Douze ans de descente en enfer (62): la vie sans Gérard Dalongeville

 

La Voix du Nord - 8/10/12

 

 

Mardi 7 avril 2009...
Hénin-Beaumont est en état de choc dès le milieu de la matinée, alors que la nouvelle des interpellations, aux aurores, du maire mais aussi de Claude Chopin  et Guy Mollet, par des équipes de la DIPJ (AA: direction interrégionale de la police judiciaire), a rapidement fait le tour de la ville.

 

Gérard Dalongeville et son ex-premier adjoint, Claude Chopin, sont tous deux suspectés « d’avoir commis les faits de détournements de fonds publics, octroi d’un avantage injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet de garantir la liberté d’accès et l’égalité des candidatures dans les marchés publics… » (AA: c'est-à-dire: trucage de marchés publics) ; de son côté, il est reproché à l’ex-patron du Journal du pays, Guy Mollet, du « recel de détournements de fonds publics, faux et usage de faux, extorsion de fonds… »

 

À l’hôtel de ville, c’est panique à bord. Jean-Bernard Deshayes, bombardé premier adjoint depuis la veille, sent la terre se dérober sous ses pieds. Alors que l’équipe n’a plus de capitaine à bord, c’est curieusement Lahoussine Essakhi, le dir’cab du maire, qui tient la baraque au milieu d’une sacrée pagaille. L’après-midi du 7, un peu plus de confusion s’ajoutera au désordre ambiant, lorsque Gérard Dalongeville fait son retour en mairie, menottes à la main. Pour livrer aux enquêteurs les secrets de son bureau (« Un coffre ? Quel coffre ? »). Pendant ce temps-là, alors que les journalistes harcèlent Jean-Bernard Deshayes pour avoir des nouvelles fraîches, ce dernier est chargé de les balader dans les étages le temps que le procureur-adjoint, les enquêteurs et le maire puissent être exfiltrés discrètement du bâtiment.

 

Un coup de théâtre que, du côté du PS, on essaie de gérer au mieux. Jean-Pierre Kucheida, tirant un trait sur des années de « mon cher Gérard ! » évoque « une affaire malheureuse qui traîne depuis de nombreuses années » dont il se félicite de s’être « retiré » (AA: ce qui prouve que le PS était au courant de toutes les turpitudes de GD!). Quant à Gérard Dalongeville, le maire de Liévin souhaite « que la Justice suive son cours le plus rapidement possible» . Guy Delcourt, en grand froid avec le maire d’Hénin-Beaumont depuis 2002, évoque une catastrophe et un gâchis. Au sujet du maire dormant désormais derrière les barreaux, il explique : « Quand j’ai découvert la girouette, je me suis éloigné. Je sais qui je dois et qui je ne dois pas fréquenter ! » (AA: en fait, G. Delcourt est un susceptible...) Enfin, Daniel Percheron rappelle, au cas certains en auraient douté, que « les responsables régionaux du PS ne savaient rien de la situation financière de la Ville d’Hénin-Beaumont…» (AA: je tiens à disposition de tous, les courriers et mails adressés à Percheron, Aubry, Janquin et Génisson, sans parler des posts du présent blog! De plus, j'ai eu plusieurs conversations avec DP sur le sujet...) 

 

Mais les enquêteurs, eux, savent désormais. Savent qu’ils sont face à un « système organisé et concerté, mis en place au bénéfice de quelques personnes et au préjudice des finances publiques de la commune ». Alors qu’au terme de leur garde à vue les trois Héninois seront mis en examen et écroués, le château de cartes du système Dalongeville s’effondre semaine après semaine, au fur et à mesure de la mise en examen des chefs d’entreprise ayant participé à ce qui est parfois nommé comme un racket des finances municipales. Ils tombent les uns après les autres au fil d’une enquête impliquant des entreprises de sécurité, de démolition, de jardinage, de nettoyage, de sonorisation mais aussi des créateurs de SCI (AA: mais pas d'entreprise de travaux publics et du bâtiment?). Quelques semaines plus tard, c’est même Jean-Marc Bouche, le patron de Deberdt, client privilégié et incontournable de la Ville aux factures exorbitantes, qui est également mis en examen et écroué. Un choc car l’homme est également vice-président de la CCI (AA: il ambitionnait également la mairie de Montigny).

Dès les prémices de leurs recherches, les enquêteurs affirment que leurs investigations ont « permis d’établir qu’un vaste réseau organisé et généralisé, a érigé en pratique courante l’usage de fausses facturations et/ou de surfacturations dans le but de détourner les fonds publics attachés à la Commune d’Hénin-Beaumont. » Avec un montant de fausses factures avérées de 878 416 € alors que pour la bagatelle de 3 199 573 €, d’autres sont considérées comme douteuses. AA: 4 millions possiblement détournés!

 

PASCAL WALLART

 

Pour compléter sur l'ambiance de l'époque et en date respectivement des 7/4/09, 9/4 et 11/4: http://alpernalain.blogspot.fr/2009/04/des-questions-en-attente-de-reponses.html

http://alpernalain.blogspot.fr/2009/04/histoire-dun-fiasco-3.html

http://alpernalain.blogspot.fr/2009/04/histoire-dun-fiasco-4.html