pouvoir en septembre, il a bénéficié des mesures qui avaient été prises par la municipalité précédente, défaillante, mais contrainte et forcée par le Préfet de prendre des mesures drastiques (fin des contrats temporaires et hausse fiscale) et d'appliquer les procédures de gestion forgées par la Chambre Régionale des Comptes...Le seul mérite de la nouvelle municipalité est d'avoir continué dans le même sens. Certains ont appelé "imposture", le fait de s'arroger des mérites qui ne sont pas les leurs. Le mot est fort, mais a poussé les élus à cesser de se rengorger. Tu me diras que, de plus, ayant annoncé que les résultats 2010 ne seront pas meilleurs que ceux de 2009, ils ont ravalé rapidement ce que l'on aurait pu taxer de suffisance, s'ils avaient continué dans ce sens...

Et je sens ta question venir, mon cher Beau: pourquoi le peuple ne se révolte-t-il pas? Je te répondrai succinctement en faisant référence, certes, à la culture de soumission inhérente à l'histoire de ces 160 dernières années, mais également au fait que l'exutoire de toutes les frustrations de ces 10 dernières années est le Front National...

Bien à toi,

Serge