mercredi 31 juillet 2013

Pour ceux qui auraient pitié de l'UMP et de Sarko


Commentaires AA en fin de texte


Dette de l'UMP : Sarkozy peut-il mettre la main à la poche ?

Le Monde 29 juillet 2013

La course aux dons s'arrête mercredi pour l'UMP, qui doit rembourser avant le 31 juillet l'emprunt contracté lors de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Le rejet par le Conseil constitutionnel des comptes de campagne a privé le parti du financement de l'Etat – soit un manque à gagner de 11 millions d'euros –, le plongeant dans de graves difficultés financières.

La souscription nationale lancée par Jean-François Copé a permis de récolter en un peu moins d'un mois plus de 8,3 millions d'euros auprès de sympathisants et de militants, mais il reste encore plus de 2 millions d'euros à trouver. La question se pose désormais : qui va éponger la dette ?

LA CAUTION SARKOZY
L'ancien chef de l'Etat, qui avait lancé un appel à la solidarité avec l'UMP sur sa page Facebook, a lui-même payé de sa poche 7 500 euros. Les dons aux partis politiques effectués par les particuliers sont plafonnés à cette somme et ouvrent le droit à une réduction fiscale égale à 66 % des sommes versées dans la limite de 20 % du revenu imposable.

"En donnant 7 500 euros à l'UMP, il a donné le maximum autorisé par la loi, explique Pierre Charon, sénateur de Paris et ancien conseiller de M. Sarkozy. Si d'aucuns disent qu'il aurait pu donner davantage, il est normal qu'il ne casse pas sa tirelire alors qu'il est en désaccord avec la décision du Conseil constitutionnel."

Nicolas Sarkozy a en effet d'autres moyens de contribuer directement au redressement des finances de son parti. Il peut utiliser la galaxie de micro-partis qui gravite autour de l'UMP pour faire des dons (plafonnés eux aussi à 7 500 euros). Ainsi, Génération France (le club de M. Copé), Force républicaine (celui de M. Fillon) ou encore Le Chêne (la formation de Mme Alliot-Marie) pourraient recevoir de l'argent de l'ex-chef de l'Etat et le reverser par la suite à l'UMP.

Il peut également s'adresser directement à la banque pour rembourser lui-même une partie du prêt. L'ancien président s'était d'ailleurs porté caution solidaire avec l'UMP au moment de l'emprunt. "Si l'UMP n'est pas en mesure de rembourser l'intégralité de la somme au 31 juillet, les banques ont la possibilité de se tourner vers Nicolas Sarkozy", explique Jean-Christophe Ménard, avocat spécialiste du droit des partis politiques et maître de conférences à Sciences Po Paris. Dans ce cas-là, les sommes versées ne sont pas plafonnées, et la contribution de l'ex-candidat du parti pourrait être beaucoup plus élevée.

Certains à l'UMP aimeraient d'ailleurs qu'il mette davantage la main à la poche : "L'exercice réalisé par Nicolas Sarkozy est gonflé, balance un député UMP. Il a, pour le moins, géré la campagne avec légèreté. Il nous plante, et puis il revient jouer les sauveurs avec 7 500 euros en donnant des leçons de bonne conduite à Fillon et Copé. C'est une opération de com' culottée pour laquelle il enfile le costume de la victime et où il se la joue solidaire. En résumé, il se fout de notre gueule." Et de glisser une suggestion : "La loi prévoit que les dons aux partis politiques sont limités à 7 500 euros par personne physique. Donc rien n'interdit à Carla de mettre un peu la main à la poche."

L'UMP DEVRAIT SE DÉBROUILLER
S'il est peu probable que l'ancien chef de l'Etat rembourse la dette de son parti, plusieurs autres solutions s'offrent à l'UMP. "Le parti peut demander à la banque de rééchelonner sa dette sur plusieurs années, pour procéder au remboursement, explique Jean-Christophe Ménard. L'UMP, voire Nicolas Sarkozy, peuvent également contracter un nouvel emprunt pour payer la dette." La trésorière de l'UMP, Catherine Vautrin, a d'ailleurs indiqué qu'elle finalisait, lundi après-midi, un accord avec les banques, repoussant l'échéance au 30 septembre.

M. Ménard souligne par ailleurs que l'UMP possède des biens immobiliers comme son siège à Paris dans le 15e arrondissement, qui pourraient être hypothéqués, ou cédés. L'UMP peut également lancer un nouvel appel à ses sympathisants pour essayer de récolter des dons supplémentaires. Mais les souscriptions nationales sont encadrées par la loi et l'UMP aura l'obligation in fine de détailler l'utilisation de cet argent aux donateurs qui en feront la demande.

Nicolas Chapuis et Eric Nunès


AA : 

- plus de 8 millions souscrits sur les 11 à rembourser avant le 31 juillet (l'UMP aurait finalement obtenu de la banque un délai de 2 mois supplémentaires), peu de partis pourraient en faire autant (avec des dons plafonnés à 7500 euros). 156 000 adhérents ayant, paraît-il, adhéré ou réadhéré depuis janvier, cela fait environ 55 euros par personne. Pas mal, n'est-ce pas ? Je rappelle que ce sont les contribuables qui pallieront les 66% de déduction fiscale dont bénéficieront les généreux donateurs. J'avoue que cela me laisse un arrière-goût amer de savoir que je paie une partie des dettes de l'UMP...

- le député UMP anonyme, qui l'a en travers la gorge que le responsable du trou de l'UMP se  contente de ne donner que 7500 euros, a bien raison. Pourtant ce parlementaire est bien le seul à être en colère...les adhérents n'osent pas dire un mot !
A vrai dire, un autre député, filloniste,  Lionel Tardy, a été plus explicite : « Pour ma part, j’estime que tant que je n’ai pas plus de transparence sur les comptes en général de l’UMP, je n’ai pas à participer à titre personnel à ce type de souscription. Il y a soit des emplois, soit des marchés qui sont attribués où on souhaiterait qu’il y ait un peu plus de transparence ».

- on évoque que Carla (qui s'est fait payer son site internet par l’Élysée, pour 410 000 euros, a rapporté la Cour des Comptes) pourrait, elle aussi, faire un effort, au-delà peut-être de ce qu'elle a déjà donné... Quid de la famille Sarkozy : les fistons, voire les 2 ex-épouses, ont-ils été suffisamment solidaires ? Le fait qu'on n'en dise mot, éveille quelques doutes...

mardi 30 juillet 2013

Verre à moitié plein ou en moitié vide ? (2)


- Le 9 juillet, Manuel Valls a annoncé que le port du matricule des policiers serait effectif dès l'automne 2013. Cette mesure, validée en février par la plupart des syndicats, est censée lutter contre le délit de faciès lors des contrôles de police .

- Concernant la réforme du droit d’asile, François Hollande avait promis d’accélérer le processus des réponses aux demandes d’asile  et la création de titres de séjour pluriannuels. En lançant une concertation sur cette réforme le 15 juillet, Manuel Valls a également précisé que le projet de loi sur l’immigration, auquel serait joint un volet sur l’asile, ne serait pas présenté en octobre 2013, comme prévu, mais plutôt en 2014.

- L’outil principal brandi par le gouvernement pour lutter contre les dépassements d’honoraires prend du retard. Le contrat d’accès aux soins, qui propose aux médecins de modérer leurs tarifs en échange d’avantages financiers, n’a pas séduit le quota de 8 109 médecins nécessaire à son entrée en vigueur. Celle-ci a donc été reportée du 1er juillet au 1er octobre.

- Le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a présenté, le 17 juillet, 40 mesures de simplification de l’Etat, qui entrent à la fois dans le cadre du projet de modernisation de l’action publique et dans celui de la loi contre les lourdeurs administratives.

- Le débat sur la transition énergétique, critiqué le 15 juillet par l’ONG Greenpeace parce qu’il n’abordait pas la question du "risque nucléaire", devait donner lieu à des recommandations trois jours plus tard. Face à l’opposition du Medef, le texte a dû être amendé, perdant sa qualité de "recommandation", transformée en "synthèse des travaux". Sur la réduction de la dépendance au nucléaire, les conclusions se sont contentées de commander une étude de faisabilité, qui sera rendue début 2014.

- Sur la fillière nucléaire : F. Hollande s’était engagé à terminer l’EPR au cours de son quinquennat, la fin des travaux est bien prévu pour 2016.

- La première d’une série de sept ordonnances en huit mois a été adoptée en Conseil des ministres, le 17 juillet, pour accélérer les délais dans la construction et atteindre l'objectif de 2,5 millions de logements en 5 ans. Elle doit permettre de limiter "dans le temps et dans l’espace" la possibilité de déposer un recours contre un permis de construire pour une personne physique ou morale.

- Le 18 juillet, l’Assemblée a définitivement adopté un système de plafonnement de certains frais bancaires . Les "commissions d’intervention" prélevées par les banques lors des opérations seront plafonnées à 4 euros par opération et 20 euros par mois pour les plus modestes (1,5 million de Français sont interdits de chéquiers), à 8 et 80 euros pour les autres.

Le même jour, le Parlement a définitivement adopté une réforme bancaire qui sépare activités de marché et de dépôt dans des filiales différentes et somme les banques de déclarer leurs activités dans les paradis fiscaux. La promesse initiale annonçait une interdiction pour les banques d’exercer dans les paradis fiscaux.

Les retards sur les promesses :
  • La loi sur la transparence financière des comités d’entreprise devait être votée au début 2013.
  • La loi sur l’économie sociale et solidaire (ESS) promise par Benoît Hamon pour la "mi-juillet" n’a toujours pas été présentée. Elle doit notamment permettre d’ouvrir l’ESS aux jeunes et d’ouvrir les services publics à l’ESS.
  • Le projet de loi sur la récidive, qui doit notamment mettre fin aux peines planchers, n’a pas été présenté en juin, comme l’avait annoncé Christiane Taubira. Il devrait attendre juillet ou septembre. En revanche, le projet de loi porté par la chancelière sur ses relations avec le parquet a été définitivement adopté au Parlement le 16 juillet.
  • Le comité interministériel sur le handicap, qui devait se réunir en juin, ne sera finalement pas convoqué avant début septembre, au grand dam des associations.
  • La loi-cadre sur la biodiversité, qui doit créer une agence nationale consacrée à cette question, n’a pas été présentée au premier semestre 2013, comme l’avait annoncé Jean-Marc Ayrault. Avant son départ du gouvernement, Delphine Batho avait évoqué "juillet ou septembre".
  • Enfin, plusieurs négociations avec les partenaires sociaux ont été repoussées : la valorisation des parcours militants et des mandats interprofessionnels attendra le second semestre, tandis que l’accès à l’emploi des travailleurs handicapés n’a pas encore été évoqué.

lundi 29 juillet 2013

De plus en plus compliquée en Egypte...

 
En Egypte, la révolution confisquée
Libération 28 juillet 2013 
Les libéraux et le mouvement Tamarod à l’origine du soulèvement anti-Morsi commencent à s’inquiéter des dérives de l’armée et du général Al-Sissi, qui tient désormais les rênes du pays.
 
 
Si les victimes sont dans le camp islamiste, la tuerie aux abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya a également secoué jusqu’aux plus farouches opposants à Mohamed Morsi. Ceux-là mêmes qui ressassent depuis des semaines que le 30 juin est une révolution et non un coup d’Etat, ceux qui vendredi encore, place Tahrir, pensaient goûter aux délices de la grande réconciliation égyptienne, se sont réveillés avec la gueule de bois.
 
L’heure n’est pas au divorce, mais l’union sacrée contre les Frères musulmans se fissure un peu plus. Des personnalités liées à la coalition au pouvoir ont dénoncé les violences policières du week-end. Le parti salafiste Al-Nour, qui a soutenu la destitution de Morsi mais avait déjà pris ses distances avec l’armée, a évoqué un «carnage» et son président, Younes Makhyoun, a demandé des «poursuites contre les auteurs». Mohamed el-Baradei, vice-président et principale figure de l’opposition libérale sous Morsi, a condamné sur Twitter «un usage excessif de la force» et a appelé «toutes les parties» à «rejeter la violence et à arrêter le bain de sang». Pour timide qu’elle soit, cette position traduit un malaise de plus en plus palpable chez un homme qui a toujours mis en avant des principes démocratiques et s’est opposé avec virulence à l’ancien régime.

Réserves. Hier, le mouvement Tamarod, à l’origine de la mobilisation anti-Morsi du 30 juin, a, lui aussi, pour la première fois exprimé des réserves sur l’évolution de la transition politique. «Nous soutenons les plans de l’Etat dans sa lutte contre le terrorisme, mais nous avons déjà souligné que cela ne justifiait pas les lois d’exceptions ou les mesures contraires à la liberté et aux droits de l’homme», a déclaré son leader, Mahmoud Badr, avant d’ajouter : «Nous n’accepterons jamais le retour de l’appareil de sécurité d’Etat de Moubarak.» Une réaction aux propos du nouveau ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim, qui, samedi, avait expliqué la flambée de violence par «la fermeture de certains services après le 25 janvier 2011 et une restructuration inadéquate de la police [sous Morsi]», et annoncé la réintégration de certains officiers écartés après la chute de Moubarak. Ce discours ouvertement contre-révolutionnaire et la répétition des bavures sanglantes laisse craindre un retour de la brutalité et de l’arbitraire policier de l’ancien régime. «Nous ne sommes pas dupes, nous savons que certaines personnes de l’ère Moubarak cherchent à récupérer à leur profit notre révolution. Mais nous ne les laisserons pas faire», affirme un membre important de Tamarod.
C’est pourtant en réponse à l’appel du général Al-Sissi, qui avait demandé au peuple de lui donner un «mandat pour en finir avec la violence et le terrorisme», que des centaines de milliers de personnes - dont les membres fondateurs de Tamarod - ont manifesté sur la place Tahrir, vendredi. Beaucoup tenaient même dans leurs mains le portrait du général, qui fait clairement figure d’homme fort du nouveau régime.

Non-alignés. Mais certains groupes ont refusé de prendre part à la grand-messe pro-armée. C’est notamment le cas du Mouvement du 6 avril ou des socialistes-révolutionnaires qui, dès jeudi, ont affirmé dans un communiqué tristement visionnaire qu’ils «ne voulaient pas signer un chèque en blanc pour commettre des massacres». Au côté de groupes salafistes révolutionnaires et d’islamistes modérés proches de l’ex-candidat à la présidentielle Aboul Foutouh, ces formations de gauche entendent incarner une troisième voie, en refusant l’alternative Frères musulmans ou armée.
Une manifestation de ces non-alignés, qui se revendiquent des idéaux de la révolution de 2011 qui avait fait tomber Moubarak, était prévue hier soir au Caire. Un premier rassemblement avait réuni quelques milliers de personnes vendredi. Sans réelle structure ni appui partisan solide, cette initiative a peu de chances de peser dans le débat. Elle pourrait néanmoins séduire de nombreux Egyptiens, hostiles à Morsi mais inquiets de la tournure autoritaire et violente que la transition a prise.

Verre à moitié plein ou à moitié vide ? (1)


Le blog LuiPresident.fr (sur lemonde.fr) suit l'application des promesses de François Hollande.
Son objectif : "dresser un bilan honnête et en temps réel des promesses tenues, brisées ou mises en chantier par la majorité présidentielle. Pour suivre leur application sur le terrain. Pour remarquer d'éventuels changements d'orientation par rapport à la campagne. Et pour réfléchir à la place des promesses en politiques."
Voilà l'état des lieux rapides de quelques-unes de ces promesses :
-  2 lois votées récemment prévoient que l’interdiction de cumuler s’appliquera en 2017 pour les parlementaires français, et en 2019 pour les eurodéputés. Pour mémoire, François Hollande s’était engagé sur la date de 2014. Voir http://alpernalain.blogspot.fr/2013/07/malgre-lopposition-de-la-droite-la.html#!/2013/07/malgre-lopposition-de-la-droite-la.html
- Le 9 juillet, Jean-Marc Ayrault a présenté avec quelques jours de retard le plan d’investissement décennal promis par François Hollande. D'un montant de 12 milliards d'euros, qui recoupe certains investissements déjà annoncés, il est censé financer des "projets à forte dimension innovante et respectueux de l'environnement" à l'horizon de 2025, surtout par le biais de dotations et de prêts. La prochaine étape du processus sera la présentation par François Hollande à la rentrée de 30 plans industriels pour le mettre en œuvre.
- Sur le front de l’industrie, l’examen de la loi Florange sur la cession des sites rentables, plusieurs fois retardé, a finalement débuté le 16 juillet en commission à l’Assemblée. Le vote ne devrait cependant pas intervenir avant la mi-septembre.
- Le 14 juillet 2013, François Hollande a décidé de recevoir les caméras de TF1 et France 2 à l'Elysée, brisant une nouvelle fois sa promesse de ne plus donner d’interview en direct depuis le palais présidentiel.
- Autre promesse symbolique mise à mal : celle de préférer l’utilisation du train à celle de l’avion, "par souci d’économie et de proximité". Dans son rapport sur le budget de l’Elysée rendu public le 16 juillet 2013, la Cour des comptes a jugé "marginale" cette utilisation du train pour les déplacements présidentiels en France. Ainsi La Voix du Nord d'hier faisait remarquer : "Mardi, pour son voyage à Dunkerque, le chef de l’État n’a pas pris le TGV en gare du Nord. Il est arrivé en avion. Son jet s’est posé à l’aérodrome de Calais-Marck puis il a gagné en voiture la cité de Jean Bart."

- La ministre de l’enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, a annoncé une réforme du système des bourses d’étude permettant l’allocation de 118 millions d’euros supplémentaires pour la rentrée 2013. La mesure n’existait pas en tant que telle dans le programme de François Hollande, mais serait à mettre en rapport avec la promesse plus globale d’une allocation d’études sous conditions de ressources, qui prendra le quinquennat pour être réalisée, selon Geneviève Fioraso.
- Le 8 juillet, l’une des mesures phares de la loi Hadopi sur le téléchargement, la coupure de l’accès internet des pirates, a été supprimée par décret, conformément à l’annonce d’Aurélie Filippetti.
- Par ailleurs, les projets portés par la ministre de la culture concernant l’indépendance de l’audiovisuel public progressent à l’Assemblée. La réforme du mode de nomination au CSA a été adoptée en commission le 16 juillet, tandis que celle de la nomination des patrons de l’audiovisuel public devrait être discutée à partir du 24 juillet, selon le ministère.

- François Hollande s’était engagé à garantir une rémunération du Livret A supérieure à l’inflation : pari (toujours) tenu malgré l’abaissement du taux de rémunération de 1,75 % à 1,25 %, officiellement annoncé le 18 juillet par Cécile Duflot et Pierre Moscovici. Le niveau de l'inflation aurait pu permettre de descendre jusqu'à 1 %.

- Le ministre de l’économie a pris acte de plusieurs confrontations entre la réalité et les promesses de François Hollande. Le 11 juillet, il a publiquement pris ses distances avec le projet européen de taxe sur les transactions financières (taxe Tobin), pourtant défendu par François Hollande. Quelques jours plus tôt, il avait annoncé que les prélèvements obligatoires augmenteraient de 0,3 % du PIB en 2014 "Et je souhaite que ce soit la dernière année où ils augmentent", a-t-il ajouté.

A suivre

dimanche 28 juillet 2013

Le gouvernement dissout L'Œuvre française et les Jeunesses nationalistes


Les responsables de ces deux groupuscules racistes et antisémites refusent cette mesure




La dissolution de L'Œuvre française  a été annoncée par Manuel Valls, le ministre de l'intérieur, à l'issue du conseil des ministres du mercredi 24 juillet. La branche " jeune " de L'Œuvre, les Jeunesses nationalistes, est aussi frappée de dissolution.
Les pouvoirs publics, qui se basent sur la loi de 1936 relative aux groupes de combat et milices privées, reprochent notamment à ce petit groupe de " propager la haine et la violence (...), une idéologie xénophobe et antisémite, des thèses racistes et négationnistes ", a indiqué M. Valls. Il leur est reproché aussi de rendre hommage à des figures de la collaboration, comme Pétain, l'écrivain Robert Brasillach ou le Waffen SS belge Léon Degrelle. Enfin, l'organisation de camps  d'été fait dire à M. Valls que L'Œuvre française est " organisée comme une milice privée avec des camps de formation de type paramilitaire ".
Antisémite et pétainiste, L'Œuvre française (OF) a été fondée en 1968 sur les ruines de l'OAS, et a toujours privilégié l'action clandestine. De ce passé, elle a gardé le culte du secret, le goût pour les doubles structures, un recrutement tourné en priorité vers les anciens militaires de régiments de combat. Ses militants se définissent comme des " soldats politiques ".
Très hiérarchisée, l'OF possède un uniforme et des grades. Ses militants portent une chemise bleue comme les  phalangistes  espagnols des années 1930. Elle est entourée de cercles concentriques qui servent à la fois à filtrer les militants et à assumer les actions plus chaudes. Il faut donc s'interroger sur l'efficacité de leur dissolution.
Pierre Sidos, le fondateur de l'OF, est le fils de François Sidos, fusillé à la Libération pour fait de collaboration. Pierre Sidos et son frère, Jacques, se réclamaient comme leur père du " francisme " (sorte de fascisme à la française) de Marcel Bucard, ainsi que de la Milice. Ils seront condamnés à des travaux forcés à la Libération.
Le fond de la pensée de L'Œuvre est antidémocratique, raciste et antisémite. Pour adhérer à l'OF, M. Sidos précise qu'il faut être " politiquement très national, physiquement européen, spirituellement chrétien (...) ".
La radicalité de l'OF a conduit le mouvement dans la rubrique faits divers. En 1995, des skinheads proches du groupuscule tuent Brahim Bouarram en le jetant dans la Seine en marge du défilé du FN le 1er mai. Cinq ans plus tôt, trois militants de L'Œuvre avaient été interpellés car ils projetaient une action violente contre Patrick Gaubert (conseiller antiracisme de Charles Pasqua, alors ministre de l'intérieur). Des plans de la résidence secondaire de M. Gaubert, son emploi du temps détaillé et une dizaine d'armes avaient été retrouvés chez les trois suspects. A cette occasion, M. Sidos avait été placé en garde à vue puis relâché.
Versées dans la violence
L'Œuvre a aussi mis l'accent sur une sorte d'" entrisme " au sein du FN, notamment avant le congrès de 2011. Yvan Benedetti et plusieurs membres de l'OF ont fait la campagne de Bruno Gollnisch. M. Benedetti était son directeur de campagne. La quasi-totalité de ces militants seront exclus à l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du FN. Aujourd'hui, M. Benedetti est président de L'Œuvre française depuis 2012.
Les Jeunesses nationalistes (JN), elles, recrutent chez les jeunes, notamment dans les milieux hooligans. Nées fin 2011, elles sont versées dans la violence. Elles sont dirigées par Alexandre Gabriac, conseiller régional Rhône-Alpes, devenu célèbre en 2011 quand une photo de lui effectuant le salut nazi devant un drapeau à croix gammée a été diffusée sur Internet.  Ce qui lui a valu l'exclusion du FN.
Ce groupe a bénéficié d'une dynamique depuis un an et demi. Ses militants se réfèrent souvent à la seconde guerre mondiale. Une délégation est allée rendre hommage à Mussolini dans sa ville natale de Predappio en Italie, et une autre a défilé avec la Phalange espagnole.
Mercredi, Yvan Benedetti et Alexandre Gabriac ont annoncé dans un communiqué leur intention de déposer un recours en référé auprès du Conseil d'Etat. Avant d'adopter une posture de défi. " Que dire d'un Valls même pas encore français quand L'Œuvre française voyait le jour ? ", écrivent-ils. " Dissoudre L'Œuvre française et les Jeunesses nationalistes ? Foutaise ! Une seule réponse : non ! "

Abel Mestre
© Le Monde 25 juillet 2013

samedi 27 juillet 2013

Carnets du... samedi


- Le Parlement a instauré dans le droit pénal un nouveau crime de "réduction en esclavage".
Il comportera 4 niveaux de gravité :
* Le "travail forcé", puni de sept ans d'emprisonnement.
* "La réduction en servitude" quand le travail forcé est imposé à une personne vulnérable ou dépendante, punie de dix ans.
* "La réduction en esclavage".
* "L'exploitation d'une personne réduite en esclavage", punies l'une et l'autre de vingt ans, voire de 30 ans en cas de circonstances aggravantes.
AA : quid du sado-masochisme ? Se faire fouetter ou enchaîner relève-t-il de de ce nouveau crime ?


- Le 14 mars, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) avait condamné la France pour "violation de la liberté d'expression" pour avoir condamné Hervé Eon, coupable d'avoir porté une pancarte devant Nicolas Sarkozy où était écrite la phrase "Casse-toi pov'con". Cette petite phrase avait été adressée par l'ex-président de la République à un inconnu au Salon de l'agriculture en 2008.
Pour éviter un vide juridique, le texte abroge ce délit d'offense au chef de l'Etat, mais prévoit que, comme actuellement pour les parlementaires et les ministres, l'injure ou la diffamation envers le président de la République puissent être punies de 45 000 euros d'amende.
AA : comme on le constate, un Président ne peut toujours pas être puni pour un "casse-toi pov'con"... "Offense à citoyen" par un Président, cela devrait, pourtant, exister...

- Le pôle Nord se réchauffe à un rythme deux fois supérieur à la moyenne mondiale. En 2012, la fonte de la banquise estivale a atteint un nouveau record. Ces bouleversements ont pour conséquence de libérer de grosses quantités de méthane - un gaz au pouvoir de réchauffement vingt fois supérieur au CO2 - jusqu'alors séquestrées dans le pergélisol. Selon les scientifiques, le relargage au cours de la prochaine décennie des 50 milliards de tonnes de méthane stockés dans les sols gelés sous la mer de Sibérie orientale aurait un coût considérable pour l'économie mondiale. De l'ordre de 60 000 milliards de dollars. Ce chiffre estime la facture liée aux événements climatiques extrêmes (sécheresses répétées, inondations...) mais aussi celle des politiques publiques que les Etats devront mettre en place pour s'adapter aux bouleversements du climat. A quel rythme se produira cette accumulation de méthane dans l'atmosphère ? Brutalement, comme l'envisage un des scénarios, ou de façon progressive. Nul ne se hasarde à trancher. Mais selon les cas de figure, il faut prévoir d'" avancer de quinze à trente-cinq ans la date à laquelle le seuil de 2° C d'élévation moyenne des températures sera franchi ". Ce seuil jugé dangereux par les climatologues arriverait en 2035 dans l'hypothèse où aucune mesure ne serait prise pour tenter de freiner le réchauffement. (Le Monde du 25/7).
AA : à vous de prendre vos dispositions pour 2035... Moi j'ai choisi : je serai bien au chaud... puisque incinéré !

- On annonce le démantèlement d'un trafic de tours Eiffel miniatures : 60 tonnes, destinées à la vente à la sauvette, ont été saisies.
AA: la famille Eiffel peut-elle demander des droits d'auteur aux malfaiteurs ?

-  Une vidéo tournée dans un hôpital pour enfants à Chișinău, la capitale de la Moldavie, révèle que des outils de bricolage, surtout des perceuses, sont utilisés pour les opérations médicales faute de moyens.
Un chirurgien de l'établissement avoue : "Nous utilisons ces perceuses depuis des décennies car nous n’avons jamais pu obtenir le matériel médical que nous espérions." Le ministre de la santé a tenté de justifier que, "d'un point de vue médical, si les conditions de stérilisation et de sécurité sont remplies, n’importe quelle perceuse peut être utilisée pour donner un mouvement de rotation au foret qui perce l’os".
AA : Brico-dépôt et Leroy-Merlin songent à s'installer là-bas...

vendredi 26 juillet 2013

Il manque un personnage...

 

Comme vous le lirez, l'article suivant est impitoyable sur la responsabilité d'Edouard Balladur dans le financement de la campagne des élections présidentielles de 1995. Il manque pourtant une personne parmi celles qui étaient autour de Balladur... Devinez laquelle ? Réponse en fin d'article...


Edouard Balladur cerné par la justice

Pour Edouard Balladur, le spectre de la Cour de justice de la République (CJR) se rapproche inexorablement. En délivrant, le 18 juillet, un réquisitoire supplétif pour " détournement de fonds publics " et " recel " aux juges chargés du volet financier de l'affaire de Karachi, Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire, le parquet de Paris a conforté les soupçons de malversations entourant le financement, en 1995, de la campagne présidentielle de l'ancien premier ministre. Nicolas Bazire, l'ex-directeur de son cabinet à Matignon, qui dirigea aussi sa campagne, est déjà poursuivi dans ce dossier.
Le délit de " détournement de fonds publics ", dont sont désormais saisis les juges, vise le recours, par le premier ministre-candidat, aux fonds secrets, qui auraient abondé de manière illicite sa campagne présidentielle.
Le réquisitoire du parquet répondait à une ordonnance du 26 juin des juges. Outre les fonds spéciaux, la campagne de M. Balladur aurait également bénéficié de " rétrocommissions " issues de ventes d'armes fin 1994 au Pakistan et à l'Arabie saoudite.
Homme-clé du dossier, l'intermédiaire Ziad Takieddine, écroué le 31 mai, a réitéré les 5 et 8 juillet ses accusations de financement illicite. Les juges viennent de lui accorder sa remise en liberté contre une caution de 4,3 millions d'euros.
Les aveux - tardifs - de l'intermédiaire Ziad Takieddine, reconnaissant avoir reversé aux proches de M. Balladur une partie des sommes perçues en marge de la vente, fin 1994, de sous-marins au Pakistan et de frégates à l'Arabie saoudite, s'ajoutant aux témoignages attestant le recours illicite aux fonds spéciaux pour subvenir aux dépenses de la campagne du premier ministre en 1995, les magistrats instructeurs ne devraient donc avoir d'autre choix, à la rentrée, que de se dessaisir au profit de la Cour de justice de la République (CJR). Cette juridiction est en effet la seule habilitée à enquêter - puis, le cas échéant, juger et condamner - sur un ministre pour des faits commis dans l'exercice de ses fonctions.
Le cas de M. Balladur pourrait lui être soumis, de même que celui de son ancien ministre de la défense, François Léotard, ouvertement suspecté d'avoir tout fait pour imposer les intermédiaires Ziad Takieddine et Abdul Rahman El-Assir dans plusieurs contrats d'armement, en contrepartie du versement de rétrocommissions.
L'homme-lige de M. Léotard, Renaud Donnedieu de Vabres, conseiller à la défense entre 1993 et 1995, est déjà poursuivi pour " abus de biens sociaux et recel ".
Depuis son déclenchement, fin 2010, l'enquête des juges Van Ruymbeke et Le Loire a accumulé les documents et témoignages accréditant l'utilisation par l'équipe de M. Balladur, lors de la campagne présidentielle, de ces fameux fonds " secrets " mis à la disposition des ministres, dont le gouvernement de Lionel Jospin décida la suppression en 2001.
Par exemple, en novembre 2011, Frédéric Aucher, un ancien gendarme, militant RPR de longue date, avait expliqué aux policiers de la division nationale d'investigations financières et fiscales (DNIF) dans quelles conditions il était devenu, début 1995, secrétaire général de la campagne de M. Balladur. " Lorsque l'on m'a demandé de venir - participer - à la campagne et que M. Pierre Mongin - chef du cabinet de M. Balladur à Matignon - m'a demandé de quitter mon poste du ministère de la coopération, il m'a dit qu'il compenserait ma perte de salaire par une enveloppe de fonds secrets de Matignon, avait-il révélé. En fin de mois, Pierre Mongin me remettait des espèces. Le montant a évolué au fil des mois. Le premier mois, j'ai eu 30 000 francs, puis 50 000 francs à deux reprises. "
M. Aucher s'est dit certain qu'il s'agissait des fonds secrets, car cela lui avait " été présenté comme cela par M. Mongin ", précisant que " tous les billets étaient d'un montant de 500 francs ". En décembre 2012, l'ex-trésorier de la campagne de M. Balladur, René Galy-Dejean, avait été encore plus explicite s'agissant d'un dépôt suspect de plus de 3 millions de francs en liquide, en avril 1995, sur le compte de l'AFICEB (Association de financement de la campagne d'Edouard Balladur). Il avait assuré avoir été convoqué par Pierre Mongin à Matignon en ces termes : " Arrivé dans son bureau, avait rapporté M. Galy-Dejean, il me montre plusieurs boîtes en carton et me dit : "Voilà 3 millions en petites coupures". C'est cette somme que j'ai apportée à la cellule trésorerie. "
Concernant l'origine de ces fonds, l'ancien trésorier avait confié : " Je garde en tête la phrase plusieurs fois publiquement prononcée par M. Balladur : "J'ai utilisé tous les moyens légaux qui étaient à ma disposition". " En clair, il s'agissait selon M. Galy-Dejean de fonds spéciaux.
La publication de ce témoignage dans Le Monde du 10 janvier avait provoqué une vive réaction de M. Mongin. L'actuel PDG de la RATP avait démenti " vigoureusement " avoir " jamais remis cet argent à M. Galy-Dejean ", et annoncé le dépôt d'une plainte contre l'ex-trésorier pour " dénonciation calomnieuse ". Les révélations de M. Galy-Dejean avaient toutefois valu à M. Mongin d'être reconvoqué par les juges, le 16 janvier, cette fois en qualité de témoin assisté, statut entre celui de témoin et de mis en examen.
Autre témoignage gênant pour M. Balladur, celui de l'ancien chauffeur de M. Galy-Dejean. Jean-Louis le Guevel a déclaré à la police, le 19 mars, s'être rendu début 1995 à Matignon chercher des fonds secrets. " Nous sommes rentrés par l'accès livraisons de Matignon. J'ai garé la voiture en marche arrière, devant l'entrée de service, à l'abri des regards. M. Galy-Dejean et - son assistant - M. Alexandre Galdin - ... - sont restés à Matignon environ une demi-heure. Ils sont sortis et, je m'en souviens précisément, avec quatre sacs en jute provenant de la Banque de France - ... - J'ai tout de suite compris qu'ils venaient de récupérer une somme d'argent à Matignon et que c'était pour la campagne de M. Balladur ".
Un récit qualifié de " faux " devant les policiers par M. Galdin, qui a toutefois fait part de ses doutes sur l'arrivée de fortes sommes en liquide sur le compte de campagne. M. Balladur, lui, a toujours nié tout financement illicite : le 28 avril 2010, il avait affirmé devant une mission d'information parlementaire que la plupart des fonds en espèces dont sa campagne bénéficia avaient été recueillis " lors de centaines de meetings ", auprès " des militants, des sympathisants ", via notamment la vente de pin's et autres t-shirts à sa gloire...

Gérard Davet et Fabrice Lhomme

© Le Monde 25 juillet 2013


AA  celui qui manque étrangement n'est autre que Nicolas Sarkozy ! Ce dernier était porte-parole de la campagne de Balladur, qui était alors 1er Ministre, ne l'oublions pas.

Voyons ce qu'en dit Le Monde du 24/11/10, sous la plume de Samuel Laurent

"Il jouait un rôle d'homme de confiance auprès d'Edouard Balladur. Après son ralliement au camp du premier ministre, celui-ci n'a eu de cesse de lui confier missions et tâches : ministre du budget, il obtient le porte-parolat du gouvernement et, lorsqu'Alain Carignon est mis en examen en 1994, il récupère son portefeuille de ministre de la communication."
"Les "deux Nicolas", Bazire et Sarkozy, comme les baptisera la journaliste Ghislaine Ottenheimer dans un livre (Les Deux Nicolas, la machine Balladur chez Plon), jouent un rôle prépondérant auprès du premier ministre. Omniprésents, ils arbitrent, décident, cornaquent les autres membres du gouvernement... Un article de L'Expansion de 1994 reprend la formule d'Ottenheimer, les présentant comme "les deux gamins les plus puissants de France". La journaliste s'interroge :  "Pourquoi [Edouard Balladur] en a-t-il fait ses deux conseillers exclusifs ? Car ils sont sa machine de guerre pour conquérir l'Elysée". Et précise: "Sarkozy a pris le rôle du propagandiste et Bazire celui du machiniste." "
 "Le 8 janvier, François-Henri de Virieu le présentait, au début de "L'heure de vérité", comme "l'homme-orchestre du gouvernement", qui sera, "selon toute vraisemblance, l'homme-orchestre de la campagne électorale d'Edouard Balladur, dont vous connaissez toutes les intentions et tous les projets". Nicolas Sarkozy approuve la description."
"Si Nicolas Sarkozy n'était pas en charge des financement de la campagne, il paraît donc tout à fait plausible, vu son rôle, qu'il ait été au courant des grandes lignes de celui-ci. D'autant plus qu'il était de ceux qui ont convaincu le premier ministre de se présenter, et qu'il savait que les finances seraient un problème. Balladur n'étant pas le candidat officiel du RPR, il ne disposait pas des fonds du parti."


jeudi 25 juillet 2013

Chassez le naturel, il revient au galop !


Communiqué de presse de Madame Le Pen, Présidente du Front National, suite aux évènements de Trappes : " On notera qu’une nouvelle fois ces émeutes sont liées à la montée d’un communautarisme délétère exacerbé par une immigration de masse."
Tromperie, une nouvelle fois, et double, cette fois-ci, de la part du FN. D'autant plus grave qu'il s'agit d'un sujet sur lequel une partie de la population française est très réceptive (voir Sarkozy et son discours de Grenoble).
Rappelons que les règles de la République, que l'on soit d'accord ou pas avec elles, sont intangibles : elles doivent être respectées. C'est le cas de l'interdiction du niqab, sur la voie publique, et la loi punit celles qui ne s'y conforment pas.

- "un communautarisme délétère". Soulignons que le communautarisme est "un terme socio-politique désignant les attitudes ou les aspirations de minorités (culturelles, religieuses, ethniques...) visant à se différencier volontairement, pour s'entraider, voire pour se dissocier du reste de la société" (Wikipédia). La République française ne connait pas de communautarisme et chacun doit s'intégrer dans la société. La religion est respectée par la République et n'est pas un signe de communautarisme, à condition de ne pas pousser à "se dissocier du reste de la société". "Délétère" a comme synonyme : néfaste, nocif, nuisible, toxique, pernicieux...
Depuis 3 jours, j'ai entendu des catholiques et des sociologues affirmer que les émeutes de Trappes n'ont pas comme origine unique la religion, mais bien la situation sociale : ghettoïsation, chômage... Que certains en profitent pour embrigader les jeunes dans l'islam, voire dans l'islamisme, cela ne fait aucun doute, comme le FN enrôle également certains de ceux qui sont en désespérance. Je ne pense pas qu'il y ait communautarisme; d'ailleurs, la république est vigilante à ce sujet. Le mot "délétère" est une insulte envers ceux qui vivent la marginalisation et l'exclusion. Ne comptons pas sur le FN pour résoudre ce problème d'ordre social et ne doutons pas que si, par malheur, il devait être celui en charge de résoudre le problème des banlieues, il ne mette le pays à feu et à sang... Enfin, notons qu'il y a 4 millions de Musulmans en Allemagne, soit presque autant qu'en France et que cela ne semble pas poser de problème (il faut dire que l'équivalent du FN a une très faible audience).
- "Immigration de masse". Tromperie encore.   Selon le ministère de l'intérieur, 193 600 personnes ont obtenu le droit de séjourner en France en 2012 (966 000 en Allemagne ! Et on en attend 2,2 millions d'ici 2017...). Chiffres à peu près identiques à 2011 et concernant toutes les nationalités. Toutes les catégories d'immigrés sont représentées : peu d'immigrants économiques (16 000), en baisse constante sauf en 2011, baisse (malheureusement) du nombre d'étudiants (59 000). La moitié de l'immigration est constituée par l'immigration familiale. "Immigration de masse" affirme le FN ! Encore une fois, on tremble à l'idée d'une interdiction de l'immigration en France, si le malheur voulait que... En retour, les 2,5 millions de Français vivant à l'étranger seraient peut-être obligés de revenir au pays, par mesure de rétorsion... On voit bien l'absurdité de l'assertion frontiste.
Bien sûr, quand le FN parle d'une "immigration de masse", on sait qui est visé...

"Ces émeutes sont liées à la montée d’un communautarisme délétère exacerbé par une immigration de masse." Voilà comment on porte atteinte à l'unité de la République en montrant du doigt une partie de sa population... En procédant ainsi, le Front National confirme sa vraie nature, qui continue à transparaître malgré une dédiabolisation voulue par Mme Le Pen pour contenir des penchants toujours aussi... diaboliques !

mercredi 24 juillet 2013

Vive le roi... euh vive la République !


"The baby's born", voilà le titre des "unes" des journaux anglais. Repris par le "bébé est né" des médias français. Au moment où j'écris ces mots (mardi matin), on ne connait pas le nom du bébé royal, je parle, bien entendu, du fils de Kate, petit-fils de Charles, lui-même fils de la reine.
Cela fait des semaines qu'on en parle et des jours que les médias du monde entier attendent et ne savent plus quoi inventer pour tenir en haleine leurs lecteurs ou téléspectateurs. Personnellement, je me fiche complètement de cette naissance et je me demande qui, en France, peut s'y intéresser. Car, quoi, la royauté, nous l'avons, nous, supprimée ! Franchement, quel est l'intérêt de savoir si la Kate attendait un garçon ou une fille, combien il pèse et quel sera son prénom. Le chef de service "royautés" (!) de "Point de vue" vient de disserter 3 minutes sur BFM pour savoir quand le bébé sortira (pour saluer la foule ?). Merci de m'aider à comprendre quel est l'intérêt pour les Français de se passionner pour la naissance du rejeton de William ? A moins que les médias en fassent trop, pour occuper les espaces, en cet été, où seuls la "presque canicule" et Trappes leur offrent de la matière... mais cette pression médiatique signifierait-elle qu'il y ait des gens en attente ? Je ne comprends pas... Y aurait-il, parmi les lecteurs, quelqu'un qui puisse m'expliquer cette adulation pour un non-évènement ?
Au Royaume-Uni, je veux bien admettre que la naissance d'un possible futur roi soit un évènement, mais que font les Républicains ? Ils ont, quand même, décapité leur roi, avant nous ! Même "The Guardian", favorable aux républicains, y est allé de ses pâmoisons... royales.
Pourquoi autant de compréhension envers les plus nantis comme les familles royales, les cyclistes, les acteurs et les footballeurs qui brassent des millions, alors que nous ne laissons rien passer aux politiques et aux petits délinquants ?
Pour en revenir au nouveau-né, qu'a-t-il de plus que les milliers d'autres qui naissent tous les jours ? Il ne manquera de rien, il ira dans les meilleures écoles, il est promis à un destin... royal. Et alors ? Serions-nous envieux et rêverions-nous des millions injustifiés gagnés (?) par Messi, Depardieu ou Froome ? Et si, finalement, sous nos critiques de l'ordre établi, nous ne désirions qu'une seule chose : participer au festin indécent de ceux qui en profitent ?
Le pouvoir, celui de l'argent, en particulier, nous fascine et au bal des privilégiés, nous voulons participer. Il est d'ailleurs probable que nous serions prêts à tout pour croquer dans le gâteau et, notamment, de renier nos idéaux...

mardi 23 juillet 2013

Froome : pour ceux qui n'y croient toujours pas...


"Avec 413 watts de puissance moyenne, Froome fait mieux qu'Armstrong en 1999"

LE MONDE |

Après les aveux de Lance Armstrong, le 100e Tour de France devait être celui d'une nouvelle ère, entendait-on avant son départ, comme celui de 1999 avait été annoncé comme le "Tour du renouveau", un an après l'affaire Festina. On sait ce qu'il est en advenu : il a amorcé le début du septennat de l'Américain. Chris Froome, qui vient de remporter son premier, a dit qu'il en gagnerait bien encore six.
Quelle est la différence entre 1999 et 2013 ? Le FBI américain a été inférieur au Secret Intelligence Service britannique. Après le scandale Festina de 1998, Armstrong, pas hypocrite, avait géré sans opposition. Ullrich, Pantani, les mutants des années 1990, qui faisaient flasher nos radars avec des puissances supérieures à 450 watts si besoin, ne s'étaient pas déplacés. L'édition 1999 ne comptait que quatre cols radar : Sestrières, Alpe-d'Huez, Piau-Engaly et Soulor. Il suffisait pour Armstrong d'être plus performant que les autres. Gagner le Tour en se dopant, comme les autres l'avaient fait avant lui.
Le "dottore" Ferrari lui avait donné le chiffre magique : 6,4 watts par kilo pour s'amuser avec les autres. Lance donne son premier coup d'assommoir à 420 watts suspects à Sestrières, en freinant dans certains virages. Suffisant avec des contre-la-montre comme à Metz, ensuite à plus de 50 km/h. Avec une moyenne sur les quatre radars de 406 watts, l'américain a eu, pour son premier sacre, la délicatesse de finir dans la zone "humaine" à moins de 410 watts. Avec deux cols radar de plus dans l'édition 2013, on pensait donc que le vainqueur du 100e Tour terminerait aussi dans la zone verte. Las. Froome finit dans la zone suspecte à 413 watts de puissance moyenne, soit 7 watts de mieux qu'Armstrong lors dudit Tour du renouveau. La faute, sans doute, à l'opposition espagnole qui l'a obligé à se découvrir.
SON MORPHOTYPE FAIT PEUR
Un "extraterrestre" : son staff l'admet. Il a dû s'employer et battre des records d'ex-mutants, comme celui du Ventoux, avec 416 watts, qui appartenait au duo Pantani-Armstrong. Pourtant, tout avait commencé comme en 1999. Dans le premier radar du col d'Ax 3 Domaines (446 watts miraculeux) et au premier contre-la-montre à presque 55 km/h, Froome atomise ses adversaires. En 1999, la salle de presse applaudit. En 2013, elle rit.
Son équipe Sky s'est défendue, tant la comparaison des performances est frappante. Elle vante la qualité "révolutionnaire" de son suivi. Elle communique sur sa "tolérance-zéro-dopage" et le potentiel "extraordinaire" de son leader. On attend son génotype. Son morphotype fait peur.
Dans l'équipe de son dauphin, le Colombien Nairo Quitana, on ne prône pas la tolérance zéro. Dans les rangs de l'espagnole Movistar, on n'est pas à la pointe de la "techno" comme chez Sky. On préfère les bonnes vieilles méthodes qui firent la gloire de son ancêtre Banesto et de son roi Miguel Indurain. Movistar a embauché Rui Costa juste après sa suspension pour dopage. En 6 h 11' 52'' d'efforts et quatre cols dont deux hors catégorie pour s'échauffer, sous la pluie, le Portugais a battu le record du 5e col radar, celui de la croix Fry, avec 429 watts. Il appartenait à un certain Floyd Landis, vainqueur déchu d'un autre Tour de "l'après-Armstrong", celui de 2006.
Le petit Nairo Quintana dit, lui, s'inspirer d'un autre recordman, Mauricio Soler. Lors du funeste Tour 2007 qui vit la victoire de Contador après l'expulsion de Rasmussen, son compatriote gagna aussi le maillot de meilleur grimpeur. Dans le col de la Colombière, Soler était capable de pousser 450 watts ou encore d'enchaîner le Télégraphe et le Galibier en 1 h 25' 45'', soit une minute de mieux que Pantani lorsqu'il gagna le Tour en 1998.
Quintana n'est pas en reste en 2013. Il établit le record de Semnoz, radar n° 6, avec 444 watts et 31' 17'' pour grimper 11 km de Quintal (738 m) au crêt de Châtillon (1 655 m), avec une pente moyenne de 8,34 %. Nous avions pris les devants et avions, hélas, prédit son temps en nous trompant de 20 secondes sur les prévisions les plus "optimistes". C'est ce qui nous rend pessimistes.
Des raisons d'être optimistes ? Les coureurs français d'Europcar, à 30 % de leur rendement habituel. Contador, à 399 watts moyen sur nos radars, loin de ses 423 de 2007, 439 de 2009 et 417 watts de 2010... Et ne parlons pas de Schleck, vainqueur en 2010 à la suite du déclassement de Contador, ou d'Evans, le lauréat 2011, trop attardés pour être pris à nos radars.
Devant, Froome, grand seigneur, a géré ces valets de 2013 comme Lance le fit en 1999.
Antoine Vayer

Faut-il regarder ailleurs pour ne rien voir ?


Non, je n'ai pas regardé la diffusion de la dernière étape du Tour de France, dimanche soir. Je suis certain que les images étaient superbes, sur la "plus grande avenue du monde". Je n'avais pas non plus regardé la double montée de l'Alpe d'Huez, ni l'étape du Mont Ventoux. Et pourtant, j'aime ce tour de France et ma jeunesse a été bercée des exploits de Bobet, Merckx, Anquetil, Poulidor (ah ce Mont Ventoux de 1965...) et autres Thévenet, Gaul ou Bahamontès.
Mais depuis plusieurs années, je ne peux plus ! Non seulement, on a appris que mes idoles d'antan se dopaient, avec les moyens de l'époque, mais les révélations, des mois ou des années après, sur le dopage des derniers vainqueurs m'ont convaincu que les "géants de la route" sont défoncés. Oh certes, les produits pris ne sont pas toujours détectés sur le moment, parce que les coureurs et leur entourage ont une longueur d'avance : heureusement que l'on garde les prélèvements pendant plusieurs années afin de confondre les tricheurs quand la science est enfin prête à les confondre.
Qu'à cela ne tienne, le vainqueur du Tour de cette année était "chargé" et l'on s'en apercevra dans quelque temps. Personne n'est dupe que la puissance (exprimée en watts) qu'il a dégagée, dans certaines étapes où il a brillé, était "surhumaine". Il a égalé, voire dépassé, les exploits réalisés par d'anciens vainqueurs, finalement convaincus de dopage (Amstrong pour ne citer que le dernier).
J'ai bien entendu qu'un million de personnes ont suivi, sur place, la montée de l'Alpe d'Huez : est-il possible qu'ils y croient encore ? Ou veulent-ils y croire tout en sachant qu'on les dupe ? Cela fait penser à ceux qui se bercent des promesses et des fastes des religions : les pauvres hères du moyen-âge, pressurés par une Eglise baignant dans une "dolce vita" avant la lettre, se laissaient bernés par des écclésiastiques vivant, pour la plupart, dans la luxure.
Il y a tellement d'argent en jeu que tout le monde a intérêt à ce que cela continue : les coureurs, les sponsors, les médias et même les politiques, tout heureux que l'on s'intéresse à autre chose qu'aux malheurs de la France...
Finalement, ne devrais-je pas faire comme tout le monde et y croire pour ne pas risquer l'opprobre ? Après tout, c'est comme pour les dérives de la politique : à quoi cela sert-il de recevoir des coups pour dénoncer ce que les autres ne veulent pas voir ? Au moins, je serais plus tranquille... Mais ma conscience, que dira-t-elle, si je plie devant ceux qui profitent de la crédulité humaine, comme ce clergé moyennageux y procéda avec le peuple asservi, sous les yeux de ceux  qui tiraient avantage des rentes et prébendes qui les rendaient silencieux ?

lundi 22 juillet 2013

Retraites : le risque politique d'une réforme " juste "


L'exécutif ne cesse de le promettre : la " justice " serait le premier principe de sa réforme. Mais cette promesse est en train de se transformer en véritable piège politique pour les socialistes. Il suffit de lire les synthèses d'études d'opinion commandées par le gouvernement pour s'en rendre compte.
Un document confidentiel émanant du gouvernement de deux pages, que Le Monde s'est procuré, précise : " Dans l'opinion, la perception d'un système à plusieurs vitesses, favorisant certaines catégories, est largement partagée. Les fonctionnaires sont perçus comme ceux qui bénéficient de plus d'avantages (réels ou fantasmés) : une opinion partagée par l'ensemble des salariés du privé, droite et gauche confondues. Les différences de traitement sont extrêmement mal vécues, surtout en période de crise (privilèges inacceptables) et sous un gouvernement de gauche (censé promouvoir équité et justice). "
Le problème est que le gouvernement n'a aucune intention de rapprocher les règles de la trentaine de régimes de retraites, et encore moins d'envisager leur fusion. Face à l'inévitable mouvement social que de telles réformes déclencheraient dans la fonction publique ou les transports, l'exécutif préfère cantonner sa réflexion à des inégalités certes cruciales mais moins irritantes, comme la pénibilité ou les différences hommes-femmes.
En témoigne la tragi-comédie des règles de calcul des pensions des fonctionnaires. Croyant désamorcer une partie des injustices, le rapport Moreau sur l'avenir des retraites avait préconisé fin juin un rapprochement des règles du public et du privé. Une véritable bombe politique que la majorité s'est empressée d'enterrer, plaidant que les différences de pension n'étaient pas si grandes entre public et privé. A raison, le gouvernement a expliqué que calculer les retraites des fonctionnaires sur dix ans plutôt que sur les six derniers mois de salaires ne rapporterait pas grand-chose. Mais il n'a pas dit un mot de la possibilité donnée aux fonctionnaires de catégories actives (contrôleurs aériens, aides-soignants, policiers, etc.) de partir toujours bien plus tôt que dans le privé, parfois pour le même métier.
La même méthode a été appliquée aux régimes spéciaux (RATP, SNCF, EDF-GDF, etc.). A peine le sujet soulevé, il a immédiatement été minoré par François Hollande. Le président a souligné que la réforme de 2008 prévoyait déjà un rapprochement des règles, même si l'horizon de l'alignement, prévu pour 2025, semble plus que lointain alors que le gouvernement cherche des mesures d'économies immédiates.
Tour de passe-passe
Tout se passe comme si, pour  l'exécutif, la justice consistait à demander un effort similaire à tous, alors que tout le monde ne part pas du même point. " Tout le monde fera un effort, chacun peut le comprendre ", a encore expliqué M. Hollande, lors de son intervention du 14-Juillet. Un tour de passe-passe qui ne laisse personne dupe.
" Une prise en compte de ces différences de traitement entre le public et le privé par le gouvernement semble très improbable, le secteur public étant considéré comme une base électorale de gauche ", précise ainsi la synthèse confidentielle d'étude d'opinion destinée au gouvernement. Mais elle prévient juste après : " Cependant, si elle devait advenir, elle serait très appréciée et pourrait considérablement renforcer l'image de courage et d'ambition de l'exécutif. " Le gouvernement a visiblement choisi de ne pas en tenir compte.

Jean-Baptiste Chastand
© Le Monde 20 juillet 2013


AA : C'est vrai que, contrairement à son prédécesseur, Hollande aurait mieux fait de parler de "sang et de larmes" aux Français au lieu de les bercer dans une douce illusion.
Aujourd'hui, il paraît très difficile de faire les réformes nécessaires en matière de retraites (rapprochement des conditions public/privé, unification des régimes, contribution des retraités...), ce qui serait passé plus facilement dans les 6 premiers mois de sa présidence (durant cet état de grâce... dont il n'a pas bénéficié). Le choc eût été rude, mais salvateur et F. Hollande se serait vu qualifier d'homme courageux. A trop ménager ses soi-disants alliés, il n'a rien gagné, puisque le parti de gauche tire à boulets rouges (!) sur lui, que le PC ne sait plus sur quel pied danser, que le PRG se renie lui-même (voir l'épisode du cumul des mandats) et que le MRC n'en finit pas de mourir. Quant aux Verts, ils en sont encore à chercher à justifier le énième bafouement...
Être l'homme du consensus n'était pas la bonne solution. Et ce qui n'a pas été fait en 2012 sera impossible à obtenir et il faudra continuer à renoncer à ses ambitions : on l'a déjà vu avec l'abandon de certaines promesses "symboliques" telles le droit de vote des étrangers aux élections municipales, l'introduction d'une dose de proportionnelle aux législatives, sans parler du dévoiement d'une mesure pourtant majeure, à savoir la réforme en profondeur de l'organisation administrative décentralisée et déconcentrée...
Qu'aucun des partis d'opposition n'aurait été en mesure de faire mieux est une évidence, mais que le seul qui pouvait tenir un langage de vérité ne l'ait pas fait, voilà le grand regret...

dimanche 21 juillet 2013

Il est possible de faire pression sur Poutine

ÉDITORIAL
Combien de temps les Européens vont-ils faire semblant de croire qu'il ne se passe rien d'extraordinaire à Moscou ? Combien de temps vont-ils courber la tête et regarder ailleurs face à ce qui arrive là-bas et qui a un nom : l'instauration de la dictature d'un homme : Vladimir Poutine.
Depuis son retour à la présidence en 2011, l'ancien du KGB, les services secrets soviétiques, fait tomber une chape de plomb sur le pays : libertés publiques bafouées ; opposants pourchassés ; télévision contrôlée ; justice aux ordres. Le clan du président est aux commandes, système mafieux, à ramifications multiples, où il s'agit d'asservir l'économie, la politique et même la société par un mélange de flatteries ultranationalistes et d'intimidation policière.
Les procès politiques sont de retour, comme l'a montré, jeudi 18 juillet, le verdict rendu à l'encontre d'Alexeï Navalny. L'avocat-blogueur, pourfendeur de la corruption d'Etat, est en passe de devenir l'opposant numéro un à Vladimir Poutine.
Il fallait le casser, à l'instar de tous ceux qui, depuis une douzaine d'années, se sont dressés contre le nouveau tsar. Dès qu'Alexeï Navalny, l'" opposant 2.0 ", est apparu comme un danger pour le Kremlin, on a monté un procès contre lui : le prétendu détournement de 377 000 euros, au détriment d'une exploitation forestière, à l'époque où l'avocat était conseiller du gouverneur de la région de Kirov.
Condamné à cinq ans de détention en colonie pénitentiaire, M. Navalny a été laissé libre, dans l'attente de la confirmation de sa peine en appel. " Jurisprudence Poutine ", si l'on peut dire : dans ce type de procès, les peines sont, en général, confirmées en seconde instance...
Réagissant au verdict de jeudi, les pays de l'Union européenne, collectivement et individuellement, ont fait part de leur " préoccupation ". Même en tenant compte des usages propres à la diplomatie, la formule est d'une écoeurante timidité.
Il faut appeler les choses par leur nom. Procès truqués, justice politique, régression chaque jour plus avant de l'Etat de droit : M. Poutine entraîne la Russie sur la voie de l'autocratie, convaincu que le pouvoir ne s'impose, à l'intérieur comme à l'extérieur, que par la peur.
Et convaincus qu'il faut ménager la Russie, les Européens baissent la tête, donnant en quelque sorte raison à M. Poutine. Ils ont tort. Ils avancent qu'ils ont besoin de la Russie. C'est peut-être encore le cas en matière énergétique. C'est faux sur la scène diplomatique. Qu'il s'agisse de la Syrie ou de la lutte contre le programme nucléaire iranien, le Kremlin ne nous aide pas : il joue contre les Européens.
Ceux-ci avancent encore qu'ils manquent de moyens de pression. C'est faux, encore. Ils en ont. Tout est affaire de courage politique. Quand l'avocat russe d'un groupe d'investisseurs américains en Russie, Sergueï Magnitsky, emprisonné en 2008, a été tabassé puis laissé sans soins dans sa cellule jusqu'à ce que mort s'ensuive, à Moscou, le Congrès a réagi : Washington a publié une liste de dix-huit fonctionnaires russes interdits de séjour aux Etats-Unis du fait de leur implication dans l'affaire.
Il pourrait y avoir une " liste Navalny ". On pourrait la dresser avant les Jeux olympiques, d'hiver que la Russie accueillera en 2014. Comme un avertissement.

© Le Monde 20 juillet 2011

AA : Il faut, à mon avis, aller plus loin et menacer, dès maintenant, de boycotter les JO de 2014. C'est vrai que les USA sont mal placés avec l'affaire Snowden (espionnage), mais c'est aux Européens de réagir et montrer que l'Europe a son mot à dire... Une initiative française en ce sens serait la bienvenue.

samedi 20 juillet 2013

Malgré l'opposition de la droite, la limitation du cumul de mandats sera enfin votée !


En adoptant, mardi 9 juillet, avec plus de la majorité absolue des 577 inscrits (300 pour, 228 contre), le projet de loi interdisant le cumul entre un mandat de parlementaire et une fonction exécutive locale, quel que soit le vote du Sénat, en septembre, l'Assemblée aura bien le dernier mot en cas de renvoi, la majorité absolue étant en ce cas nécessaire s'agissant d'un projet de loi organique.
Seuls quatre apparentés PS ont voté contre, dont les trois élus chevènementistes du Mouvement républicain et citoyen (MRC). Seuls dix députés du PS, dont l'opposition au non-cumul des mandats n'était un secret pour personne, se sont réfugiés dans l'abstention. Le texte a fait le plein des voix chez les écologistes (17 pour sur 17) et recueilli l'approbation d'une partie de la Gauche démocrate et républicaine, majoritairement composée du PCF (7 pour, 3 contre et 1 abstention).
Les radicaux de gauche se sont, eux, majoritairement opposés (10 contre, 4 pour et 1 abstention).

Aucune voix de droite en faveur du texte  
A l'UMP, seuls trois députés se sont abstenus, tout le reste ayant voté contre, dont l'ancien ministre Bruno Le Maire, pourtant opposé au cumul mais qui considère que la réforme ne va pas assez loin. L'analyse des voix au centre est plus surprenante avec l'abstention de dix élus UDI, dont le président, Jean-Louis Borloo.
Le non-cumul de mandats législatifs et de mandats exécutifs locaux ne prendra effet qu’en 2017 lors des prochaines législatives où les candidats devront choisir, éventuellement, entre leurs mandats.

Remarques

- On pouvait espérer que l’application de cette loi entrerait en vigueur pour les municipales de 2014. F. Hollande a eu du mal à faire passer cette réforme fondamentale, et l’on notera qu’à gauche, quelques socialistes, les chevènementistes et des communistes ont renâclé. Un véritable accouchement aux forceps. Pour ceux qui pensent qu’il n’y a pas de différence entre la droite et la gauche, on notera la quasi-unanimité, à droite, pour voter contre cette réforme, pourtant si nécessaire à la survie de notre démocratie. Pas facile de se faire hara-kiri… On mettra donc au crédit de la gauche d’avoir fait passer cette mini-révolution.
- Bien sûr, on peut regretter, non seulement le report, mais qu’on n’ait pas limité le nombre de mandats successifs : 2 mandats successifs de parlementaire,  de maire, de président de conseil régional ou général, cela paraissait une bonne solution.  A vrai dire, on se serait, dans un premier temps, contenté de 3…
- L’engagement n°48 du candidat Hollande devrait, donc, pouvoir être traduit en loi avant la fin de l’année. Mais il y avait autre chose dans cet engagement : l’introduction d’une « dose de proportionnelle ». Mais de cela on ne parle plus…Dommage.

Enfin, je me demande si, à partir des prochaines élections (municipales de 2014, puis européennes et régionales de 2015, législatives de 2017), il ne faudrait pas rappeler aux électeurs des territoires concernés le nom des candidats qui se présentent devant eux et qui ont voté contre la limitation du cumul des mandats. Il faudra bien que ceux qui sont allés contre la volonté de la très grande majorité des Français, assument leur choix !
Ne serait-ce pas là une formidable action citoyenne ?


AA: Je me suis inspiré, pour la première partie de ce post, d'un article du Monde de la semaine dernière.

vendredi 19 juillet 2013

Monsieur le Maire d'Hénin-Beaumont : attention !


Apparemment, Hénin-Plage attire du monde et on ne peut que s'en féliciter, mais, soucieux des dépenses publiques dans une commune fragile, financièrement, et des difficultés d'une population aux revenus souvent peu élevés, je me permets quelques considérations (critiques, diront certains) :
- Cette manifestation aurait pu avoir lieu en centre ville, comme cela se passe dans les communes qui organisent de tels évènements (voir à Saint-Quentin, précurseur en ce domaine, et à Arras, sur la Grand-Place). La plage sur la place de la République aurait permis d'éviter des longs déplacements vers l'extérieur de la ville. L'animation aurait également profité aux commerçants.
- Une plage sans eau, cela fait quand même drôle, n'est-ce pas ? Pourquoi du sable, finalement ? Pour donner l'illusion de vacances pour ceux qui ne peuvent profiter de partir ?
- Pourquoi n'avoir pas organisé des voyages d'une journée sur la côte où, là, plage et eau sont à disposition ? 2, voire 3 bus quotidiennement ou même 4 fois par semaine, pendant tout l'été, aurait coûté beaucoup moins cher que ces 15 jours (190 000 euros) pour lesquels on ne compte pas les heures passées par les services techniques et celles nécessaires à la surveillance des lieux. Au moins, les estivants n'auraient-ils pas vécu une illusion de vacances. Evidemment, Hénin-Plage est ouvert à tous, Héninois ou non, ce qui peut jeter un doute sur le succès apparent... Les bus, évidemment, n'auraient été réservés qu'aux habitants de la ville, à moins que la CAHC ne se soit décidée d'organiser cela au niveau communautaire... Et puis, le TER mer, cela existe le week-end : la ville (voire la CAHC) aurait pu être incitative...
- Je me demande, au vu de ce qui précède, comment a été décidé le principe de cette manifestation, pas du tout évoquée en conseil municipal, ni avec les commerçants, pas plus qu'avec des habitants (les conseils de quartier, cela devrait servir à cela...)... Bref, pas beaucoup de réflexion dans tout cela... pour un coût relativement élevé pour une commune comme HB : 120 000 euros (en tenant compte de subventions complémentaires, qui auraient également existé dans l'alternative proposée)

Enfin, je vais me permettre un petit conseil à la majorité municipale qui envisage de se représenter aux prochaines élections municipales (9 et 16 mars 2014). Celui de bien vérifier que le coût de cette manifestation ne devra pas être inclus dans son compte de campagne ! En effet, il s'agit d'une première, à un an des élections... ce qui interroge quand même ! Mon conseil est d'éviter, pendant et après, toute référence à l'action de l'équipe municipale, sinon les 190 000 euros devront être compris dans les dépenses électorales dont le plafond est limité à environ 30 000 euros (42 000, en cas de second tour), remboursés, désormais, à 47,5% au lieu de 50 %. Ainsi, si cette dépense devait être réintégrée, il ne serait pas possible de participer à ces élections, le plafond étant crevé. Si l'on ne tenait pas compte de cette somme et qu'il était jugé après les élections qu'elle aurait dû l'être, non seulement le compte de campagne serait rejeté et la tête de liste inéligible, mais elle devrait rembourser la partie dépassant le plafond. Bon, c'est un scénario catastrophe, mais je rappelle que le conseil constitutionnel a estimé que ne sont pas des dépenses électorales les dépenses engagées, dans les 12 derniers mois du mandat, pour des manifestations qui présentent  "un caractère traditionnel et ne sont pas assorties d’actions destinées à influencer les électeurs". Cela mérite manifestement attention !