samedi 6 avril 2013

Révélations

 

Je vous ferai suivre, au jour le jour, les révélations de ces journalistes d'investigation, dont il est question ci-dessous, et annoncées aussi bien par l'introduction (le premier texte) que par l'éditorial signé par la nouvelle directrice du Monde.


Révélations sur les fichiers secrets des paradis fiscaux

Le Monde 5 avril

Associé au Consortium international de journalistes d'investigation, " Le Monde " dévoile l'opération " OffshoreLeaks "
2,5 millions de fichiers livrent les secrets d'un système mondialisé d'évasion fiscale à travers plus de 120 000 sociétés-écrans
Dans la liste apparaît le nom de l'homme d'affaires Jean-Jacques Augier, ancien trésorier de la campagne de François Hollande
C'est un hasard de calendrier qui pourrait réconforter Jérôme Cahuzac : il n'est pas le seul à avoir abrité une partie de sa fortune dans un paradis fiscal. Jeudi 4 avril, deux jours après ses aveux, un réseau de 36 médias internationaux, dont Le Monde, le Washington Post, le Guardian, la Süddeutsche Zeitung, publient le résultat d'une longue enquête.
Ils ont eu accès, grâce au consortium de journalistes d'investigation ICIJ, à 2,5 millions de documents en provenance de deux sociétés offrant des services offshore. C'est 160 fois plus que les câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks en 2010. Cette masse de courriels, de livres de comptes, de documents scannés a nécessité des mois de traitement par 86 journalistes de 46 pays pour que tout soit recoupé et lisible. Elle révèle les secrets de plus de 120 000 trusts et sociétés prête-noms domiciliés aux îles Vierges, aux îles Caïmans et ailleurs.
Parmi les ayants droit de ces sociétés offshore, on trouve des dentistes américains, des villageois grecs, des enfants de dictateurs, des aigrefins de Wall Street, des oligarques russes, des trafiquants d'armes ainsi qu'une société considérée comme un rouage du programme nucléaire iranien.
On trouve aussi plus d'une centaine de contribuables français. Le Monde s'apprête à publier les noms d'une dizaine d'entre eux, comme aujourd'hui celui de Jean-Jacques Augier, trésorier de la campagne de Hollande en 2012. Il a ouvert, en 2005 et 2009, deux sociétés dans les îles Caïmans relatives à ses affaires en Chine.
Ces flux d'argent (légaux ou non, appartenant à des particuliers ou à des entreprises), qui transitent par des sociétés offshore, ont le pouvoir de déstabiliser des économies, comme celles de la Grèce ou de Chypre. Ils font aussi monter la pression fiscale sur les contribuables honnêtes : ce sont près de 1 250 milliards d'euros qui échappent chaque année aux administrations fiscales, dont 50 milliards pour la France.
© Le Monde

ÉDITORIAL

5 avril 2013

Le système offshore, cet ennemi patenté de la démocratie




Que n'avait-on entendu, au lendemain de la convulsion financière mondiale de 2007-2008 ! Les mots d'ordre claquaient : la finance internationale serait mieux régulée, les paradis fiscaux impitoyablement combattus, bref, on en finirait avec les trous noirs d'un système couvrant tous les abus. Les conclusions d'un G20 tenu à Londres se voulaient très vertueuses. Les Etats de ce cénacle promettaient " des mesures contre les paradis fiscaux ", brandissaient la menace de sanctions et assuraient à tout-va que " l'époque du secret bancaire - était - terminée ".
Après la crise qui vient de secouer Chypre, place offshore prisée par les oligarques russes et autres amateurs d'opacité dans la gestion de leurs affaires, nous voici, en France, dans le tourbillon de l'affaire Cahuzac, un scandale d'Etat qui met en cause la probité et la transparence élémentaires réclamées de tout responsable politique, a fortiori de haut rang. L'actualité est parfois faite d'enchaînements vertigineux. Que les choses soient claires : l'enquête que Le Monde commence à publier aujourd'hui, consacrée au maquis des paradis fiscaux à l'échelle mondiale, à leur fonctionnement occulte et à leurs bénéficiaires de tous horizons, ne prend son point de départ ni dans les tumultes de Nicosie ni dans les démêlés de M. Cahuzac.
Cette investigation a été lancée voici des mois. Elle se base sur l'accès sans précédent qu'un consortium international de journalistes d'investigation a pu avoir à une gigantesque base de données, révélant les dessous du monde offshore. 2,5 millions de fichiers ont été épluchés, comparés, recoupés. Le résultat : la mise à nu du maillage tentaculaire de la finance de l'ombre. Dans cette masse de documents, deux banques françaises sont mentionnées. Ainsi que l'ancien trésorier de la campagne de François Hollande en 2012, Jean-Jacques Augier, qui assure ne rien avoir fait d'illégal en recourant, pour un partenaire chinois, à des montages offshore.
L'exposition de cas individuels, aussi saisissants soient-ils, ne doit pas masquer le fond du problème : les paradis fiscaux sont une menace pour la démocratie. Ils minent l'état de droit en jouant sur la dissimulation. Ils sont l'aubaine absolue des fraudeurs de tous bords. Ils favorisent le détournement de richesses publiques dans les Etats où fleurissent concussion et corruption. Dans cet univers de créativité juridique semble-t-il illimitée, ce sont des sommes colossales qui se cachent derrière des sociétés écrans. De riches particuliers y détiendraient au total, l'équivalent des PIB des Etats-Unis et du Japon additionnés.
Nul ne pourra prétendre, à la lumière de cette enquête, que les dirigeants politiques, malgré leurs dires, se soient donné les véritables moyens d'agir. Il est urgent de renforcer les règles, les moyens de contrôle, la coopération transfrontalière. La lutte contre le blanchiment passe par là. Et les banques occidentales amatrices de schémas opaques pourront difficilement faire l'économie de réponses claires. Du moins si elles veulent que, à l'heure de la crise, crédit soit accordé à leurs professions de foi sur l'" éthique ".

NATALIE NOUGAYRÈDE (Directrice)
© Le Monde

6 commentaires:

  1. Les peuples malmenés par cette finance malsaine, corrompue et inhumaine ont besoin d'une révolution mondiale afin de faire disparaitre à jamais cette"race de seigneurs" méprisable.

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    1. Moi, je dirais plutôt "race de saigneurs", tant ces vampires suceurs d'impôts nous aspirent le fric aussi vite qu'une péripatéticienne du Bois aspire le... vous aurez compris.
      Maintenant, les listes c'est bien, ça nous informe sur qui est qui, mais cela ne fait aucune différence si les pompés du secteur, nous, continuons de voter pour la bande de Dracula rose ou bleue sans nous poser les bonnes questions (y compris pour les vamps bleus marines), parce qu'il en a été toujours ainsi, de père en fils. Vient le moment de prendre son destin en main. De sortir les torches et d'aller dans l'antre de la bête, non pas pour la faire monter au bûcher, heureusement ces temps-là sont révolus, mais tout simplement pour montrer que nous ne craignons pas de dire non.
      Car qui ne dit mot, consent.

      Tom Jericho.

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    2. Je me retrouve entièrement dans ce commentaire...

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    3. le drame ,c'est que ces pourritures politiques qui nous volent depuis 40 ans,c'est nous qui les avons mis en place.nous sommes responsables et coupables.comment allons nous nous en débarasser.avons nous une seule fois dans notre vie d'électeurs et de contribuables demander des comptes à ces vampires,même au lever du jour, quand nous les croisons.
      décapitons,décapitons.aiguisons nos faux,nos faucilles,nos pics,nos fourches,brulons leurs demeures,leurs villas,leurs maisons de campagne,leurs chalets de montagne acquises crapuleusement avec nos impôts.
      en un mot,soyons révolutionnaires.
      signé : robespierre.

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  2. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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    1. Désolé, j'ai supprimé, par inadvertance, cet excellent commentaire qui portait notamment sur le livre "La Fédé 62". Si son auteur pouvait le renouveler afin d'en faire profiter tout le monde!

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