lundi 30 novembre 2015

Bien, La Voix du Nord !


La Voix du Nord ("Pourquoi une victoire du FN nous inquiète") et Nord-Eclair ("La Région a-t-elle vraiment besoin du Front national"), qui font partie du même groupe, se sont engagés ce jour contre le Front national, par une double page régionale et un titre occupant la première page (un autre article est prévu demain). Même "La Voix des Sports" y va de son refrain, en titrant de façon volontairement ambiguë, en première page : "Peur sur le Nord" (alors qu'il se réfère aux mauvais résultats des 3 clubs pro nordistes de foot !). 

Dans un article paru ce matin sur LeMonde.fr, on peut lire : "La présidente du Front national a réagi, sur RTL, qualifiant de « profondément scandaleuse » cette décision éditoriale.
« Ils font deux pages aujourd’hui, ils feront deux pages demain. C’est un tract pour le Parti socialiste, mais c’est la contrepartie des 9 millions de subventions qu’ils ont touché de la part du conseil régional socialiste. »
En représailles, elle annonce son souhait de supprimer ces subventions qui posent, selon elle, un « problème éthique et déontologique ».
La Voix du Nord, cité par Le Figaro, fait savoir que « les subventions évoquées par Marine Le Pen ne concernent pas le journal La Voix du Nord, mais des aides à la production pour des courts et longs-métrages ensuite diffusés sur la chaîne de télévision Weo, qui appartient au groupe Rossel-La Voix ». Qu’à cela ne tienne, le FN n’est pas une trmperie près…
La Voix du Nord s’en était pris, début novembre, "aux propositions du FN en matière de santé en signalant celle consistant à « éradiquer toute immigration bactérienne » ". 




Acte courageux, malgré les critiques que l'on peut lire sur Facebook et je ne sais si l'ensemble de la presse régionale en fera de même. C'est vrai que la situation dans le NPDCP est grave car une triangulaire (que je n'ose imaginer) permettrait au FN de "rafler" (sans jeu de mots !) la majorité des sièges tout en étant minoritaire. Quant à un duel, les sondages sont assez partagés sur le résultat final... En cas de victoire de la droite ou de la gauche, je ne sais même pas si l'une ou l'autre serait capable de restaurer la crédibilité des politiques (frontistes compris). Et pourtant, comme l'écrit, assez justement le rédacteur en chef du (des) quotidien régional, Jean-Michel Bretonnier : " Tout n'a pas échoué depuis trente ans et le pire est toujours possible". On ne peut mieux dire !
Je me suis inspiré de cette double-page pour écrire ce qui suit.
"Les dirigeants du Front national (...) jouent de l’ambiguïté. Vivre de la politique tout en la dénigrant, siéger à Strasbourg tout en détestant l’Europe, viser la Région en ne pensant qu’à l’Élysée." "Le Front national ne rejette pas la liberté, mais lui préfère l’autorité ; il ne récuse pas la démocratie, mais restaure le culte du chef ; il ne déteste officiellement personne, mais ses têtes de Turc sont connues. Il se méfie de la raison en politique et joue sur les ressorts les plus archaïques ; ses adversaires sont vite des ennemis et les critiques des offenses ; ses outrances, ses amalgames et ses insinuations jouent en permanence sur des glissements de sens pour condamner et exclure." "Nous préférons à cette illusion la réalité, même dure, le débat, surtout contradictoire, la démocratie, même imparfaite." Je l'ai souvent répété ici : le FN, c'est la tromperie permanente !

Le discours du FN sur le repli sur soi "n’encouragera pas davantage les investissements. Cinquième région exportatrice l’an dernier (47,3 milliards, dont les trois quarts au sein de l’Union européenne), deuxième région importatrice (56,5 milliards), le Nord - Pas-de-Calais est aussi la deuxième région française pour les investissements directs étrangers : un salarié sur neuf – soit près de 100 000 personnes– est embauché dans une société à capitaux étrangers. L’Europe y contribue largement : la Belgique et l’Allemagne figurent en tête des pays investisseurs, devant les États-Unis." 

C'est vrai que le FN se contredit régulièrement pour tenter d'atténuer certaines de ses déclarations. "Les milieux culturels s’inquiètent ? Elle (MLP) cajole : «Chaque artiste doit être respecté et la création sera accompagnée autant que cela est possible », dit-elle. Mais au cours du mandat précédent, le FN a proposé de couper les financements du Fresnoy et de l’Institut du monde arabe à Tourcoing, d’Attacafa qui organise la fête de la soupe à Lille, du Fonds régional d’art contemporain à Dunkerque. Fini aussi le volet identitaire fermé du programme de 2010, quand la candidate refusait « de soutenir les fêtes et manifestations qui ne sont ni françaises ni nordistes » ».
"On se rappelle que pendant cinq ans, amendement après amendement, le FN a argué que l’économie sociale et solidaire ne constituait pas une « priorité régionale au regard de la situation de l’emploi ». Quant à la transformation écologique, le FN la désignait depuis cinq ans comme un « gadget des pseudo-écologistes », mais il trouve désormais très opportun de financer les travaux d’isolation des particuliers, un dispositif lancé par l’exécutif sortant... "


A suivre

dimanche 29 novembre 2015

COP 21 : un espoir quand même ?


A la veille de cette 21 ème conférence des parties (COP 21), tout en gardant l'espoir d'un accord, il me paraît évident que tant que des réponses n'auront pas été apportées aux questions suivantes, la prise de conscience de la catastrophe annoncée ne pourra être suivie d'effet :
- pourquoi les 50% les moins pollueurs devraient-ils payer pour les 1% les plus pollueurs ?
- combien de temps encore subventionnerons-nous les ressources fossiles ?
- quand les Etats s’élèveront-ils contre le diktat des multinationales pétrolières et contre les états producteurs de pétrole, assis sur une manne pétrolière dont la fin est proche ? 
- quand envisagera-t-on un autre mode développement, non basé sur le profit, la surconsommation et la sacro-sainte hausse du PIB ?






Paris, au cœur de l’espoir climatique
LE MONDE | 28.11.2015 Par Jérôme Fenoglio (Directeur du "Monde")



Editorial du « Monde ». Ce qui va se décider à Paris, du 29 novembre au 11 décembre, n’est rien de moins que le prochain chapitre de l’histoire géologique de notre planète. Il s’agit du premier de nos biens communs : notre irremplaçable cadre de vie. Il déterminera, pour les prochaines décennies, la stabilité des sociétés, le bien-être et la sécurité d’existence de milliards d’êtres humains.
Tel est l’objet, l’ambition, de la conférence internationale inédite qui s’ouvre dans la capitale française. Inédite d’abord par l’aréopage rassemblé – 150 chefs d’Etat et de gouvernement accompagnés par les délégations des 195 Etats parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Inédite aussi, et surtout, par l’ampleur de l’enjeu.

Cet accord succédera au protocole de Kyoto
Il est considérable. Le 11 décembre au soir, à l’issue de la 21e Conférence des parties à la CCNUCC (COP21), ce sont les contours du prochain accord international sur le changement climatique qui seront dessinés. Celui-ci devra succéder, dès 2020, à un protocole de Kyoto moribond, jamais ratifié par les uns, finalement déserté par les autres, et qui n’est pas parvenu à infléchir les émissions mondiales de gaz à effet de serre. Elles se poursuivent à un rythme effréné, qui surpasse jusqu’à présent les scénarios les plus sombres imaginés par les scientifiques.
Les chiffres sont connus. Aujourd’hui, la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone (CO2), le principal gaz à effet de serre émis par l’homme, est à un niveau jamais atteint depuis le pliocène, il y a plus de deux millions et demi d’années. La température de l’année en cours sera, pour la première fois, supérieure de 1 °C au niveau préindustriel.
A Paris, au cours des deux prochaines semaines, la communauté internationale devra s’entendre sur l’ambition des réductions d’émissions et les leviers économiques à actionner pour y parvenir. Au sein de cette communauté, les pays du Nord doivent se donner les moyens de réparer, vis-à-vis du monde en développement, cette injustice : responsables historiques de la plus grande part du problème, ils n’en sont pas – et n’en seront pas – les principales victimes.

Rassembler le monde civilisé derrière des valeurs communes
Pour l’heure, une part du chemin a été parcourue. Mais on est encore loin du compte. Les intentions jusqu’ici affichées par les Etats ne suffisent pas, tant s’en faut, à écarter le danger. A s’en tenir aux promesses jusqu’ici sur la table, l’atmosphère terrestre sera plus chaude de quelque 3 °C avant la fin du siècle. Dans ce monde-là, un été caniculaire comme celui enduré par l’Europe en 2003 serait un été normal. Et ce n’est là qu’un effet attendu parmi beaucoup d’autres.
Pour conserver une chance raisonnable de demeurer sous 2 °C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle, la plus grande part des hydrocarbures récupérables devra demeurer dans le sous-sol. Si leur exploitation se poursuit au rythme actuel, la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre atteindra, autour de 2030, la limite à ne pas franchir. 2030, c’est-à-dire demain.
Toutefois, rien de solide ne se construit sur la peur et le désespoir. Il faut parier sur la capacité d’adaptation des sociétés, leur résilience, leur faculté à produire de l’innovation sociale et culturelle. La créativité scientifique et l’ingéniosité industrielle ont aussi un rôle crucial à jouer. Mais il faut pour cela avoir le courage de contrarier des monopoles anciens, diriger avec clairvoyance les investissements, amoindrir certains intérêts et en favoriser d’autres. La lutte contre le réchauffement est aussi, peut-être, le moyen de rassembler le monde civilisé derrière des valeurs et un objectif communs.
Après avoir été placée, dans la foulée des tueries du 13 novembre, au centre de la compassion du monde, la capitale française est désormais le cœur d’un espoir immense. L’Histoire portera un regard sévère sur les reniements et les promesses non tenues. Les chefs d’Etat et de gouvernement réunis au Bourget doivent le garder à l’esprit : ce ne sont pas seulement les yeux de leurs administrés et de leurs électeurs qui sont braqués sur eux, mais aussi ceux de leurs propres enfants et petits-enfants. Eux aussi seront, comme nous tous et pour longtemps, les légataires de l’accord de Paris.







samedi 28 novembre 2015

Les valeurs de la République, selon le Front national

Le Front national méconnaît les valeurs de la République. Ainsi, concernant notre fameux triptyque républicain,  jamais vous n'entendrez dans la bouche de M. Le Pen les références de liberté, égalité, fraternité. Et pour cause, puisqu'elle les bafoue. Quelques exemples :

- la LIBERTÉ : la liberté de la presse est régulièrement mise en cause. Elle décide de ne pas participer à une émission ("des paroles et des actes") parce que le "casting" ne lui plait pas. Elle décommande, à  la dernière minute, un interview avec un journal (Métronews), car la ligne électorale de ce média lui déplaît. On lui démontre dans une émission de radio (France-Inter) qu'elle a manipulé une phrase d'une ministre, alors elle quitte le studio ! Comportement inadmissible, indigne d'une candidate à la présidence de la République ! 

- l’ÉGALITÉ : à Hénin-Beaumont, une association (Secours populaire français) se voit privée de subvention parce qu'elle serait proche de l'opposition. Cette inégalité de traitement, c'est de la discrimination... Comme est discriminatoire le principe de "préférence nationale" que le FN entend mettre en oeuvre dans les politiques publiques. Le FN a, d'autre part, voté, au Parlement européen, en mars de cette année, contre un texte sur l'égalité hommes-femmes (faut dire qu'on y parlait de contraception et d'avortement)...

- la FRATERNITÉ : "le FN n'est pas le nom de la fraternité" (Henri Guaino). Pas de solidarité (préférence nationale), supériorité de la civilisation chrétienne sur toute autre, pas de mélange de sangs, pas de compassion pour les migrants (économiques ou politiques), le FN n'a de  cesse de dresser les Français les uns contre les autres...

Au triptyque républicain ainsi rappelé, on a ajouté la LAÏCITÉ, ce combat pour séparer les religions et l'Etat, les premières ne devant pas empiéter sur les prérogatives de la puissance publique, ce que l'Eglise catholique avait pendant longtemps pratiqué. Le FN brandit haut la laïcité, mais pour lui, ce concept est détourné de son sens. Ainsi, Robert Ménard, le maire de Béziers, laisse s'installer une crèche dans son hôtel de ville. D'autres maires FN viennent, d'ailleurs, de démissionner de l'association des Maires de France qui avait exclu cette entrave à la laïcité dans un vade-mecum sur les bonnes pratiques de la laïcité. De même, MLP s'était élevée contre les prières de rue de Musulmans, sans jamais mettre en cause les processions chrétiennes. Marion Maréchal Le Pen a fustigé les Protestants en assimilant la Réforme et l'occupation allemande ! Car, rappelons-le, la laïcité c'est aussi protéger les religions en empêchant toute discrimination envers l'une d'entre elles, et c'est également permettre à ceux qui les pratiquent de pouvoir le faire sans entrave...

Enfin, nul n'ignore que, en ces temps de réchauffement  climatique qui mettent en péril l'existence de l'Humanité, le devoir de notre République est de décider de mesures pour prévenir la catastrophe annoncée. Avez-vous déjà entendu M. Le Pen prononcer les mots de développement durable, d'écologie ou d'environnement ? Sait-on que, dans une ville comme Hénin-Beaumont, soi-disant vitrine du FN, il n'y a pas d'adjoint à l'environnement, ce qui doit être un cas unique en France pour une ville de cette importance (27 000 habitants). Dans une région ou MLP est candidate pour les élections des 6 et 13 décembre, le programme du FN ne prévoit rien sur le sujet alors que cette région (comme d'autres) s'est impliquée, depuis longtemps, fortement sur ces thèmes. Comment une candidate déclarée aux élections présidentielles peut-elle ignorer ce qui est un problème majeur de notre société universelle ? Cela confine à l'irresponsabilité !

vendredi 27 novembre 2015

Faut bien rire, quand même !


Deux semaines depuis les attentats et pas d'envie de faire de l'humour... Alors aujourd'hui, je m'y remets, persuadé que c'est le meilleur remède contre l'anxiété ambiante. 


- Origine inconnue :




- Origine inconnue (mais d'autres parlent de 72 000 vierges). Selon certaines rumeurs, le Jihad pourrait perdre ses adeptes sous peu et prendre fin ...
En effet, une erreur de traduction a été découverte dans le Coran : un musulman mort au combat ne serait pas accueilli au paradis par 72 vierges, mais par une vierge de 72 ans...
Cette regrettable erreur proviendrait du fait qu'ils effectuent la lecture de droite à gauche...

- Lu sur facebook : pavoiser le drapeau français, l'analyser plutôt avant. Bleu et rouge : parisianisme centralisateur, blanc : monarchie absolue. Est-ce bien à jour tout ça ?!

- Lu également sur Facebook : En moins d'un mois, Hollande passe d'un café chez Lucette à une bouffe avec Obama. On comprend mieux le bond de sa cote de popularité.


Nord Press. Belgique

Dans son objectif de lutte contre le groupe terroriste état islamique, le ministre de la défense Steven vandeput a annoncé que le « Léopold II », le seul porte-avion belge, venait d’être déployé au large de la Syrie.
Le porte-avion, qui peut embarquer un F16, permettra à la Belgique de tenir sa promesse faite au dernier conseil de sécurité de l’ONU.
Les frappes devraient commencer sous peu. En tous cas lorsque le carburant sera acheminé jusque là, ce qui nécessitera un 2ème porte-avion, en cours de construction.

- "Le problème avec les citations sur Facebook, c'est qu'il est difficile de savoir si elles sont authentiques" Napoléon Bonaparte. Origine inconnue, mais on retrouve aussi : « Le problème avec les citations sur Internet, c'est qu'on ne peut jamais vraiment savoir si elles sont authentiques. » Abraham Lincoln. Origine toute aussi inconnue ! 

- Vous ne savez peut-être pas, mais les Autobus Artésiens sont en grève depuis 3 semaines. Titre première page Nord-Eclair édition Béthune de ce matin : "Bus Artésiens : un appel aux dons des grévistes"; Un appel aux dons pour qui ? Explication en page 3 : "les grévistes des AA lancent un appel aux dons". Ouf, j'ai compris : c'est pour eux-mêmes ! Logique, non ?

- "La noix d'honneur du Canard enchaîné" de mercredi : "Obtenue haut la main par le prédicateur musulman Hani Ramadan, frère de Tariq. Interrogé sur ce qu'il pensait des attentats au lendemain du 13 novembre, le directeur du Centre islamique de Genève a parlé de "crimes odieux", avant de développer sa pense, quatre jours plus tard, sur le site "Conspiracy Watch" (21/11), avec cette recommandation : "Commençons par surveiller le Mossad".
Bon sang, mais c'est bien sûr, c'est la faute des services israéliens !"

jeudi 26 novembre 2015

La laïcité selon le Front National

La présence des crèches — ou non — dans les mairies continue de faire réagir. Les maires FN de Cogolin, Fréjus et Luc-en-Provence ont annoncé, mercredi 25 novembre, leur départ de l’Association des maires de France (AMF) en réaction à sa préconisation d’interdire les crèches dans les mairies.
« Marc-Etienne Lansade, David Rachline et Patricia Zirilli protestent contre l’abandon de toutes nos traditions et la coupure avec nos racines culturelles, et ne souhaitent plus faire partie d’une association qui, sous prétexte de respecter la laïcité, bafoue la culture et les traditions de notre pays. »
L’AMF a publié son guide de « bonne conduite laïque », à destination des élus locaux, qui écarte notamment les crèches ou les menus confessionnels. Depuis, la polémique ne cesse d’enfler parmi les élus défendant la mise en place de crèches au sein des mairies comme une tradition chrétienne. Dans son communiqué, le FN dit :
« A quand l’interdiction de la procession votive, pendant nos Bravades à Cogolin et à Fréjus ? Les élus du Front national défendent avec fermeté le principe de laïcité, mais ils n’ignorent pas l’histoire. Il est incontestable que le christianisme est une expression de la culture française. »
Une polémique avait eu lieu fin 2014 lorsque le tribunal administratif de Nantes avait obligé le conseil général de la Vendée à démonter la Nativité qu’il installait chaque année dans le hall de l’hôtel du département.
Décidée en novembre 2014, l’élaboration d’un guide de bonne conduite par l’AMF avait été accélérée en janvier 2015, après les attentats contre Charlie Hebdo et le supermarché Hyper Cacher.(extraits du Monde du 25/11)

On aura bien compris que la laïcité, au FN, est à géométrie variable : quand cela met en cause le catholicisme (je ne dis pas le christianisme, vu les déclarations incroyables de Marion Le Pen sur le protestantisme), c'est du culturel (patrimoine). Quand il s'agit de l'islam, c'est une atteinte grave aux fondements de notre civilisation. On comprend la manœuvre... électorale. Il faut préserver l'électorat catho traditionnel (qui est contre le mariage pour tous, l'avortement, la contraception et contre la loi sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat...). 
Le texte de l'AMF a fait l'objet de longs travaux, d'auditions multiples et d'un consensus... républicain. Non seulement le FN n'est pas républicain (j'y reviendrai), mais, de plus, il n'est pas démocrate, puisque ses maires, pas d'accord, ont décidé de quitter cette association. C'est comme leur cheffe qui quitte des émissions de radio (France-Inter), décline des émissions parce qu'elle n'est pas d'accord sur le casting (Des Paroles et des Actes) ou refuse, à la dernière minute, un interview avec un journal dont elle n'apprécie pas les prises de position. Vous imaginez un président de la République (puisque c'est la fonction que MLP ambitionne) agissant ainsi, au mépris de la liberté d'opinion... 
Je reviendrai, demain, sur ce vade-mecum de bonnes pratiques laïques de l'AMF qui "a pour objectif de fournir aux élus locaux un guide de « bonne conduite laïque » reprenant l’état du droit existant (textes et jurisprudences) sur les thématiques abordées ainsi que les préconisations adoptées par les instances pluralistes de l’AMF sur chacun de ces thèmes. Il recense également les saisines et interpellations faites par l’AMF auprès des pouvoirs publics en juillet 2015."

A suivre





mercredi 25 novembre 2015

La liberté d'expression selon MLP...

Après des paroles et des actes, le caprice de M. Le Pen envers Métronews

25-11-2015 10:11 Métronews

LAPIN - Dans le cadre des élections régionales, metronews devait réaliser mardi un entretien avec Marine Le Pen, présidente du Front national et candidate dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Ce rendez-vous programmé depuis trois semaines devait se tenir au Parlement européen de Strasbourg, où elle est députée. Sauf que le jour J, l'intéressée a tout annulé... invoquant soudainement la "ligne partisane" de Métronews.

Le rendez-vous est fixé depuis trois bonnes semaines et devait se tenir ce mardi 24 novembre, à 14h30, dans ses bureaux du Parlement européen, à Strasbourg. Marine Le Pen, présidente du Front national, ne nous y reçoit pas comme députée européenne, mais comme tête de liste régionale dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie, cette grande région de 6 millions d'habitants où des sondages la donnent possible gagnante le 13 décembre.

Son agenda chargé a voulu que nous la retrouvions non pas à Lille, ni à Beauvais, ni à Hénin-Beaumont, mais à Strasbourg. L'échange, filmé, était censé durer "25 minutes, pas plus", avait prévenu, au téléphone, son attachée de presse au Parlement. Le temps est précieux : ce mardi, les députés européens tenaient leur première session depuis les attentats de Paris. Message reçu. Notre entretien devait être concis : il devait permettre aux électeurs du Nord de se faire, enfin, une idée du programme que la candidate FN a présenté pour la première fois, la veille, lors d'un meeting à Amiens, à deux semaines seulement du scrutin, dans un contexte politique bouleversé par les attaques meurtrières du 13 novembre.
La "ligne partisane" de metronews
Puis, ce mardi, patatras. La punition est tombée vers 11 heures, alors que nous nous acheminions vers le Parlement. "Cette interview ne peut pas avoir lieu", nous annonce, un peu martiale, et assez embarrassée, la collaboratrice de Marine Le Pen au téléphone. La veille encore, c'est elle qui nous sollicitait pour caler "les derniers détails" de la rencontre. Et là, à quelques centaines de mètres seulement du Parlement, nous apprenons que l'interview est annulée. Un procédé qui rappelle furieusement l'annulation à la dernière minute, le 22 octobre dernier, de sa participation à l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2. 

Un motif tombe du ciel : "La ligne partisane" dont metronews aurait fait preuve dans "certains articles" aurait provoqué une "rupture du rapport de confiance" entre notre rédaction et la présidente du FN. Quels articles, s'enquiert-on ? La porte-parole de Marine Le Pen est manifestement incapable de les citer. Nous sollicitons alors Alain Vizier, le porte-parole du FN. "Ah bon ? Je ne suis pas au courant", s'exonère-t-il, manifestement peu ému. "Désolé, je ne peux rien faire, je suis à Paris. Voyez avec l'attachée de presse au Parlement." Laquelle, de plus en plus ennuyée, choisit finalement d'agiter la carotte après le bâton. "Vous savez, c'est une question de temps. Il s'agit de restaurer la confiance", nous encourage-t-elle. Et de laisser miroiter, généreusement, une entrevue prochaine avec la présidente du FN. A condition d'être sage, cela va sans dire.


Nos questions... sans réponses

Alors, à défaut de refaire l'aller-retour entre Paris et Strasbourg d'ici le 6 décembre - il y a d'autres candidats aux élections régionales - nous relayons ci-dessous quelques unes de ces questions que nous avions préparées - évidemment non soumises à l'avance. Le seul hic, c'est que sans réponse, elle paraissent tout de suite... un tantinet abruptes et "partisanes".

1) Vos colistiers ont détaillé des propositions pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Vous-même, pourtant, privilégiez des thèmes qui ne relèvent pas de la compétence régionale : fermeture des frontières, audit des employés soupçonnés de radicalisation (fichiers S), instauration d'une police des transports, baisse des impôts... Vous êtes-vous trompée d'élection ?

2) Vous vous référez souvent à la gestion d'Hénin-Beaumont, 26000 habitants, par le maire FN Steeve Briois. Cet exemple est-il suffisant pour démontrer aux électeurs du Nord que vos équipes sauront gérer une collectivité de 6 millions d'habitants ?

3) Parmi les propositions du FN, on trouve celles-ci : promotion des filières courtes dans l'agriculture, alimentation "bio" dans les cantines, "relocalisation" des emplois régionaux via les marchés publics, vidéosurveillance dans les transports... Toutes ces propositions sont faites par d'autres formations politiques. Sur les sujets régionaux, le FN a-t-il quelque chose de différent à proposer ?

4) Comment concevez-vous l'agenda d'un responsable politique qui serait à la fois président de région, président de parti, député européen et candidat à une élection présidentielle ?
Toutes les réponses seront, bien sûr, les bienvenues.

Vous trouvez que des élus FN, c'est sérieux ?

Bons élèves ou bonnets d'âne ? Testez l’assiduité de vos conseillers régionaux



On notera surtout que le taux d'assiduité en Nord-Pas-de Calais (81%) des conseillers régionaux est inférieur à la moyenne nationale (88%). La faute au FN et à la droite qui ont des taux médiocres de présence : respectivement 82% et 76%.

Deux des prétendants à diriger la région ont des présences aux antipodes l'un de l'autre. Pierre de Saintignon a répondu 56 fois présent sur 61 convocations (92%), et Marion (dite Marine) Le Pen  a manqué 20 fois sur 61 convocations (66% de taux de présence !)

En Picardie, faisant maintenant partie de la Grande région NPDCP, le groupe le moins assidu, lors de la dernière mandature, était le FN (84%), avec comme bonnet d'âne, Wallerand de Saint-Just, tête de liste dans la région parisienne.

Xavier Bertrand n'était pas conseiller régional dans la dernière mandature...

mardi 24 novembre 2015

Réchauffement climatique et insécurité...

Au premier abord, lier les attentats terroristes et le réchauffement climatique peut surprendre, pour ne pas dire plus. 
Pourtant, dès aujourd'hui, les liens sont évidents. Bien sûr, il s'agit d'une des causes, à côté des autres (religieuse, économique, sociale, politique, etc), mais l'avenir pourrait multiplier les vagues d'émigration des pays les plus touchés par le réchauffement climatique : songez aux terres arides, aux subversions marines, à la rareté de l'eau potable... 
A l'origine de l'émigration syrienne, se trouve une crise agricole affectant 1,3 million de Syriens, touchés par la sécheresse, dans le nord-est du pays, une grande partie ayant reflué vers des zones urbaines surpeuplées... Vous lirez, ci-dessous, comment le réchauffement des eaux diminuent le nombre de planctons et... augmente, ainsi, les actes de piraterie. Preuve donc que climat et insécurité sont liés.
Or, les prévisions de réchauffement,  pour la fin de ce siècle, se situent entre 2 et 7 degrés et toucheront dramatiquement les pays du sud et des chiffres affolants (250 millions !) de réfugiés climatiques circulent. 
D'où l'obligation qui s'impose à l'ensemble des pays de trouver une solution pour juguler cette augmentation de température. C'est l'objectif de la COP21 qui se réunit à Paris à partir du 30 novembre. 2 degrés d'augmentation moyenne semble être le chiffre qui fasse consensus : quels seront donc les engagements de la communauté internationale pour tenter d'éviter cette déstabilisation mondiale que constitueraient des centaines de millions de réfugiés ? 


Climat d'insécurité

© Le Monde 24/11/2015

C'était bien évidemment la question piège. Samedi 14  novembre, sur la chaîne de télévision CBS, l'animateur du débat entre les prétendants à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle américaine a demandé à Bernie Sanders s'il pensait toujours que le changement climatique était "  la menace la plus importante pour la sécurité des Etats-Unis  ", comme il l'avait déclaré quelques semaines auparavant. La question est presque rhétorique. La veille, Paris était ensanglantée par des attaques terroristes d'une brutalité inédite en France. L'"  urgence climatique  " semble reléguée, depuis, à une question vaguement subsidiaire.
M. Sanders a pourtant répondu qu'il maintenait "  absolument  " son opinion. "  En fait, le changement climatique est directement lié à l'augmentation de la menace terroriste (…), a-t-il expliqué. Si nous n'écoutons pas ce que les scientifiques nous disent, nous allons voir des pays tout autour du monde – c'est ce que dit la CIA  se battre pour l'accès à l'eau, pour l'accès aux terres arables, et nous verrons surgir toutes sortes de conflits.  "

Certitude incommodante
Tirer un lien entre sécurité et changement climatique en fait sourire certains. Ce lien est pourtant une certitude, et une certitude suffisamment incommodante pour être systématiquement oubliée et régulièrement redécouverte.
En mars  2008, le haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité transmettait aux Etats membres un rapport sans ambiguïté sur le sujet. Sept ans après sa rédaction, force est de constater son caractère prémonitoire. Le texte estimait que le réchauffement agit comme un "  multiplicateur de menaces  " dans des zones déjà traversées par des tensions sociales, politiques, religieuses ou ethniques.
"  Les changements climatiques risquent d'avoir, à l'avenir, des incidences sur la stabilité sociale et politique au Proche-Orient et en Afrique du Nord  ", détaillait le rapport, qui pointait "  les tensions liées à la gestion des ressources hydriques de la vallée du Jourdain et du bassin du Tigre et de l'Euphrate, qui se raréfient  " et l'aggravation de ces tensions par l'augmentation des températures.
Il mettait aussi l'accent sur "  une augmentation sensible de la population du Maghreb et du Sahel  " au cours des prochaines années qui, combinée au changement climatique et à la diminution des surfaces agricoles, pourrait entraîner une "  déstabilisation politique  " et "  accroître les pressions migratoires  ". Même alerte sur le Yémen.
De manière troublante, presque toutes les zones identifiées en  2008 comme les plus sensibles au réchauffement – de la Mésopotamie au Levant en passant par le Yémen, le Sahel et l'Afrique du Nord – ont basculé sept ans plus tard dans l'instabilité ou le chaos, chaos dont les attentats de Paris sont le monstrueux rejeton.
Le cas syrien, en particulier, a fait l'objet de plusieurs travaux, cherchant la part prise par le climat dans la situation actuelle. Francesca de Châtel (université Radboud de Nimègue, aux Pays-Bas), spécialiste des questions de gestion de l'eau au Proche-Orient, en a livré une chronique saisissante, publiée en janvier  2014 dans la revue Middle Eastern Studies. Le scénario combine un cauchemar environnemental à une incurie à peu près totale du gouvernement syrien dans la gestion de ses conséquences.
Entre 2007 et 2010, favorisée par le réchauffement en cours, une sécheresse d'une sévérité jamais vue depuis le début des relevés météorologiques s'installe sur la région. Les Nations unies estiment que 1,3  million de Syriens en sont affectés. En  2008, pour la première fois de son histoire, la Syrie doit importer du blé. L'année suivante, plus de 300  000 agriculteurs désertent le nord-est du pays faute de pouvoir poursuivre leur activité. Car non seulement il ne pleut pas, mais un grand nombre de nappes phréatiques, surexploitées depuis les années 1980, sont à sec… En  2010, 17  % de la population syrienne est en situation d'insécurité alimentaire.
Bien sûr, les déterminants environnementaux n'invalident nullement les autres – religieux, politiques, ethniques, etc. –, habituellement mis en avant. Mais leur rôle est clair  : comment penser que la destruction partielle de la production primaire d'un pays puisse être sans effet aucun sur sa stabilité et la sécurité de ses voisins  ?

Grilles de lecture
Dans une étude publiée en mai dans Journal of Development Economics, Matthias Flückiger et Markus Ludwig, de l'université de Bâle, en Suisse, donnent une illustration extraordinaire de ce lien entre environnement et sécurité. Les deux économistes ont analysé les données relatives aux actes de piraterie au large d'une centaine de pays, et à l'abondance de plancton dans les mêmes eaux. Selon leurs calculs, lorsque la quantité de plancton baisse de 10  %, le nombre d'actes de piraterie augmente d'autant…
Parce qu'elle est étrangère à nos grilles de lecture habituelles, cette corrélation peut surprendre, mais elle n'est pas si étonnante. Le plancton – affecté par le réchauffement – forme le socle de la chaîne alimentaire marine  : lorsqu'il vient à manquer, ce sont les pêcheries qui trinquent. Les pêcheurs se retrouvent alors avec des bateaux qui ne peuvent plus servir à pêcher. Il faut donc trouver une autre activité permettant de les amortir, et la piraterie en est une.
En frappant Paris, l'organisation Etat islamique (EI) a remis le court terme au centre de l'agenda politique. La conférence décisive sur le climat, qui doit s'ouvrir le 30 novembre dans la capitale française, est passée au second plan. Pour la lutte contre le réchauffement, c'est une mauvaise nouvelle. On aura compris que, pour l'EI et tous ceux qui prospèrent sur le désespoir des plus pauvres, c'est une formidable victoire.

Stéphane Foucart


lundi 23 novembre 2015

Sans laïcité, pas de République !

Marianne Mardi 03 Février 2015

Elisabeth Badinter : "Je ne pardonne pas à la gauche d'avoir abandonné la laïcité"   

"Marianne" consacre un hors-série à la laïcité qui rassemble une sélection de grands textes sur le sujet signés de figures historiques comme Clemenceau, de Gaulle, Gambetta ou encore Hugo. Ce trimestriel réunit aussi des textes inédits comme cet entretien d'Elisabeth Badinter qui juge "désolant" le pouvoir accordé par la gauche aux curés, imams et rabbins et dénonce les lâchetés des socialistes depuis vingt-cinq ans à propos du voile.



Marianne : En 1989, lors de la première affaire médiatisée de voile à l’école, à Creil, vous avez, avec quelques autres, lancé dans le Nouvel Observateur un appel à défendre la laïcité. Où en sommes-nous un quart de siècle plus tard ?
Elisabeth Badinter : Il s’est produit un renversement à gauche sur la laïcité, produit d’une gêne considérable face à la montée de l’islamisme. Tétanisée à l’idée d’être taxée de stigmatisation d’une population d’origine immigrée, la gauche s’est empêchée de traiter cette situation nouvelle, mais pas si différente de l’affrontement avec l’Eglise un siècle plus tôt. C’est la phrase stupéfiante de Lionel Jospin à l’Assemblée : « Nous essaierons de les convaincre d’ôter ce signe religieux, mais, si elles ne veulent pas, nous les accepterons. » La gauche, à rebours de sa longue tradition, admettait que la religion entre à l’école publique, et son Premier ministre se défaussait sur l’avis du Conseil d’Etat qui l’organisa.
Etait-ce un oubli du sens de la laïcité ou une décision d’y mettre un terme ?
Je ne crois pas à l’oubli. Si cela avait été une provocation de catholiques intégristes avec de grosses croix, cela ne se serait pas passé ainsi. Le complexe de culpabilité face à des populations symbolisant les anciens colonisés a été le plus fort dans cette génération de socialistes qui ont ainsi favorisé, dans leurs propres rangs, la montée du communautarisme, cette idée que tous les rituels culturels ou religieux, y compris les plus intégristes, sont respectables et doivent être respectés.
 A cette époque, je me suis sévèrement fait taper sur les doigts pour délit d’« ethnocentrisme » par Mme Mitterrand et Jack Lang parce que je combattais l’acceptation de la polygamie et de l’excision ! Nous n’en sommes heureusement plus là, mais il me semble aussi désolant que la gauche accorde un tel pouvoir aux curés, aux imams et aux rabbins : c’est religieux, c’est sacré ! Ce fut un choc, à l’époque, de se découvrir soudain minoritaire à gauche.
Pourquoi cette minorité, dont vous faisiez partie à gauche, est-elle restée fidèle à sa tradition laïque ?
Il y a plusieurs raisons en ce qui me concerne. Je suis d’abord, philosophiquement, universaliste. Je crois aux bienfaits des valeurs universelles : on a toujours intérêt à mettre en avant nos ressemblances plutôt que nos différences. Je ne crois pas à la différence heureuse.
Ensuite, je suis juive : l’histoire familiale m’a appris que l’on avait tout intérêt à ne former qu’une seule humanité. Je regrette d’ailleurs que, en réaction à l’abdication de la laïcité face à l’intégrisme musulman, la partie communautariste des juifs se soit renforcée, développant le port de la kippa en public, et que certains catholiques réagissent de même, comme on vient de le voir à propos des crèches dans les mairies.
Enfin, je suis féministe et je me méfie extraordinairement du pouvoir des religieux et de leur vision de la femme. Que l’on impose aux femmes de cacher leurs cheveux parce que des hommes les tiennent responsables d’un désir sexuel qu’ils ne savent pas maîtriser me fait bondir. Il m’est insupportable que la gauche l’accepte, notamment au sein de l’école publique, censée avoir pour objectif de développer la raison et de lutter contre les préjugés ! 

Le pire de cette gauche communautariste est d’avoir accepté le concept d’« islamophobie » – qui a foutu en l’air le principe de laïcité, car s’élever contre des signes religieux devenait un crime – et l’invention de ce terme au sens propre insensé de « racisme anti-musulman ». D’où l’intimidation, qui a fonctionné sur de plus en plus de gens à gauche, se taisant par peur d’être dénoncés parce que la laïcité, devenue synonyme d’islamophobie, a été abandonnée à Marine Le Pen. Cela, je ne le pardonne pas à la gauche. On est passé du cogito ergo sum – « Je pense donc je suis » - au credo – « Je crois, donc j’existe »… C’est une trahison bouleversante pour ma génération, qui avait une autre conception de l’école comme outil d’émancipation, en particulier des filles. 
Le pire de cette gauche communautariste est d’avoir accepté le concept d’« islamophobie » – qui a foutu en l’air le principe de laïcité, car s’élever contre des signes religieux devenait un crime – et l’invention de ce terme au sens propre insensé de « racisme anti-musulman ». D’où l’intimidation, qui a fonctionné sur de plus en plus de gens à gauche, se taisant par peur d’être dénoncés parce que la laïcité, devenue synonyme d’islamophobie, a été abandonnée à Marine Le Pen. Cela, je ne le pardonne pas à la gauche.
Ce revirement, empreint de gêne et de malaise, n’est pas franchement revendiqué : durant ces vingt-cinq années, la plupart des élus de gauche ont voté ou ne se sont pas opposés – se réfugiant dans l’abstention – aux lois de laïcité proposées par la droite…
Parce que, globalement, la gauche n’est pas au clair, qu’il n’y a plus de position majoritaire en son sein sur le sujet et qu’elle fait tout pour ne pas en débattre franchement. D’abord par manque de courage. Sur l’interdiction de la burqa, par exemple, il y avait à l’Assemblé nationale des pour et des contre qui ne s’assumaient pas : c’est pour cela qu’à sept exceptions près, ils se sont tous abstenus… Ce manque de courage prend de plus en plus la forme du déni : pour avoir la paix, on pense qu’il suffit de nier les problèmes. Comme la position comique du nouvel Observatoire de la laïcité, cet édredon qui a remplacé le Haut Conseil à l’intégration : il n’y a pas de problèmes, c’est vous qui les inventez, c’est pas si grave…
Mais il ne faut pas sous-estimer dans cette hésitation le rôle du calcul politique, électoral : le Parti socialiste a quand même gagné les élections avec les voix des musulmans des banlieues, donc, après les effets de la théorie du genre, ce n’est pas le moment de se les mettre à dos ! C’est pourquoi on laisse la laïcité, déjà bien attaquée par Sarkozy, se vider de son contenu originel : « laïcité ouverte », « laïcité positive » : la laïcité aujourd’hui, c’est « chacun fait ce qu’il veut » et, au nom de la religion, « on a tous les droits ». Le comble est de voir des défenseurs de la laïcité plaidant pour que les religions soient plus discrètes se faire traiter d’« ayatollahs de la laïcité » ou de « laïcards », le terme de Maurras… Voilà pourquoi pour les mères voilées en sortie scolaire, on recommence comme en 1989 : la gène, la confusion et la défausse sur les juges au nom du « cas par cas » !
Vous n’êtes guère optimiste sur l’avenir…
Je suis moins optimiste à court terme qu’à moyen terme. Je pense que l’on va redécouvrir que l’on ne peut pas se passer du concept de laïcité, nécessité absolue pour la paix sociale entre personnes d’origines différentes. Les religions peuvent devenir des facteurs de guerre épouvantables, on en a d’ailleurs la preuve tous les jours dans le monde. Et il y a une telle exaspération qui monte à l’égard des exigences des uns et des autres, de la constitution de séparatismes culturels revendiqués – par exemple pour éviter de côtoyer « l’impureté » – que l’observation rigoureuse des règles laïques va redevenir un impératif pour le bien commun, pour vivre en paix les uns avec les autres.
Propos recueillis par Eric Conan

dimanche 22 novembre 2015

Essayons maintenant de réfléchir sur les événements des derniers jours...



Lisez l'entretien avec Marcel Gauchet qui situe l'origine du fondamentalisme islamique dans la sortie du religieux. Je rappelle que M. Gauchet est des penseurs français les plus écoutés et son point de vue ne laisse jamais indifférent...
Wikipédia: philosophe et historien français né en 1946 à Poilley (Manche). Il est actuellement directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales, au Centre de recherches politiques Raymond Aron, et rédacteur en chef de la revue Le Débat (Gallimard), l'une des principales revues intellectuelles françaises, qu'il a fondée avec Pierre Nora en 1980.


Marcel Gauchet : " Le fondamentalisme islamique est le signe paradoxal de la sortie du religieux "
Pour l'historien, la mondialisation provoque une rupture avec l'organisation religieuse du monde, qui touche de plein fouet l'islam

Historien de la démocratie, Marcel Gauchet explique que l'origine de la violence des terroristes n'est pas -sociale ou économique, mais bien religieuse


Comment penser les attaques du 13  novembre et ce déferlement de haine ?
Cette violence terroriste nous est impensable parce qu'elle n'entre pas dans nos grilles de lecture habituelles. Nous savons que c'est au nom de l'islamisme que les tueurs agissent, mais notre idée de la religion est tellement éloignée de pareille conduite que nous ne prenons pas cette motivation au sérieux. Nous allons tout de suite chercher des causes économiques et sociales. Or celles-ci jouent tout au plus un rôle de déclencheur. C'est bien à un phénomène religieux que nous avons affaire. Tant que nous ne regarderons pas ce fait en face, nous ne comprendrons pas ce qui nous arrive. Il nous demande de reconsidérer complètement ce que nous mettons sous le mot de religion et ce que représente le fondamentalisme religieux, en l'occurrence le fondamentalisme islamique. Car, si le fondamentalisme touche toutes les traditions religieuses, il y a une forte spécificité et une virulence particulière du fondamentalisme islamique. Si le phénomène nous échappe, à nous Européens d'aujourd'hui, c'est que nous sommes sortis de cette religiosité fondamentale. Il nous faut en retrouver le sens.


Les réactivations fondamentalistes de l'islam sont-elles paradoxalement des soubresauts d'une sortie planétaire de la religion ?
Oui, il est possible de résumer les choses de cette façon. Il ne faut évidemment pas réduire la sortie de la religion à la croyance ou à la " décroyance " personnelle des individus. C'est un phénomène qui engage l'organisation la plus profonde des sociétés. La religion a organisé la vie des sociétés, et l'originalité moderne est d'échapper à cette organisation. Or, la sortie de cette organisation religieuse du monde se diffuse planétairement. D'une certaine manière, on pourrait dire que c'est le sens dernier de la mondialisation. La mondialisation est une occidentalisation culturelle du globe sous l'aspect scientifique, technique et économique, mais ces aspects sont en fait des produits de la sortie occidentale de la religion. De sorte que leur diffusion impose à l'ensemble des sociétés une rupture avec l'organisation religieuse du monde. On ne voit pas immédiatement le lien entre le mode de pensée économique et scientifique et la sortie de la religion, et pourtant il est direct. Aussi ne faut-il pas s'étonner que la pénétration de cette modernité soit vécue dans certains contextes comme une agression culturelle provoquant une réactivation virulente d'un fonds religieux en train de se désagréger, mais toujours suffisamment présent pour pouvoir être mobilisé. Mais attention, fondamentalisme n'est pas ipso facto synonyme de terrorisme. Ce sont deux choses qui peuvent fonctionner séparément.


Ne pourrait-on pas voir au contraire dans ce fondamentalisme musulman un réarmement du religieux ?
C'est une hypothèse que l'on peut formuler. Elle me semble démentie par les faits. Les sociétés européennes sont à la pointe, pour des raisons historiques, de la sortie de la religion. Ce sont donc elles qui devraient le plus souffrir de ce manque. Or les Européens peuvent être tourmentés à titre personnel par des questions d'ordre spirituel et beaucoup le sont, mais cette recherche ne prend absolument pas la forme d'un mouvement politique. Bien au contraire. Le spirituel dans les sociétés européennes relève typiquement de la part la plus intime des individus. Il les éloigne de la visée d'une action sur la société. Alors que le vrai fondamentalisme est un projet politique d'inspiration révolutionnaire. Le projet de remettre la religion au pouvoir dans la vie des sociétés, dans le cadre de l'islam, est aisément symbolisé par le retour de la charia, loi embrassant tous les aspects de la vie collective. Le fondamentalisme est un projet radical de société et c'est là toute la différence. C'est pourquoi certains comparent le fondamentalisme à un totalitarisme, ce qui ne me paraît pas éclairant. La religion est autre chose que les idéologies totalitaires qu'on a pu voir à l'œuvre dans notre histoire.


Il ne faut " pas faire d'amalgame ", ne cesse-t-on de répéter. Or ces actes -perpétrés au cri d'" Allahou akbar " - ont-ils tout de même à voir avec l'islam et le moment historique qu'il traverse ?
Evidemment. Pas d'amalgame signifie qu'il ne faut pas incriminer de façon indifférenciée l'islam et accuser tous les musulmans de participer à ce phénomène. Mais, dans l'autre sens, on ne peut pas dire que l'islam n'a rien à voir là-dedans. Je répète que le fondamentalisme n'est pas propre à l'islam, il se manifeste dans toutes les traditions religieuses du monde, sous des formes plus ou moins activistes. Toutefois, on est bien obligé de constater que le fondamentalisme islamique est particulièrement prégnant et vigoureux. Il faut donc s'interroger sur ce lien entre l'islam et ses expressions fondamentalistes. C'est quelque chose que l'on ne peut pas séparer de l'état des sociétés musulmanes et de leur situation particulière, notamment dans la région moyen-orientale.


Pourquoi l'islamisme prend-il cette forme si radicale aujourd'hui ?
Le premier point dont il faut se souvenir pour comprendre l'islamisme, c'est la proximité de l'islam avec nos propres traditions religieuses, juive et chrétienne. Vu d'Orient, du bouddhisme et du confucianisme, l'Occident est très exotique, il est très loin, ce sont deux mondes différents. Vu de l'islam, il est religieusement proche, et la proximité est plus dangereuse que la distance. Dans la proximité, il y a de la rivalité et de la concurrence. Or le tronc monothéiste sur lequel se greffe l'islam le met dans une position très particulière. Il est le dernier venu des monothéismes et se pense comme la clôture de l'invention monothéiste. Il réfléchit les religions qui l'ont précédé et prétend mettre un terme à ce qu'a été le parcours de cette révélation. Cette proximité le met dans une situation spontanément agonistique vis-à-vis des religions d'Occident. Il existe un ressentiment dans la conscience musulmane par rapport à une situation qui lui est incompréhensible. La religion la meilleure est en même temps celle d'une population qui a été dominée par les Occidentaux à travers le colonialisme et qui le reste économiquement. Cette position ne colle pas avec la conscience religieuse que les musulmans ont de leur propre place dans cette histoire sacrée. Il y a une conflictualité spécifique de la relation entre l'islam et les religions occidentales.


Pourquoi ce fondamentalisme fascine-t-il tant une partie des jeunes des cités européennes paupérisées ?
Le message fondamentaliste prend un autre sens une fois recyclé dans la situation de nos jeunes de banlieues. Il entre en résonance avec les difficultés de l'acculturation de cette jeunesse immigrée à une culture individualiste en rupture totale avec ses repères, y compris communautaires, qui viennent de sa tradition religieuse. Une culture individualiste, qui à la fois fascine les plus ébranlés et leur fait horreur, et je pense que c'est le cœur du processus mental qui fabrique le djihadiste occidental. C'est un converti, qui s'approprie la religion de l'extérieur et qui reste souvent très ignorant de la religion qu'il prétend s'approprier. Son aspiration par ce premier geste de rupture est de devenir un individu au sens occidental du mot, en commençant par ce geste fondateur qu'est la foi personnelle. Dans une religion traditionnelle, la foi personnelle compte moins que les rites observés et ce ritualisme est essentiel dans l'islam coutumier. C'est avec ce cadre que brise l'adhésion intensément personnelle du fondamentaliste. En même temps, cette adhésion très individuelle est un moyen de se nier comme individu, puisque l'on va se mettre au service d'une cause pour laquelle on donne sa vie. Cette contradiction exprime une souffrance très particulière, liée à une situation sociale et historique très spécifique. C'est dans cette zone que se détermine la trajectoire de ces jeunes gens qui nous sont si incompréhensibles.


Dans ces quartiers si spécifiques des 10e et 11e arrondissements de Paris, il y avait deux jeunesses qui se faisaient face…
Oui, un premier individualisme parfaitement tranquille, sans questions et qui se vit dans une hyper socialisation, et un second qui est vécu par une jeunesse très contradictoire, à la fois très au fait de cette réalité et complètement déstabilisée par elle. Le choix des cibles est très peu politique, mais très révélateur de ce qui constitue l'enjeu existentiel de ces jeunes. Ils ont tiré sur ce qu'ils connaissent, sur ce à quoi ils aspirent tout en le refusant radicalement. Ils se détruisent de ne pas pouvoir assumer le désir qu'ils en ont.


C'est pour cette raison que vous écrivez que " le fondamentalisme est en dépit de tout et malgré lui une voie d'entrée à reculons dans la modernité " ?
Il ne constitue pas pour moi une menace capable de remettre en question la manière d'être de nos sociétés. Bien sûr, il peut tuer beaucoup de gens, faire des dégâts épouvantables et créer des situations atroces, mais il ne représente pas une alternative en mesure de nous submerger. Affrontons-le pour ce qu'il est, sans lui prêter une puissance qu'il n'a pas.

Propos recueillis par Nicolas Truong
© Le Monde 
22/11/2015