mardi 31 mai 2011

Interview (imaginaire) de Nicolas Sarkozy

A un peu moins d'un an des élections présidentielles de 2012, il m'a paru intéressant d''imaginer des questions et réponses adressées à 12 hommes et femmes politiques qui seront directement ou indirectement engagés dans ces élections: N. Sarkozy, M.Aubry, JL Borloo, N.Hulot, M. Le Pen, JL Mélenchon, D.de Villepin, F.Hollande, F.Bayrou, S.Royal, F. Fillon, E. Joly.




AA: Monsieur Sarkozy, merci de bien vouloir vous prêter à ce "Questions/réponses". A votre personne sont associés les mots: "bling-bling", "grande gueule", "autoritaire", droite extrême, non-laïque, etc...Que pensez-vous de ces qualificatifs?

NS: Je les réfute! Je crois que personne n'a compris que je travaillais dans l'intérêt des Français et non pas pour ma petite personne. Je prends un exemple. J'ai voulu réconcilier les Français avec l'argent. Pour cela je leur ai dit que plus ils travailleraient, plus ils gagneraient d'argent. Pour cela, il me semblait important que les entrepreneurs créent des emplois pour que cette formule ait un sens. D'où l'honneur que je leur ai fait en les invitant au Fouquet's, en montant sur le yacht de Bolloré, en instituant le bouclier fiscal, en réduisant fortement les droits de succession, etc. C'est dans l'intérêt des Français que j'ai fait tout cela. Vous ne croyez pas que je préfèrerais rester avec Carla, à l'écouter chanter, plutôt que de faire tout ce cinéma avec les millionnaires?

AA: Mais quand vos ministres (Woerth, Blanc...) bénéficient de privilèges exorbitants, on se dit que le gouvernement exemplaire que vous appeliez de vos vœux, c'est, désolé pour l'expression, du "pipeau"! 5 ministres démissionnés en 11 mois, cela ne fait pas très sérieux, quand même...

NS: Mais ce sont des broutilles! Pour prendre l'exemple de ce malheureux Woerth, je n'ai que des félicitations à lui accorder: il a négocié des milliards de rentrées fiscales de ceux qui avaient planqué de l'argent en Suisse, il a trouvé du travail à son épouse (c'est important qu'une conjointe travaille: regardez Carla...) et, de plus, il l'a fait embaucher pour surveiller la femme la plus riche de France! A l'UMP, il a géré à la perfection. Il a également vendu son hippodrome de Chantilly à son exploitant: ce que personne n'avait été capable de faire! Quand à Georges Tron, j'ai beaucoup d'admiration pour lui: DSK a mis, lui, plusieurs jours pour démissionner!

AA: On vous reproche également de courir après l'électorat de Madame Le Pen et que cela ne sert à rien parce que vous ne le récupérerez pas...Vous croyez vraiment qu'un démocrate puisse se prévaloir de thèmes comme ceux du FN: "la France aux Français" (variante de la "préférence nationale"), "dehors les étrangers" (responsables de la délinquance), méfiance vis-à-vis de l'Islam (qui brouille les racines chrétiennes de la France), etc. Vous ne croyez pas que vous en faites un peu trop?

NS: Si les actes de délinquance ont diminué depuis 2003, si l'immigration clandestine est si faible aujourd'hui, si les Français se sentent aujourd'hui, en sécurité, c'est bien grâce à moi. Et les Français apprécient ces résultats! Il suffit de voir comme ils se pressent autour de moi, en me disant merci, lors de mes déplacements...

AA: Serez-vous candidat à la prochaine présidentielle?

NS: Si mes amis me le demandent, si Carla en est d'accord et si les Français continuent à le réclamer, je ne dis pas que  je ne me  représenterai pas, car, voyez-vous, j'aime les Français et ils me le rendent bien...Ils savent tout ce que j'ai fait pour eux.

AA: N'avez-vous pas peur d'autres candidatures à droite qui vous empêcheraient d'être présent au second tour?

NS: Vous savez, je n'ai peur de personne et c'est ma force. Les prétendus candidats auxquels vous faites allusion n'iront pas jusqu'au bout. Non seulement ils savent combien ce petit jeu serait dangereux, mais ils ont encore un rôle à jouer dans l'avenir: certains ont un potentiel de Premier Ministre. Non, non, je n'ai pas peur...

AA: Y aurait-il une question que vous auriez aimé que je vous pose?

NS: Oui! Que représente Carla pour le Président que je suis?

AA: Je vous la pose donc...

NS: Carla, c'est tout pour moi. Elle m'inspire, elle est là quand je suis un peu fatigué par les attaques contre moi. Elle me remonte le moral. C'est mon repos du guerrier...Et puis, vous savez, c'est bon pour un Président de constituer une famille...

Pour une République exemplaire

Editorial Le  Monde 31/5/2011
 
 




François Fillon a parlé un peu vite. Samedi 28 mai, devant le conseil national de l'UMP, le premier ministre a jugé qu'avec l'affaire Dominique Strauss-Kahn les socialistes étaient " dans l'obligation de ravaler toutes les leçons de morale qu'ils n'ont cessé de nous adresser ". Le lendemain, M. Fillon se voyait obligé de faire partir du gouvernement Georges Tron, secrétaire d'Etat à la fonction publique, à la suite des plaintes de deux femmes qui l'accusent d'agressions sexuelles.
Loin du séisme politique provoqué par l'affaire DSK, la démission de M. Tron - poids plume au sein de l'équipe gouvernementale, il n'était qu'une des prises de guerre de Nicolas Sarkozy chez les amis de Dominique de Villepin - n'est qu'un micro-événement. Outre le fait que l'ancien secrétaire d'Etat à la fonction publique a droit, tout comme l'ancien directeur général du FMI, à la présomption d'innocence, le gouvernement n'est pas plus entaché collectivement que ne l'est le Parti socialiste pour des actes supposés qui relèvent d'abord de la responsabilité individuelle.
En se débarrassant promptement de M. Tron, M. Sarkozy veut préserver la réhabilitation de son image présidentielle, qu'il a engagée moins d'un an avant le scrutin de 2012. Pour autant, le bilan de ses gouvernements en matière d'éthique finit par être très lourd.
D'Alain Joyandet à Michèle Alliot-Marie en passant par Christian Blanc, Fadela Amara, Christian Estrosi et Eric Woerth, la liste est longue de ces ministres qui, pour ne pas avoir eu un comportement conforme aux vertus de la " République irréprochable " que prétendait incarner M. Sarkozy, ont été obligés de démissionner ou remplacés à la faveur d'un opportun remaniement.
Dans l'affaire Tron, on retrouve des ingrédients similaires à l'affaire DSK. Dans le premier cas, ce sont deux anciennes employées de la mairie de Draveil (Essonne), ville dont M. Tron est maire, qui l'accusent de harcèlement sexuel. Dans le second, c'est une femme de chambre d'un grand hôtel de New York qui accuse M. Strauss-Kahn d'agression sexuelle et de tentative de viol.
M. Tron et M. Strauss-Kahn nient les faits. Et dans les deux affaires rôde une rumeur de complot, le maire de Draveil soupçonnant le Front national d'être à l'origine d'une machination.
A beaucoup d'égards, M. Tron semble être une victime collatérale de l'affaire DSK, comme si celle-ci avait libéré la parole des femmes qui, placées dans une relation de subordination, avaient été victimes d'abus ou d'agressions sexuels et s'étaient condamnées elles-mêmes au silence pour ne pas compromettre leur situation.
Ne voir dans les hommes politiques que des machistes ou des prédateurs sexuels alimenterait le discours du " tous pourris " dont l'extrême droite et un certain populisme font leur miel. Mais le temps de l'impunité de politiques qui se croient parfois au-dessus des lois ou de l'éthique qu'on est en droit d'attendre d'eux paraît révolu. Pour être " irréprochable ", la République devra aussi être plus exemplaire

lundi 30 mai 2011

Georges Tron ou la fin de la "jurisprudence Sarkozy" sur les ministres mis en cause

LEMONDE.FR | 30.05.11 12h27

Georges Tron n'aura été membre du gouvernement qu'un peu plus d'un an. Entré à la faveur du remaniement de mars 2010, le secrétaire d'Etat à la fonction publique a quitté le gouvernement, officiellement de sa propre initiative, dimanche 29 mai 2011, après avoir été mis en cause par deux anciennes employées municipales de sa mairie de Draveil (Essonne), qui l'accusent d'agression sexuelle. Ce qu'il dément.
Le secrétaire d'Etat n'a donc pas bénéficié de la "jurisprudence Sarkozy", qui a succédé à celle mise en place, entre 1993 et 1995, par Edouard Balladur. Le premier ministre de l'époque avait instauré la règle suivante : un ministre mis en cause par la justice devait quitter le gouvernement.

WOERTH OU HORTEFEUX MAINTENUS DES MOIS
Pendant plus de dix ans, la règle fut respectée par la droite comme par la gauche. Dominique Strauss-Kahn, par exemple, en a fait les frais. Il avait démissionné du ministère de l'économie en novembre 1999 avant même sa mise en examen en marge de l'affaire de la MNEF. Mais elle a pris fin avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête du pays. Le chef de l'Etat a en effet refusé de l'appliquer en plusieurs occasions, préférant maintenir en poste des ministres mis en cause par la justice, quitte à en payer le prix politiquement.
Le cas le plus emblématique demeure sans consteste celui d'Eric Woerth. Ministre du travail chargé de la réforme des retraites, un dossier présenté comme l'un des plus importants du quinquennat, il est resté en fonction durant des mois après sa mise en cause dans l'affaire Bettencourt. Il n'a finalement quitter le gouvernement que lors d'un remaniement tardif, en novembre 2010, alors qu'il était déjà politiquement hors jeu.
Nicolas Sarkozy a poussé le changement de doctrine jusqu'à maintenir en poste un ministre condamné par la justice : Brice Hortefeux, alors en charge de l'intérieur, avait été reconnu coupable d'"injure à caractère racial" à l'encontre d'un militant UMP en juin 2010 puis, en décembre de la même année, d'"atteinte à la présomption d'innocence" à l'encontre d'un ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie accusé de fuites. Il a fait appel des deux décisions.
Nicolas Sarkozy, qui ne souhaitait pas voir partir ce fidèle, avait pris prétexte de ces deux appels pour répéter que M. Hortefeux bénéficiait de la présomption d'innocence, et l'avait conservé jusqu'au remaniement de mars 2011, s'attirant là encore de nombreuses critiques de la gauche.

Quelques réflexions sur l'affaire Tron


1- Cette affaire d'agression sexuelle survient quelques jours après celle concernant DSK. Certains parlent de vengeance politique...Ne faut-il pas y voir plutôt une libération de la parole de femmes jusque là contraintes au silence face à la honte ou à l’opprobre publique imaginée ou bien encore à des pressions réelles ou supposées? L'affaire DSK avait déclenché un tel choc que l'on avait peu entendu de compassion pour la présumée victime. Certains s'en sont alarmés, à juste titre, et les mouvements féministes ont repris leur combat de plus belle. On peut penser que des femmes ont vu là un signal pour exhumer leur drame personnel. 

2- Ce qui précède ne nie pas la présomption d'innocence dont bénéficie G Tron. Au contraire même: elle met face à face 2 vérités dont il faudra bien démêler laquelle est réellement"vraie". 

3- Le secrétaire d'état devait-il démissionner? J'ai écrit hier, avant l'annonce de sa démission, que plus il attendra et plus la pression sera forte et moins il sera crédible. Sa démission a coupé court aux commentaires odieux qui commençaient à se faire jour...Certains hommes politiques, opposants, ont même salué cette démission. La question se pose de savoir si, dorénavant, pour abattre une personnalité, il suffira de porter plainte contre elle...Nous risquons fort de connaitre les dérives médiatiques auxquelles on assiste aux USA.

4- Il s'agit donc de la 5ème démission du gouvernement, en moins d'un an, pour des mises en cause touchant des pratiques peu démocratiques de ministres. Après, en juillet 2010, Joyandet (permis de construire illégal, voyage non justifié en avion privé), Blanc (et ses 12 000euros de cigares payés par les contribuables), Woerth (évincé en novembre 2010 pour son rôle trouble dans l'affaire Bettencourt), Alliot-Marie, en février 2011 (ses vacances tunisiennes), voici donc G. Tron. 
La faute à "pas de chance"? La répétition de ces turpitudes irrespectueuses de la République font plutôt penser à un mépris complet des politiques pour les règles vertueuses auxquelles leurs fonctions les astreignent.
Certes, il s'agit de Ministres de la République qui n'ont pas fait preuve de cette exemplarité que l'on attend d'élus...Il serait trop facile d'accuser la droite, car  "tous en étaient frappés". Les hypocrites politiques feraient mieux de balayer devant leur porte. Quand on entend M.Le Pen (elle n'est pas la seule, mais c'est elle qui tape fort) se permettre de donner des leçons de morale, alors que l'on apprend les travers d'élus FN...
La République est malade de ses élus...Les causes en sont multiples (cumul de mandats et de fonctions, privilèges...), mais il est temps que l'on organise un débat public citoyen sur le sujet afin de fixer des règles de "déontologie"...La vertu est encore un bien vain mot dans notre démocratie: tous les partis politiques sont responsables de ne pas la faire observer...
Le citoyen doit être associé, sous une forme ou une autre, à cet exercice de salubrité publique!

"Selon que vous serez puissant ou misérable", vous serez traité différemment


Curieuse dépêche reçue de l'AFP, ce matin. Je vous la livre telle quelle:

New- York (de notre correspondant permanent).
"Un ressortissant français, Didier-Serge Kalfon, a été appréhendé par la police new-yorkaise, il y a une dizaine de jours, alors qu'il s'apprêtait à reprendre l'avion pour Paris. Cette arrestation fait suite à une plainte déposée par une femme de chambre de l'hôtel "Formule 1" dans lequel séjournait Didier-Serge Kalfon. Ce dernier l'aurait agressée et violée, alors qu'elle venait nettoyer la chambre. DSK serait sorti nu de la cabine de douche, l'aurait empoignée et forcée à accomplir des actes sexuels qu'elle a décrits comme dégradants. 

Le Français a demandé l'aide du consulat de son pays, notamment pour le faire bénéficier de l'aide judiciaire, les honoraires d'avocat étant hors de portée du chômeur qu'il est. Il a déclaré à la police qu'il était venu à New-York pour des entretiens d'embauche, voyage payé avec ses dernières économies. Au sujet de la plainte déposée contre lui, il a déclaré qu'il n'avait jamais agressé la jeune Porto-Ricaine. D'ailleurs, il n'avait pas pris de douche, ce matin-là, comme, d'ailleurs, depuis le début de son séjour, pour cause de panne non réparée...
DSK a été conduit au commissariat où lui ont été communiquées les charges qui pèsent contre lui et qui pourraient entraîner une peine d'emprisonnement de 74 ans suivant le droit américain.
DSK, qui n'a toujours pas trouvé d'avocat, a été incarcéré à la prison de Rikers Island, situé sur une île près du Queens.

C'est hier que le jury populaire (Grand Jury) a décidé que les charges étaient suffisantes pour que le ressortissant français soit poursuivi. Dans la foulée, le juge a décidé que DSK resterait en prison, car il ne présentait pas assez de garanties concernant une éventuelle fuite du pays. Néanmoins, il a accepté que si une caution personnelle de 50 000 dollars lui était présentée et que si un lieu de résidence était trouvé, il accepterait une remise en liberté en attendant le procès qui devrait avoir lieu l'an prochain. Le Français, ne disposant ni de l'un, ni de l'autre, est retourné dans cette prison très dure: il bénéficie d'un lit dans un dortoir de 50 personnes où rixes et passages à tabac sont fréquents.
Le consul de France, ému par les conditions de l'arrestation et de la détention, a déclaré qu'il recherchait toujours un avocat pour DSK, qu'il avait demandé l'aide de la communauté française pour le loger et qu'il allait lancer une souscription publique pour payer la caution.

Didier-Serge Kalfon, veuf et sans enfant, se retrouve bien seul dans cette affaire, dont personne ne parle ni aux États-Unis, ni en France. Le consul, qui l'a rencontré, parle d'un homme désemparé et qui ne comprend pas du tout les accusations portées contre lui. Le diplomate s'indigne des conditions avilissantes dans laquelle croupit son concitoyen. Il espère que son cas suscitera, en France, un mouvement de soutien. 
Nous avons pu parler à un avocat new-yorkais qui conseille le "plaider coupable", seule façon d'éviter les abominables conditions de détention. Selon une de nos sources, la jeune femme de chambre se remet difficilement de l'agression dont elle a été victime. Elle est confortée par des mouvements féministes qui ont décidé de la soutenir...
La situation semble bien désespérée pour notre compatriote"

dimanche 29 mai 2011

Actualités


- Quel hasard, ne trouvez-vous pas? La majorité qui se réjouit (off) du désastre DSK, le Président confiant même que la gauche a perdu la bataille de la morale. Et le ministre Tron "embringué" dans une affaire identique d'agression sexuelle et de viol. On se pince pour y croire...De la même façon que DSK ne figure pas le PS, l'UMP ne voit pas son image entachée par ce qui est reproché à M.Tron.
Vous remarquerez la différence de traitement médiatique: certes, Georges Tron n'est qu'un petit secrétaire d’État, alors que DSK est un gros poisson, ex-favori des prochaines présidentielles. Mais le parallèle fait avec l'ex-directeur du FMI expliquera que l'on parlera de plus en plus de l'affaire Tron. Il vaudrait mieux d'ailleurs que ce dernier démissionne, le plus tôt possible, pour faire retomber la pression.
On va nous rappeler le fait qu'il a occupé un logement social de 118m2 à Paris, qu'il a trahi D.de Villepin, dont il était un fidèle, pour entrer au gouvernement...Sans parler, bien sûr, des révélations quotidiennes sur ses supposées mœurs sexuelles...
Tout cela ne sent pas très bon et espérons que les onze mois qui nous séparent des présidentielles ne nous réservent pas d'autres affaires de cet acabit...Il y a pourtant tant de sujets sur lesquels débattre!

- Ainsi donc le gouvernement a fait marche arrière sur la sécurité routière, préférant sacrifier des vies plutôt que des voix. Sans parler du cafouillis de la communication en cette affaire, nous avons assisté à l'exemple tant de fois répété des réactions épidermiques du Président: une mauvaise statistique ou un évènement entraine immédiatement une décision personnelle du Président. Soit il se plante et doit faire marche arrière, comme on l'a vu avec la prime aux salariés ou la sécurité routière. Soit la décision n'est pas mûrement réfléchie et l'on doit "cent fois sur le métier remettre son ouvrage" comme on l'a vu avec toutes les lois sur la sécurité des biens et des personnes (8, je crois, depuis 2002). Quand on pense que la majorité des accidents est causée par l'alcoolisme et la vitesse, les mesures à prendre sont assez évidentes, mais encore faut-il être courageux! Certes, les lobbys sont puissants, mais on doit pouvoir faire entendre que les radars, cela ne sert pas à grand chose, si on avertit à l'avance les automobilistes de leur présence; on devrait de même se mettre d'accord avec les constructeurs automobiles pour brider la vitesse des véhicules à 130km/h...cela commencerait par faire baisser le prix des voitures, diminuer les consommations d'essence et limiter le nombre de victimes d'accidents...Rien que cela! Si, de plus, malgré la fronde prévisible des lobbys de l'alcool, on décide que pour conduire, il ne faut pas avoir bu...

- Ainsi Madame Lagarde sera quand même la candidate proposée par les Européens pour la Direction du FMI. Qu'est-ce qui explique ce risque fou pris par N. Sarkozy alors que l'actuelle Ministre de l’Économie pourrait être mise en cause dans une affaire judiciaire (affaire Tapie)? Le Président serait-il sûr qu'elle ne risque rien? Tient-il suffisamment les manettes de la justice pour se permettre d'anticiper une décision de ne pas poursuivre C. Lagarde? En effet, s'il était contredit pas la suite des évènements, sa crédibilité (ce qu'il en reste...) recevrait un coup fatal...

- Le PS s'est réuni samedi pour adopter son projet 2012. Rien que de tout à fait normal d'avoir un projet, puis de désigner son candidat qui se servira du programme comme vade-mecum. On sent pourtant une volonté de la part de certains médias de considérer cette procédure comme une façon de diviser le parti. Il en est d'ailleurs de même concernant Europe-Ecologie-Les Verts. On ne peut que se féliciter de voir des partis désigner démocratiquement leur candidat après que les militants aient travaillé sur le projet. A ce sujet, les Verts ont mesuré le danger de cette période préélectorale, puisqu'ils désigneront leur candidat avant la fin juin, alors que le PS a mis en place une procédure plus longue avec une décision en octobre...C'est un risque, certes, mais les débats seront, n'en doutons pas, très pédagogiques...

samedi 28 mai 2011


Repérées sur le site du Monde.fr (par un dénommé Hervé Le Tellier, dans une rubrique intitulée "Papier de verre") quelques "brèves" d'actualités, sous une forme humoristique.



- De Niro, à Cannes, confond les mots "champignon" et "compagnon". Que celui qui n'a jamais demandé au room service du Sofitel, au lieu de champagne, une "compagne", lui jette la première pierre.
AA: et que celles qui réclament moins de fellations, au lieu de moins d'inflation, lui jettent la deuxième pierre...sans confondre dépravation et lapidation...

- Faut-il rendre Renault à ses petits-enfants ? (la société avait été confisquée à un collaborateur, mais à un collaborateur mort). Offrons à ces héritiers amnésiques une Clio : c'est la muse de l'Histoire. 
AA: il fut un temps on aurait offert une Dauphine...

- "Rupture tactique" : la France, puis la Grande- Bretagne envoient des hélicoptères en Libye. Il est vrai que cet appareil est recommandé pour le surplace.
AA: ensuite il y aura la "rupture stratégique" (des hommes au sol) avant la "rupture technologique" (des blindés) et la "rupture khadafique" (?)

- "Et pourquoi pas des mariages avec des animaux ?" s'exclame une députée-maire quand on évoque le mariage homosexuel. Et les bécasses de l'Assemblée, elles peuvent se marier ?
AA: propos tenus par Brigitte Barèges, membre de la Droite populaire (vous savez: ceux qui n'attendent qu'un signe du FN pour le rallier...), députée-maire UMP de Montauban.

 - Grande maison new- yorkaise pour DSK. 600 m2, ce n'est pas très prolétarien, et c'est plus fort que moi, j'ai pensé : "Ça doit en faire, des heures de ménage."
AA: Et le jardinier? Et le majordome? Qui va aller promener le chien puisque DSK ne peut pas sortir, sauf pour des raisons médicales, religieuses ou judiciaires? Le côté positif des choses, c'est que cela va créer des emplois (des CDD, certes...). Mais au fait, une question: qui Anne Sinclair va choisir comme femme de chambre? Je lui conseillerai plutôt de prendre un homme de chambre...et tant pis pour les féministes!



Lu pour vous: 

- Le Jugement dernier attendu samedi 21 mai 2011,  en fin d'après-midi  n’a pas eu lieu. Le prédicateur newyorkais Harold Camping, 89 ans, avait pourtant assuré que les bons chrétiens seraient emportés au ciel, dans ce que certains textes nomment «Ravissement», samedi à partir de 18H00 locales. Le maire de New York Michael Bloomberg, qui est juif et donc, selon Camping, n’aurait pu aller  au ciel rejoindre Jésus et Dieu le Père, s'est donc engagé lors de son émission radio de vendredi à suspendre le stationnement alterné si la fin du monde arrivait samedi. Un peu de bon sens aurait du alerter les crédules : Dieu se repose toujours en fin de semaine et –parce qu’il est bon - ne pourrait en aucun cas choisir un samedi en plein milieu de la saison américaine de cricket pour priver ses fidèles de leurs derniers moments de bonheur.

- Au chômage depuis trois mois, un commercial de 49 ans habitant  Quimper en Bretagne a décidé de lancer une tombola auprès des entreprises de la région pour offrir gratuitement ses services pendant une semaine à celle qui gagnera. L’idée c’est d’arriver à placer son CV au-dessus de la pile de recrutement des cinquante entreprises démarchées. Cette créativité semble porter ses fruits. En effet, une entreprise du Morbihan a déjà demandé à rencontrer au plus vite ce commercial qui a plus de vingt ans d'expérience dans le secteur de l'agroalimentaire. Il y a 2550 ans Confucius disait déjà : «  La vie de l’homme dépend de sa volonté ».

vendredi 27 mai 2011

Difficile de trouver un logement à New-York...

Dominique Strauss-Kahn a emménagé dans sa prison dorée : 153 Franklin Street, à Tribeca, quartier très chic du sud-ouest de Manhattan, où les bobos ont envahi les anciennes usines transformées en lofts de luxe. DSK est assigné à résidence, muni d'un bracelet électronique, surveillé par des caméras et deux vigiles armés, dans cette sublime maison individuelle de deux étages de brique rouge et aux fenêtres blanches, toujours en vente au prix de 13,995 millions de dollars (9,868 millions d'euros), louée 50 000 dollars (35 000 euros) par mois.
La lumière filtre derrière les fenêtres aux stores baissés. Des sites d'agences immobilières dévoilent les photos de cet ancien atelier de ferronnerie joliment rénové. Au sous-sol, le home cinéma, une salle de gymnastique, un spa, un bar. Dans les étages, quatre chambres, cinq salles de bains, un grand salon avec verrière. Sur le toit, une terrasse protégée par des paravents japonais, mais visible des immeubles voisins.
Mercredi 25 mai, vers 19 h 30, M. Strauss-Kahn est sorti du 71 Broadway, où il avait été enfermé à sa sortie de la prison de Rikers Island, le 20 mai. Il s'est montré détendu et tout sourire, costume et chemise ouverte, entouré de trois agents de sécurité. Une voiture l'a déposé quelques " blocs " plus loin, devant la maison de Tribeca. A aucun moment, sa femme, Anne Sinclair, n'était à ses côtés. Sa fille Camille était entrée dans la maison quelque trois quarts d'heure avant lui. Une voisine du quartier s'amuse : " Marrant qu'il soit là ! Ça va, il est enfermé, je ne risque rien. "
C'est le dernier épisode en date dans l'extravagant feuilleton de l'affaire Strauss-Kahn. Arrêté, incarcéré dans une cellule de 12 mètres carrés à Rikers Island, inculpé formellement pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration à l'encontre d'une femme de chambre du Sofitel où il avait loué une suite, l'ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) était devenu le pestiféré de New York.
Personne ne voulait l'avoir pour voisin. La conception puritaine de la punition, le dégoût anticipé face à un violeur présumé, la peur des nuisances causées par une telle célébrité : tout concourt à susciter le rejet des résidents new-yorkais. Depuis plusieurs jours, Anne Sinclair peinait à trouver le logement dans lequel son mari doit rester en résidence surveillée, dans l'attente de son procès.
Il n'a pu loger chez sa fille Camille, dans le quartier de Columbia où elle étudie : les avocats de l'université s'y sont opposés. Il n'a pu loger dans l'un des deux luxueux appartements que sa femme avait loués dans le Upper East Side : les riverains du Bristol Plaza, 200 East 65th Street, ont mis le holà. La société de surveillance qu'il est contraint, par la justice, de financer a dû lui fournir un appartement provisoire au 71 Broadway.
Le système de l'immobilier aux Etats-Unis, et en particulier à New York, est à l'origine de cette errance forcée. Devenir propriétaire dans un immeuble nécessite de se plier à des règles strictes fixées par la copropriété ; devenir locataire dépend du type de propriété auquel le loueur s'est lié lui-même.
A Manhattan, la propriété immobilière est divisée en quatre catégories : les maisons de ville, les immeubles de location (rental buildings), les " condos " (copropriétés à la française) et, spécifique à la ville de New York, les " co-ops " : ces immeubles constitués en " coopératives " représentent 85 % de la propriété immobilière new-yorkaise (hors maisons individuelles). " Acheter un appartement dans un co-op revient à devenir actionnaire de la société propriétaire de l'immeuble, explique Joelle Larroche, spécialisée dans la vente de condos à l'agence immobilière Prudential. A chaque appartement correspond une quantité d'actions et le co-op affecte au propriétaire l'usage d'un appartement spécifique. "
Les règles du co-op, fixées par un conseil d'administration élu, peuvent être draconiennes et des plus farfelues. L'acquéreur, pour pouvoir acheter, doit d'abord passer un interrogatoire devant ses futurs copropriétaires, qui ont le droit d'interdire son achat sans se justifier. Il lui faut répondre à certains critères (comportement, niveau social, capacité financière...) et accepter les règlements, spécifiques à chaque co-op.
Selon les cas, il doit s'engager à ne jamais louer son bien, ou à ne le faire que pour une durée limitée ; à ne pas fumer dans l'appartement ; à ne pas avoir d'animal ou de machine à laver le linge ; à ne pas repeindre une pièce sans l'autorisation du co-op... les copropriétaires étant actionnaires de l'immeuble, ils sont partout chez eux, et très concernés par la couleur de votre cuisine.
La chanteuse Madonna a ainsi été interdite, à plusieurs reprises, d'acquisition d'un appartement sur Park Avenue, à Manhattan. Le voisinage n'avait pas envie d'une star et des paparazzi partout. Dans ce contexte new-yorkais dominé par les co-ops, le pouvoir des voisins est immense. DSK semble cependant avoir fini sa course folle au 153 Franklin Street. Jusqu'à son procès, il ne pourra en sortir que sous surveillance et strictement pour trois motifs : se rendre aux convocations judiciaires, se faire soigner ou prier. 

Marion Van Renterghem
© Le Monde 28/05/11

Quelques dérapages au sujet de DSK :




- JP Chévènement: « C’est comme ça qu’a commencé l’affaire Dreyfus, je vous rappelle. Au départ, presque tout le monde le condamnait et il a fallu de longues années pour qu’il soit innocenté. ». AA: Il fallait oser, il l'a fait
-  Jean-Marie Le Guen a osé, lui aussi, une comparaison : «L’esprit des Lumières et l’exemple des libertins qui au 18ème siècle, ont lié étroitement la liberté politique, économique et celle des mœurs». 
-  Jean-François Kahn : «Je suis certain, enfin pratiquement certain, qu’il n’y a pas eu une violente tentative de viol». juste «un troussage de domestique». AA: La tentative de viol n'était que légère et le troussage légitime, n'est-ce pas?
- Jack Lang : «Ne pas libérer, alors qu’il n’y a pas mort d’homme, quelqu’un qui verse une caution importante, ça ne se fait pratiquement jamais.» AA: c'est vrai quoi, le viol ou la tentative de viol présumés, ce n'est quand même pas très grave...Djack a signé là son arrêt de mort politique.
Les 2 réflexions précédentes ont provoqué l’ire des féministes…et de bien d’autres.
- Harlem Désir souhaitait que N. Sarkozy intervienne «comme il l’a fait pour d’autres Français». AA: On imagine l’incident diplomatique et médiatique que cela eut été…
- L’astrologue Elizabeth Teissier avait prédit «une année 2011 géniale» pour DSK et même «l’année de sa vie». AA: Après tout, elle ne s’est peut-être pas trompée...

J’ai relevé dans le Canard Enchaîné de ce mercredi quelques petites perles (il avait titré: «DSK : course aux révélations dans les médias. Un inventaire à la pervers !»):
-  Une journaliste du Point qui s’offusquait de l’image donnée au monde entier «d’un prestigieux Français [qui] pénètre dans le tribunal de New-York, piteux, mal rasé et toujours menotté, pas mieux traité que les malfrats de couleur déférés avant lui et après lui…» Commentaire du journal: «Est-ce à dire que, si les malfrats avaient été blancs, l’humiliation aurait été moins grande ?».
-  Citant Le Parisien : «Revenu hier à NY, Benjamin Brafman a été vu par des journalistes alors qu’il entrait au 71 Broadway». Commentaire: «l’avocat de DSK qui va voir son client : on n’est pas au bout de nos surprises».
- «En plein affaire DSK, Citroën sort la DS4»... Slogan : «Le pouvoir de dire non»...
Un créatif se rassure, nous dit le Canard : «La DS4 n’a rien à voir avec DSK. La voiture sort, elle n’est pas noire, elle n’est pas décapotable et elle ne suce pas beaucoup»…

jeudi 26 mai 2011

Actualités


1- Encore une fois, le Président français a fait des annonces qu'il ne sera pas capable de tenir:

- la prime d'un minimum de 1000 euros, annoncée avec emphase, que les entreprises, versant des dividendes, devaient distribuer à leurs employés. Le temps passant, les conditions sont de plus en plus restrictives: il n'y aura pas de montant minimum, seuls les salariés d'entreprises de plus de 50 salariés seront concernés, seules les sociétés augmentant les dividendes versés aux actionnaires bénéficieront de la prime,; bref, un bel effet d'annonce qui se réduit comme peau de chagrin...Quelle est la crédibilité du Président qui a multiplié des déclarations tous azimuts dans différents domaines? Les nombreuses lois sur la sécurité ou la délinquance sont là pour en témoigner: à chaque fait divers, une nouvelle loi; à chaque statistique défavorable, un renforcement réglementaire inefficace...

- nouvel exemple, ces jours derniers, de ce prurit d'esbrouffes: j'avais, pour une fois, félicité, N Sarkozy d'avoir déclaré que sa décision de supprimer les panneaux annonçant les radars était ferme et définitive. Confirmation du 1er ministre...Au moment où j'écris, des députés UMP, sous pression d'électeurs de leur circonscription et des lobbyistes traditionnels (les uns et les autres ne faisant souvent qu'un), montrent leurs biceps, ce qui semble commencer à porter ses fruits: on parle de suspension temporaire afin d'entamer des discussions! Personne n'est dupe (rappelez-vous le CPE...) et nous assistons encore une fois à une reculade...Je ne juge pas sur le fonds du dossier (je suis personnellement pour cette mesure qui automatiquement entraînera quelques centaines de morts en moins,  sans parler des dizaines de milliers de blessés...ces chiffres étant largement augmentés si l'on décide de la "tolérance zéro" en matière d'alcoolémie au volant!), mais sur la forme: stop aux effets d'annonce qui décrédibilise la politique!

- il pourrait en advenir de même avec la candidature de C.Lagarde à la direction du FMI, alors que l'épée de Damoclès (en l'occurrence Tapie) est suspendue au-dessus d'elle...Une annonce, un forcing alors que se profile une mise en cause très grave de la Ministre. Autant, parait-il, on avait fait fi des "faiblesses" de DSK, autant l'avenir de C. Lagarde est compromis. On peut, d'ailleurs, s'étonner que les pays européens (et les USA) ne soient pas plus critiques... 

2- Que se passe-il en Espagne?

Un mouvement d'indignés (en référence au livre de S. Hessel) est en train de naître spontanément, rassemblant des exclus du système: les jeunes au chomage, les emplois précaires, ceux qui n'ont plus confiance dans les hommes politiques, etc se rassemblent spontanément, via Internet, et laissent entrevoir une révolution pacifique qui mérite toute notre attention. En dehors des spécificités espagnoles (forte crise économique et sociale survenant après un essor important, mais artificiel, gouvernement de Zapatero aux promesses non tenues, très fort chomage des jeunes, mesures drastiques de régression sociale...), 2 remarques semblent importantes:

- la prise en main spontanée des citoyens de leur destin. Comme dans le printemps arabe où les populations s'élèvent contre les dictatures en place, les Espagnols, la plupart ne cachant pas leur positionnement politique à gauche, ne veulent plus d'un système que l'on essaye de leur imposer. Ils ne veulent plus souffrir de mesures que l'on veut leur appliquer au nom d'un développement qui n'est pas le leur. Le point commun à toutes les "résistances" qui naissent, de façon plus ou moins diffuse un peu partout, c'est cette inégalité insupportable entre les privilégiés et ceux pour qui la vie est difficile. Combien de temps encore les "gueux" vont-ils pouvoir supporter ce monde à 2 vitesses, entre les nantis et les désespérés...En 1789, la révolution est née de ceux qui avaient faim et ne supportaient plus de voir une minorité diriger les affaires du Royaume à leur unique avantage. Aujourd'hui, les exemples arabe et espagnol vont faire tâche d'huile, tant les disparités et les faux remèdes libéraux imposés font prendre conscience à la masse des indignés qu'il est temps de réagir...

- en France, de façon plus diffuse, les réalités se font jour: les inégalités sociales, une justice inégale, l'impuissance de nos gouvernants à résoudre une crise due au système libéral, le besoin d'un autre type de développement que celui qui nous est imposé, la faillite des partis politiques à se réguler eux-mêmes, le déni des valeurs républicaines (liberté, égalité, fraternité, laïcité), l'imprégnation des idées d'extrême-droite relayées par le pouvoir en place...tout cela fait que les ilôts de resistance se multiplient et n'attendent qu'un signal pour illustrer le ras-le-bol généralisé de citoyens qui se considèrent comme pas entendus. Pour paraphraser Cicéron qui s'adressait à Catilina ( "quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra"), notre question à ceux qui nous gouvernent sera: "Jusques à quand abuserez-vous de notre patience?" Avant que tout n'explose...

 

mercredi 25 mai 2011

Les leçons à tirer de cette affaire DSK…

Beaucoup de Français ont mis en cause la justice états-unienne et il est vrai que le système accusatoire est parfois insupportable. Nous avons été choqués de la façon dont a été traité DSK : accusé sans pouvoir se défendre, livré à la meute des journalistes, filmé au tribunal à travers la moindre de ses réactions...

Mais la justice US a des côtés positifs dont nous ferions bien de nous inspirer :

- riche ou pauvre, puissant ou non, personne ne peut prétendre au moindre privilège. Combien d’affaires ont été étouffées en France du fait de l’importance des personnes susceptibles d’être mises en cause : Chirac dans plusieurs affaires (emplois fictifs, frais de bouche…), Woerth (la légion d’honneur de l’employeur de sa femme, cumul de fonctions Ministre des Finances/Trésorier UMP, vente de l’hippodrome de Chantilly), Tibéri (électeurs fictifs…). De même, quand on lit les rapports de la CRC expliquant ce que se sont permis de faire, dans le Pas-de-Calais, certains Présidents de Sociétés à capitaux publics (faveurs à leurs familles et amis, gestion douteuse et désastreuse…) sans être pour le moins du monde inquiétés (ce sont ceux qui les dénoncent qui sont accusés de tous les maux : j’en parle en connaissance de cause...) on se dit qu’aux USA, leur carrière politique aurait été, des les premiers soupçons, terminée et que le justice pénale n’aurait pas été clémente… Remarquez, les citoyens, pourtant bien au courant des errements de leurs élus, ont continué à élire Mellick ou Balkany qui avaient été condamnés, Kucheida ou Dalongeville pourtant fortement soupçonnés…Quelle mansuétude nous avons face aux turpitudes des grands! La presse est également responsable de cette frilosité citoyenne : elle a eu connaissance des rapports et jugements des personnes que je viens de citer, comme elle était au courant des frasques de DSK, sans pour autant investiguer davantage;

- croyez-vous qu’une mise en cause d’une personnalité politique aussi importante que DSK eut été possible en France? Il est fort probable que le Procureur compétent aurait saisi son ministre de tutelle qui, illico, aurait appelé le Président de la République et que l’affaire aurait été enterrée ou étouffée suivant l’intérêt politique. Rien de tel aux USA où les pouvoirs exécutif et judiciaire sont strictement séparés (comme le sont le législatif et l’exécutif): Obama aurait été informé mais n’aurait rien eu à dire. En France, nous ne sommes plus vraiment en démocratie: la volonté politique du Président de supprimer le juge d’instruction en est un exemple flagrant.

- Rappelez-vous qu’aux USA, 2 Présidents ont eu à répondre, ces 35 dernières années, de leurs turpitudes devant leurs concitoyens. Nixon, qui avait menti, fut « viré » de sa présidence (procédure de l’impeachment) et Clinton dut s’excuser auprès du peuple de ses frivolités (librement consenties…) avec une stagiaire à la Maison-Blanche. Il est impensable que de telles procédures puissent advenir en France…En vérité, nous sommes dans un véritable régime monarchique dans lequel le Président est intouchable, comme le sont les Grands du pays.

Dans les méandres de l'affaire Dalongeville(16). Pour gagner une «fleur» au concours des villes fleuries, investir dans 187 000 E de bacs s'imposait...

mardi 24.05.2011- La Voix du Nord




Après les tribulations d'un consultant loiretain aux dossiers d'aménagement payés sans compter, ... les enquêteurs balaient quelques nouveaux recoins obscurs de la maison héninoise, pour boucler cet interrogatoire du 8 mai 2009. Et évoquent le dossier d'un démolisseur dont les marchés se sont étrangement développés entre 2006 et 2008, pour une facturation totale de 444 517 E. À commencer par le démantèlement occulte de la résidence de Léon pour 81 000 E et le cadeau gracieux de tous les équipements de la résidence à un entrepreneur ami de Guy Mollet. « Expliquez-nous pourquoi avoir engagé de telles dépenses importantes qui ont pour conséquences d'entraîner une dépréciation de la valorisation d'un tel bâtiment alors que par ailleurs la municipalité essayait de procéder à la vente de cet ensemble immobilier ? », s'enquiert fort logiquement l'officier de police. Visage étonné en retour d'un Gérard Dalongeville n'hésitant pas à commenter sur le même registre que précédemment : « Je ne savais pas que la ville avait demandé ces prestations ou tout au moins je n'en ai pas souvenir. » Qu'il y ait eu une pratique de saucissonnage du marché des travaux de la rue Voltaire et détournement de la réglementation des marchés publics, le maire feint encore de le découvrir : « Il y a carence d'informations à mon égard et mauvais fonctionnement du service des marchés publics de la mairie. »

« Je le déplore ! »

Et la mascarade continue à l'évocation des travaux réalisés pour la Ville par la société ADVECO qui, au moment des travaux réalisés avait été liquidée et n'avait donc plus d'existence légale. Ce qui ne l'empêchera pas de présenter en avril 2008 une facture de 65 807,59 E pour la construction de cinq garages, rue Blériot, facture que le maire lui-même recouvrira d'un « bon pour accord » alors que le chantier ne sera jamais fait.  J'avais porté la mention "bon pour accord" parce que l'on m'avait dit que les prestations avaient été réalisées.» Un mois plus tard, c'est la pose de carreaux de faïence dans les douches de l'Atrium qui sera facturée 21 540 E dans une ambiance générale d'omerta qui avait, à l'époque, fait le tour d'Hénin. « Personne ne m'a donné connaissance de cette facturation » commente, toujours aussi impavide, Gérard Dalongeville.

Rebelote avec un autre dossier qui fit parler en ville : celui des bacs de fleurs payés de manière inconsidérée parce qu'il fallait, comme toujours dans l'urgence, épater le jury des villes fleuries. 187 000 E ont été réglés pour 128 bacs et contre-bacs disposés en entrée de ville et autour de l'hôtel de ville. Là aussi, le respect de la règle des marchés publics a été allégrement bafoué et Gérard Dalongeville, sans rire, le « déplore ». Et annonce même vouloir poursuivre « les auteurs de ces malversations ». Dernier acte alors qu'on s'approche d'une heure du matin en ce 9 avril... pour revenir sur l'origine des 13 000 E découverts l'avant-veille dans le bureau majoral : « Je n'ai jamais utilisé depuis mon arrivée en mairie en 2001. Je n'en ai aucune idée... Cela va vous surprendre mais je n'ai pas les clés ni la combinaison du coffre. J'en déduis toutefois que quelqu'un l'a ouvert après mon arrivée en mairie, dans la mesure où il contenait des euros et que cette monnaie n'existait pas en 2001 » La cerise sur le gâteau ! 

PASCAL WALLART

mardi 24 mai 2011

DSK: Avons-nous été l'objet d'une illusion... d'une hallucination?




DSK est un homme politique classique qui hante les allées du pouvoir depuis une trentaine d'années. Plusieurs fois ministre, personnalité du Parti Socialiste, il fut battu très largement aux Primaires du PS en 2007: on ne peut pas dire qu'il émergeait alors par son charisme parmi les "éléphants" socialistes. Inspirateur des 35 heures et des emplois-jeunes, sous le gouvernement Jospin, son libéralisme économique (il a une formation économique classique) l'a rendu partisan des privatisations de l'ère Jospin et il a voté pour le Traité Européen: c'est un vrai social-démocrate; social libéral, diront d'autres. Après son cuisant échec à la primaire socialiste, il est nommé Directeur général du FMI, soutenu par Sarkozy. Jusque là, il est un homme politique comme en possède beaucoup le PS. Et puis, son éloignement de France, sa réserve due à ses fonctions font qu'il est totalement absent de la scène politique française... Curieusement, d'après les sondages, les opinions favorables en sa faveur montent en flèche. Plus il est absent, plus élevée est sa côte. Moins il en dit et plus la presse en parle. Bien sûr, parallèlement, ses fonctions le font côtoyer les grands de ce monde. Les images de DSK avec Obama, Medvedev et Poutine, Hu Jintao, Merkel, Blair et Cameron, lui font de la publicité en France, d'autant plus que, par la force des choses, il n'est mêlé à aucune polémique...C'est comme si les médias et les instituts de sondage, de cet homme politique "normal", ont fabriqué une star. Vous auriez demandé, il y a 3 mois, aux Français qui se prononçaient pour lui, quand ils étaient interrogés, quelques éléments sur sa vie antérieure au FMI, plus de 95% des personnes interrogées auraient été incapables de vous citer la moindre de ses activités passées. Une partie de son auréole provient également du fait qu'il avait épousé Anne Sinclair, très appréciée par les Français et les...magazines people

Je ne sais si tout cela était prémédité, mais le fait est que la communication de DSK a su saisir la balle au bond: plus il était silencieux et plus il posait avec les élites politiques mondiales, plus les Français le plébiscitaient. Au point qu'il valait mieux attendre le plus tard possible pour annoncer sa candidature. Il est d'ailleurs fort probable que, si les évènements du 14 mai (heure US; 15 mai, heure française) ne s'étaient pas produits, devoir de réserve oblige, DSK serait resté silencieux jusqu'à a sa démission du FMI, en septembre, probablement, et, ce, afin de bénéficier encore un peu plus de cette popularité allant crescendo...Il est fort à parier que, à ce moment-là, il serait apparu comme le sauveur de la France.

Et l'on peut penser que, dès qu'il se serait à nouveau immergé dans les réalités politiques françaises, il serait redevenu un homme politique français "basique", avec ses qualités et ses défauts. Mais l'avance qu'il aurait conquise pendant sa période de silence aurait été suffisante pour sortir vainqueur des primaires du PS et, fort probablement, des élections présidentielles. 

J'ai donc fait abstraction des idées qu'aurait développées DSK et de la campagne  qu'il aurait menée. Il est possible de dire que c'est uniquement son image, entièrement fabriquée, qui lui aurait permis de gagner ces élections. C'est une manipulation dans toute sa splendeur qui sera reprise, n'en doutons pas, dans les cours de communication et de sciences politiques. En partant d'un homme politique certes intelligent, cultivé, compétent, mais pas beaucoup plus que d'autres (quand on pense à l'envergure d'un Fabius, par exemple), le marketing (les spécialistes parleraient de mix-marketing) aura développé un produit, je veux dire un homme, "nouveau", sans que l'on connaisse ses qualités intrinsèques. On aura mis en avant l'image plutôt que l'homme et ses idées (on ne les connait, d'ailleurs, pas!). Le summum de l'art  n'a pu être atteint pour les raisons que l'on connait. Mais il eut été intéressant de savoir jusqu'à quand sa courbe de notoriété aurait augmenté: je pense que l'effet FMI (c'est-à-dire l'absence de France) aurait continué, sur sa lancée, ses effets jusqu'à novembre/décembre 2011, puis l'image se serait stabilisée en début de campagne. Ensuite, il eut été intéressant de savoir si elle serait restée à haut niveau ou aurait décru en fonction d'autres éléments difficiles à prévoir et notamment d'éventuelles multiples candidatures à droite...

DSK ne sera pas candidat, on le sait, le calendrier judiciaire l'en empêchant. Mais imaginez maintenant un scénario qui le verrait être innocenté, pour quelque raison que ce soit (ce n'est pas l'objet de la présente réflexion). Si c'est avant l'élection présidentielle, cela constituerait un plus énorme pour le candidat socialiste qui, en cas de victoire, ne manquera pas de le propulser comme 1er ministre et le préparera pour les Présidentielles de 2017 (DSK n'aura "que" 68 ans). Si DSK est absout après le 5/6/2012 (second tour des Présidentielles), il pèsera lourdement, pendant le quinquennat, quelle que soit la couleur politique du Président...Nul doute que dans ces cas-là l'hallucination continuera à produire ses effets... 

J'ajoute que, jusqu'à présent, la manipulation médiatique, (oserais-je dire mentale?), dont nous avons été victime, a trouvé un écho extraordinaire: 57% des Français, interrogés la semaine dernière, pensent que DSK est l'objet d'un complot. Combien de ses amis politiques ont dit: "cela ne lui ressemble pas", alors que la moindre des prudences aurait été de dire: "j'attends des éléments pour me prononcer".  

Non, décidément, nous ne sommes pas sortis de cette illusion ou hallucination collective...

Dans les méandres de l'affaire Dalongeville(15) : Études d'aménagement fondées ou simple retour d'ascenseur ?


lundi 23.05.2011- La Voix du Nord

La nuit de ce 8 mars (AA: avril?) 2009 est déjà bien avancée... alors que fusent les dernières questions des enquêteurs. Pour évoquer les fameux projets de Gérard Dalongeville autour de l'A1...
PAR PASCAL WALLART


Sont désormais exhumées les relations entretenues par le maire d'Hénin-Beaumont avec un entrepreneur du Loiret dont nous avons plusieurs fois, dans ces mêmes colonnes, évoqué l'intervention autour des pharaoniques projets de salle de spectacle, hôtellerie de luxe et pôle automobile, de l'autre côté de l'A1, mais aussi de ce qui devait être la Résidence de le Peupleraie. 

Gérard Dalongeville explique qu'il est entré en relations avec ce consultant en programmes immobiliers via Jean-Michel Ruols et Rémy Julienne, sur le projet Sainte-Henriette.
Une rencontre providentielle pour ce consultant qui encaissera, de juin 2007 à janvier 2008, des honoraires de plus de 43 000 E pour des études qui finalement ne mèneront à rien. Encore une fois, l'enquêteur s'étonne qu'au vu de ces sommes et de l'énormité des projets, le DGS de la Ville tout comme le directeur des services financiers aient été tenus à l'écart. « Effectivement, je ne leur en avais pas parlé! » confirme le maire, assurant en revanche que son premier adjoint tout comme le directeur général adjoint en charge du développement étaient, eux, au courant.
Question non sans fondement que la raison ayant poussé Gérard Dalongeville à faire travailler cette personne sur un projet touchant une zone déjà concédée à Artois Développement, entité dotée d'un propre bureau d'études. Réponse alambiquée du maire : « La zone de la Peupleraie a été concédée pour partie à Artois Développement et ce après la réalisation des prestations de ce consultant ». Tiens donc !

« J'ai une maîtrise de science-éco ! »

Autre étonnement de l'officier de police face à la complexité des dossiers confiés à un consultant qui n'aurait qu'un simple diplôme de comptable : « Je l'ai vu travailler sur ces dossiers d'aménagement conséquents et je peux vous dire que son travail était correct ! » Mais peut-être un peu moins ses relations, les enquêteurs évoquant la collaboration de ce intervenant avec Guy Mollet, sur un projet immobilier dans l'Aude.

Et là, nouveau coup de massue : « L'enquête permet d'établir que les facturations réglées par la mairie sont, comme dans le cadre de la société ATS (ndlr : les fameux avions-taxis) destinées à régler des prestations engagées par M. Mollet... Il y a là encore fausses facturations et détournement de fonds publics ! » Le maire d'Hénin s'arc-boute et lâche : « Je ne comprends pas. En aucun cas la ville ne s'est substituée à Guy Mollet pour le règlement de ce monsieur... » Et, face aux multiples piques de son questionneur, Gérard Dalongeville de se draper dans sa dignité et un savoir-faire qu'il revendique sans fausse modestie pour défendre la qualité des études demandées et très grassement payées : « J'ai une maîtrise de science-éco et, du fait de ma grand expérience dans ce domaine, je suis en mesure d'apprécier la qualité d'un travail réalisé sur le projet d'aménagenent d'une zone industrielle. Je n'ai jamais réalisé de plan d'aménagement mais j'en ai vu plusieurs dans le cadre de mes mandats municipaux.»

lundi 23 mai 2011

Pèle-mêle


- Le doublé coupe/championnat a révélé que le LOSC avait plus de supporters que les 16 ou 17 mille spectateurs habituels ne le laissaient entrevoir. Lille va-t-il prendre la place du RC Lens dans le coeur de la majorité des Nordistes? Il faut dire que les Sang et Or out, Valenciennes (avec pourtant une bonne équipe) qui pourrait descendre et Boulogne qui a fait une saison décevante, les supporters ont besoin de se raccrocher à une équipe de la Région. Le Losc qui fait du spectacle et qui jouera en Ligue des Champions, la saison prochaine, pourrait en profiter...

- On a beaucoup moins parlé de DSK ce week-end, mais indirectement son ombre a plané...Martine Aubry a pratiquement annoncé sa candidature. Je ne pense pas que cela puisse nuire au PS: les débats, si ils sont de qualité, peuvent réconcilier les Français avec la politique. François Hollande, esprit brillant, Martine Aubry, femme de gauche s'il en est, Manuel Valls, souvent iconoclaste et Arnaud Montebourg, fin débatteur sauront, je l'espère, éviter les arguments de personnes et nous faire assister à un débat d'idées qui débordera bien au-delà de ceux essentiellement axés sur la sécurité et l'immigration du couple Sarkozy/Le Pen...

- on a parlé de la succession de DSK au FMI, ce week-end. Tout est fait pour nous  "vendre" Christine Lagarde...Mais celle-ci  traine une sacrée casserole: une procédure est en cours contre elle au sujet de  l'accord qu'elle a donné pour qu'une procédure arbitrale, plutôt que des tribunaux, décide du litige entre le CDR (chargé de liquider le passif du Crédit Lyonnais) et B.Tapie (celui-ci a obtenu gain de cause et reçu finalement la bagatelle de 245 millions d'euros d'argent public!). Pourquoi insiste-t-on sur cette candidature qui n'a aucune chance d'aboutir? Sarko veut-il se débarrasser de sa Ministre, C. Lagarde, ou son amitié avec B.Tapie  lui a-t-il fait, une nouvelle fois, privilégier les intérêts personnels au dépens de l'intérêt général? 

- Les volcans islandais refont parler d'eux: au-delà des problèmes de navigation aérienne, on aimerait connaitre les retombées (!) des nuages sur la santé publique...A-t-on des constatations suite à l'épisode de l'an dernier? Quelles conséquences pour ceux qui souffrent de maladies respiratoires? Sur les cultures? Les enfants ne sont-ils pas plus exposés?

- Le festival de Cannes terminé, c'est Roland-Garros qui accapare maintenant les médias...Cannes fut en partie gâché par les tribulations de l'ex-DG du FMI...En sera-t-il de même, pour le tournoi de tennis, avec la prétendante au même FMI? FMI: Festival Mondial de l'Insistance? En tous les cas, la presse française essaye de nous imposer un vainqueur: Tsonga...Dur, dur, pour lui, face  aux Nadal, Djokovic...Quels nouveaux drames nationaux nous allons vivre: Lagarde, Tsonga, DSK...Nous sommes vraiment face à un complot mondial contre la France!

" Hubris " lubrique


Ainsi des événements " complètement inimaginables " (selon l'expression de Jacques Repussard, de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire, le 5 mai) surgissent du néant de l'impossible. Il était inimaginable qu'un des pays les plus avertis en matière technologique connaisse une catastrophe nucléaire. Il était inimaginable que le directeur d'une institution clé de l'ordre capitaliste et candidat putatif à la présidence d'un des premiers pays du globe chute dans une incertaine affaire de moeurs. 

Mais c'est arrivé.
Y a-t-il une relation entre ces deux événements inimaginables ? Oui, car ils participent d'une même logique, celle de la " démesure ", ou hubris, selon un concept grec antique. L'hubris désignait l'orgueil qui pousse l'être à dépasser la mesure, à vouloir au-delà de ce que le destin lui a assigné. Cette idée résonne de nouveau fortement dans notre culture : car celle-ci fait preuve d'une avidité inextinguible alors même que la biosphère atteint sa limite d'absorption sans dommage des effets de l'activité humaine.
Cette avidité s'observe par l'ampleur de la consommation de matières premières, des émissions de gaz à effet de serre, de la disparition des espèces, de l'artificialisation des sols,... Elle se nourrit de la croyance que la technologie pourra compenser ou éviter le dommage. Jusqu'à ce que l'accident survienne, entraînant des conséquences pires que le mal qu'elle devait éviter.

Mais cela n'est qu'une partie de l'histoire. Derrière la prédation frénétique, il y a le désir humain. Dans le capitalisme finissant, ce désir s'est affranchi des ressorts métaphysiques grâce auxquels la majorité des cultures le bornaient. En généralisant la marchandisation, il a même établi un trafic sexuel sans précédent historique, et qui réduit l'homme ou la femme au rang d'objet. L'oligarchie, au sommet d'une société humaine profondément inégale, est la plus soumise à cette avidité insatiable, tout en prétendant en faire le standard enviable d'une vie réussie. Les Grecs associaient à l'hubris son châtiment, la nemesis, ou destruction : l'excès du désir de pouvoir, d'argent, de sexe, conduit à la catastrophe pour celui qui en est le jouet.
La réflexion écologique n'a qu'à peine examinée les racines psychologiques de la destruction. Mais l'inimaginable nous enseigne déjà quelques austères leçons. Il nous faut réapprendre les limites, et tenter de découvrir, derrière l'indispensable sobriété, ce que signifie le mot vertu. Et puisque le pouvoir est en cause, exiger de ceux qui se veulent nos mandataires le sens du devoir qu'appelle la responsabilité à laquelle ils aspirent.

Hervé Kempf

© Le Monde 20/5/2011

AA: Ce texte reprend, de façon synthétique, ce que j'ai eu parfois du mal à exprimer ici même:

- la démesure de l'homme, le péché d'orgueil. C'est l'hubris: l'Homme provoque les Dieux. Le nucléaire suppose que l'humain est capable de produire de l'énergie au mépris de simples règles de sécurité. Ces jours-ci, le projet démesuré d'ITER nous confirme ce crime d'hubris: ce projet expérimental qui pourrait être industrialisé en 2050 et dont les coûts sont passés de 5,9 milliards d'euros en 2001 à 16 milliards d'euros aujourd'hui pour la seule construction du réacteur! Tout cet argent plus celui dépensé pour des centrales nucléaires (qui posent des questions pour l'avenir aussi: démantèlement, stockage des déchets, fin annoncé de l'uranium, sécurité totale impossible...) aurait pu être consacré à la recherche sur les énergies renouvelables...
De même l'Homme perd son âme en faisant de sa vie un marché commercial permanent: tout s'achète, tout se vend et le sexe n'échappe pas à cela. Certes, il y a longtemps que l'amour tarifé existe, mais on aurait pu penser que l'Homme s'était élevé au-dessus de la mêlée et qu'il avait pris conscience de l'égalité des sexes, de la fin de l'esclavage et que tout n'était pas permis même si on est riche et puissant. Là aussi, l'Homme n'a pas tenu compte des avertissements des Dieux...

- le sens du mot vertu s'est perdu au fil du temps. S'il signifiait courage dans l'Antiquité, il a rapidement pris celui de qualité exemplaire que l'on reconnait à l'homme de bien. Est vertueux celui qui privilégie l'intérêt général à son propre intérêt, celui qui est un exemple pour ses concitoyens parce qu'il place l'Homme au dessus de toutes les contingences et notamment celles du pouvoir, celui qui est sage, comme le disaient les Anciens, parce qu'en tout il sait éviter les excès, enfin celui qui est juste. Sous le règne de l'argent et de la puissance, cette vertu disparait et l'homme se perd. Est-il possible d'éviter cette décadence dans laquelle notre civilisation prend un malin plaisir à se perdre? Saurons nous éviter le némésis, la destruction?

Dans les méandres de l'affaire Dalongeville (14) :Alors que les caisses sont vides, les mandats prioritaires se multiplient étrangement

dimanche 22.05.2011 - La Voix du Nord

Retour sur le terme de la dernière soirée de garde à vue de Gérard Dalongeville, le 8 avril 2009, et l'évocation des dossiers ISA et I Clean évoqués les jours précédents. 


De l'intermédiaire luxembourgeois ayant servi d'interface par les bonnes grâces d'un ami de Guy Mollet, Gérard Dalongeville ne fait aucunement mention pour expliquer l'arrivée d'I Clean comme prestataire nettoyage de la Ville. Au contraire, le premier magistrat évoque plutôt un contact grâce à la Maison du commerce qui lui aurait envoyé la gérante d'I Clean. D'ailleurs, et cela fait sourire au regard de l'histoire narrée dans l'édition de vendredi, M. Dalongeville présente la société lorraine comme un fournisseur de la mairie cherchant un local pour s'implanter en centre-ville d'Hénin. Selon lui, c'est même le responsable du service nettoyage de la Ville qui l'a finalement aiguillée vers lui pour des prestations de gros nettoyage. « J'ignore où est le siège social de cette société ! » avance le maire. Qui détaille les interventions prévues par I Clean, et notamment le nettoyage de la salle Tételin suite à l'incendie de l'espace Mitterrand. Et lorsque l'officier de police lui fait remarquer qu'à Tételin la prestation avait déjà été effectuée par une société mandatée par la compagnie d'assurance et qu'au restaurant Darcy le gros nettoyage avait déjà été effectué avant le passage d'I Clean, laissant supposer que les 39 412 E de la facture lorraine avaient tout d'une fausse facture, sans se démonter, le maire corrige le tir : « Ah, vous me l'apprenez... Ils ont dû faire la facturation avant la réalisation ! » Une évidence !

« Le travail avait été bien fait ! »

Pas plus d'émotion lorsque le policier explique la supercherie qu'aura été cette intervention avec du personnel intérimaire recruté sur place, du matériel obsolète pour une prestation plus que légère, pouvant donner suite à des poursuites pour détournements de fonds publics : « Personne ne m'a remonté cette information... Je n'ai rien fait de répréhensible ! » Et si le maire a, en cette période de dèche financière, plusieurs fois sollicité de la Trésorière municipale un paiement prioritaire des mandats I Clean rejetés au départ « c'est parce que le chef de service avait assuré que le travail avait été bien fait... » Même aveuglement pour la pseudo-vidéo surveillance commandée à ISA, la petite soeur d'I Clean. Cette fois-ci, le maire ne se souvient même plus du nom et du prénom du gérant ni comment ils sont entrés en contact. A la clé une facture de plus de 53 000 E pour un dispositif qui, Gérard Dalongeville l'avoue, « se trouve toujours chez le fournisseur à Metz... Son installation a été différée à ma demande... J'ai modifié mon projet préférant sécuriser le pôle petite enfance que l'hôtel de ville ». Et si le matériel n'a pas été stocké à Hénin, c'est tout simplement qu'ISA a peur qu'il y soit « dégradé ou volé ». Dix jours après la réception de la facture du prestataire lorrain, Gérard Dalongeville fit une demande pressante à la Trésorière municipale pour régler prioritairement ISA (comme il l'avait fait précédemment pour le paiement d'un audit dont tout le monde s'accorde à dire qu'il était bidon, le directeur des services financiers ayant lui-même refusé de mandater la facture avant de se faire force la main par son DGS sur injonction majorale !). « Pourquoi cet empressement ? » s'interrogent les enquêteurs. Et le maire de répondre alors qu'ISA avait des difficultés financières. Ah bon, parce que la Ville n'en avait pas elle-même de sérieuses ? 
PASCAL WALLART 

AA: Ainsi le Directeur financier avait eu le courage de refuser de mandater, mais le DGS de l'époque, qui savait aussi que c'était une prestation bidon, lui a forcé la main...Qui est le plus coupable d'avoir obtempéré ?. 
Quant au receveur municipal, la ville a certainement dû payer ses indemnités annuelles, pour l'aide qu'il apporte à la commune. Disposait-il des informations lui permettant de vérifier qu'il y avait eu "service fait"? On peut supposer que oui...Qui avait certifié qu'il y avait eu "service fait"? On peut penser que la justice a, entre les mains, les faux documents l'attestant et que les responsables de ces faux ont déjà été entendus avec les conséquences pénales, disciplinaires et civiles qui s'ensuivront...

Enfin, la morgue de GD, telle que relatée par PW, doit lui avoir été préjudiciable dans la suite des interrogatoires... 

dimanche 22 mai 2011

DANS LES MÉANDRES DE L'AFFAIRE DALONGEVILLE (13); Une vidéo-surveillance payée au forceps, rubis sur ongle, mais qui n'aura jamais été installée !


samedi 21.05.2011 - La Voix du Nord



Ce serait le hasard qui aurait amené le marché héninois dans les rets de notre homme d'affaires luxembourgeois.
Qui se souvient avoir rencontré dans un restaurant de Petange, en juin 2008, le patron de L Invest (AA: un très, très gros fonds d'investissement basé à Luxembourg), grand ami de Guy Mollet. Qui lui fait aussitôt l'article de Gérard Dalongeville avec lequel il travaille sur le projet Sainte-Henriette et des affaires immobilières. Dans la foulée, notre homme appelle le maire d'Hénin qui lui fixe très vite rendez-vous au Cèdre bleu. « C'est à cette occasion que j'ai demandé à M. Dalongeville s'il avait du boulot dans le nettoyage et la vidéo-surveillance » (AA: cela ne correspond pourtant pas à l'activité de ce fonds...) Coup de chance : il en avait ! Ce qui explique que, quelques jours plus tard, après avoir alerté son ami, patron de I Clean (AA: apparemment il s'agirait d'une franchise d'une entreprise canadienne  de nettoyage) et ISA (AA: il s'agit probablement de cette société de sécurité basée à Longwy, près du Luxembourg...) sur la bonne aubaine héninoise, tout le monde se retrouve à Hénin. Avec des arrangements financiers dont la réalité reste encore à éclaircir (au moins 9 000 E partiront dans la poche de l'intermédiaire). Si le volet nettoyage a été évoqué dans l'édition d'hier dans toute son absurdité économique, celui de la vidéo-surveillance semble encore plus « énorme » ! Très rapidement, afin d'obtenir un audit de 23 pages (ayant tout du copier-coller de différents documents), concernant l'état des lieux et les besoins sécuritaires d'Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville signe le 21 juillet un bon de commande de 25 000 E HT pour un document que tous ceux qui l'auront eu ultérieurement en mains jugeront creux et sans intérêt. À telle enseigne qu'il ne mentionne même pas le gigantesque contrat de gardiennage conclu par la Ville avec une société héninoise (lire nos éditions précédentes). Un document poudre aux yeux dont l'adjoint à la sécurité, court-circuité, n'est alors même pas destinataire (lui qui bosse pourtant sur le dossier vidéo-surveillance depuis un an) alors que, du côté de l'encadrement municipal, on est sur des charbons ardents face à une situation imposée par le maire, en total décalage avec le marasme financier municipal... Passant au-dessus de l'avis de ses chefs de service et de la consultation de son conseil municipal, G. Dalongeville commande donc à ISA un système anti-intrusion pour 53 622 E, censé protéger notamment le centre petite enfance (une facture sur laquelle, en passant ISA réalise des marges de 100 % sur certains équipements !). (AA: il y a bien eu quelqu'un qui a préparé les documents pour le Trésorier municipal: tout le monde a exécuté sans broncher? Le payeur ne serait-il pas responsable sur ses propres deniers?)

Même la Préfecture n'était pas au courant

En janvier et février 2009, le maire passe en force (AA: auprès de qui?) pour imposer le paiement de cette somme en priorité à ISA. Au service des marchés publics, on n'est même pas au courant de cette affaire que Dalongeville demandera de régulariser a posteriori . Et l'affaire tourne au grand n'importe quoi lorsqu'on prend alors conscience que le système a été payé sans avoir été installé et que la Préfecture, devant impérativement donner son feu vert pour toute installation de vidéo-surveillance, n'a jamais été avertie des intentions héninoises! 

Une affaire qui en restera là, suite à l'interpellation de Gérard Dalongeville, mais qui aurait pu aller beaucoup plus loin. En effet, le nouvel ami luxembourgeois de Gérard Dalongeville venait de lui faire rencontrer, à l'hôtel Méridien à Paris, des représentants de l'un des plus grands groupes de BTP de l'Hexagone, se proposant de construire à Hénin-Beaumont des logements sociaux. Un rendez-vous avait été pris peu de temps après le fatidique 7 avril qui mit fin au terrible jeu de Monopoly héninois, il restera donc virtuel... Dans notre édition de demain, nous reviendrons sur les explications de Gérard Dalongeville concernant ses relations avec les deux hommes d'affaires lorrain et luxembourgeois qui, en toute logique, ont été mis en examen dans l'affaire héninoise. 

(AA: On reste confondu devant la liberté que la CRC a laissée à Gérard Dalongeville entre 2006 et 2008 avec aucun contrôle alors que l'on venait d'apurer 12 millions de déficit; sans parler qu'à partir de 2008, date à laquelle les auditeurs sont revenus, ils n'ont pas vu ces malversations...et, encore une fois, les interlocuteurs en mairie n'ont rien dit!)