Et si l'on changeait tout ?

Alors ? Qu'est-ce qu'on fait ? On ne peut plus augmenter la pression fiscale, le seuil de tolérance ayant été atteint. Baisser les dépenses ? Pour trouver 50 milliards avant 2017, il n'y a pas 36 solutions : on baisse les retraites ou on tape sur les traitements de la fonction publique ou bien encore on privatise les services publics ! Pas possible, me direz-vous ? D'accord avec vous... Alors qu'est-ce qu'on fait ? Et si l'on raisonnait autrement... Par exemple que ce n'est pas la course à la croissance qui apportera une solution... A un moment donné, on ne peut plus tirer sur la ficelle... Toujours plus, ce n'est pas la solution. D'autant plus que les ressources naturelles sur lesquelles on a bâti cette fameuse croissance s'amenuisent, d'autant plus que la croissance démographique, elle, est continue, d'autant plus que des milliards d'hommes veulent consommer jusqu'à satiété... Si l'on revoyait nos modes de vie et qu'à la course au toujours plus, on substituait un mode de vie plus sobre, en privilégiant le collectif à l'individualisme, en éliminant le superflu et ces besoins que l'on suscitent en nous ? Et si, et si... N'est-il pas temps de se poser des questions sur notre fonctionnement ? Des inégalités, du chômage, des privilèges... Jusqu'à quand tolérerons-nous cela ?  Alors, Monsieur le Président, qu'est-ce qu'on fait ? 27 février 2014 ÉDITORIAL Quelles sont vos priorités, M. le Président ? François Hollande a beau dire, son ministre de l'économie, Pierre Moscovici, a beau plaider, ils ne convainquent personne. Ni en France ni en Europe. Et pour cause : les résultats ne sont pas au rendez-vous des engagements. Ainsi du redressement des comptes publics. Ce n'est pas faute, depuis deux ans, d'avoir martelé que la réduction des déficits et l'inversion de la courbe de la dette constituaient un impératif catégorique. A deux reprises, pourtant, le chef de l'Etat vient d'être démenti par les faits. Voilà quinze jours, c'était le premier président de la Cour des comptes qui dressait un diagnostic sévère : " Le redressement a été amorcé, mais les résultats de 2013 ne sont pas à la hauteur des objectifs fixés ", ni en 2013 ni en 2014. Avec, à la clef, cette sombre prévision : à la fin de 2014, la dette publique devrait franchir la barre des 2 000 milliards d'euros. Les prévisions de la Commission européenne, rendues publiques le 25 février, sont tout aussi alarmantes. Le gouvernement français avait obtenu, l'an dernier, un délai pour rentrer dans les clous du pacte de stabilité : le déficit public devait être ramené à 3,6 % du PIB en 2014 et repasser sous les 3 % en 2015. Les experts de Bruxelles n'y croient pas : à leurs yeux, le déficit public sera encore de 4 % cette année et de 3,9 % en 2015. Même s'il s'en défend, le gouvernement français peut chercher à obtenir un nouveau délai de grâce pour tenir ses engagements. Ce serait faire le pari de plus en plus improbable que la patience de ses partenaires européens, notamment allemands, est illimitée. Et c'est, surtout, reculer pour mieux sauter. De même, comme tous ses prédécesseurs, le gouvernement peut s'en remettre à l'espoir d'un retour à une croissance soutenue qui réglerait, comme par miracle, ses équations budgétaires. On en est loin. Certes, l'économie française sort de l'atonie des deux dernières années, mais la reprise annoncée reste timide en 2014 et à peine suffisante en 2015 pour faire décroître le chômage. Quant au pacte de responsabilité, censé doper le dynamisme des entreprises, il est encore dans les limbes. Reste le plus douloureux. La lourde ponction fiscale opérée depuis trois ans a atteint, voire dépassé, ses limites : elle a conduit à un " ras-le-bol " généralisé et est devenue contre-productive, les recettes étant désormais sensiblement inférieures aux prévisions. Le levier déterminant est donc bien celui des dépenses. Le chef de l’État ne cesse d'affirmer sa détermination à les réduire : 50 milliards d'économies supplémentaires d'ici à 2017, a-t-il proclamé. Mais la Cour des comptes et la Commission de Bruxelles ne croient que ce qu'elles voient. Et elles ne voient pas, au-delà des coups de rabot déjà effectués, les réformes de structure capables de réaliser cet objectif et d'assainir, en profondeur, nos comptes publics. La question, lancinante, reste donc posée : au-delà des mots, quelles sont vos priorités, monsieur le Président ?