Le FN se fiche de nous !

La députée européenne Sophie Montel a dénoncé 19 de ses collègues eurodéputés (tous partis confondus) qui emploieraient des assistants parlementaires au service de leurs partis respectifs. On sait que plusieurs députés frontistes européens sont visés par une enquête, non seulement du Parlement européen, mais également par la justice française. Contre-feu médiatique ? Coup de com ? On peut effectivement s'interroger sur les raisons de cette dénonciation. En effet, alors que les députés visés par S. Montel répliquaient rapidement qu'ils entendaient porter plainte pour dénonciation calomnieuse, leur collègue frontiste rectifiait sa position en précisant qu'il n'y avait "rien d'illégal" dans ce que faisaient leurs collègues et qu'il s'agissait plutôt d'une opération de communication, pour pointer « l’instrumentalisation politique » contre son parti. Certains voient dans cette contre-attaque du FN la patte de Florian Philippot... Un peu gros, non ?

Alors que les instances européennes et la justice française soupçonnent que nombre d'assistants européens travaillent exclusivement ou presque pour le FN. Sophie Montel s'en prend aux 19 députés qui emploient des assistants qui ont un mandat d'élu local, ce que rien n'interdit aujourd'hui (et c'est, certes, discutable).

Rappelons que "le Parlement européen a émis des doutes sur la réalité du travail de 29 assistants parlementaires du Front national. Parmi les cas suspects, Guillaume L’Huillier, directeur de cabinet de Jean-Marie Le Pen ; Micheline Bruna, secrétaire particulière de M. Le Pen ; ou encore Bruno Bilde ou Philippe Murer, conseillers de Marine Le Pen. Egalement adjoint au maire d’Hénin-Beaumont, M. Bilde est d’ailleurs assistant… de Sophie Montel, eurodéputée du Grand Est". A signaler que B. Bilde n'est plus, aujourd'hui, assistant de Madame Montel... Néanmoins, il le fut !  Les Héninois connaissent son hyper activité qui le fait qualifier de "Maire bis"... Directeur de la communication dans l'équipe de campagne de Marine Le Pen lors des élections de 2012, il est aujourd'hui le « conseiller spécial » de cette dernière, et membre du bureau politique, de la commission d’investiture et du comité central du FN. On se demande forcément quel temps il pouvait consacrer à ses fonctions d'assistant parlementaire...

D'après Le Monde, l’OLAF (l’Office européen de lutte anti-fraude) a estimé que six eurodéputés frontistes avaient effectivement recouru à des « assistants fictifs ». Ils ont été condamnés à rembourser des sommes correspondant au préjudice, évalué à plusieurs millions d’euros – dont 340 000 euros pour Marine Le Pen, qui a vu son salaire d’eurodéputée ponctionné, faute d’avoir accepté de rembourser la somme. Sophie Montel, elle, doit rembourser 77 276 euros."

Le Front national est aussi sous le coup d’une enquête en France, ouverte après la saisine du parquet de Paris par le Parlement européen. Des documents font état d’une volonté délibérée du parti de se financer grâce à ses assistants, en mettant en place au début de la législature, en 2014, un système organisé pour récupérer au profit du parti la manne européenne. Dans une lettre, Wallerand de Saint-Just, trésorier du parti, écrivait ainsi à l’époque à M. Le Pen : « Dans les années à venir et dans tous les cas de figure, nous ne nous en sortirons que si nous faisons des économies importantes grâce au Parlement européen et si nous obtenons des reversements supplémentaires. » (Le Monde)

Question : pourquoi le FN serait contre l'Union européenne, alors que cette dernière financerait son fonctionnement ?