Vous avez dit "anti-sionisme" ?

Il est devenu commun, dans certains milieux, de parler d'anti-sionisme. A chaque fois, à ceux qui se déclarent antisionistes, je demande qu'ils m'expliquent ce qu'est le sionisme aujourd'hui. Pas une seule réponse...

J'ai donc cherché...

Le sionisme est un mouvement politique soutenant la création d'un État pour les Juifs, installé sur la terre de Palestine. Depuis la création de l'État d'Israël en 1948, l'idée sioniste est caduque. La revendication sioniste n'a plus de raison d'être.

Peuvent aujourd'hui se revendiquer non-sionistes :

- les religieux orthodoxes juifs pour qui un État d'Israël n'aurait dû exister que lorsque le Messie serait arrivé. La plupart de ces Orthodoxes sont pourtant, aujourd'hui, acquis à l'idée d'un état pour les Juifs.

- des États (nationalistes arabes) et des mouvements religieux (les tenants d'un islam strict tels que le Hamas) qui ne reconnaissent pas la légitimité d'un État israélien et prônent sa destruction. Néanmoins, ces positions deviennent de plus en plus minoritaires depuis que l’Égypte (1987), la Jordanie (1994) et d'autres états (implicitement souvent) ont reconnu Israël. Même le Fatah s'est rallié à cette idée.

Alors, puisque le "sionisme" n'a plus de raison d'être, pourquoi certains se déclarent-ils antisionistes ?

Tout simplement parce qu'ils ne veulent pas qu'on les accuse d'être antisémites alors qu'ils le sont !"

On peut être contre la politique d'Israël envers les Palestiniens et, notamment, contre cette non-volonté d'arriver à un accord de paix (avec la présence sur les territoires occupés), mais cela ne remet pas en cause l'existence d'Israël. Voir, à ce sujet, un ancien article paru sur le site du comité France-Palestine-Solidarité, fortement engagé dans les droits des Palestiniens à avoir un état (http://www.france-palestine.org/Qu-est-ce-que-le-sionisme) et qui fait bien la différence entre l'antisémitisme et le combat contre la politique israélienne (même s'il utilise à mauvais escient le terme sionisme...).

En France, tout acte ou parole antisémite est sanctionné par la loi pénale ("incitation à la haine raciale"). Il en est de même quand on remet en cause ou on minore l'existence des chambres à gaz, et donc, l'holocauste. Certains, aujourd'hui, sous couvert d'antisionisme, parlent de complot juif (et même on revoit fleurir cette idée d'un complot judéo-maçonnique) : ainsi l'attentat des "Twin Towers" serait l’œuvre des sionistes.

Autre dérive : on veut faire croire que Israël et les Juifs c'est pareil. Ainsi quand on dit qu'Israël se comporte vis à vis des Palestiniens de la même façon que les Juifs reprochent aux Nazis de s'être comportés. Outre que la comparaison est outrancière, on rappellera que la majorité des Juifs vit en diaspora (hors Israël), parce qu'ils l'ont choisi.

L'intention d'appeler les Juifs des sionistes et donc de nier que l'on est antisémite est donc patente.

Dans certaines élucubrations, je ne sais pas s'il s'agit d'une propagande politique pour le FN comme le pense le comité cité ci-dessus, dans un communiqué (http://www.france-palestine.org/Dieudonne-l-imposteur-raciste-n). Bien que le parti d'extrême-droite n'ait pas condamné les propos non équivoques du soi-disant humoriste, bien que l'un et l'autre soient des "amis" de l'Iran (et de la Syrie, d'ailleurs), le dénommé M'bala M'bala propose que les Chrétiens se convertissent à l'Islam, ce qui n'est pas la tasse de thé du FN.