samedi 8 mars 2008

OGM et mucoviscidose


Ce texte correspond à l'intervention que j'ai faite le 7/3/08, lors de de l'AG de la dynamique association "Agir et Informer Contre la Mucoviscidose"(AICM, présidé de main de maître par M. JF Lamandin.




- Je rappelle que: "La mucoviscidose (mucus + viscosité) est une maladie génétique touchant l'ensemble des organes revêtus d'un épitélium glandulaire. En France, elle touche un nouveau-né sur 2 500 environ. La fréquence des porteurs sains du gène muté est de 1 sur 25 soit deux millions de personnes en France. Les symptômes de la maladie sont des anomalies digestives et respiratoires ainsi qu'une infertilité chez l'homme. Ses manifestations sont invalidantes et la moitié des malades traités décèdent avant l'âge de 30 ans. La seule thérapie possible est très lourde : double greffe cœur/poumon et repose sur la disponibilité d'un donneur d'organes" (Wikipédia)

- Autre rappel: La société Meristem Therapeutics a fabriqué un maïs transgénique produisant une lipase gastrique de chien destinée à soulager les désordres digestifs des enfants atteints de mucoviscidose.






"Nous nous sommes rencontrés avec MJF Lamandin il y a quelques mois, à l’occasion de je ne sais plus quelle réunion, et vous m’avez demandé, connaissant mes positions anti-OGM, ce que je pensais du sujet du traitement de cette terrible maladie qu’est la mucoviscidose. Je me souviens que ma réponse avait alors fusé et je vous ai répondu : il faut absolument continuer la recherche, avec la technique des manipulations génétiques, mais en milieu confiné, donc fermé, et non pas , en plein champ.
Ce sont ces points que je vais reprendre succinctement, pour compléter cette réponse synthétique et lapidaire.


1- Oui pour la recherche.


Comment pourrait-on être contre, d’ailleurs. Cela fait 12 ans que l’on cherche et que l’on ne trouve pas de thérapeutique. La lipase gastrique, c’est bien, mais cela ne guérit pas ; cela soulage certes, mais c’est encore insuffisant.
Comme dans bien d’autres domaines, c’est à la recherche publique qu’il faut faire confiance, moins soumise qu’elle est au critère de rentabilité. Ce n’est pas en se défaussant sur le Téléthon que l’Etat pourra impulser cette recherche.


2- Non à la recherche en plein champ.


Quelqu’un me disait récemment qu’il était contre les OGM alimentaires et pour les OGM médicaments. Cette contradiction ne tient pas debout
Les raisons d’être résolument contre toute plantation génétiquement modifiée (alimentaire et médicament) sont à la base les mêmes, c’est-à-dire :


- les risques de dissémination des pollens par le vent, la pluie, ou par l’intermédiaire des oiseaux ou des abeilles


- les risques de contamination pendant la récolte, le stockage, le transport et la transformation.


- sans parler des arguments sur la contamination des sols par les micro-organismes


- je n’insisterai pas sur la possibilité d’actes de détournement et autres actes criminels


- de même, est-on incapable de donner des preuves de l’innocuité des modifications génétiques : les uns et les autres s’envoyant à la figure des tests dont les résultats vont dans des sens opposés. Quand la connaissance est aussi peu certaine, on applique le principe de précaution : il n’est pas question de jouer aux apprentis-sorciers, tant qu’on n’est pas sûr de l’innocuité des OGM. D’autant plus que, si contamination il y a , elle est irréversible.


De plus, concernant les OGM médicaments, les risques sont encore plus grands de voir des personnes non concernées, ingurgiter, à leur corps défendant, telle forme d’insuline ou d’autres substances médicamenteuses, qui, par définition, puisqu’elles sont en test, n’ont pas reçu le visa des autorités. Vous voyez d’ici, les implications en matière de santé publique.


Je ne reprendrai pas ici les arguments des pro-OGM sur les distances suffisantes entre les cultures ou la stérilisation des plantes : ils trouvent leur réponse dans le fait que ces solutions sont loin d’être fiables à 100%.


3- Oui à la recherche en milieu confiné.


Que ce soit dans les labos ou dans des serres, les chercheurs ont l’habitude de travailler dans ces conditions.
Les défenseurs de l’idée de tester en milieu ouvert mettent en avant le coût économique et le peu de rentabilité de travailler sous serre, par exemple. C’est un argument insupportable de vouloir privilégier l’efficacité économique aux risques sanitaires et à la rigueur du scientifique.
Nous avons déjà payé cher ce type d’arguments dans les affaires du sang contaminé et de la vache folle
D’autant plus que le coût économique ne serait pas, selon certains chercheurs, aussi important, et peut-être même moindre, car plutôt que d’utiliser les plantes entières, on utiliserait aussi efficacement les cellules. C’est un débat de scientifiques, et je ne m’y risquerai pas, n’ayant pas les connaissances nécessaires, en ce domaine.


Et c’est sur ce point que j’aimerais conclure : nous avons besoin des scientifiques pour nous éclairer, mais nous avons également besoin des citoyens, car les décisions que prendront, in fine, les politiques, les concernent principalement.


Le groupe de travail sur les OGM lors du Grenelle de l’environnement, avait rendu un rapport qui comportait 3 propositions : la première était que " les connaissances et la recherche publique sur les incidences des manipulations génétiques doivent être renforcées " : la deuxième concernait l’adoption prochaine d’une loi traitant des OGM , et les recommandations étaient les suivantes : principe du libre choix de produire et de consommer avec ou sans OGM, principe du pollueur-payeur et de la responsabilité, principe de la non-brevetabilité du vivant, principes de transparence et de participation citoyenne, d’évaluation préalable et continue de chaque OGM.


La 3ème proposition concerne la création d’une autorité unique donnant des avis au gouvernement sur chaque OGM. Et chose importante, elle doit être constituée d’une expertise scientifique indépendante et pluridisciplinaire, mais aussi d’une expertise citoyenne.


Une expertise citoyenne ? Qu’est-que c’est ? C’est tout simplement l’avis donné par des citoyens à qui l’on a donné les moyens de se former sur le sujet abordé, pour que leur bon sens, leur intelligence, leur capacité de représenter l’intérêt général, fournissent aux décideurs politiques une expertise complémentaire de celle des scientifiques.
Aujourd’hui ce n’est pas uniquement aux spécialistes et aux politiques de décider de notre avenir, mais c’est aussi à tous ceux qui s’intéressent au devenir de notre monde.


C’est pourquoi, je vous réitère ma proposition d’organiser un colloque sur le sujet " OGM et mucoviscidose " qui pourrait réunir tous ceux qui s’intéressent à la question à travers des débats pluralistes et contradictoires, et des informations sur tous les aspects de la question"

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