mardi 30 avril 2013

Fonds en liquide : la défense hasardeuse de Claude Guéant

Le Monde 30 avril 2013

Claude Guéant est dans la tourmente judiciaire. Selon le Canard enchaîné, l'ancien ministre de l'intérieur, fidèle d'entre les fidèles de Nicolas Sarkozy, a vu son domicile perquisitionné à deux reprises, dans le cadre de deux affaires, celle de l'arbitrage Tapie-Crédit lyonnais, et celle d'éventuels financements libyens de la campagne 2007 de l'ex-chef de l'Etat. Or, révèle l'hebdomadaire satirique, lors de ces deux procédures, les enquêteurs ont découvert deux éléments troublants : d'une part, un versement sur son compte de 500 000 euros, d'autre part des traces de paiement de factures en liquide pour des montants importants.
L'ex-ministre a dû s'expliquer sur ces deux points. Pour les 500 000 euros, il évoque la revente, en 2008, de deux "tableaux de marine du XVIIe siècle" à un avocat, et assure posséder les documents qui prouvent cette vente. C'est cette version qu'il a répétée, mardi 30 avril, sur RMC :
"Cet argent n'a strictement rien à voir avec un financement libyen, a assuré Claude Guéant. Je répète que je n'ai jamais vu trace de financement libyen soit vers une campagne électorale, soit vers quiconque en France et je n'en ai même jamais entendu parler. Cet argent tient d'une transaction banale d'œuvre d'art. C'est juste le produit de cette vente. J'ai vendu ces tableaux à un avocat étranger. J'ai tous les justificatifs. Tout cela est une affaire privée et banale."
Quant aux règlements en liquide, M. Guéant assure qu'il s'agissait de primes en liquide versées aux collaborateurs ministériels : "Les factures en liquide portent sur des montants modestes (20 000 euros). AA: Guéant a précisésur Canal plus, ce midi, qu'il s'agissait d'une dizaine d'achats d'électro-ménagers. On se dit que, décidément,  ces hommes politiques ont une conception étonnante de la "modestie" alors que beaucoup de Français ne disposent pas de cette somme annuellement ! D'autre part, n'est-il pas obligatoire de payer au delà de certains montants par chèque ou carte de crédit ? ). Cela vient de primes payées en liquide. Elles n'ont pas été déclarées car ce n'était pas l'usage. A posteriori, on se dit que c'était anormal. D'ailleurs, ça a été modifié."

EN 2002, LE GOUVERNEMENT A MIS FIN AUX PRIMES VERSÉES SUR FONDS SPÉCIAUX
Ce second point pose quelque peu question. Car en principe, les collaborateurs des cabinets ministériels ne sont plus rémunérés en liquide depuis longtemps. Précisément depuis que Lionel Jospin a mis fin à cette pratique, en 2001. Un an avant l'arrivée de M. Guéant place Beauvau.
Jusqu'à cette date existaient en effet ce qu'on appelait les "fonds spéciaux" : des enveloppes, en liquide, qui circulaient dans les ministères. Elles servaient notamment aux services secrets, mais avaient une autre fonction, moins glorieuse : les ministres piochaient dans ces fonds pour rémunérer leurs collaborateurs en sus de leur traitement déclaré.
Il a fallu qu'éclate, en 2001, le scandale de billets d'avion payés en liquide par Jacques Chirac entre 1992 et 1995, pour que cette pratique, qui existait depuis 1946, soit mise au jour. C'est la loi du 27 avril 1946 qui en fixe les règles, prévoyant des crédits de fonds spéciaux, versés aux services du premier ministre, et divisés en deux catégories : ceux à "destination particulière", prévus pour les besoins du renseignement intérieur et extérieur, et les "fonds spéciaux du gouvernement".
Cet argent est débloqué par le ministère des finances sur un compte au nom du premier ministre, qui en gère ensuite la répartition. Comme le raconte Bertrand Warusfel dans son livre sur le renseignement français contemporain, "en pratique, chaque mois, les chefs de cabinet des ministres bénéficiaires de ces fonds se rendent à Matignon pour retirer les sommes qui leur sont attribuées". La loi prévoit que les crédits non dépensés soient remis au budget de l'Etat, mais en pratique ce n'est jamais le cas.
De 1996 à 2001, la somme prévue en loi de finances pour les "fonds spéciaux du gouvernement" est de 48 millions de francs (7,3 millions d'euros). Mais elle ne représente pas la totalité, puisque certains ministères puisent aussi dans les fonds destinés au renseignement, et que les montants varient selon les sources. Elle est distribuée sous forme d'enveloppes aux collaborateurs des cabinets ministériels. En novembre 2001, Lionel Jospin, alors premier ministre, annonce une réforme de ce système. Il demande à François Longerot, premier président de la Cour des comptes, un rapport sur le sujet.
C'est Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget, qui met en place cette réforme, un simple amendement à la loi de finances pour 2002. Elle prévoit la fin des fonds spéciaux pour les collaborateurs de ministres dès le 1er janvier 2002. Ces derniers sont  désormais rémunérés en primes inscrites au budget de chaque ministère. Toutefois, Lionel Jospin avait accepté que les rémunérations en liquide perdurent quelques semaines, de l'entrée en vigueur de la mesure le 1er janvier 2002 jusqu'à l'élection présidentielle, fin avril, la même année.
La gauche battue aux élections présidentielle et législatives, c'est la majorité UMP qui a fait voter, lors du collectif budgétaire de l'été 2002, une conséquente augmentation de la rémunération des ministres. Et ce contre l'avis du président Chirac. "On n'augmente pas les salaires des ministres quand on n'augmente pas le smic", arguait alors le chef de l'Etat aux ministres qui venaient plaider leur cause. Las, la mesure a fini par passer : les ministres ont vu leur rémunération augmenter d'environ 70 %, avec effet rétroactif au 8 mai, date de la nomination du gouvernement, pour compenser la fin des fonds spéciaux. 

DES RÉMUNÉRATIONS OCCULTES DURANT CINQ ANS ?
Claude Guéant, devenu en mai 2002 directeur de cabinet du ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a-t-il pu bénéficier de ces versements en liquide après 2002 ? Il a expliqué au Monde que certains ministères avaient obtenu une forme de "dérogation", et continué de verser à leurs collaborateurs des compléments en liquide à leurs traitements. "Quand je suis arrivé au ministère de l'intérieur, il y avait plus de 400 personnes concernées par ces primes dont le régime fiscal n'était pas défini. J'ai d'ailleurs remis le système à plat pour mettre fin à ces pratiques en 2006".
Une déclaration controversée, qui laisse entendre que, durant cinq ans après le vote de la loi sur les fonds spéciaux, des ministères continuaient de puiser dans ceux destinés au renseignement intérieur pour y prélever, en toute impunité, des primes. AA : C.Guéant ne sera pas poursuivi pour dissimulation fiscale, puisqu'il y a prescription (en matière fiscale, on ne peut revenir sur les 4 années précédentes plus l'année en cours...). Or les montants de ces fonds ont diminué, de 60 millions à 26 millions d'euros entre 2001 et 2002. D'anciens membres de cabinets ministériels ont confirmé au Monde que ces pratiques n'avaient plus cours en 2003 dans d'autres ministères. 
Autre incohérence : elles concernaient les membres des cabinets ministériels, soit quelques dizaines de personnes au maximum. Or M. Guéant parle de 400 personnes, soit plus que la totalité des effectifs physiques actuellement affectés au ministère de l'intérieur de Manuel Valls (252 personnes). Roselyne Bachelot, qui fut ministre à la même époque, était sceptique, mardi, sur cette version, et jugeait que "soit M. Guéant est un menteur, soit un voleur !"
Autre question : le prix auquel M. Guéant aurait vendu ses deux tableaux qui lui appartenaient depuis une vingtaine d'années, soit pas moins de 500 000 euros. L'artiste, le peintre flamand Andries van Eertvelt, est en effet un artiste coté, mais pas à ce prix. Sur le site de vente d'art Sothebys, son tableau le plus cher est vendu 168 000 euros, et aucune de ses œuvres ne semble avoir dépassé les 200 000 euros. Mais une vente privée est différente d'une vente publique, et peut s'être conclue pour un montant plus élevé. 

La Fédé. Chapitre 4: Gérard Dalongeville, le chevalier noir d'Hénin-Beaumont (1)


AA : le "chevalier noir" par rapport à ce que veut nous faire croire GD : qu'il est un "chevalier blanc"...
On se souvient de la perquisition dans son bureau, le jour où il fut cueilli chez lui, le 7 avril 2009. La police s'intéresse à plusieurs opérations immobilières ayant donné lieu à des ventes en cascade dans des conditions obscures. L'homme n'étant pas un obsédé du classement, c'est derrière des masses de documents qu'ils découvrent un coffre-fort dont GD déclare qu'il n'a pas les clefs et que ce coffre servait à son prédécesseur, avant 2001. La découverte de 13 000 euros en grosses coupures ne lui fait pas dévier de chemin : l'euro n'existait pas avant 2001, et pourtant il n'a jamais ouvert ce coffre ! Cet entêtement lui vaudra 8 mois de détention provisoire et quand on découvre ses empreintes digitales sur les enveloppes, il craque et déclare qu'il s'agit de l'argent du parti et dévoile les coulisses de 20 ans de vie politique dans le bassin minier : marchés publics truqués, corruption, détournements de fonds publics, favoritisme...
Les policiers et Véronique Pair, la juge d'instruction, se méfient de ces confessions. Son avocat, Didier Cattoir, socialiste, et plaidant souvent pour le PS, le lâche. GD attribue à 2 élus, Duberger, décédé en 2009, et Chopin, adjoint aux finances, l'organisation de ce financement occulte du PS, au moyen de commissions versées par les entreprises et de surfacturations reversées en publicité. AA : nous avons vu dans les chapitres précédents, qu'il n'y avait pas qu'à HB que ces pratiques étaient en vigueur...Les autres protagonistes les confirment, mais GD affirme qu'il n'a jamais bénéficié de cet argent...

La carrière de GD, né le 14/9/1970 à Bapaume, doté d'une maîtrise de gestion, commence grâce à... Daniel Percheron qu'il admire profondément, et qui, en 1992, lui trouve un poste auprès de Pierre Darchicourt, maire d'Hénin-Beaumont. N'ayant pas de poste budgétaire, PD lui donne un emploi fictif à la SAEMIC (société anonyme d'économie mixte immobilière de construction qui joue un rôle essentiel dans l'aménagement du territoire et gère une grande partie des chantiers d'aménagement de la ville, ce qui en fait, Dalongeville dixit, une pompe à finances du PS. GD "démissionne", en 1999, de son poste au cabinet de Darchicourt (ce dernier soupçonnant un détournement de fonds à l'occasion de dépenses d'illuminations de fin d'année, GD ayant anticipé son renvoi...). En réalité, c'est l'avenir de la SAEMIC qui fait divergence : les hommes forts de la Fédé, JP Kucheida, en tête en tant que président de la société liévinoise, Artois Développement (d'où naîtra Adevia), voulant fusionner les 2. Cela fut fait par Dalongeville, une fois élu, en 2001, après avoir mené une liste dissidente contre le maire sortant, mais soutenu, en sous-main par le PS...
Gérard Dalongeville a été initié au Grand Orient de France, dans la loge d'Hénin-Beaumont, "Conscience libre" et en aurait été exclu sous l'instigation de... Pierre Darchicourt, ce dernier l'ayant parrainé à son entrée. . Selon les auteurs, "les assertions de GD ("là aussi", précisent-ils) sont contredites par plusieurs protagonistes, sur un fond de vérité". Le Grand Maître du Grand Orient admet qu'il peut y avoir de l'affairisme, comme l'a perçu GD, dans des loges peu regardantes sur le recrutement... Quoiqu'il en soit, les quelques mois passés en franc-maçonnerie (et encore n'était-il pas très assidu), ne sont pas suffisants pour que les remarques de GD soient crédibles... 

GD soutient ne pas s'être enrichi personnellement dans les multiples opérations de détournements de fonds publics qui lui sont reprochés. Les enquêteurs ont fait leur boulot et le résultat est éloquent. L'élu perçoit 5 000 euros au titre de ses fonctions d'élu. En tant que membre bénévole d'autres structures diverses, il concède "certains avantages" (repas, déplacements). Sa compagne, membre de son cabinet (!) perçoit 2000 euros et au total, le couple vit avec 7 000 euros, tous frais presque entièrement payés (sauf le logement). Malgré cela, il a déposé entre 2005 et 2008 au moins 113 400 euros en espèces sur ses comptes bancaires (3150 € par mois), sur lesquels GD a menti aux policiers (héritage, disait-il...). "Il a touché beaucoup d'argent en liquide, au bas mot 30 000 euros par mois, avance ce chef d'entreprise qui l'a bien connu. C'est simple, tous les entrepreneurs du coin qui travaillaient avec la mairie ont financé ses campagnes électorales." Le couple a laissé de multiples traces de l'utilisation de cet argent, le plus souvent pour effectuer 3 à 4 beaux voyages par an.

lundi 29 avril 2013

La Fédé. Chapitre 3 : Jacques Mellick, le baron de Béthune (3).


"J'ai des équipes à moi qui commencent à foutre le bordel !"
A peine sommes-nous (équipe Bernard Seux) élus, en 1987 que plusieurs bâtiments publics partent en fumée. Un juge d'instruction est nommé et, au fil de son enquête, le nom de Jacques Mellick est cité. "Les nombreuses dépositions apparaissent fantaisistes, négligeables, si l'attitude de certains membres du personnel politique du Béthunois n'était pas venue nourrir ces accusations". En effet, des écoutes téléphoniques, effectuées dans une autre procédure judiciaire, indiquent que Mellick paraît s'attribuer un rôle dans cette série d'incendies. Florilège :
- sur l'incendie de la salle Carpentier (12 janvier 98):  à son interlocutrice qui lui dit : "C'est D qui a dit que c'est nous qui avons mis le feu", il répond : "Ah oui ? Et puis, en plus, c'est vrai. C'est nos gars à nous". Il ajoute : "Ouais, on a dit qu'on allait leur foutre le feu. Tu vois, plus rien ne va s'ils foutent le feu".
- à un homme de confiance, qui pensait bien que l'on imputerait cet incendie à JM, ce dernier dit : "Ben, puis c'est des gens à moi..."
- 10 minutes plus tard, à un interlocuteur non identifié : "Oui, j'avais oublié de te dire que j'avais mis le feu dans le quartier. Ca va commencer. Le quartier a flambé au Mont-Liébaut". "T'as mis le feu ?!" JM : Ben oui, j'ai des équipes à moi qui commencent à foutre le bordel, quoi". JM: "Je peux pas les arrêter. (Rires). Un quartier difficile, hein? Avant, quand il y avait un maire, quand il y avait quelqu'un qui avait de l'autorité sur les gens, ça allait bien. Maintenant qu'il n'y en a plus...Voilà.".
- Le lendemain, il contacte un de ses collaborateurs (AA : employé de mairie et qui travaillait avec moi en dépit des doutes que nous avions sur sa loyauté !). JM : "Le gymnase, très bien". "Ca te fait rire, hein? L'autre : "oui enfin..." JM : Tu ne peux pas dire non !" " Ben non, je ne peux pas dire non, comme tu dis, je peux pas dire non".


Le malaise d'un officier de gendarmerie
Le magistrat n'exclut pas la piste d'un incendie volontaire (La Charité) des partisans de Mellick. Malgré la présence avérée d'agents municipaux sur place, mais aucun élément formel ne permet de les incriminer.... 2 étudiantes, quelques années plus tard, effectuent une minutieuse contre-enquête et retrouvent de nombreux témoins qui laissent planer un sérieux doute sur la responsabilité de l'entourage de JM. Un ancien officier de gendarmerie, en charge de l'enquête, fait part de son malaise.
Malgré le dépôt d'une plainte, l'affaire en restera là...

"Mellick ne supportait pas qu'on lui résiste".
Pour les municipales de 2001, F.Hollande envisage d'exclure JM qui s'est déclaré candidat contre Seux, maire sortant et député membre du groupe socialiste. Mais la pression des barons socialistes fait que ni Seux, ni Mellick n'auront le soutien du PS ! Mellick connaît trop de choses sur le PS 62. Seux l'emporte de 60 voix sous les insultes des mellickiens (AA: j'avais fait une liste, mais nous n'avons pu nous entendre, avec B. Seux, en vue du second tour). Le nouveau maire constate que son téléphone était sur écoute...privée : "Mellick ne supportait pas qu'on lui résiste" (B. Seux).
Pour les législatives, quelques mois plus tard, le PS envoie MN Lieneman et la Fédé 62 impose Mellick comme suppléant. AA : j'avais rencontré MNL à La Rochelle aux journées d'été de nos partis respectifs (Les Verts à Saint-Jean de Mont, le PS à La Rochelle)  et lui avait indiquée que le tandem avec Mellick était une défaite assurée (pour la simple raison qu'à Lillers et environs, les communistes, fortement implantés, préféraient voter UMP que Mellick : ce qu'ils firent) et que je ne pourrai appeler à voter pour elle, au second tour....Bye, bye, Marie-Nöëlle, battue pourtant de peu !
Les municipales de 2001 sont annulées et, en 2002, Mellick reprend la mairie avec le soutien du PS .

Un préjudice de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour Béthune.
Municipales de 2008 : victoire de Stéphane Saint-André, ancien collaborateur de Mellick, puis de Bernard Seux, et le nouveau maire fait procéder à des audits par l'ancien inspecteur Gaudino qui avait enquêté sur Urba. Plusieurs "dossiers" sont soulevés : conflit d'intérêt sur l'attribution d'une délégation pour un parking (avec en cause : Ramery !), abus de confiance sur un marché informatique (surfacturations effarantes...).
Enfin, une ancienne opération immobilière entre la famille Mellick et... Jean-Pierre Kucheida (en tant que président de la Sepac, émanation du conseil général 62 et "au service des élus", absorbée en 2009 par Adevia...) remonte à la surface : les Mellick on eu droit pendant des années à une occupation gratuite de bâtiments (occupés par la pharmacie de Miguel Mellick et le siège de la holding du père) qu'ils ont ensuite rachetés à un prix inférieur au coût estimé dix ans auparavant...  

Pour terminer, signalons que Mellick et Seux se sont réconciliés, après s'être battus à mort (convergence d'intérêts au profit du parti ?), Percheron a qualifié Saint-André de "chauffard" de la politique (le maire PRG ayant pourtant l'investiture du PS pour les législatives...), Mellick a appelé à voter pour le candidat UMP au second tour des législatives, Lienemann a réclamé l'exclusion de Mellick... et ce dernier est entré au conseil d'administartion de Pas-de-Calais Habitat, en remplacement de... Jean-Pierre Kucheida...

AA: décidément, l'agonie des barons est lente...

Demain, un chapitre sur celui qui tente de se refaire une virginité, ce qui, comme on le sait, est impossible quand on a tellement "fauté"...

dimanche 28 avril 2013

La Fédé. Chapitre 3 : Jacques Mellick, le baron de Béthune (2).


Le modèle pour Mellick dans ces années de "communication entrepreneuriale" s'incarne dans la personne de Bernard Tapie : "BT et moi, nous nous comprenons car nous sommes tous deux des hommes de coup" et il pousse le mimétisme jusqu'à baptiser sa liste "Énergie Mellick" (législatives 1993) sur le modèle "Énergie Sud" à Marseille (Tapie, régionales 92). Dans un quatre-pages, JM va même jusqu'à diffuser un message invitant les électeurs à le joindre : "Allô, Jacques..?


Quand Mellick se rêve en "Robin des bois" urbain
JM s'est toujours vu en "visionnaire" de l'aménagement urbain, voulant faire de Béthune "une ville centre" pour concurrencer l'attractivité lilloise : délocalisation des Voies Navigables de France à Béthune, fusion avec Beuvry (AA : annulée 3 ans plus tard, le maire de Béthune et celui de Beuvry, l'ancien Président du Conseil régional, Noël Josèphe, condamné lors du scandale de l'ORCEP, avaient oublié de demander l'avis des Beuvrygeois...). Pour JM, "l'architecture est un outil du développement économique" ; malheureusement, les grands projets pharaoniques lancés lors de son dernier mandat (piscine, patinoire, marché ultramoderne, ...) avec le gratin de l'architecture mondiale se sont avérés des gouffres financiers.
JM se proclame "un redresseur de tort" des populations défavorisées, "un Robin du terrain urbain" : en 1987, il fait voler les stocks de blazers d'une entreprise béthunoise en dépôt de bilan. Fonds d'industrialisation du bassin minier, Schéma de cohérence territoriale de l'Artois (Smescota), Agence de l'Urbanisme, il se crée un ensemble d'obligés, de vassaux... La CRC dénonce les nombreux proches collaborateurs qu'il place au Sivom qu'il préside. De même la CRC épingle " le recrutement irrégulier par une société de presse de personnels mis à la disposition de la ville pour la rédaction d'un journal fabriqué par des employés communaux. Cette publication était très appréciée des entreprises souhaitant obtenir des marchés dans la ville...


Distribution de billets dans les cages d'immeubles HLM.
A Béthune, chaque mètre carré est quadrillé et notamment par l'intermédiaire du CCAS. JM "aime" tellement ses concitoyens que, lors de la campagne municipale de 1995,  "du personnel avait été recruté temporairement par la commune pour tondre les pelouses, mettre un bout de grillage, rénover un trottoir..." Le message : "c'est grâce à Mellick". Explication de ce dernier : "quand on s'occupe des habitants, on fait reculer le FN". AA : c'est si vrai qu'en 1990 quand je suis revenu à Béthune après 18 ans d'absence et que je lui ai demandé pourquoi le FN faisait si peu de voix, il m'a répondu que c'était parce qu'il était là...Je dois avouer que, voyant ce que je vois à Hénin, je me demande s'il n'avait pas raison.
JM n'hésite pas à rappeler leur "devoir électoral" à ses administrés qui bénéficient d'une aide sociale...
Nombreux (dont moi-même) se souviennent des distributions de billets de 100 francs au Mont Liébaut ("la ZUP").
Les auteurs du livre décrivent une scène dans un bureau de vote où l'épouse de JM aurait accompagné une personne âgée dans l'isoloir. Accusation "médiocre" selon Mellick. AA : or, j'ai assisté à cette scène puisque...j'étais le président du bureau de vote et j'ai dû intervenir fermement en menaçant de ne pas enregistrer le vote de la personne ! En fait était en cause, non pas l'épouse, mais un des fils, Miguel...
Les auteurs rappellent également le coût exorbitant d'un socle en béton que la ville avait commandé pour une statue de F. Mitterrand (située face à la gare), socle d'un prix supérieur à la statue (!) et exécuté par un architecte belge qui intervenait beaucoup sur Béthune (avec talent, d'ailleurs) et qui avait travaillé sur l'extension d'un permis de construire de la résidence secondaire (luxueuse, selon les photos qui circulaient à Béthune) des Mellick dans le Var. AA : je connais bien ce dossier puisque c'est moi qui ai dénoncé ces faits en conseil municipal et ai été cité en diffamation par Mellick. L'affaire avait fait un certain bruit, notamment du fait de la notoriété des 2 ténors du barreau qui sont intervenus : Dupont-Moretti pour moi, Jean Descamps, ancien bâtonnier et figure respecté de Lille, avocat attitré du PS et avocat de la famille...Groseille (d'où fut tiré le film, "La vie est un long fleuve tranquille") pour Mellick. La présence de ce dernier avait également attiré la presse. Je fus relaxé et l'adversaire ne fit pas appel...


Jacques Mellick fils, ami personnel de DSK"
Les 2 fils, Jacques et Miguel, tous les 2 , ont beaucoup fait parler d'eux, sur le plan judiciaire.
Jacques Mellick junior qui a un fils, également prénommé Jacques (ce qui fait jaser sur la dynastie Mellick : Jacques I, Jacques II et Jacques III), eut les honneurs du Canard Enchaîné, en 1989, quand il obtint toutes les facilités, Papa étant ministre à l'époque, pour l'ouverture d'une pharmacie à Auchan Noyelles Godault... Jacques junior fut, dès la primaire PS de 2007, un soutien actif de DSK. Au cours de l'affaire dite du Carlton, son nom fut souvent cité, car il s'était rendu, à 2 reprises, à Washington, pour rencontrer celui qui était encore le directeur du FMI. Par contre, il ne fut pas mis en examen, sa participation aux "parties fines"  n'ayant jamais été prouvée.
Miguel, l'autre fils, a vu son nom cité à plusieurs reprises, dans des affaires judiciaires : abus de bien sociaux (réparation de son avion avec l'argent de sa société) et une affaire de fausses vignettes de Sécurité sociale entraînant une amende, des dommages et intérêts à verser à la Caisse primaire et 6 mois d'interdiction d'exercer pour escroquerie à la SS.
Anecdote personnelle : Miguel était quasiment mon voisin à Béthune et je rencontrais souvent Evelyne Leclerc, avec qui il vécut quelque temps ("Tournez manège") idylle qui fit la une de nombreux magazines "people" que l'on s'arrachait en ville...

A suivre, notamment sur les étonnantes écoutes téléphoniques concernant JM, baron de Béthune. 

samedi 27 avril 2013

La Fédé. Chapitre 3 : Jacques Mellick, le baron de Béthune (1).


J'ai trouvé un lien intéressant et extérieur à Béthune, sur les années Mellick :



Député du Pas-de-Calais de 1978 à 1988 et de 1993 à 1996, maire de Béthune de 1977 à 1996 et de 2002 à 2007. Ministre, Secrétaire d'état, conseiller général, conseiller régional...Jacques Mellick est né le 22 juillet 1941.
Il a survécu politiquement au scandale de l'affaire VA-OM, dans les années 1990, condamné à un an de prison avec sursis et à 5 ans d'inéligibilité pour faux témoignages et subornation de témoin. Afin d'éviter des poursuites, pour corruption, à son ami, Bernard Tapie, Mellick lui a fourni un faux alibi, garantissant sa présence dans les bureaux parisiens du patron du club de football l'Olympique de Marseille, le 17 juin 1993, grâce aux talents de pilote de Formule 1 de son chauffeur ! Ce jour-là, Tapie était, en réalité, en train d'arranger le match avec l'entraîneur valenciennois, Bruno Primorac. Malgré cela, avec le feu vert de Percheron, Mellick se présente aux municipales de 1995 et l'emporte avec 52% des voix, au second tour. AA : ce furent mes premiers pas en politique : j'ai, en effet, cette fois-là, soutenu une liste dissidente de gauche...


Dans l'affaire VA-OM, le PS plie face à la Fédé
Jack Lang : "Mellick est d'une intégrité totale et parfaite, qui pour défendre sa ville, s'est battu bec et ongles" ! Pendant toute l'instruction judiciaire, le premier cercle de l'Elysée le soutient. Même François Mitterrand lui lance un "Il faut tenir, Mellick". Comme on le verra, plus loin, JM connaît beaucoup de choses sur la Fédé et il ne faut pas qu'il balance...
Jospin est partisan d'une ligne dure contre lui, comme DSK et M. Aubry. C'est pourtant la Fédé qui dicte sa loi à la rue de Solférino, qui lui laisse trancher la question de l'appartenance au parti. Sa condamnation dans l'affaire VA-OM entraînera son exclusion du Grand-Orient de France...
JM a adhéré en 1959 à la SFIO et sera le soutien de Gaston Deferre aux présidentielles de 1965. Son ascension est indissociable de celle de D. Percheron. Secrétaire national des jeunesses socialistes de 1964 à 1967, il ferraille contre Guy Mollet et piétine les plate-bandes des communistes. Comme Percheron, il est rocardien avant la présidentielle de 1981, puis fabiusien avant le congrès de Rennes de 1990.


"Si on l'emmerde, Mellick fait tout sauter !"
Percheron et Mellick savent tout ce qu'ils se doivent. "Mellick sait tout de la fédération, de ses membres et de ses magouilles, explique l'un de ses anciens collaborateurs. Il est comme un terroriste dans un avion qui se serait accroché des grenades à la ceinture et qui menacerait de tout faire péter. Mellick dans la fédé du Pas-de-Calais, c'est ça. Si on l'emmerde, il fait tout sauter !"
Quand il se lance en politique, il est Directeur d'une société HLM de maisons individuelles. Il découvre le monde de l'urbanisme et de l'entreprise, qui le fascine. Il est le seul de cette génération d'élus à ne pas être issu de l'Education nationale. Au parti, il devient un homme-clé pour les rouages financiers. Il travaille avec le bureau d'études Certa (conseils, études, réalisations thermiques et administratives) et la régie publicitaire Norsogepress. 2 entités qui évoquent, dans leur fonctionnement, les fameux bureaux d'études Urba, "pompe à finances" du PS.
Un ancien journaliste à l'Humanité est éloquent: "Le PS avait un bureau d'études, le PC aussi, d'ailleurs. Si une école était construite dans une municipalité PS, il y avait 3% pour le PS. Idem pour le PC. Bien sûr, le bureau d'études jouait un rôle de conseiller pour l'équipement, mais, en définitive, c'était une pompe à finances. Cela marchait pour une école, mais cela allait aussi de la wassingue au désinfectant". Dans le journal de la Fédé, la Certa et la Norsogepress apparaissent en bonne place (curieusement, les 2 avaient la même adresse...). Blanchiment d'argent sale, dirait-on aujourd'hui ?
Mellick n'aurait jamais été trésorier du PS 62 (même s'il signait certains courriers à ce titre...)  "Une partie de son travail était de démarcher les entreprises". Aux élections, c'est lui qui règle tous les problèmes financiers : de quoi alimenter sa longévité politique !


Une ligne directe pour les électeurs : Allô, Jacques?"
Mellick multiplie les coups médiatiques. En 1987, il inaugure en grande pompe l'Ircom (Institut régional de la communication). Initiative louable, mais le but de JM était, en réalité, de développer sa communication personnelle.
AA : J'ai vécu un de ces coups médiatiques et cela m'a coûté cher. J'avais fédéré quelques associations contre l'extrême-droite, au sein d'une association faîtière, Fraternité, rassemblant des personnes de tous les bords politiques, mais résolument apolitique. JM me demanda d'accueillir à Béthune, via cette asso, Bernard Kouchner, alors au fait de sa gloire : la manoeuvre était simple, JM voulait se montrer avec cette vedette des sondages, quelques semaines avant des législatives très difficiles pour le PS (elles le furent effectivement). Je refusais et sur l'insistance de Mellick, je soumis la proposition aux militants qui la rejetèrent comme prévu. "Tu me le paieras" me suis-je entendu dire et, effectivement, peu de temps après, je ne pus obtenir de rallonge pour le club de football de Béthune dont je venais de prendre la Présidence, et qui se trouvait en grosse difficulté financière... Je n'étais, certes, plus carté politiquement depuis 1991 (j'avais quitté le PS, dégoûté par l'autocratie du même Mellick), mais je m'engageais en 1995, en soutenant publiquement une liste hostile au maire sortant (c'est en 1997, qu'eut lieu une élection partielle, JM ayant été déclaré inéligible,  et que je figurai sur une liste qui battit le supplétif de Mellick). N'empêche que la venue de Kouchner fut un succès et JM conserva son siège de député malgré la Bérézina subie par le PS...


Demain, la suite du feuilleton Mellick...

vendredi 26 avril 2013

La Fédé. Chapitre 2 : Jean-Pierre Kucheida, le baron de Liévin (3)


La présidence de la Sacomi confère à JPK un pouvoir considérable en matière d'attribution de logements (via les élus), mais surtout en matière de travaux de rénovation qui se chiffrent en dizaines de millions d'euros...1200 emplois sont concernés par la rénovation dans le BTP, 300 dans la sous-traitance. F. Desage : "cela permet d'entretenir ou de constituer une clientèle d'élus". Le fonctionnement de la Sacomi est vite critiqué par André Delelis, maire de Lens, qui considère que le député-maire de Liévin se comporte en autocrate favorisant ses amis politiques. "Kucheida est un gars de la cité minière qui ne pense qu'à une chose : l'ivresse du pouvoir et disposer de tous les aspects matériels de ce pouvoir" (A. Delelis). En 1992, on s'interroge sur la présence du logo du PS sur les cartes de voeux de la Sacomi....
Dès le retour de la droite au pouvoir, plusieurs enquêtes administratives sont lancées sur la gestion de la Sacomi. Le rapport de l'Inspection générale des finances est accablant : "versement de primes, absence de justificatifs sur les rénumérations, utilisation "non contrôlée" des véhicules de fonction, explosion des frais de publicité, travaux de réhabilitation effectués à un coût exagéré, opacité dans les appels d'offres avec des contrats conclus régulièrement avec des entreprises "amies" (AA : on croit relire les rapports de la CRC sur la Sogi, en 2011 !). Une information judiciaire est ouverte en mai 97. Le mandat de gestion du logement minier est retiré à la Sacomi.. L'Evènement du jeudi décrit JPK comme un "satrape départemental" et raconte qu'en novembre 93, ayant saisi un journaliste au collet, lui lâche : "Une fois revenu au pouvoir, Monsieur, nous nous occuperons de vous !" JPK a fait acheter tous les exemplaires de l'hebdomadaire pour éviter que l'affaire ne s'ébruite...


L'enquête enterrée sur le logement minier
L'enquête de police, même si elle aboutit à un non-lieu (dont JPK s'est targué en 2011 pour démontrer qu'on l'accuse toujours à tort...), est édifiante. Non seulement elle concerne sa gestion, mais aussi son fils, Frédéric (qui fut un temps secrétaire de section PS à Avion), soupçonné d'avoir acheté une maison, en juin 1994, à un prix défiant toute concurrence. Les frais de notaire (près de 8000 euros) ont été réglés par... le vendeur (et non l'acheteur, comme de coutume) sur ordre du directeur général de la Soginorpa. Il bénéficie d'une rénovation complète des lieux pour près de 45 000 euros (dont 3000 consacrés à des "travaux de jardinage"). Selon la police, cette vente confidentielle a causé un préjudice important à la Soginorpa ! JPK assure qu'il a tout fait pour dissuader son fils d'acheter cette maison ! Ce qui ne convainc pas les policiers qui parlent de "dysfonctionnements graves". Le conflit d'intérêt ne s'arrête pas là puisque plusieurs conventions ont été signées avec un bureau d'études (Segat), installé à Ivry-sur-Seine, dans lequel travaillait Frédéric Kucheida.
Concernant l'activité de la Sacomi, les enquêteurs estiment que les "pièces justificatives" remises par ses responsables sont "tardives" et "purement artificielles". Les interrogations sont les mêmes pour les bilans comptables des trois années suivantes !
Des "conventions de partenariat" avec "4 groupes du bâtiment" (Caroni Construction, Sogea, SPIE Citra Nord, Norpac) qui ont réhabilité plus de 700 logements ont également entraîné "un surcoût financier pour la Soginorpa de 20 à 30%". Autant d'entreprises qui sont des annonceurs réguliers de l'Espoir du Pas-de-Calais, la revue du PS.


Kucheida épinglé pour des travaux dans sa commune.
Les enquêteurs débusquent également des audits et des contrats de travail qui ressemblent beaucoup à des "prestations fictives". Sans parler d'important travaux de réhabilitation dans des logements de cadre de la Sogi, avec "de nombreuses dépenses inadéquates, voire curieuses" . Exemples : une table en chêne patinée (446 euros) et... une poubelle de cuisine (41 euros). En 1995, des travaux en mairie de Liévin pour 150 000 euros ont été effectués dans un immeuble pour le compte de la mairie de Liévin, sans respecter la procédure habituelle. JPK avait contacté l'entreprise "dès le 21 février 1994 pour leur demander de commencer les travaux, alors que le marché n'était pas encore passé à cette date".
Les enquêteurs pointent du doigt Artois Développement (une SEM) dont JPK est administrateur, et qui travaille pour la Sacomi, présidée par le même JPK : ainsi 2 contrats, en 95 et 96, pour 64 405 euros et 47 185 euros. Le juge d'instruction de l'époque pensait que la prise illégale d'intérêts était constituée.
Et pourtant, JPK est passé au travers des mailles du filet : affaire classée sans suite, laissant place à toutes les supputations...
AA : je ne suis pas sûr que, cette fois-ci, les affaires auxquelles il serait mêlé, se dégonfle, comme en 1999...

Demain, place à l'autre baron du système : Jacques Mellick.

jeudi 25 avril 2013

La Fédé. Chapitre 2 : Jean-Pierre Kucheida, le baron de Liévin (2)


Quand Kucheida se fait l'avocat de Bouygues et de Total
Considéré comme un "spécialiste des affaires économiques" dès les années 70, il est persuadé qu' "il est urgent de montrer que notre département se transforme tant dans la diversification de ses activités industrielles que dans la qualification de sa population et dans le rattrapage de son retard dans le domaine tertiaire". Au fil du temps, il s'est construit un profil de "maire-entrepreneur", il fréquente des "patrons de gauche" (Le Floch-Prigent). En contrôlant de multiples sociétés d'économie mixte et en négociant régulièrement avec les entreprises du BTP, JPK s'expose au mélange des genres. Il n'hésite pas à faire la promotion d'entreprises auprès d'élus, avant la passation de marchés publics (voir la stupéfiante lettre de JPK aux élus : http://alpernalain.blogspot.com/2011/03/kucheida-suit-ses-maires-la-lettre-20.html#!/2011/03/kucheida-suit-ses-maires-la-lettre-20.html ).
Pendant la cohabitation Chirac-Jospin (1997-2002), JPK préside le Conseil supérieur de l'électricité et du gaz et il se montre un ardent soutien de Total, à tel point que, en pleine polémique nationale, il soutient la présence de Total en Birmanie. Durant ses fonctions, il a bénéficié d'une carte Total qu'il a beaucoup utilisée. Par exemple, du 2 juin au 29 septembre 1999, le montant total de ses dépenses avec cette carte s'élevait à... 11 004, 80 euros dont 7 976,80 euros de carburant (AA : 100 000 kilomètres environ !) et 3 028 euros de frais de péage. Sans commentaire...
Jean Haja, trésorier de l'Association des communes minières, actuel maire de Rouvroy, a tenté d'exercer un contrôle sur l'utilisation de la carte bancaire de l'association par le président Kucheida. Pas moyen de mettre en place la co-signature sur les dépenses...(AA : JPK est bien un spécialiste de la carte bancaire utilisée selon son propre vouloir...).


AA : on se rappellera, également, que, pendant son "exil" d'Hénin-Beaumont, c'est-à-dire depuis le moment où Darchicourt l'a évincé de son cabinet, jusqu'au moment où il le battit, en 2001, G. Dalongeville fut chargé de mission au Conseil supérieur de l'électricité et du gaz  : non seulement cet emploi quasi-fictif était payé (Kucheida et, donc, Percheron, avaient prémédité, bien en avance, le fait qu'ils ne soutiendraient pas le candidat officiel du PS, le maire sortant, Pierre Darchicourt, alors également vice-Président du conseil régional, chargé des Finances), mais lui permettait de faire campagne, ce dont il ne s'est pas privé. De Kuch, il apprit beaucoup de choses, dont il se servit pendant ses 2 mandats (l'un de 7 ans, l'autre de moins d'un an), mais, également, aujourd'hui, par ses dénonciations sur le "système" socialiste.


JPK, PDG du logement minier
20 ans avant l'affaire de la carte bleue de la Soginorpa (AA : dont on vient de voir qu'elle correspond à une vieille habitude déjà éprouvée du baron), JPK avait déjà été épinglé dans une enquête judiciaire liée au logement minier. Mis en examen pour "prise illégale d'intérêts et complicité d'abus de confiance", en janvier 1999, il bénéficie finalement (AA : et de façon surprenante) d'un non-lieu au début des années 2000...
L'histoire mérite d'être contée....Les hommes de la fédé veulent reprendre le contrôle de la gestion des 70 000 logements des houillères. L'enjeu est considérable, notamment en matière de pouvoir sur les élus locaux, car dans certaines communes, le patrimoine des houillères représente 30 à 50% des logements disponibles. En soutenant Fabius au congrès de Rennes (après une énième trahison de D. Percheron), la Fédé obtient que Charbonnages de France reste propriétaire du patrimoine des houillères, à travers une société civile immobilière (la Soginorpa), et la gestion sera assumée par les élus via une société d'économie mixte, la Sacomi (la société pour l'aménagement des communes minières), dont le président sera ...JP Kucheida. Il se fait conseiller par le mystérieux Daniel Ghouzy (http://alpernalain.blogspot.com/2011/12/le-systeme-dans-le-pas-de-calais-2.html#!/2011/12/le-systeme-dans-le-pas-de-calais-2.html).
"Kucheida se conçoit comme un aménageur" selon Fabien Desage, auteur d'une étude sur le logement minier et que je cite abondamment dans le portrait que j'ai dressé de JPK : http://alpernalain.blogspot.com/2011/02/jean-pierre-kucheida.html#!/2011/02/jean-pierre-kucheida.html
" Avec la Sacomi, il est convaincu qu'il va avoir la capacité de transformer son territoire. Mais il assied aussi une emprise politique. Il ne peut ignorer que cela lui donne un rôle central. Du coup, il va coaliser contre lui beaucoup d'élus."


A suivre, notamment pour voir comment le baron a utilisé la Sacomi à des fins personnelles, sans être véritablement inquiété...

mercredi 24 avril 2013

"Mariage pour tous" : les dix questions-clés qui se posent après le vote


Le Monde.fr |
Le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples de même sexe a été définitivement voté à l'Assemblée, mardi 23 avril.
Date d'application, possibilités de recours, changements concrets... Les questions posées par l'adoption du projet de loi sur le "mariage pour tous".
 1. Quand aura lieu le premier mariage homosexuel ?
Dès le projet de loi voté, les parlementaires opposés au texte ont déposé un recours au Conseil constitutionnel, qui dispose d'un mois pour se prononcer sur une éventuelle censure de la loi. Si le Conseil constitutionnel ne censure pas le texte, le président de la République promulguera ensuite la loi, qui sera publiée au Journal officiel. Il faut ensuite compter encore dix jours pour la publication des bans, obligatoire pour l'organisation des mariages. Le gouvernement espère donc que les premières cérémonies auront lieu entre la mi-juin et la fin juin.

2. Le texte pourrait-il être retoqué par le Conseil constitutionnel ?
Les parlementaires de l'UMP qui ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel entendent s'appuyer sur la démonstration que la loi déférée induit "une réforme de civilisation". Aussi estiment-ils que l'adoption de ce texte aurait nécessité des conditions particulières et que celles-ci n'ont pas été remplies, en faisant notamment référence au refus de recourir au référendum – qu'en l'état, la Constitution n'autorise pas.

3. Une fois la loi votée, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) peut-elle imposer à la France de légaliser la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) ?Les opposants au "mariage pour tous" estiment que la CEDH peut imposer à la France de légaliser ces deux pratiques au nom du principe de non-discrimination entre les couples. Il est très difficile de prévoir une décision de la CEDH. Mais celle-ci a déjà tranché la question de la PMA dans un arrêt en 2011, en laissant aux Etats une liberté d'appréciation sur le sujet.
Par ailleurs, le dossier ne pourrait pas être porté devant la CEDH dans ce quinquennat. Il faudrait qu'un couple voulant pratiquer la PMA épuise toutes les voies de recours en France, jusqu'à la Cour de cassation. Le processus pourrait déjà prendre cinq ou six ans. Puis le couple s'adresserait à Strasbourg. La question étant sensible, le cas pourrait encore prendre de trois à cinq ans.

4. L'opposition pourrait-elle abroger ce texte de retour au pouvoir ?
Si le législateur est souverain, il paraît néanmoins difficile de revenir en arrière une fois le texte voté. Les juristes mettent en avant "l'intangibilité de l'état civil, grand principe du droit civil" ou l'article 2 du code civil selon lequel "la loi dispose pour l'avenir, elle n'a point d'effet rétroactif".

5. Des maires pourraient-ils refuser de célébrer certains mariages en arguant d'une liberté de conscience ?
Certains maires ont annoncé qu'ils ne célébreraient pas de mariages homosexuels. Dans la mesure où un adjoint peut célébrer ces unions, comme c'est déjà le cas aujourd'hui,  le maire n'a pas à justifier des raisons de son refus.

6. Les termes père et mère vont-ils disparaître du code civil ?
Le rapporteur du texte, Erwann Binet (PS), a fait voter un amendement-balai visant à une réécriture de l'article 4 qui indique que les dispositions du code civil s'appliquent "aux parents de même sexe lorsqu'elles font référence aux père et mère", "aux aïeuls de même sexe lorsqu'elles font référence aux aïeul et aïeule", etc. L'adoption de cet article-balai a fait tomber de très nombreux amendements et a permis de raccourcir considérablement l'examen du texte.
"Les termes de 'père' et 'mère' restent inchangés pour les couples hétérosexuels, a répété la ministre de la famille, Dominique Bertinotti. La notion de parent est simplement ajoutée quand cela permet d'éclairer la lecture d'un certain nombre de codes."

7. Pourquoi le référendum d'initiative populaire est juridiquement quasi impossible ?
Le projet de loi sur le mariage pour tous ne peut sans doute pas être l'objet d'un référendum. L'article 11 de la Constitution de 1958, à jour de la révision constitutionnelle de 2008, prévoit que le président de la République peut prendre l'initiative de soumettre au référendum tout projet de loi portant notamment "sur des réformes relatives à la politique économique, sociale ou environnementale". Or, estimait le constitutionnaliste Didier Maus dans Le Monde, "dans l'interprétation traditionnelle, le projet de loi sur le mariage homosexuel ne peut être considéré comme un sujet de politique sociale", "c'est davantage une réforme sociétale du code civil".
L'UMP a rétorqué en évoquant la possibilité d'un référendum d'initiative populaire, en principe permis par la réforme constitutionnelle de 2008. Mais la loi organique qui doit permettre à ce principe d'entrer en vigueur n'a jamais été publiée, l'UMP, alors majoritaire, souhaitant d'abord en préciser les termes. Mais dans tous les cas, l'hypothèse suppose que François Hollande souhaite organiser ce référendum, ce qu'il ne compte pas faire, puisqu'il juge que son élection, alors que son programme prévoyait le mariage pour tous, a tranché la question.

8. Que va changer la loi en matière d'adoption ?
La nouvelle loi va simplement autoriser les couples homosexuels, qui pouvaient déjà adopter en tant que personnes seules, à le faire en couple.

9. Que va-t-il se passer pour la procréation médicalement assistée ? L'exécutif a choisi de dissocier le texte sur le mariage pour tous de celui sur la PMA, qui sera débattu dans le cadre d'une loi sur la famille. De fait, l'adoption probable du premier texte laissera une ambiguïté dans la loi jusqu'à un éventuel vote de la PMA pour tous. 
François Hollande a saisi le comité consultatif national d'éthique sur cette question. "Cela ne préjuge en rien ce que sera l'arbitrage du gouvernement", a rappelé la ministre de la famille Dominique Bertinotti.

10. La gestation pour autrui sera-t-elle votée lors du quinquennat de François Hollande ?
La droite en a fait un angle d'attaque principal lors des débats à l'Assemblée sur le "mariage pour tous". "Aujourd'hui, le sujet n'est pas suffisamment mûr pour pouvoir faire l'objet d'un débat, a répété la ministre de la famille Dominique Bertinotti. La position de François Hollande est claire : il n'y aura pas d'ouverture du débat sur la GPA pendant son quinquennat."

La Fédé. Chapitre 2 : Jean-Pierre Kucheida, le baron de Liévin (1).


On se rappelle que Martine Aubry avait gelé la candidature de JPK aux législatives de juin 2012, ce qui fut considéré comme une gifle pour le député-maire de Liévin, 69 ans, réélu depuis 30 ans dans son bastion électoral de Lens-Liévin avec des scores quasi-soviétiques (75% des voix au 1er tour des municipales de 2008). Sa section (1500 adhérents, au pic de sa grandeur) pèse de tout son poids lors des congrès socialistes. Président d'Epinorpa, propriétaire de la Soginorpa, gérant 62 000 logements miniers, et longtemps vice-président d'Adévia, il est placé sous l'oeil du cyclone dans le cadre de la commission d'enquête interne mise en place par le PS. Mis en cause par des rapports de la Chambre régionale des comptes, dès le début 2011, analysés par AA sur son blog et transmis à A. Montebourg (http://alpernalain.blogspot.com/2011/03/lettre-ouverte-arnaud-montebourg.html#!/2011/03/lettre-ouverte-arnaud-montebourg.html), alors chargé de la rénovation du parti : les courriers sont restés sans réponse (à part un vague accusé de réception de son assistante) jusqu'en novembre : Montebourg dénonce alors les agissements de JPK dans une lettre soit-disant secrète à M. Aubry, mais fuitant très rapidement, avant les articles du Point et des Inrocks, à qui AA avait fourni tous les éléments dédaignés par Montebourg. Concernant le règlement de dépenses, manifestement personnelles, par la carte bleue de la Sogi (http://alpernalain.blogspot.com/2011/12/aux-frais-de-la-princesse-soginorpa.html#!/2011/12/aux-frais-de-la-princesse-soginorpa.html), JPK s'empêtre dans les explications : carte personnelle inutilisable tout d'abord, avant l'annonce de remboursements en 3 versements, bien que ce soit des dépenses véritablement professionnelles, affirme-t-il ensuite. Personne n'est dupe. De plus, protégé par Percheron, JPK se sent intouchable...Finalement, la pression exercée par M. Aubry aboutissant à un gel de la candidature de JPK aux législatives, entraîne que, par rétorsion, le sénateur Percheron refuse d'appliquer une décision interne du PS, à savoir la limitation du cumul de mandats :  il ne démissionne pas, comme il l'avait pourtant promis, de sa présidence du conseil régional prévue au profit du bras droit de la maire de Lille, Pierre de Saintignon.


La cagnotte de Liévin.
La commission d'enquête interne du PS  découvre un "trésor de guerre" de 120 000 euros, à la section de Liévin. Le trésorier de la section (également trésorier de la Fédé, aujourd'hui maire de Liévin), se dit, dans un premier temps, incapable de justifier l'origine de ces fonds placés en Sicav sur un compte bancaire. Puis, il précise, finalement, que cette cagnotte a été alimentée par des versements en liquide des cotisations des élus locaux. Les explications différentes affluent, mais une chose est sûre, on ne voit pas pourquoi ces versements n'ont pas été faits (comme cela se fait ailleurs et dans d'autres partis), par des dons, à l'association départementale de financement du parti, ce qui permet une déduction fiscale...Certains parlent de cagnotte pour les fêtes de quartiers, d'autres de réserve si le PS perdait les municipales...Bref, on pense à d'autres utilisations possibles (pas très légales) de ces fonds et beaucoup doutent de leur origine. D'autant plus que d'autres sections possèdent des "réserves", toujours en contradiction avec les statuts du PS... La commission d'enquête n'est pas allée plus loin, ce qui fait douter de la crédibilté de sa démarche (interprétation AA).


"Rien n'est trop beau pour la classe ouvrière"
70 ans, JPK, à la différence de son mentor (D. Percheron), a toujours aimé la lumière. Pierre Frackowiack, spécialiste de l'éducation au PS, banni de la section de Liévin pour divergence lors du congrès de Rennes : "Le parti est une machine à gagner les élections, à conserver les postes...et à ne surtout pas réfléchir. Les barons du PS se sont substitués aux barons des houillères, avec le même autoritarisme.". Et effectivement, JPK, gros travailleur, est un mélange de paternalisme et d'autoritarisme. La culture du chef est toujours très forte et le terreau est "la soumission à l'autorité".
Kuch connaît l'importance du discours ouvriériste auprès des populations du bassin minier. Les barons ont d'ailleurs souvent exprimé, pour justifier leur comportement, même contestable, la maxime empruntée au PC : "Rien n'est trop beau pour la classe ouvrière". 2 des 3 enfants de JPK, Frédéric ( voir un peu plus loin)et Marie (jugée, il y a quelques jours, en même temps que son père, pour recel d'abus de biens sociaux, pour un livre de photos payé 12 000 euros par la...Soginorpa), ne sont d'ailleurs pas épargnés par les polémiques sur les abus de pouvoir attribués au "roi de Liévin".


Kucheida, "Tintin reporter" de la fédé.
JPK a toujours été soucieux de l'image qu'il donne de lui-même dans l'opinion publique (AA : pour s'en convaincre, il suffit de voir le nombre de photos sur lesquelles il apparaît dans la presse locale, même s'il n'est plus député-maire et président de la Soginorpa, ce qui en dit long sur l'"admiration" que lui vouent certains journalistes locaux). Dès 1973, il est, en quelque sorte, responsable de la propagande électorale du parti. Il fait office de photographe-rédacteur dans le journal de la Fédé, L'Espoir. Puis il tente de lancer un quotidien pour pallier la disparition progressive de Nord-Matin (devenu Nord-Eclair), mais cela s'avère un échec financier. Dommage car les élus socialistes, s'estimant maltraités par La Voix du Nord (AA : malgré la sollicitude évoquée plus haut, concernant JPK), auraient souhaité s'exprimer plus directement (à signaler que JPK a refusé les demandes d'entretien des 2 auteurs du livre, la Fédé).


La suite sur "le baron de Liévin", demain.

mardi 23 avril 2013

La Fédé. Chap 1 : Daniel Percheron, le duc du Pas-de-Calais.


La parution des articles du Point et des Inrockuptibles en décembre 2011 (et, rappelons-le quand même, mes différents  posts durant toute l'année 2011 mettant en cause la gestion du logement minier, et de l'amènagement du territoire) fait dire à "Perche" : "c'est l'échec de ma vie. J'ai fait l'Histoire et voilà que l'Histoire m'échappe..." 
En 40 ans de vie politique, cette homme aura cultivé le paradoxe d'être l'un des responsables les plus influents du PS tout en restant inconnu du grand public. Début 70, il est à la tête d'une génération qui conquiert le parti face aux caciques de la SFIO. Premier Fédéral dès 1973, il est membre du comité directeur du PS pendant 20 ans. Passé par le syndicalisme enseignant (il est professeur d'histoire), le SGEN, puis le SNES, il va se heurter frontalement au PC, très bien implanté dans ce territoire.
Voir au sujet de Daniel Percheron, le portrait que j'ai tenté de dresser, en 7 posts (!) :
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-1.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-1.html
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-2.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-2.html
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-3.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-3.html
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-4.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-4.html
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-5.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-5.html
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-6.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-6.html
http://alpernalain.blogspot.com/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-7.html#!/2012/01/daniel-percheron-un-homme-de-lombre-7.html


Sans oublier ceci : http://alpernalain.blogspot.com/2012/10/daniel-percheron-dans-tous-ses-etats.html
1- Un homme de l'ombre pour Mitterrand.
D. Percheron prend les fonctions de secrétaire fédéral en 1973 et il associe son règne à F. Mitterrand. Tous les deux tacticiens électoraux d'exception, ils sont fascinés l'un par l'autre. Jamais élu lors d'un scrutin uninominal, DP cumule tous les mandats de liste (député européen, sénateur, conseiller régional). Comme tous les grands fauves de la politique,  F. Mitterrand et DP veulent le pouvoir, mais DP préfère rester dans l'ombre.
La méthode "Perche", précise, réfléchie et sans faille, s'élabore à ce moment-là : quadrillage du territoire, mobilisation par les élus, discipline interne... DP est fasciné par la maîtrise froide de FM qui, en retour, flatte sa capacité à suivre ses  intérêts. FM glisse à des journalistes qu'il distingue 2 héritiers à sa démarche dans la génération montante des militants : Lionel Jospin et DP.

2- Urba, la pompe à finances des hommes du Nord.
Dans les années 70, le PS n'a pas beaucoup d'argent et décide de calquer son organisation financière sur celle du PC et fonde Urba Conseil, chargée de prélever des commissions sur les marchés publics passés par les municipalités socialistes. Le scandale éclate autour des années 90 et les socialistes du Nord et du PDC n'avaient pas été les derniers à profiter du système, mais ne seront pas éclaboussés. Cette liaison entre le PS 62 et Urba n'a pas été approfondie par les auteurs de la Fédé...

3- Une vénération de l'appareil politique.
DP est partisan de la "social-démocratie" qui remplacera les encadrements traditionnels de l'Eglise et du marxisme qui ont fait faillite. Il compte donc organiser le parti comme l'a fait le PC et, comme F. Mitterrand, il a compris qu'il fallait prendre le PS par la gauche, en s'alliant avec les communistes dans un premier temps, puis recentrer les discours pour mieux circonscrire les rouges et gagner des élections.

4- Quand DP frappait à la porte des communistes.
Pendant longtemps, DP fut violent à l'égard du PC. L'ancien sénateur-maire communiste de Rouvroy raconte que ¨Percheron voulait me faire la peau".
Un autre militant communiste raconte que DP était venu le voir pour adhérer au PC (!), mais pas en tant que militant, mais en tant que structure (la Convention des institutions républicaines) qu'il voulait fusionner avec le PC. C'est cette CIR qui donna une majorité à Mitterrand lors du Congrès d'Epinay face à la SFIO.

5-Un vrai stratège, obsédé par l'information.
Né le 31/8/42, à Beauvais, dans une famille d'instituteurs (son père est un hussard noir de la république), convaincus des vérités de la méritocratie. La famille s'installe à Lens en 1947, et il côtoie les fils de mineurs. C'est pour cela qu'il a un attachement viscéral à l'humilité des gens modestes. Il n'est pas attiré par les signes extérieurs de richesse (jamais le moindre soupçon d'enrichissement personnel contre lui).
Il lit l'Equipe tous les jours ainsi que toute la presse, que, par ailleurs, il déteste.. Il ne répond jamais aux journalistes.
Il a fait de la communication l'un des axes de sa conquête du pouvoir. Son slogan : "une organisation moderne, une meilleure communication".

6- Le bal des trahisons.
Mitterrand, à propos de Percheron: "Qui n'a-t-il pas trahi ?"
"Il peut vous promettre la lune après l'avoir promise à 10 personnes, un seul l'obtiendra" (JM Alexandre).
La Fédé, après avoir évincé les mollettistes, se range derrière F. Mitterrand. Puis DP trahit F. Mitterrand en avril 79 au congrès de Metz, soutenant Mauroy et Rocard et la candidature de ce dernier pour la présidentiielle de 1981. Mitterrand n'offrira jamais de ministère à DP (et choisira A. Delelis, l'ennemi de JP Kucheida et de DP!). Puis DP trahit Rocard et soutient Jospin  pour la direction du parti en 81. Quelques mois plus tard, il lâche Jospin. Pour le congrès fratricide de Rennes en 1990, il soutient Fabius (la Fédé représente 10% du PS...). La méthode Perche implique le dévouement à la ligne choisie par la fédé et l'opacité des débats qui entourent ces choix. Ce n'est qu'en 96 que la fédé ouvre partiellement son conseil fédéral et en 93 qu'a lieu une élection à bulletins secrets de son chef (Percheron est réélu avec 93% au lieu des 100% habituels à main levée !)

7- Une machine de guerre électorale.
Sans doute artificiellement gonflé par les fausses cartes, le nombre de militants est passé de 9000 à 15 000 en une trentaine d'années.
Le militantisme c'est "la présence, les tracts, les affiches, les réunions, les propositions". La fédé imprime gratuitement les journaux des sections, gràce à l'Artésienne, imprimerie basée à Liévin et aujourd'hui une SCOOP (coopérative). La sagesse de DP (F. Sawicki dixit) a toujours été de rester dans l'ombre et de jouer le réseau des élus. DP dit : "Mon parti, c'est une social-démocratie d'élus". Les investitures jouent un rôle primordial. DP, quant à lui, repère des personnalités, attribue des emplois, accorde des mandats grâce à la proportionnelle, pour mettre en selle son réseau d'élus. Et gare à celui qui ne respecte pas les consignes des chefs...
"C'est un peu comme une équipe de foot. Sur le terrain, DP c'est à la fois l'entraîneur et le défenseur, celui qui joue en retrait mais qui distribue le jeu... JP Kucheida, lui, c'est le milieu de terrain, rugueux, qui cherche à tout prix à se mettre en avant. Quant à J. Mellick, c'est l'attaquant vedette déchu, toujours dans le vestiaire". 

A suivre : sous le duc, les barons... 

lundi 22 avril 2013

La Fédé. Comment les socialistes ont perdu le Nord. Introduction


"La Fédé. Comment les socialistes ont perdu le Nord" de Bruno Collombat et David Servenay. Ed Seuil.
Dans la longue histoire des socialistes du Nord, et plus particulièrement du Pas-de-Calais, il y aura un avant et un après ce livre. Personne ne peut plus ignorer le scandale en cours dont les conséquences sont encore incommensurables.

Benoit Collombat est grand reporter à France-Inter; il a publié de nombreuses enquêtes sur l'affaire Boulin, la Polynésie ou encore l'affaire Karachi.
David Servenay, journaliste indépendant, a enquêté sur le génocide rwandais, l'affaire Borrel et les affaires franco-africaines.
Ils ont co-dirigé l'"Histoire secrète du patronat" (La Découverte 2009).

J'entreprends, avec l'accord formel des auteurs, un résumé des 12 chapitres de livre (assorti, si besoin, de commentaires personnels).

Introduction : Un tremblement de terre s'est produit au pays des corons en juin 2012 : JP Kucheida, député depuis plus de 30 ans, est battu par un jeune inconnu, Nicolas Bays, envoyé au feu, sans conviction, par Martine Aubry, et qui l'emporte à la surprise générale, face à un JPK qui, n'ayant pas reçu l'investiture du PS, s'est présenté comme dissident.
Pendant ce temps-là, à quelques kilomètres de là, le maire PRG de Béthune, Stéphane Saint-André, investi par le PS, gagne la législative au grand dam de l'ancien maire, l'ex-ministre Jacques Mellick, qui est allé jusqu'à faire campagne pour le candidat UMP, André Flajolet !
La fin d'une époque pour le trio Percheron, Kucheida, Mellick, qui avait pris le pouvoir au PS dans les années 70.
Pendant ce temps-là, à Hénin-Beaumont, à 15 km de Lens, le couperet pour le PS ne passe pas loin. M. Le Pen  est battue par le candidat PS d'une centaine de voix, mais le FN réalise des scores spectaculaires dans le Bassin Minier, terre historique de la gauche. A Hénin même, la présidente du FN réalise près de 56%. Les auteurs rappellent que, quelques mois auparavant, dans les Inrockuptibles, au même moment où paraissait un article du Point, ils dévoilaient les turpitudes de G. Dalongeville et, notamment ses accusations de financement occulte du PS. Ce dernier cita en diffation les Inrocks  (témoignèrent 3 Héninois : Pierre Ferrari, Laurent Bocquet, AA). Le journal fut condamné à un euro de dommages-intérêts. Fin juin, le rapport de la commission interne du PS est rendu public et met en cause la direction de la Fédé qui est mise sous tutelle. "Les militants, dit l'un d'eux, ne supportent plus les pratiques de la fédé, mais ils n'osent pas le dire, parce que les barons sont toujours là, puissants. Au conseil fédéral, tout le monde se tait."
Dans les mêmes articles cités ci-dessus, JPK est également épinglé pour l'utilisation de la carte bleue de la Soginorpa qu'il préside, à des fins, semble-t-il, personnelles. Il est l'objet de plusieurs enquêtes préliminaires et mis en examen pour abus de bien social (la carte bleue) et a été jugé le 9 avril dernier (jugement mis en délibéré).
Les auteurs du livre ont voulu remonter à l'origine de ce mouvement de plaques tectoniques, actuellement en cours. Le PS a-t-il fait le ménage? Le FN va-t-il s'imposer lors des prochaines municipales dans cette terre de gauche ? Voici les questions qui viennent à l'esprit à la lecture du livre...
En route donc, dans les turpitudes du PS, en 12 chapitres.

Demain premier chapitre et à tout seigneur, tout honneur : "Daniel Percheron, le duc du Pas-de-Calais".

dimanche 21 avril 2013

Des nouvelles de BC et DS


J'avais demandé à Benoit Collombat et David Servenay, l'autorisation de résumer leur édifiant livre "La Fédé 62". Le second nommé m'a donné son accord (je débuterai la série cette semaine) et comme je m'étais enquis de leurs activités actuelles, il m'en a fait part et j'ai pensé que cela vous intéresserait :

"Personnellement, je suis assez accaparé par la création de La Revue dessinée, une revue trimestrielle, papier et numérique, de reportages, enquêtes et documentaires... tout en bande dessinée.
Vous pouvez vous informer sur le sujet ici :

http://www.larevuedessinee.fr/

ET là pour vous pré-abonner à la formule papier :

http://fr.ulule.com/la-revue-dessinee/

N'hésitez pas à partager avec votre réseau, amis, famille..."



Quant à Benoit Collombat, il vient de me répondre :
"ravi d'avoir de vos nouvelles, alors que l'actualité judiciaire se précipite pour Kucheida et Dalongeville...
J'ai repris mon travail d'investigation à France Inter en septembre 2012, et vient de publier un livre sur la disparition suspecte d'un journaliste à Tahiti et le "système Flosse" :
la bande-annonce du livre : http://www.youtube.com/watch?v=unjF-Riz7rM

 
Je lui ai écrit ceci : "C'est vrai que le PS a perdu le Nord et pire encore toute sa tête. Kuchéida fut pitoyable lors de son procès, Dalongeville, avec toute sa morgue, en rajoute juste avant son procès : c'est certainement de l'esbrouffe... Espère-t-il influencer les juges en faisant un chantage via le gouvernement ? Je sais que les magistrats de Béthune ont toujours été jaloux de leur indépendance (juge Pascal lors de l'affaire de Bruay-en-Artois...) et Dalongeville risque de payer cher son petit "jeu" (ou "je"...)."



samedi 20 avril 2013

Pour ceux qui nous racontent que les Français sont contre le mariage pour tous...

 

Pour les sondeurs, l'opinion demeure majoritairement favorable au mariage gay

LE MONDE | Par
Infographie "Le Monde"
Infographie "Le Monde" | IFOP
Sur le droit au mariage et à l'adoption des couples homosexuels, l'opinion mesurée par les instituts de sondage dépend... de la question posée. Il demeure néanmoins une constante : depuis l'adoption, en 1999, du pacte civil de solidarité (pacs), une large majorité de Français se déclare favorable au mariage. Les opinions sur l'adoption sont, en revanche, plus partagées.
Entre 2000 et 2011, la société a très nettement évolué vers l'acceptation du droit au mariage des couples de même sexe, qui est passée de 48 % à 63 % (+ 15 points) mais aussi du droit à l'adoption, passée de 33 % à 58 % (+ 25 points).
Cependant, depuis qu'à la fin de l'été 2012 le projet est venu sur le devant de la scène politique et parlementaire, l'évolution a été beaucoup plus contrastée. Et mesurée de manière différenciée selon les instituts de sondage. Ainsi l'IFOP, entre août 2012 et février 2013, enregistre de faibles fluctuations des opinions favorables au mariage, qui dans cette période passent de 65 % à 66 %. Dans le même temps, les opinions favorables à l'adoption reculent de 53 % à 47 %.

Ces évolutions, toutefois, ne reflètent que partiellement l'état de l'opinion. Car, en quelques mois, le débat s'est clairement politisé et les clivages se sont marqués. Le phénomène s'est accentué, depuis le début de l'année, avec l'ouverture du débat parlementaire et le climat de mobilisation qui l'accompagne. A gauche, le mariage pour les couples homosexuels reste fortement soutenu : 80 % des sympathisants l'approuvaient en décembre 2012, 86 % en février.
A l'intérieur des familles de droite et d'extrême droite se dessinent des courbes plus surprenantes. Fin 2012, 41 % des sympathisants de l'UMP et autant du FN se déclarent favorables au mariage. Lorsque s'engage le débat parlementaire, ce pourcentage chute à 33 % chez les sympathisants de l'UMP mais monte jusqu'à 54 % chez ceux du FN. Toutefois, un mois plus tard, alors que la pression de la rue se fait de plus en plus forte, le pourcentage remonte à 45 % chez les sympathisants de l'UMP alors que celui du FN s'affaisse à 46 %.
Pour ce qui est de l'adoption, là aussi, la courbe reste quasiment stable chez les sympathisants de gauche, pour atteindre 69 % d'opinions favorables en février. En revanche, celles des sympathisants de l'UMP et de ceux du FN se sont rejointes à 24 % alors que, un mois plus tôt, 16 points les séparaient : 22 % d'opinions favorables à l'UMP, 38 % au FN.

VARIATIONS
On note cependant des variations selon les instituts. Pour TNS Sofres, en janvier, à la question "si le projet de loi sur le mariage pour tous était soumis à un référendum, que voteriez-vous ?", 52 % répondent oui, 37 % non, 5 % s'abstiennent et 6 % ne se prononcent pas.
Pour Opinion Way, même période, 57 % se déclarent favorables au mariage contre 43 % défavorables. En revanche, l'adoption pour les couples homosexuels ne recueille que 45 % d'opinions favorables contre 55 % de défavorables.
L'institut CSA, pour sa part, donnait, en janvier, 52 % d'opinions favorables au mariage contre 43 % opposées et, en ce qui concerne l'adoption, 44 % d'opinions favorables contre 52 % opposées. Début avril, le pourcentage d'opinions favorables au mariage a légèrement progressé à 53 % (contre 42 %) tandis que, pour l'adoption, il a chuté à 41 % (contre 56 %).
Un sondage, réalisé par l'IFOP, du 19 au 21 mars, pour Alliance Vita, partie prenante de La Manif pour tous, a fait grand bruit. A la question "Vous savez qu'actuellement, en France, le mariage ouvre automatiquement le droit à l'adoption, c'est-à-dire qu'on ne peut dissocier mariage et adoption, dans ces conditions êtes-vous plutôt favorable...", 37 % répondent oui au "droit au mariage assorti du droit d'adoption pour les personnes de même sexe" ; 34 % se disent pour "une union civile qui accorderait davantage de droits que le pacs sans pour autant permettre le droit à l'adoption" ; 24 % pour "aucun de ces projets, les droits actuels étant suffisants". Tout est dans la question.