Une "auto-promotion"

J'ai reçu lundi le tract d'Eugène Binaisse. Notons tout d'abord qu'il a mis du temps à être distribué, puisque certains l'avaient reçu en milieu de semaine dernière. Vous me direz, les troupes doivent se roder avant d'être efficaces dans ce type d'exercice.

J'ai du mal à intituler ce document. En effet, il émane d'un comité de soutien à E. Binaisse, alors qu'il comprend, outre la photo du maire actuel en première page, une déclaration de lui-même en page 2 et 3 (avec une partie signée et une autre non signée alors que, semble-t-il, c'est toujours le maire qui parle...). La confusion ne doit pas faire oublier au mandataire financier de la liste majorale que cette dépense doit entrer dans le compte de campagne (attention la mention du nom de l'imprimeur doit figurer sur tout document de campagne, sinon...) Nous reviendrons, un peu plus bas, sur la page 4.

Étonnant que ce document, provenant d'un comité de soutien dont personne ne connait la composition,  soit, en quelque sorte, une déclaration de candidature. Une façon de se mettre en avant qui correspond bien à la critique formulée par Patrick Piret (orfèvre en la matière) à l'égard du maire d'Hénin-Beaumont (tract du 1er février 2011, à l'occasion des cantonales) : "l’augmentation ahurissante des dépenses consacrées en matière de communication, ou plus précisément d’auto-promotion". Je ne serai pas aussi féroce car cette "auto-promotion" correspond à une nécessité : le maire n'est pas connu et les citoyens de la ville pourront mettre un visage sous ce nom... non, ce qui me dérange, c'est ce mélange des genres (auto-promotion et comité de soutien). Et contrairement à ce que disait P. Piret dans sa propagande électorale déjà citée : "Manifestement, Eugène Binaisse n’a toujours pas pris la mesure des effets suicidaires de son isolement." Mais si ! la preuve, cette auto-promotion ! (Je prie d'ailleurs PP de bien vouloir m'excuser de lui avoir emprunté ce mot d'auto-promotion parfaitement adapté !)

Toujours sur la forme, la quatrième page du tract d'auto-promotion pose quelques questions sur les soutiens affichés:

- si j'ai bien compris, le nom d'"Alliance Républicaine" est contestée, judiciairement, par une partie de la liste AR de 2008/2009. Il n'est peut-être pas judicieux de s'en prévaloir vu le litige en cours... En outre, des adversaires malveillants pourraient ironiser sur la "mésalliance républicaine". Mais ce serait de mauvais goût, reconnaissons-le...

- le soutien du PRG et d'EELV fait sourire : "combien de divisions ?" pour reprendre la formule employée pour mettre en doute l’importance d’une entité quelconque (pour l'anecdote, cette question célèbre date de 1945 : "Le Pape, combien de divisions ? » répondit Staline à Winston Churchill qui lui demandait de respecter les libertés religieuses dans l’Europe centrale que l’Armée rouge occupa. Source : Wikipedia). D'autant plus que personne ou presque ne connait les représentants héninois des 2 partis...

- quant au PS, on suppose que le secrétaire de section a bénéficié d'informations privilégiées concernant le soutien de son parti, car, jusqu'à présent, ledit parti ne s'est toujours pas prononcé... Le député P. Kemel s'est également "mouillé"... Financièrement parlant, il n'y a pas de risque pour ces partis qui s'engagent derrière le maire, car sa liste devrait dépasser les 5%, seuil de remboursement par l’État des dépenses de campagne...

Sur le fond du discours, nous y reviendrons plus tard, mais les mêmes arguments contestables sont toujours mis en avant :

- la majorité en question ne peut mettre à son actif le redressement financier de la ville. Ce fut l’œuvre de la Chambre régionale des comptes qui imposa à la majorité de Dalongeville, en 2008, un régime draconien. Le seul mérite de la majorité actuelle, c'est de ne pas y avoir dérogé. Je ne sais pas, d'ailleurs, si elle aurait été en mesure de le faire... Quant à l'endettement de la ville, il a...augmenté !

- l'absence de projet mis en œuvre (les réfections de route et d'écoles sont des dépenses "obligées"). A tel point que, depuis 2010, on annonce l'imminence de la mise en route de dossiers comme l'Îlot Carnot, l'Espace Lumière, le Cèdre bleu, le plan de circulation, un bâtiment administratif communal, etc. Sans parler de la gestion du personnel de la ville pour laquelle absolument rien n'a été fait (Hénin devant détenir un record de France : celui du nombre d'agents rapporté au nombre d'habitants...).

Pour terminer, et n'y voyez aucune trace d'humour de ma part, j'ai relevé quelques expressions binaissiennes (binaissades ?) qui feraient sourire si le contexte s'y prêtait : "J'ai agi pour HB". "J'ai mis toute mon énergie pour remettre sur les rails HB". "Une ville où il fait bon vivre"...