mardi 30 juin 2015

Elle a osé !

M. Le Pen a osé se déclarer candidate aux élections régionales dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie (NPCP), faisant fi de toutes les règles démocratiques. Non pas qu'elle n'ait pas le droit de se présenter, là n'est pas le problème. La présidente du FN, par ailleurs députée européenne, sera, donc, candidate aux élections régionales et présidentielles qui se succéderont à 15 mois d'intervalle. Elle a osé dire que si elle gagnait les régionales, elle se mettrait, dans la foulée, en congé de cette présidence pour se consacrer à la campagne présidentielle. Cela signifie donc que, déjà fort peu présente au Parlement européen, elle n'assistera plus aux séances à Bruxelles et Strasbourg pendant la campagne en NPCP, et quel que soit le résultat de cette dernière élection, elle ne continuera pas à siéger au Parlement européen et même, suprême injure aux électeurs, si elle devient présidente de région, elle n'exercerait pas cette présidence pendant la campagne présidentielle ! 
Il s'agit d'un outrage à la démocratie ! Se faire élire 2 fois et ne pas siéger ! De qui se moque-t-on ? Imagine-t-on que, si, par malheur, elle devenait présidente de la République, elle ferait fi de ses autres mandats pour lesquels elle se serait engagée tout en sachant que seule l'investiture suprême l'intéresse. Je donne peu cher pour la survie de nos institutions démocratiques avec une telle soif de pouvoir ! 

D'après les différents sondages, les intentions de vote de second tour, entre la droite, la gauche et l'extrême-droite se répartiraient par tiers, avec un avantage pour la dernière citée, l'UMP/UDI arrivant deuxième. Comme on sait que la liste arrivée en tête, au second tour, rafle la majorité des sièges, pour que le FN ne soit pas majoritaire, il faut qu'il n'y ait pas 3 listes au second tour. Conclusion, il faut être second à l'issue du 1er tour et que le désistement républicain joue pleinement. Pour que la gauche puisse arriver deuxième au 1er tour, il est nécessaire (et pas suffisant) qu'elle soit unie dès ce tour. Cela n'en prend pas la forme, le PS, EELV, le PC et éventuellement le parti de gauche annoncent qu'ils partiront séparés, laissant ainsi la droite et l'extrême-droite en découdre au second tour...
C'est tout le sens d'un appel (que j'ai signé), lancé il y a quelques jours, et appelant donc à l'unité de la gauche dès le premier tour : http://appelauxfemmesetauxhommesdebonnevolonte.fr/ Je ne peux qu'engager ceux qui croient qu'il y a encore une alternative au FN, à gauche, à signer cet appel lancé par des personnes de sensibilité de gauche, non liées à un parti politique...

Une vie politique... (9)



Les élections municipales se profilaient à l'horizon 1995. Mellick dont l'inéligibilité n'était pas encore définitive, était tête de liste déclarée et il l'emportera au second tour avec 52% des voix, alors qu'une liste dissidente (Agir) s'était présentée et, pour la première fois depuis longtemps, mit JM en ballottage. Cette liste a réalisé 14% au premier tour. Beaucoup d'amis faisaient partie de cette liste "Agir pour Béthune" et j'avais assisté aux réunions de campagne et soutenu Daniel Dorfin et Bruno Dubout, ex-élus mellickiens (le second avait même été secrétaire de section, très jeune). Je ne m'étais pas engagé pour des raisons professionnelles et que j'essayais de résoudre, ce que je pus faire l'année suivante quand je cédais mon portefeuille d'assurances pour créer un cabinet d'audit d'assurances qui "auscultait" les garanties des entreprises et des collectivités afin de leur trouver la meilleure couverture au moindre coût. Concept nouveau (nous avions un seul concurrent dans le NPDC), mais qui rapidement fit florès.
Dès mai 1996, J. Mellick, devant l'opprobre général, démissionna de son mandat de député, et fut remplacé par Bernard Seux, son fidèle second. J'avait connu Bernard, une trentaine d'années plus tôt, alors qu'il était musicien dans un orchestre (groupe) local qui parcourait les bals de la région, auxquels j'étais très assidu... Peu de boîtes à l'époque : La Trappe à Beuvry, principalement et qui attirait la région lilloise. Le Relais de la diligence à Hesdigneul et le Fiacre à Bully ouvrirent vers 1964/65, les Catherinettes à Saint-Pol, le Monico à Lens, l'Eldorado à Auchel, l'Eden-Ranch à Loison. Une mention spéciale à "Chez Annie" à Barlin où se retrouvaient, le dimanche après-midi, tous les dragueurs du coin : je faisais l'aller-retour en bus, chose inimaginable aujourd'hui... Je perdis de vue Bernard Seux pendant plusieurs années, pendant mon "exil", mais je suivais sa carrière de "second" de J. Mellick, à travers mon frère résidant à Lens. Conseiller général de Béthune-Sud de 1985 à 1992, Bernard Seux devint député en 1996 (remplaçant JM, démissionnaire) et réélu en 1997 (suite à la fameuse dissolution de l'Assemblée nationale, par Jacques Chirac, sur conseil de D. de Villepin). Maire, comme on le verra de 1997 à 2002, il s'opposa à JM avec autant de conviction qu'il avait mis à être, pendant près de 20 ans, son premier adjoint; il mit cette même conviction à rejoindre Mellick aux élections municipales de 2014 et cela ne nous fit pas rire... Bernard Seux connait tout des turpitudes de JM. Harcelé quand il avait ses moments anti-Mellick, il lui resta loyal, malgré certaines semi-confidences que les uns et les autres lui arrachèrent et que nous commentions entre nous. Que Mellick avait usé et abusé de financements pour ses campagnes, qu'il se fût enrichi grâce à la politique, qu'il tenait tout le monde par les c..., cela Bernard en convenait, mais il resta silencieux sur ce qu'il savait... C'est un garçon honnête et peu lui en veulent d'avoir renoué avec celui qu'il avait, un temps, voué aux gémonies. Pourtant, il m'avoua, un jour où il avait un peu forcé sur la boisson (c'était son défaut principal), qu'il avait communiqué, à l'avance, les sujets d'examen à un de nos amis communs, dans un concours administratif : regret, de sa part, d'avoir ainsi procédé pour favoriser ce cadre administratif qui devint maire d'une commune du Béthunois et qui le combattit, plus tard, en prenant partie pour JM... Je reviendrai sur notre aventure municipale avec Bernard Seux. 
Puisque je suis dans les souvenirs et les tricheries, j'évoquerai, ici, Jean Vanrullen, fils de sénateur, homme aux multiples réseaux (professionnels, maçonniques, politiques). Toujours prêt à rendre service, toujours de bonne humeur, toujours courtois. Ami de mon père (il fut extraordinaire après son décès), il a "fait" Mellick alors qu'il était destiné, lui, à une grande carrière politique, malheureusement stoppée nette à cause d'un problème fiscal... Il promut, introduit et défendit J. Mellick qui, pourtant, dès 1995, le lâcha (en même temps que Seux) pour des raisons qui me sont obscures (probablement, d'après les confidences de Bernard et de Jean, pour des motifs liés aux dérives de JM que nos 2 hommes lui reprochèrent). Jean mourut en 2001 et ce fut une grande perte pour Béthune. A ses funérailles, la foule fut très nombreuse à lui rendre hommage. 
En 1992, aux élections cantonales (les 3 cantons de Béthune), Mellick tenta un coup dont il avait le secret : faire élire lui-même, Jean Vanrullen et Bernard Seux (MVS fut le thème de la campagne collective). Ce fut un succès. Mais il avait fallu, auparavant, désigner les candidats PS et je me souviens de la salle de la Rotonde où tous les militants des sections concernées étaient réunis. Je posais la question, avant les opérations de vote, à Jean-Marc Dewitte (avec qui j'avais joué au foot, 30 ans plus tôt), homme à tout faire de JM, de ce qui se passerait si les militants, par leurs votes, empêchaient l'opération MVS. "Tout est prévu, me répondit Jean-Marc, en me montrant les urnes déjà bien remplies... 

Bruno Dubout, Daniel Dorfin, Jean Vanrullen, Bernard Seux : tout était prêt pour combattre Mellick...

A suivre

lundi 29 juin 2015

Une vie politique... (8)

Jacques Mellick a tout connu : Député du Pas-de-Calais de 1978 à 1988 et de 1993 à 1996, maire de Béthune de 1977 à 1996 et de 2002 à 2007. Ministre, Secrétaire d'état, conseiller général, conseiller régional, président d'intercommunalités, sans compter sa place éminente au sein du PS...
Il a survécu politiquement au scandale de l'affaire VA-OM, dans les années 1990, condamné à un an de prison avec sursis et à 5 ans d'inéligibilité pour faux témoignages et subornation de témoin. Afin d'éviter des poursuites, pour corruption, à son ami, Bernard Tapie, Mellick lui a fourni un faux alibi, garantissant sa présence dans les bureaux parisiens du patron du club de football l'Olympique de Marseille, le 17 juin 1993, grâce aux talents de pilote de Formule 1 de son chauffeur ! Ce jour-là, Tapie était, en réalité, en train d'arranger le match avec l'entraîneur valenciennois, Bruno Primorac. 
Corinne Krajewski, attachée parlementaire, surtout membre (officiel ?) du cabinet de JM, a confirmé que son patron se trouvait bien dans le bureau de Tapie. J'appréciais beaucoup Corinne  pour sa culture (elle était prof d'histoire au Lycée Malraux) et sa franchise. Elle travaillait avec Yves Le Maner, spécialiste de la première guerre mondiale et chargé aujourd'hui des "Chemins de la mémoire" (cimetières militaires), au Conseil régional, dossier voulu par D. Percheron (ancien professeur d'histoire également). C'est dire qu'elle était éprise de vérité...
Le doute s'installa peu à peu chez elle : fallait-il revenir sur son témoignage qui innocentait J. Mellick ?  Il faut dire que le charisme de l'ancien ministre était très grand et Corinne, tout juste trentenaire, avait manifestement succombé à son charme. Le mensonge de Mellick sur sa présence dans le bureau de Tapie le 17 juin 1993, s'effritait peu à peu et les médias se gaussaient de toutes les invraisemblances : une photo de lui à Béthune dans une réunion où la montre d'une participante marquait 15h30 (l’inénarrable JP Chruszez, secrétaire général de la mairie, racontait pourtant que l'employée était toujours en retard au bureau, sa montre n'étant jamais à l'heure !), le chauffeur qui a fait un plein à 13 20 (Mellick n'en démord pas dans son livre : Paris-Béthune en 1h20, c'est possible) le badge du télépéage qui indique des déplacements le 16 et le 18, mais pas le 17. Pour plaisanter, je racontais que le 17 juin, je ne pouvais pas être dans le bureau de Tapie, parce que j'avais été contrôlé en excès de vitesse sur le périphérique de Lille, ce jour-là, preuve à l'appui ! 
Tout se passait mal pour Mellick et plus personne ne croyait en son alibi, hormis son épouse, Béatrix, que je rencontrais, un jour, devant le centre commercial de la Rotonde à Béthune et qui, pendant près d'une heure, et devant mon scepticisme, essaya de me convaincre de la véracité du discours de son conjoint...
L'affaire Tapie devait passer le 17 mars 1995 devant le tribunal de Valenciennes et Corinne doutait de plus en plus du témoignage qu'elle devait y déposer. Il faut dire que, la sentant flancher, Mellick s'était rendu à plusieurs reprises à son domicile pour la convaincre et aurait mis en avant la poursuite du contrat de son ami (qu'elle épousa plus tard), contractuel à la mairie de Béthune (il s'occupait des centres aérés). Tous les soirs, quelques jours avant le 17, au Florian, café-restaurant situé place du Beffroi, Nicolas Desfachelles, Bruno Dubout et moi-même, essayions d'aider Corinne dans son cheminement oh combien difficile... Et ce fut une libération pour elle quand elle affirma devant les juges, dans le procès Tapie, qu'elle n'était pas présente à Paris le 17 juin 1993. Quel courage, quelle épreuve ! Ce n'était rien quand 2 semaines, plus tard, elle dût réitérer son témoignage devant le tribunal correctionnel de Béthune, JM étant convaincu de subornation de témoin. A la sortie, des dizaines d'affidés de J. Mellick scandaient des injures à son encontre. Parmi eux Bernard Seux, Daniel Boys... On retrouve les images sur Internet de ces moments pénibles et surtout on reconnait les visages de haine de ceux qui auront ainsi craché leur bile sur une femme de la trempe de Corinne K. Nicolas, lui aussi, était abattu... Je rappelle que c'est ce même Nicolas Desfachelles que j'ai retrouvé en 2000 ou 2001, à Hénin-Beaumont, alors qu'il était devenu directeur de cabinet de Pierre Darchicourt, le maire de la ville qui avait refusé de prendre les Verts dans sa liste (j’étais responsable des groupes locaux chez les Verts) et qui fut battu par G. Dalongeville en 2001. Mais j'aimerais rappeler, ici, l'extraordinaire décision de Nicolas, décision peu remarquée : en 2014, il devient maire de Saint-Laurent Blangy et décide de ne pas se représenter aux élections départementales (où il était vice-président), pour ne pas cumuler les 2 mandats ! (il a quitté le PS en 2014, 22 ans après sa première adhésion...).


Malgré ce qui précède, avec le feu vert de Percheron, Mellick se présente aux municipales de 1995 et l'emporte avec 52% des voix, au second tour ! Il doit abandonner, en 1996, ses mandats du fait de son inéligibilité (voir plus haut). Enfin, J. Mellick redeviendra maire de Béthune en 2002... Nous y reviendrons.

A suivre

dimanche 28 juin 2015

Une vie politique... (7)

Je n'avais pas encore un pied en politique, mais je sentais que j'allais bientôt franchir la ligne. Lors d'une discussion avec J. Mellick, en 2001, nous abordâmes la récente création de Génération écologie (GE) par Brice Lalonde (et Jean-Louis Borloo, qui se retira rapidement). Je ne savais pas, à l'époque, que Mitterrand avait poussé à la roue avec pour objectif de damner le pion aux Verts, alors purement fondamentalistes, à savoir écologistes sans positionnement politique (le "ni droite, ni gauche" d'Antoine Waechter), mais qui commençait à poindre au niveau électoral. Comme nous avions eu des discussions, préalablement, sur l'écologie, à laquelle, comme moi, il n'était pas insensible, il me suggéra de m'y intéresser puisque j'étais sans affiliation politique. C'est ainsi que je pris contact avec celui qui se chargeait d'implanter GE dans le Pas-de-Calais, à savoir Jean-François Caron, fondateur et président de la Chaîne des Terrils, association qui s'était efficacement battue pour préserver une partie des terrils de notre Région. JFC était le fils du maire socialiste de Loos-en-Gohelle, un fidèle de Percheron. Ce qui, entre parenthèses, explique l'estime réciproque entre les deux hommes. L'objectif de Jean-François et de son acolyte, Gilles Pennequin, était de constituer une liste pour les élections régionales de 1992. J'assistais aux réunions, mais je ne pris pas part à la campagne. L'Histoire retiendra que c'est la Verte Marie-Christine Blandin (les Verts et GE constituèrent "l'Entente écologiste" pour la soutenir) qui devint présidente après de nombreuses tractations auxquelles seul le scrutin proportionnel à un tour peut conduire... (on passa à 2 tours ensuite...). Le PS avait perdu la majorité. Percheron œuvra pour cette solution "à une inconnue" (personne ne connaissait alors Marie Blandin) alors que Legendre (droite) et Borloo se voyaient déjà président, comme Delebarre d'ailleurs, dans les multiples scénarios élaborés.. Finalement, l'apport de GE 62 fut décisif, lui qui s'était positionné largement à gauche... Cela me décida à m'investir un peu plus et, notamment dans une commission "sport", constituée pour préparer le budget,  animée par la membre du cabinet de la présidente, l'arrageoise Hélène Flautre, qui sera députée européenne, jusqu'en 2014, durant 3 mandats... J'avais proposé que le conseil régional ne verse plus de subvention aux clubs de foot professionnels et cette "idée" avait été relayée dans la presse régionale. Ce qui me valut une volée de bois vert (!) de la part d'André Delelis, maire de Lens, qui, peu de temps auparavant, avait poussé le RC Lens à jouer un match amical à Béthune (j'étais président du club), afin de contribuer à "sauver" financièrement le club local... André Delelis m'en a toujours voulu...
En 1993, après avoir assisté à l'assemblée générale de GE à Issy-les-Moulineaux, au cours de laquelle Brice Lalonde, président, nous apparu tellement "bonapartiste" que JF Caron et moi-même décidâmes de quitter ce parti. Beaucoup suivirent à ce moment-là et ce n'est qu'en 1994 que le numéro 2, Noël Mamère, quitta le bateau qui se mit ensuite à tanguer vers la droite...

J'ai déjà raconté, dans le cadre d'une série d'articles, mon expédition en Bosnie, en 1992, pour tenter de faire la paix (http://alpernalain.blogspot.sg/2015/06/souvenirs-souvenirs.html et jours suivants). Je n'ai pas insisté sur ce qui précédait, mais voilà l'occasion d'évoquer la personnalité d'un Jacques Mellick qui n'aimait pas qu'on lui dise non ou qu'on lui résiste. J'étais devenu président de la LICRA Artois (Ligue Internationale contre le Racisme et l'Antisémitisme) en 1991. Mais rapidement l'idée me vint, ainsi qu'à d'autres, qu'il fallait fédérer les différentes associations qui luttaient pour les droits de l'Homme, en une Fédération, sans que l'identité de ses composantes ne soit gommée, afin de mener des actions concrètes. D'où la création de cette association Fraternité 62 autour de quelques personnes, telles que Gérard Laurent (urgentiste), Bruno Dubout, avocat et socialiste, mais qui glissait, doucement mais sûrement, vers la dissidence, Corinne Krajewski dont je reparlerai dans le cadre de l'affaire Tapie. Corinne (alors directrice de cabinet de JM) et Gérard étaient considérés comme mellickiens, tandis que Bruno (surtout) et moi-même commencions à apparaître comme des gens vraiment pas d'accord avec le maire. Corinne nous informa que Mellick souhaitait la visite de Bernard Kouchner à Béthune, quelques mois avant les élections législatives de 1993, car le "French doctor", créateur de "Médecins sans frontières" était très populaire auprès des Français. Tous les moyens lui étaient bons pour se faire élire. Nous avions une réunion de Fraternité 62 un soir et le midi, sur l'insistance de Corinne, nous déjeunâmes avec Bruno. Elle nous fit part de la demande de son patron qui souhaitait que Kouchner vienne à Béthune sur l'invitation de l'association. Nous répondîmes, sans l'ombre d'une hésitation, qu'il n'en était pas question, car nous avions rassemblé des gens de tous bords, voire apolitiques, à qui nous avions promis la neutralité. Bien entendu, nous posâmes la question, le soir, aux adhérents qui, pour la plupart, refusèrent. Corinne en fut très contrariée et J. Mellick  très en colère, mais fit quand même venir le docteur Kouchner. Il fut renouvelé dans son mandat, rare exception dans cette élection catastrophique pour le PS, puisque la droite emporta plus de 82% des sièges ! Dans le Pas-de-Calais, la droite triompha dans 7 des 14 circonscriptions, alors qu'elle n'avait que 2 sièges dans la mandature précédente ! Cela était la confirmation des régionales (voir ci-dessus) et cantonales précédentes...

A suivre


samedi 27 juin 2015

Une vie politique... (6)

Sur Jacques Mellick, vous trouverez, ci-dessous, des liens vers des pages le dépeignant parfaitement :

http://alpernalain.blogspot.sg/2013/04/la-fede-chapitre-3-jacques-mellick-le.html
http://alpernalain.blogspot.sg/2013/04/la-fede-chapitre-3-jacques-mellick-le_28.html
http://alpernalain.blogspot.sg/2013/04/la-fede-chapitre-3-jacques-mellick-le_29.html

Jacques Mellick était certainement un des 3 grands "barons" qui ont marqué la Fédération 62 du PS, pendant une quarantaine d'années. Le système mis en place fonctionna avec Daniel Percheron à la baguette et Jean-Pierre Kucheida et Jacques Mellick comme adjoints. Ce système, qui vient aujourd'hui à terme, n'est pas parfaitement connu, le premier nommé étant d'une discrétion absolue, le second qui a tout perdu (on y reviendra) en peu de temps, aura beaucoup à nous dire lorsque les enquêtes judiciaires en cours déboucheront sur des poursuites. Quant au troisième larron,  au PS 62, il devint un homme-clé pour les rouages financiers. Il travaillait avec le bureau d'études Certa (conseils, études, réalisations thermiques et administratives) et la régie publicitaire Norsogepress. 2 entités qui évoquent, dans leur fonctionnement, les fameux bureaux d'études Urba, "pompe à finances" du PS. Sa toute-puissance a bien été résumée par un ancien journaliste communiste : "Le PS avait un bureau d'études, le PC aussi. Si une école était construite dans une municipalité PS, il y avait 3% pour le PS. Idem pour le PC. Bien sûr, le bureau d'études jouait un rôle de conseiller pour l'équipement, mais, en définitive, c'était une pompe à finances. Cela marchait pour une école, mais cela allait aussi de la wassingue au désinfectant". Dans le journal de la Fédé, la Certa et la Norsogepress apparaissent en bonne place (curieusement, les 2 avaient la même adresse...). Blanchiment d'argent sale, dirait-on aujourd'hui ?  
On savait qu'il était puissant, on savait que ses campagnes électorales étaient financées par les grands groupes : les groupes de BTP ou la Générale de chauffe (on disait : "la générale de fauche"), mais à l'époque c'était légal (jusqu'en 1995). On parlait de son autoritarisme, mais peu l'affrontaient : M. Abdellatif démissionna du conseil municipal pour protester contre sa façon de diriger les affaires, B. Dubout, Daniel Dorfin (un fidèle parmi les fidèles) et PM Queste se décidaient dès 1994 à franchir le pas de la dissidence. 
Quand on parle de baron, cela allait jusqu'à l'adoubement en matière politique. Dès 1990, il me suggéra de m'installer à Essars, petite commune à proximité de Béthune, afin de prendre la mairie dont le maire, André Binot, n'avait pas l'intention de se représenter en 1995 (dès 1991 sa place fut vacante...).  
Jacques Mellick, je l'ai dit, régnait en maître dans certains quartiers où il était très populaire. Bien entendu, cette ferveur était liée au fait qu'il distribuait régulièrement des billets de banque aux habitants... Serge Dassault avait un précurseur ! Tout le monde était au courant de ce procédé, à tel point que Daniel Percheron, au temps où nous avions de bonnes relations, m'interpellait devant des interlocuteurs, par la même question : "De quel montant étaient les billets que distribuait Jacques à Béthune ? " (il s'agissait le plus souvent de billets de 100 francs). 
Il avait pouvoir de vie et de mort sur les associations. Ainsi, j'avais repris la présidence du Stade Béthunois, un des clubs fanions de football en Artois, suite au lâchage du club par son ancien président, Francis Finet, gros concessionnaire Renault, pour des raisons liées, semble-t-il, au "trou" de 500 000 francs (moitié du budget du club). Je connaissais bien mon prédécesseur, mais jamais il ne me donna les raisons de sa démission-surprise. Bien sûr, la proposition que l'on me fit de reprendre le club avait eu l'aval de J. Mellick : c'est en effet l'ancien secrétaire général de la mairie, Auguste Willemant, qui avait procédé à un audit à la demande du maire, et qui me proposa la reprise que j'acceptais avec beaucoup de plaisir : j'avais joué au club jusqu'en junior et mon père en avait été un dirigeant dans les années 50... Le staff en place était de qualité et j'y adjoignis 2 personnalités béthunoises éprises de football : Pierre Hollander, notaire et Léonce-Michel Déprez, fils du député-maire du Touquet (UDF) et ex-ministre. Le fait que j'avais fait venir le fils Déprez, ambitieux vice-président de la Chambre de commerce de Béthune (il en devint ensuite président), et qui avait des visées politiques (même parti que son père), n'était pas du goût de JM et il me le fit savoir... Est-ce pour cette raison que l'année suivante, alors que je demandais le renouvellement de la subvention, il ne me reçut pas, le secrétaire de mairie et sa directrice de cabinet, Valérie Trançon, étant chargés de me faire part de la mauvaise nouvelle, à savoir une subvention inférieure à ma demande ? Probablement et nos relations ne firent que se détériorer comme on le lira plus loin...

A suivre

vendredi 26 juin 2015

Une vie politique... (5)

J'avais oublié, dans le chapitre 1 de cette histoire, de vous faire part de ma rencontre avec un homme exceptionnel qui a, probablement, déclenché, chez moi, une prise de conscience politique. Voici ce que j'ai réintégré :
Je retrouvais beaucoup de mes amis lycéens dans la capitale des Flandres, mais aucun n'était politisé. En 1967, je dus faire un travail sur les CODER, les commissions de développement économique et régional, créées en 1964 et soi-disant prédécesseurs des Régions (nées en 1972). On me conseilla de prendre contact avec Guy Mollet, alors membre actif de la CODER Nord-Pas-de-Calais, député-maire d'Arras, secrétaire général de la SFIO (à laquelle le PS a succédé). L'ancien président du Conseil (1956/1957 : 16 mois chef du gouvernement, record de la IVème république !) me reçut et accepta d'être enregistré. Je fus surpris par sa volubilité et son usage immodéré du tabac brun... Il portait les mêmes lunettes que mon père et que celles que je porte aujourd'hui. Je restais longtemps avec lui et je ne regrette aujourd'hui qu'une seule chose : ne pas avoir conservé de trace de mon entretien avec cet homme brillant, à l'esprit clair et cultivant la modestie... J'étais enclin à me sentir politiquement de gauche : je le fus plus encore après cette rencontre...



Je quittais la Belgique fin 1989 et mon employeur ne m'ayant proposé que des postes loin de Bruxelles où vivaient mes enfants avec leur mère, je me décidais à "franchir le pas" et à acheter un portefeuille d'agent général, dans la région Nord. Parmi ceux qui me furent proposés par une grande société française, l'un se trouvait à Béthune, ma ville natale, là où j'avais vécu plus de 25 ans et j'acceptais cette offre! Je devins ami avec mon prédécesseur, Francis Lainé, adhérent PS, personnalité connue et devenue notable de la ville. Retrouvant beaucoup de mes connaissances,18 ans après avoir quitté la ville (mes parents, commerçants en vue, étaient très respectés), rapidement je redevins béthunois, comme si je n'avais jamais quitté la cité de Buridan. J'avais acquis ma propre petite notoriété, lorsque, le jour de mes 12 ans, je remportais 128 000 francs à "quitte ou double", cette émission de jeux très populaire, en principe réservée aux adultes, sur Radio-Luxembourg, animée par Marcel Fort. Ma catégorie : le sport (je lisais L'Equipe et France-Football depuis l'âge de 6 ans). Hors antenne, j'avais même répondu à la question suivante à 256 000 francs, mais j'avais dit "quitte" avant... 

J'ai dit, plus haut, que gérer un portefeuille d'assurances ne me plaisait guère, malgré les compétences que j'avais en matière d'assurances et mon approche commerciale facilitée par mes relations. J'ai développé cette affaire (50% de chiffres d'affaires en plus, en 7 ans) et j'y reviendrai... Un de mes clients importants étaient la ville et les intercommunalités : communauté de communes du Béthunois (aujourd'hui intégrée à Artois Comm) et sivom du Béthunois (qui existe toujours). Mes relations avec le député- maire, ex-ministre, Jacques Mellick, y étaient pour beaucoup. JM était un ami de mon père et dès mon retour à Béthune, je suis allé le voir. Je lui fis part de l'agréable surprise de découvrir une ville entièrement transformée depuis qu'il était devenu maire en 1977, et c'était certainement sa qualité première : c'était un bâtisseur et un innovateur, féru d'architecture. Je me souviens que lors de ce premier entretien il me demanda si je savais pourquoi le Front national ne faisait que des scores médiocres dans la commune. "C'est parce que je récupère l'électorat qui vote ailleurs pour l'extrême-droite... " me confia-t-il fièrement. En effet, il était fort présent dans les quartiers difficiles et notamment au Mont Liébaut et rue de Lille. Dans le premier quartier, il avait beaucoup construit et rénové... Nos contacts étaient bons. J'allais une première fois à une réunion de section à Béthune (j'étais toujours adhérent au PS...), et ce fut au moment du vote des sections pour le fameux congrès de Rennes qui déchira tant le PS. Percheron, "patron" du département avait décidé de voter pour la motion Fabius (bien qu'il ait promu la "synthèse"), entraînant donc avec lui la majorité des sections de cette fédération du Pas-de-Calais, la plus nombreuse de France... Et je vis qu'à Béthune, on votait sans isoloir, en émargeant sur une liste des adhérents, que Mellick, en personne, surveillait. Quelques camarades béthunois et pas des moindres (Paul-Marie Queste, Bruno Dubout, Mohamed Abdelatif... ) suivant en cela le futur secrétaire départemental (1996 à 2009), député-maire de Bruay-la-Buissière, Serge Janquin, votèrent pour la motion Rocard. Un de ces votants rocardiens, Jean-Michel Opigez, inspecteur de police, se vit menacer par le maire d'intervention auprès de sa hiérarchie pour avoir désobéi aux ordres de "bien" voter. J'en fut choqué... D'ailleurs "Le clou de la mobilisation fabiusienne a consisté en la tenue à Béthune d'un banquet présidé par Laurent
Fabius, censé commémorer le soixante dixième anniversaire du Congrès de Tours, le 21 janvier 1990 ! 8000 personnes avaient été réunies sous un chapiteau pour permettre au président de l'Assemblée nationale de signifier son attachement à “la vieille maison” et son ancrage dans l'histoire du socialisme (j'avais "assuré" ce banquet) ". cf http://ceraps.univ-lille2.fr/fileadmin/user_upload/enseignants/Sawicki/Sawicki-Les_reseaux_du_PS__2_.pdf

J'assistais, tout de même, à une seconde réunion de section où, en tant que ministre (de la Mer), J. Mellick devait nous faire un rapport sur l'intervention internationale au Koweit, lors de la guerre du Golfe, en janvier 1991. Je cessais alors de fréquenter la section...

A suivre

jeudi 25 juin 2015

Une vie politique... (4)

Avant de partir au Gabon, en septembre 79, j'ai pris mon premier engagement politique, en adhérant au PS. On devinait, vingt mois avant, que la gauche allait accéder au pouvoir : Mitterrand faisait feu de tout bois, le programme commun (PS/PC/Radicaux de gauche) était en marche. Je quittais la France au moment où la gauche allait connaître un moment historique, 45 ans après le Front populaire ! Il fallait que je fasse quelque chose pour participer à l'allégresse ambiante... 
Il n'y avait pas de section socialiste à Libreville (ni ailleurs) et je n'ai pas milité pendant mes 3 ans passés dans cette ancienne colonie française. Le 10 mai 1981, je jouais au bridge dans le club local, lorsque le bruit de la victoire de l'union de la gauche parvint jusqu'à nous. Personne ne sembla s'en réjouir outre mesure. Je sortis quelques instants de la salle pour laisser éclater ma joie, mais j'étais tout seul... Le milieu expatrié votait à droite (j'avais donné procuration à l'un de mes frères), les enseignants semblaient plutôt à droite également, à l'inverse de l'éducation nationale en France, pourvoyeuse d'électeurs et de députés de gauche... Voilà ce que fut mai 81 pour moi : un moment de joie intense et de solitude alors que l'euphorie régnait au pays ! 

J'arrivais en Belgique en septembre 1982, bien décidé à prendre contact avec la politique française. Je m'inscrivis à la section PS de Bruxelles et il n'étonnera personne que celle-ci était surtout composée de hauts fonctionnaires européens. Les réunions, dans un restaurant très connu près de la Bourse, étaient d'un très haut niveau intellectuel, mais ne correspondaient pas du tout avec mon envie de "faire du terrain", de me confronter aux premières désillusions quand Mauroy dût prendre le tournant de la rigueur, après les décisions trop généreuses prises dans la foulée de la victoire du 10 mai... Bref, je n'y trouvais pas mon compte. Je m'inscrivis donc à la section socialiste de Lens, ville dans laquelle mon frère était conseiller municipal. A chaque élection, je me relayais avec lui, à la tête d'un bureau de vote et j'avais, enfin, l'impression de participer à la vie politique française (il y a une bonne heure de route entre Bruxelles et Lens). Je côtoyais les élus lensois et Dominique Delelis (la fille d'André) était très souvent assesseur de mon bureau de vote. J'ai l'impression d'avoir manqué ces belles années "socialistes", mais je me réjouis, aujourd'hui, de n'être pas entré dans le "système" dans lequel j'aurais été immanquablement aspiré...

A Bruxelles, j'eus l'occasion, tout en suivant de près la politique française, de m'intéresser à la politique belge et au fonctionnement des institutions européennes. La scène politique belge fourmille de talents et, ces dernières années, on a pu le voir avec le libéral Guy Verhofstadt, européen convaincu qui aurait dû succéder à Prodi à la présidence de la Commission européenne s'il n'y avait eu une opposition anglaise (il fut battu par le terne Barroso). Autre figure politique belge : le socialiste bien connu en France ("l'homme au nœud papillon rouge") et ex-premier ministre de talent, Elio di Rupo. On s'étonnait en Belgique de mon intérêt pour la vie politique belge, mais je la trouvais moins agressive qu'en France et basée sur la recherche du consensus. Mes amis belges préféraient parler de ce qui se passait en France et qu'ils connaissaient parfaitement : "l'herbe paraît toujours plus verte chez le voisin"... Quand au fonctionnement des institutions européennes, il me paraissait, malgré la bonne connaissance que j'en avais, trop complexe pour convaincre les citoyens européens. L'Europe des nations, sans grand pouvoir dans des domaines essentiels (défense, fiscalité, social...) et régie par la nécessaire unanimité pour décider, ne pouvait (et ne peut toujours pas) avancer...

A suivre

mercredi 24 juin 2015

Conseil municipal du 22/6/2015 (suite et fin)

Pour être à peu près complet sur le CM, j'ai repris d'autres articles de La Voix de ce jour, le compte-rendu de David Noël (qui m'a aimablement adressé le texte de ses 5 interventions), un communiqué de Hénin-Beaumont Action (P. Piret). G Bouquillon n'a fait que se féliciter de l'ambiance républicaine que tous les observateurs ont noté et le FN n'a pas jugé utile de revenir sur son simulacre de compte-rendu d'hier.
Sur le budget, je reste sur ma soif. P. Piret n'a pas assisté à la séance, mais s'est fendu d'un communiqué dans lequel il fustige le fait que Briois "ait minoré l'augmentation importante du poste dépenses de personnel" (c'est vrai qu'il y a bien eu dérapage, avec le recrutement de cadres, certainement bien payés) et il s'interroge sur le fait que l'"on ne parle plus des promesses de campagne notamment en matière de développement économique et d'insécurité". 
La subvention à l'Escapade a fait l'objet d'une attaque frontale de D. Noël qui regrette que la subvention ait baissé de 15 000 euros. «L’Escapade est fragilisée à cause de votre ingérence dans la structure et votre travail de sape ». Il accuse le maire, Steeve Briois, de monter le directeur et le président de la structure l’un contre l’autre :« Vous semez la discorde ». Marine Tondelier confirme : «jamais la subvention annuelle a été aussi basse. Avec ce budget, l’Escapade est incapable de faire l’an prochain ce qu’elle fait cette année, ce sont les ateliers qui sont menacés ». Étrangement l'adjoint à la culture contesta que la subvention ait baissé... mais on ne connait pas ce sur quoi il s'appuie. Conseil d'administration de l'Escapade, vendredi : on y verra peut-être plus clair...
Par DN, on apprend que "le futur espace culturel de la cité Darcy portera le nom d'Henri Claverie"  et que "le conseil municipal a approuvé à l'unanimité la création d'une classe à l'école Jean-Jacques Rousseau et voté contre la suppression d'une classe à l'école Fallières" et DN, lui-même, est intervenu " sur une délibération sur le CHSCT pour rappeler le soutien de l'opposition au personnel municipal, contrairement à ce que le maire leur écrit dans une lettre adressée à l'ensemble des agents qui constitue un tract politique déguisé". Une motion contre la ligne à Très Haute Tension a été adoptée à l'unanimité, mais 3 questions orales émanant de l'opposition ont été rejetées pour des questions de forme (l'une pour irrecevabilité et les deux autres car pas envoyées aux services...).
La Voix a repris, comme je le fais habituellement, quelques phrases entendues (non, non, il n'y a plus de "binaissades") et j'en ai retenu deux :
M. Sulzer : « Le maire et le premier adjoint ne sont jamais en vacances, mais sont parfois en mission ». AA : façon peu crédible de détourner l'attention des cumuls de mandats ou de fonctions... 
M. Binaisse : « M. Bilde a tellement été calme que je suis surpris, j’espère que vous n’êtes pas souffrant » 



Une vie politique... (3)

Après des séjours en Israël et aux Etats-Unis, ma vie professionnelle me mena, de 1979 à 1990 au Gabon et en Belgique, pays dans lesquels je travaillais comme conseiller technique auprès de filiales de la compagnie française d’assurances qui m’employait. Bien entendu, je continuais à m’intéresser à la politique en général et à la France en particulier.

Je regardais la situation gabonaise avec les yeux d’un expatrié qui… ne veut pas voir la réalité. L'armée française était très présente bien que discrète, le Gabon étant le centre névralgique de l’influence française, non seulement en Afrique équatoriale, mais au-delà. Et notamment en Afrique de l’Ouest : au Bénin (ex-Dahomey français), la France aida les jeunes Béninois réfugiés à Libreville, la capitale gabonaise, et Paris, à mettre à bas le régime dictatorial de Kérékou… Le contact avec ces opposants au régime me permit de connaître la richesse de l'intelligentsia béninoise formée à Paris et ayant vécu mai 68 (il y avait plus de médecins béninois réfugiés à Paris que de médecins exerçant au Bénin !). J’avais des contacts étroits avec des juristes (l’un d’entre eux était mon adjoint) qui font aujourd’hui partie des dirigeants du Bénin, pays que l’on peut qualifier de démocratique depuis plusieurs années déjà. 

On sentait, dans ce Gabon, que je sillonnais de long en large, pour mon travail, l'emprise des 2 grandes multinationales, Shell et Elf-Aquitaine (sous le nom de sa filiale : Elf-Gabon), sur l'économie locale, mais également sur les dirigeants politiques. Quand on connait les autres richesses minières gabonaises (uranium, bauxite, minerai de fer...), exploitées par des sociétés françaises sous couvert de sociétés locales et de gabonisation des emplois comme paravent, on comprenait la richesse du Président et de tous ceux qui gravitaient autour de lui, de la même ethnie (Bateké) ou même de l'éthnie majoritaire fang. Deux anecdotes à ce sujet :
- une de mes employés, camerounaise et bamileké, exploitait quelques taxis dont les chauffeurs lui rapportaient la recette quotidienne, chaque soir. Je ne sais plus pour quelle raison, elle subit une importante perte financière,... toujours est-il qu'elle me raconta qu'elle était allée trouver Omar Bongo dans son bureau et, après avoir plaidé sa cause, le président fit montre de générosité (on ne sait pour quelle raison...), en ouvrant un tiroir de son bureau dans lequel regorgeaient des billets en francs CFA et en extirpa "une poignée d'argent" qu'il remit à Jeanne... Cette générosité de Bongo était de notoriété publique, comme sa fortune, d'ailleurs... mais avait toujours des raisons, politiques ou autres. 
- le directeur général de la société nationale gabonaise dont j'étais un conseiller, était de l'ethnie fang et c'est pour cela qu'il avait été nommé à cette fonction. Les primes d'assurances qui passaient par cette société qui venait d'être nationalisée, avec l'apport forcé de 3 sociétés de courtages françaises d'assurances, ne pouvaient qu'attirer le pouvoir gabonais. Ainsi j'avais refusé de régler un sinistre important manifestement volontaire (un bowling en état notoire de faillite et exploité par un "margoulin" français), ordre fut donné par la présidence au directeur de payer le sinistre. De telles pratiques, bien sûr, eurent une influence sur les résultats de la "Sonagar" (ainsi s'appelait la société) qui fut dénationalisée quelques années plus tard au profit d'une société étatsunienne... Je notais que devant le bureau du directeur, tous les jours, de nombreux Gabonais attendaient d'être reçus. J'appris qu'il s'agissait de membres de la famille (au sens très large) du directeur. Ces personnes venaient le plus souvent d'Oyem, la ville natale de M. Oyono, quatrième ville du pays, capitale du Nord et en plein pays fang, ethnie, je l'ai dit, dominante du pays. Bongo avait su se concilier les Fangs...
Pour beaucoup d'observateurs favorables à Bongo, cet argent donné autour d'eux par les dirigeants du pays était une sorte de redistribution des revenus. La polygamie existait au Gabon, parce que Bongo s'était, pour des raisons politiques, converti à l'Islam (il put ainsi facilement entrer à l'OPEP), qui autorisait d'avoir plusieurs femmes (quatre maximum selon la loi coranique).... Mais les personnalités avaient, outre les épouses, des maîtresses qu'ils entretenaient luxueusement : appartement, voiture, vêtement. L'entretien des enfants de ces liaisons officielles ou non faisait partie des obligations juridiques et morales. Ainsi, comme pour le directeur cité plus haut, les membres de la famille (cousins, enfants, épouses, maîtresses...) étaient gratifiés de revenus réguliers qui permettaient à nombre de personnes de vivre assez décemment... 
Revenu en France en 1990, plus particulièrement dans le Pas-de-Calais, il n'étonnera personne que le pouvoir féodal, fait de fiefs et de clientélisme, qui avait été mis en place par le PS, me fit penser au système d'obligés que j'avais connu au Gabon, sept ans auparavant.On se souvient de cette émission de télévision où le journaliste interrogeait des Liévinois qui avaient obtenu de leur maire, JP Kucheida, logement ou emploi. En échange, ils défendaient mordicus leur généreux premier édile... Pour rappel, c'est comme cela que des fiefs furent attribués par Percheron aux Mellick, Alexandre, Delelis...

A suivre

mardi 23 juin 2015

Conseil municipal du 22 juin 2015

Je n’étais donc pas au conseil municipal d’hier à Hénin-Beaumont, comme je l’avais annoncé. Je dispose des compte-rendus de Marine Tondelier (MT), de La Voix du Nord et du FN (très, très succinct). En voici la synthèse.
Après les ambiances des précédents CM, indignes d’une démocratie, le Maire ne pouvait faire autrement que de demander, enfin, à ses troupes emplissant la salle de ne pas manifester ses sentiments. Quant à lui, il avait dû, probablement, retenir la leçon du dernier CM où il s’était montré sous un jour que certains (dont moi) qualifièrent de « son vrai jour ». L’atmosphère fut donc, semble-t-il, calme. MT estime que « La caméra que j'avais disposée face à Bruno Bilde a également eu l'effet escompté: le 5ème adjoint a été obligé de se contenir et de se montrer sous son meilleur visage. ». Il était difficile de contester cette caméra puisqu’il fut un temps où le FN, alors dans l’opposition, filmait les séances du conseil.
A noter que la morgue du FN, si elle s’est tarie pendant le CM, a quand même pris le dessus, puisque, on peut lire, de sa part, en guise de compte-rendu : « l’opposition ne serait-elle pas encore pire quand elle essaye de s’attaquer au fond ? Les invectives et les outrages ont certes été plus mesurés qu’à l’accoutumée, sans pour autant que l’équipe Binaisse ne gagne en crédibilité.
Mensonges et baratin sur les associations, ignorance intégrale de la ville et de ses habitants de la part du factotum de Philipe Kemel, Stéphane Filipovitch, le Courriérois qui prend nos concitoyens pour des affamés et des idiots, mauvaise foi crasse sur l’interprétation des chiffres du Compte administratif 2014 : l’opposition n’ayant rien à se mettre sous la dent, elle s’est heurtée hier à la compétence, à l’honnêteté, à l’intégrité de la majorité municipale. » Ce qui précède représente 12 des 17 lignes du soi-disant « compte-rendu » produit par le FN ! La Voix a, quand même, noté un agacement de Briois vis-à-vis de S. Filipovitch, pendant l’examen du compte administratif, en ajoutant que le secrétaire de section socialiste « aura parfois donné des verges pour se faire battre ».
Concernant le compte administratif, gros morceau de la soirée, seule la VDN y consacre quelques lignes : « Avec, globalement, une baisse des dépenses de fonctionnement de 707 801 €, soit près de 2 %. Parmi celles-ci, 12 % de baisse des charges à caractère général dont les postes les plus lourds sont l’eau et le chauffage. C’est dire si, en mairie, on attend avec impatience la renégociation du marché Dalkia, en 2017, qui pourrait permettre d’économiser entre 20 et 30 000 €.
Seul poste à avoir augmenté, celui des charges de personnel, en hausse de 5 %. « Il y a des augmentations mécaniques, mais on devrait y voir plus clair dans 2-3 ans en n’ayant pas remplacé les départs d’agents non productifs. Et puis, cette année, on a eu les TAP qui nous coûtent 500 000 € et une dizaine de contrats d’avenir, sachant que les recettes d’État sont comptabilisées par ailleurs… Quant aux embauches 2014, il n’y en a eu que 13 pour 24 départs ! » explicite le maire. Heureux également d’acter des charges de gestion courantes, financières ou exceptionnelles également à la baisse (entre 1,8 à 22 %) alors que le budget équipement, sur les 11,8 M € inscrits au BP 2014, a été consommé à 67 % contre 57 l’année précédente. Un premier bilan qui n’aura pas l’heur de recevoir la bénédiction du groupe d’opposition, Stéphane Filipovitch explique voir ses « inquiétudes du BP amplifiées » et stigmatise « un fonctionnement non maîtrisé… vous avez beaucoup recruté pour un projet de ville qui n’avance pas beaucoup, n’est pas ambitieux et n’a pas de direction ! 
On notera quand même que le budget 2014 fut celui préparé par la majorité précédente et qu’il était sans ambition, et on ne peut donc être surpris qu’il ait bien été exécuté par ceux qui n’ont été au pouvoir que pendant les ¾ de l’année 2014…
Il y eut un couac avec la taxe d’habitation dont la baisse de 5% sur la part communale (ce qui représente très peu en euros) a été refusée par le Préfet parce que cette part est liée à la part intercommunale qui, elle, n’a pas été modifiée. Par un tour de passe-passe, la majorité a fait passer la baisse initiale. On verra ce qu’en pense l’administration préfectorale qui n’aime pas, en principe, que l’on joue ainsi avec elle…
On peut également retenir que le bulletin municipal sera désormais financé par la publicité. Nul doute que l’on fera appel aux fournisseurs de la ville pour les annonces. Cela ressemble à s’y méprendre au financement du « Journal du Pays » de Guy Mollet, sauf que l’éditeur sera toujours municipal, mais cela n’est pas très sain pour la morale publique… MT note également que la subvention pour l’Escapade est insuffisante…
Sur ce sujet comme pour d’autres délibérations, on attend d’autres informations…








Une vie politique... (2)


Je vécus mai 68 à Lille, dans le conservatisme de la fac’ de droit qui fut la dernière à se mettre en grève. Je fis plusieurs allers-retours vers la Sorbonne occupée et rencontrais pour la première fois les Sauvageot, Geismar, Benny Lévy et autre Cohn-Bendit. Je garde de ces moments merveilleux une idée de liberté, dont seuls les témoins peuvent comprendre ce qu’elle représente : les rapports parents/enfants, enseignants/élèves et étudiants, employeurs/employés changèrent du jour au lendemain. On pouvait remettre en cause les excès d’autoritarisme et faire entendre sa voix quelle que fût sa position dans la société. On sortait d’une société fermée et recroquevillée sur elle-même pour entrer dans un nouveau monde où l’on pouvait se faire entendre, revendiquer sa différence et même contester toute autorité établie quand celle-ci nous semblait figée ou imbue de ses privilèges.

Je vécus au sein de la fac de droit ce qui déclencha la grève et me semble significatif des privilèges dont se paraient les enseignants de l’époque. Nous avions comme professeur de droit commercial, Jean Foyer, un des rédacteurs de la Constitution de 1958, plusieurs fois ministre et notamment jusqu’en 1967, Ministre de la Justice. Tout auréolé de la gloire attachée à ses fonctions passées et présentes, il honorait peu les cours qu’il devait nous prodiguer et ses allers-retours Paris-Lille en faisait un prof « hors sol », jamais disponible auprès de ses étudiants. Quand le régime gaulliste s’opposa à la révolte étudiante et envoya les CRS mâter ceux qui se retranchaient derrière les barricades, Jean Foyer devint le symbole de cette génération qui n’avait pas compris que le monde changeait. L’après-guerre avait enfanté des jeunes qui vivaient au milieu d’un monde nouveau, dans l’euphorie des « 30 glorieuses », du début de la révolution des communications, et dans un esprit neuf qui jaugeait les rapports humains avec un œil nouveau. Nos auteurs favoris étaient Sartre, Freud, Camus, pas encore Derrida ou Barthes et Foucault, mais surtout Herbert Marcuse, ce philosophe états-unien qui avait tellement influencé les étudiants US, révoltés quelques mois avant nous. On ne comprend pas ce mouvement de mai 68 si on le regarde à travers ses débordements, comme on ne comprend pas la révolution française si on ne regarde que la Terreur, pourtant autrement dommageable que la « révolution » de 68, somme toute relativement pacifique. Je ne voudrais pas m’étendre sur les changements à l’intérieur de la société française (des études approfondies existent), mais plus rien ne fut comme avant. C’est dans la foulée de 68 que naquirent les écoles mixtes, la contraception pour tous, la légitimation de l’avortement, la majorité à 18 ans, etc. Pour en revenir à Jean Foyer, il vint faire son cours le lendemain de la nuit des barricades, le 11 mai. Nous avions tous suivis, par la radio, cette nuit de combats entre étudiants et forces de l’ordre et n’avions pas apprécié la répression qui s’était abattue sur nos camarades parisiens. La venue d’un cacique du régime dans une faculté qui était la seule à ne pas être en grève ne pouvait être qu’explosive. L’éminent juriste était atteint, pour son malheur, d’un profond défaut, toléré jusque-là : il « rôtait » très fréquemment pendant qu’il parlait et ce jour-là, après ce que nous sûmes de la veille, le silence habituel pendant le cours laissa place à un chahut monstre qui obligea l’enseignant, représentant le régime honni, à quitter, précipitamment l’estrade… Il faut dire qu’il avait commencé son discours par quelques paroles très dures sur ce qui s’était passé à Paris, la veille ! 15 minutes avaient suffi pour mettre l’amphithéâtre en ébullition : 150 étudiants, supposés respectueux de l’ordre, avaient laissé éclater leur fureur, pourtant contenue depuis le début des événements. Bruno Masure, notre condisciple, n’était pas le dernier d’entre nous à proposer d’entrer, illico, en grève… L’ensemble de la fac de droit s’enflamma et nous vécûmes assemblées générales sur assemblées générales, dans l’euphorie la plus grande. Le sujet numéro un était, bien entendu, la grève des examens et le doyen dût céder après moultes réunions : les examens furent reportés à septembre… Cette contestation ambiante ne put que nourrir ceux qui vivaient ces moments-là… 

A suivre  

lundi 22 juin 2015

Conseil municipal d'Hénin-Beaumont de ce soir.


Je ne serai pas présent ce soir au conseil municipal d'Hénin-Beaumont, me trouvant, actuellement, loin de France (je n'ai pas demandé de report de la séance...).
Je souhaite à tous les démocrates qui assisteront à cette réunion de ne pas vivre les moments terrifiants de la précédente, au cours de laquelle un maire méprisant et arrogant fit chauffer ses partisans et créa un climat insoutenable. 
J'invite tous ceux qui participeront à cette séance à déposer ici leurs réactions. J'essayerai, à travers les commentaires, de poser un regard le plus objectif possible sur ce qui se sera passé.

Une vie politique... (1)


Ce titre peut paraître présomptueux parce que je n'ai véritablement commencé ma "vie politique" qu'il y a une vingtaine d'années. J'y englobe, non seulement les mandats politiques, mais également des combats associatifs pour les droits de l'Homme. 
Je me suis, pourtant, toujours intéressé à la vie politique en général, quelle que fut mon activité estudiantine ou professionnelle. Mon père n'avait pas d'engagement politique connu, mais était une figure locale béthunoise (une rue et une salle en mairie portent son nom), non seulement parce qu'il fut actif dans l'association locale des commerçants, mais aussi parce qu'il était président de la fédération départementale des déportés et résistants (FNDIRP). Il œuvra activement au jumelage entre la ville allemande de Schwerte et Béthune (lui qui, à 16 ans, en 1933, dût quitter Karlsruhe, sa ville natale, du fait de l'arrivée d'Hitler au pouvoir et des premières mesures antisémites), ce qui eut un retentissement important au début des années 60 : déporté racial (juif), ayant passé 2 ans et 4 mois à Auschwitz (septembre 1942 à janvier 1945), libéré à Bergen-Belsen en avril 45, après la terrible "marche de la mort", ayant perdu ses parents, gazés immédiatement à leur arrivée au camp, lui, donc, Philippe Alpern, fut un artisan de la réconciliation franco-allemande. Lors d’une interview accordée à RTL (Radio Luxembourg, à l'époque), dont j'ai perdu, malheureusement, la trace, il donnait la raison de ce geste surprenant, 15 ans après sa libération : "je l'ai fait pour mes enfants, pour qu'ils ne voient plus jamais cela". Il ajoutait :"je n'oublie pas, mais je pardonne". Il avouait, lors de la même interview, que lors de sa première visite en Allemagne, il ne put s'empêcher, lors de ses rencontres, de se demander quelle était l'histoire personnelle de chacun de ses interlocuteurs... Aujourd'hui que l'idée d'Europe fait l'objet de scepticisme, rappelons-nous ce message de paix qui fut à l'origine de la création des jumelages franco-allemands, prélude au traité de Rome (1957). Pour cette raison essentielle, je reste un partisan convaincu de l'Europe (l'Union européenne), parce que je ressens le fond du message des pères créateurs... Nous discutions souvent politique, avec mon père, mais hors de toute position  partisane. C'est probablement pour cela que mon premier vote fut communiste, alors que j'étais très éloigné de toute empathie envers le PCF et que Waldeck-Rochet, alors secrétaire général du parti, ne m’inspirait pas particulièrement confiance. Edouard Carlier, député communiste depuis 1962, figure locale, fut réélu en 1967 et je votais, cette année-là, autant pour l’homme que par rejet du député gaulliste, Dupont-Fauville, parachuté à Béthune, pour l’occasion. J’avoue avoir été déçu en 1968, par la position attentiste du PC lors des événements de mai 68…
Bac philo en poche en 1964, je partis 2 ans à Nancy afin de suivre, parallèlement à mes études de droit, les cours de du Centre Universitaire d’études politiques, équivalent à la première année de Sciences Po Paris. Le cumul des 2 cursus étant lourd pour un étudiant moyennement studieux comme moi, je ne partis pas à Paris en deuxième année de l’école de la rue Saint Guillaume, remettant à plus tard ce séjour parisien et je vins terminer mon droit à Lille. C’est durant ces 2 premières années nancéiennes que je me mis à lire Le Monde, quotidiennement, ce journal dit de référence…
Je retrouvais beaucoup de mes amis lycéens dans la capitale des Flandres, mais aucun n'était politisé. En 1967, je dus faire un travail sur les CODER, les commissions de développement économique et régional, créées en 1964 et soi-disant prédécesseurs des Régions (nées en 1972). On me conseilla de prendre contact avec Guy Mollet, alors membre actif de la CODER Nord-Pas-de-Calais, député-maire d'Arras, secrétaire général de la SFIO (à laquelle le PS a succédé). L'ancien président du Conseil (1956/1957 : 16 mois chef du gouvernement, record de la IVème république !) me reçut et accepta d'être enregistré. Je fus surpris par sa volubilité et son usage immodéré du tabac brun... Il portait les mêmes lunettes que mon père et que celles que je porte aujourd'hui. Je restais longtemps avec lui et je ne regrette aujourd'hui qu'une seule chose : ne pas avoir conservé de trace de mon entretien avec cet homme brillant, à l'esprit clair et cultivant la modestie... J'étais enclin à me sentir politiquement de gauche : je le fus plus encore après cette rencontre...

A suivre.

dimanche 21 juin 2015

Des lendemains difficiles...

Rappelons que le "Grexit", c'est la sortie de la Grèce de l'euro. Comme le titre l'article, ci-dessous, ce Grexit serait un échec pour l'Europe, mais évidemment aussi pour la Grèce. 
On a vu à l'oeuvre Tsipras, le premier ministre grec qui avait le soutien de l'extrême-gauche et de l'extrême-droite française. Le peuple grec, en l'élisant, a dit non aux diktats, nous disait-on. La confrontation avec les réalités entraînèrent les premières reculades du gouvernement grec, qui voulait rester dans l'euro, au grand dam du FN. Aujourd'hui, il semble difficile d'apercevoir une solution et il y a de fortes chances que la Grèce doive sortir de la zone euro, au grand dam de l'extrême-gauche française... 
Le réveil sera très dur pour les Grecs, mais pas seulement pour eux...


Un « Grexit » serait un terrible échec pour l’Europe
LE MONDE | 20.06.2015

L’impensable pourrait arriver. Si lundi 22 juin au soir ou mardi 23 juin aucun accord n’est trouvé au Conseil de la zone euro, un désolant et redoutable processus de « Grexit » risque de s’enclencher. Ce scénario que seuls les plus à droite des conservateurs ou les plus anti-européens sur l’échiquier politique imaginaient est en train de se matérialiser. « Nous devons tout faire pour que les discussions puissent aboutir à un compromis, a affirmé François Hollande, vendredi 19 juin, à Bratislava, mais à un compromis fondé sur les règles européennes. » Mais d’Eurogroupes en Conseils européens dont il ne sort rien, le bras de fer avec Athènes, depuis cinq mois, a provoqué de telles animosités qu’on ne voit plus quelle dynamique politique permettrait d’espérer un accord.
Qui pourrait tirer bénéfice d’un défaut de paiement de l’Etat grec débouchant sur le « Grexit », la sortie de la zone euro ? Certains analystes et économistes assurent qu’il ne ferait pas courir de risque systémique à la zone euro, écartant une contagion sur les obligations souveraines espagnoles, portugaises, belges, italiennes ou françaises. Les investisseurs internationaux font la part des choses en se fiant à l’existence de l’union bancaire et du Mécanisme européen de stabilité. D’autres jugent qu’il vaudrait mieux une purge douloureuse mais rapide, estimant que la Grèce ne parviendra pas avant longtemps à se passer de l’aide internationale, qu’elle n’est pas prête à assainir son économie et qu’elle va rester à la charge des Européens.

La fin d’une certaine idée de la solidarité européenne
La vérité est que personne ne sait comment réagiront les marchés financiers quand le processus, inédit et sans doute long, du « Grexit » commencera à être enclenché. Ce qui est sûr, c’est qu’il abîmera un peu plus encore l’image et les fondements du projet européen. Quelle que soit la manière dont les chefs d’Etat justifieront leur position vis-à-vis du gouvernement d’Alexis Tsipras, on retiendra, selon les avis, que la zone euro a rejeté l’un des siens ou que l’un des siens s’est mis hors du jeu européen. Un terrible échec – dont les premiers à souffrir seront les Grecs eux-mêmes, déjà durement touchés par la crise.
L’idée que l’adhésion à l’euro est irréversible serait du même coup très sérieusement écornée. Comment alors expliquer politiquement aux Européens qui en doutent – et ils sont nombreux – que l’euro est une monnaie qui vaut des sacrifices et qu’ils ont intérêt à continuer d’y adhérer ? Comment continuer à convaincre les investisseurs internationaux que l’euro est une devise d’avenir ?
L’effet politique du « Grexit » ne serait pas moins dommageable. Pour des dirigeants européens qui ont bataillé pendant des mois, en 2010 et 2012, pour sauver la Grèce au prix de centaines de milliards d’euros, et qui lâcheraient prise aujourd’hui pour des sommes nettement moins importantes, l’image qu’ils donneraient serait celle d’une inconséquence politique et, avec elle, la fin d’une certaine idée de la solidarité européenne. L’impact en Grèce serait plus important encore. Portés par leur incontestable légitimité électorale, les dirigeants de Syriza ont choisi une forme d’intransigeance, repoussant des réformes impopulaires mais indispensables. Le prix politique et social serait considérable. La Grèce sombrerait dans l’inconnu alors qu’elle a tant besoin de réformes pour préserver son avenir.

samedi 20 juin 2015

Quand disparaîtrons-nous ?


Je me souviens avoir un jour discouru devant le personnel du conseil régional et, avec une dramaturgie volontairement exagérée, avoir déclaré que je ne savais pas si je pourrai renouveler mon discours dans l'avenir. Après maintes circonvolutions de langage, j'expliquais au public que l'humanité (et non la planète) allait disparaître et que la 6 ème extinction de masse était pour demain, la précédente étant celle qui avait vu la disparition des dinosaures, il y a près de 70 millions d'années.
Si je devais aujourd'hui réitérer ce discours, je me garderais bien d'être aussi affirmatif sur les causes de notre proche disparition. En effet, alors que la sixième extinction est, au rythme actuel de disparition des espèces, fixée à dans quelques millions d'années, j'ai bien peur que nous n'ayons le temps de vérifier cette prédiction, car les changements climatiques actuels, provoqués par l'activité humaine, pourraient bien aboutir à la disparition de l'Homme dans quelques dizaines d'années. Certes, vous, lecteurs, et moi rédacteur, ne vivrons pas ce moment délicat, pas plus que nos enfants, mais il est probable que nos petits-enfants et leur descendance proche seront "impactés" par cette catastrophe... si rien n'est fait pour contrecarrer cette perspective. Nous pouvons espérer que la COP 21 (conférence sur le climat) de fin d'année, prévue à Paris, prendra des décisions appropriées, à la mesure de cette catastrophe annoncée. Si c'est le cas, restera à anticiper la 6 ème extinction... s'il n'est pas trop tard ! 


La sixième extinction animale de masse est en cours
Le Monde.fr avec AFP | 20.06.2015

Les espèces animales disparaissent environ 100 fois plus rapidement que par le passé, les estimations les plus optimistes montrant que la faune de la Terre est en train de subir sa sixième extinction de masse, selon une étude publiée vendredi 19 juin par des experts des universités américaines Stanford, Princeton et Berkeley, notamment.
Jamais, selon eux, la planète n'a perdu ses espèces animales à un rythme aussi effréné que depuis la dernière extinction de masse il y a 66 millions d'années - celle des dinosaures - . Leur étude, publiée dans le journal Science Advances« montre sans aucun doute notable que nous entrons dans la sixième grande extinction de masse », a affirmé Paul Ehrlich, professeur de biologie à Stanford.

Les humains en feront partie
Et les humains feront probablement partie des espèces qui disparaîtront, ont-ils prévenu. « Si on permet que cela continue, la vie pourrait mettre plusieurs millions d'années à s'en remettre, et nos espèces elles-mêmes disparaîtraient probablement assez tôt », a précisé Gerardo Ceballos, de l'université autonome de Mexico.
Cette analyse s'appuie sur les observations documentées d'extinctions de vertébrés - à savoir des animaux avec squelettes internes comme des grenouilles, des reptiles et des tigres - à partir de fossiles et d'autres bases de données. Le rythme actuel de disparition des espèces a été comparé aux « rythmes naturels de disparition des espèces avant que l'activité humaine ne domine ».

Fourchette basse
Ces derniers sont difficiles à estimer car les experts ne savent pas exactement ce qu'il s'est produit tout au long des 4,5 milliards d'années d'existence de la Terre. Si le taux du passé fait ressortir une disparition de deux espèces de mammifères pour 10 000 espèces en 100 ans, alors « le taux moyen de perte d'espèces de vertébrés au siècle dernier est 114 fois supérieur à ce qu'il aurait été sans activité humaine, même en tenant compte des estimations les plus optimistes en matière d'extinction », selon l'étude.
« Nous insistons sur le fait que nos calculs sous-estiment très probablement la sévérité de cette crise d'extinction, parce que notre objectif était de fixer un bas de la fourchette réaliste en ce qui concerne l'impact de l'humanité sur la biodiversité », a-t-elle relevé. Les causes de la disparition des espèces comprennent notamment le changement climatique, la pollution et la déforestation. D'après l'Union internationale pour la conservation de la nature, environ 41 % des espèces d'amphibiens et 26 % des espèces de mammifères sont menacées d'extinction.


vendredi 19 juin 2015

Littéralement : Leaders mondiaux faisant leur "devoir"

Photo 1 : Reine stressée
Photo 2 : Président trop décontracté pour ce qu'il fait
Photo 3 : Chancelière portant pantalon pour l'occasion
Photo 4 : Pape priant
Photo 5 : Dalai-Lama méditant
Photo 6 : Penseur éthéré
Photo 7 : Bibi cravaté à la Hollande

World Leaders doing their 'Duty' by Photographer Cristina Guggeri#artpeople

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