samedi 28 février 2015

Dans la Région...

- Les conseils généraux vont devenir des conseils départementaux et les conseillers généraux, des conseillers départementaux. Certes, c'est plus "parlant". Au moins, le conseil régional est composé de conseillers généraux et les villes de conseillers municipaux... Il paraît que le coût de cette transformation serait élevé : signalétique, correspondance... Depuis que cette réforme est connue, on espère que les gestions de stock ont pris en compte ce changement prévu depuis près d'un an. Il y avait pourtant une solution pour réduire les frais : supprimer les conseils généraux. Leurs compétences auraient été redistribuées dans les intercommunalités, régions et autres pôles métropolitains... Que du bénéfice !

- Beau couac au rectorat de Lille : les enseignants du secondaire auraient reçu un mail leur indiquant qu'ils étaient mutés ! 3 auraient dû être destinataires, 30 000 l'ont été... Acte de terrorisme ? Canular? Vengeance ? Erreur technique ? Ceux qui pourraient être contents d'une telle mutation demanderont-ils l'irréversibilité de cette notification ?

- Le nombre de démissions d'élus municipaux aurait quadruplé entre les élections de 2008 et de 2014, quelques mois après leur entrée en fonction (200 environ dans chacun des 2 départements)! Auraient-ils été mal informés de la tâche à accomplir ? Du fait des nombreux changements de majorité, des listes hétéroclites auraient-elles été constituées, sans véritable projet commun ? 

- Le rapport de la CRC sur l’office public de l’habitat de Calais a donné lieu à des remarques cinglantes : 
* L’office a d’importantes charges de structure, principalement salariales, qui résultent des sureffectifs et des nombreux avantages accordés au personnel.
* La gestion des ressources humaines est largement perfectible. Par exemple, les gardiens d’immeubles et d’autres agents bénéficient de logements dont les modalités d’attribution sont dérogatoires au droit applicable. 
* Malgré une trésorerie importante résultant du sous-investissement chronique de l’office, ce dernier a des capacités financières limitées qui sont absorbées par l’opération ANRU du Beau-Marais. Sa situation financière est désormais critique. La remise à niveau du parc requiert pourtant un volume de financements que l’office ne peut assumer, ni par ses fonds propres, ni par sa capacité d’emprunt réduite, ni par sa politique de loyer, elle-même contenue par la vétusté du parc et les ressources modestes de ses locataires. 
*Des irrégularités : plusieurs marchés soulèvent des observations en ce qui concerne leurs conditions d’attribution ou leur exécution. D’autres achats importants ont été effectués en dehors des règles de la commande publique. Ainsi l’office a fait l’acquisition d’espaces publicitaires dans les publications à diffusion restreinte « contact, bulletin de l’association des anciens combattants des services de renseignement de France et des pays alliés, ex- invisible » et « l’essor de la gendarmerie nationale ». Ces publications ont été décidées unilatéralement par le directeur général sans respecter les règles de la commande publique. Elles ont coûté 315 000 € TTC. Le Préfet a saisi le Procureur...

- Camille Cerf, la "Nordiste" élue Miss France, continue son tour du Nord-Pas-de-Calais. Avec réception par les élus locaux, selfies, discours, etc. Hum, hum...

- Patrick Kanner, lui est ministre nordiste, et, lui aussi, fait son tour des popotes dans la Région, comme Miss France. Inconnu hier et brocardé à ce titre (Petit Journal, LCI...), il se fait connaitre (et reconnaître). Lui, l'ancien Aubryiste, président du Conseil général du Nord, promène sa mine affable, à tel point qu'il apparaît comme un adversaire potentiel pour la maire de Lille (ou son successeur désigné, François Lamy, qu'elle a fait venir à Lille pour s'implanter). P. Kanner s'émancipe et ne cache plus ses intentions. Il a eu cette phrase assassine, rapportée par l'Express : ""Martine Aubry était une grande ministre... au siècle dernier !"

vendredi 27 février 2015

Le FN n'est pas un parti républicain




Grandes lignes de l'article ci-dessous : 
- FN : dès le départ, un parti de néofascistes d'Ordre nouveau, d'inconsolables pétainistes, de soldats perdus de l'OAS, ou de fieffés négationnistes de la Shoah.
- aujourd'hui, pour un Français sur 2, le FN n'est plus un danger pour la démocratie
- mais il y a une différence entre respect des règles de la République et adhésion aux valeurs républicaines
- la dédiabolisation est une "conversion trop ostensible pour être honnête". Exemples de ce "double langage" dans la laïcité selon le FN et de la lecture de son programme.



21/2/2015

OPA sur la République


Depuis qu'elle a succédé à son père, Marine Le Pen s'est efforcée de dédiaboliser le Front national. Le parti d'extrême droite est-il pour autant républicain ?

Longtemps, les choses ont été simples. Par ses racines, son projet, ses obsessions, le Front national apparaissait comme l'avatar contemporain de l'extrême droite française : il était donc récusé en tant que tel. Attelage composite, lors de sa création en  1972, de néofascistes d'Ordre nouveau, d'inconsolables pétainistes, de soldats perdus de l'OAS, ou de fieffés négationnistes de la Shoah, il était au ban de la République, aux antipodes de ses valeurs démocratiques.
C'était au temps où ses opposants brandissaient le slogan " “F” comme fasciste, “N” comme nazi ". Au temps où, à quelques exceptions près, gauche et droite érigeaient un " front républicain " quand ce parti exerçait une menace électorale trop pressante. Comme en mars  1998, au lendemain des élections régionales, quand le président Jacques Chirac récusait ce parti " de nature raciste et xénophobe ". A tous ceux qui, à droite, espéraient amadouer son président, Jean-Marie Le Pen se chargeait régulièrement de démontrer qu'il était décidément infréquentable : ses provocations antisémites lui ont ainsi valu19  condamnations judiciaires, notamment pour apologie de crimes de guerre, banalisation de crimes contre l'humanité ou provocation à la haine, à la discrimination et à la violence raciale.

En trente ans,pourtant, le Front national est devenu l'une des principales forces politiques du pays. D'élection en élection, il s'est enraciné dans le paysage, recueillant rarement moins de 10 % des suffrages et atteignant jusqu'à 25  % des voix lors des européennes de 2014, et 48,6 % pour la candidate frontiste Sophie Montel au second tour de la législative partielle dans le Doubs, dimanche 8  février. Accidentelle en  2002, sa qualification au second tour de l'élection présidentielle paraît plus que plausible en  2017. Loin de cultiver l'antiparlementarisme des ligues d'extrême droite des années 1930, loin de comploter contre la " Gueuse " (la République), le Front national entend s'y installer et y prospérer. Il en avait eu un avant-goût, en  1986, lorsque, à la faveur de l'instauration d'un scrutin législatif proportionnel, il avait fait élire35  députés à l'Assemblée nationale. Il ambitionne, aujourd'hui, d'aller plus loin. Pour une bonne part de l'opinion, il a désormais cessé d'être un épouvantail : selon le baromètre annuel réalisé par la Sofres pour Le Monde, trois Français sur quatre estimaient, il y a vingt ans, que le FN constituait un " danger " pour la démocratie, il ne sont plus, désormais, qu'un sur deux.
Du coup, les condamnations se sont faites moins tranchantes. Certes, Alain Juppé n'a pas craint, récemment, de dénoncer " la xénophobie et l'islamophobie du FN " dont " l'idéologie est aux antipodes des valeurs morales et politiques qu'incarne " la France. Mais personne n'a oublié ni le discours de Grenoble, à l'été 2010, lorsque le président Sarkozy avait repris à la lettre les philippiques du FN contre l'immigration, ni les propos tenus au lendemain du premier tour de la présidentielle de 2012, lorsqu'il avait jugé la présidente du FN " compatible avec la République ". La prudence, voire l'embarras, y compris à gauche, sont désormais manifestes : il ne suffit plus de dénoncer le FN pour le disqualifier.

Comme le notait le député UMP Henri Guaino dans ces colonnes (Le Monde daté du 17  décembre  2013) : " Si le FN est fasciste, nazi, raciste, il est inconséquent de ne pas demander son interdiction. Mais qui la demande ? Au regard des lois de la République, c'est donc un parti comme les autres. " Il ajoutait pourtant : " Au regard de l'idéologie, pas vraiment. " Le président de la République a fait, lors de sa conférence de presse du 5  février, une distinction similaire : il y a des partis " qui sont dans la République : ceux qui concourent au suffrage, ont des candidats et des élus ". Et il aurait pu préciser : ceux qui bénéficient du financement public, dont le FN, à hauteur de 5  millions d'euros par an actuellement. Mais, a ajouté François Hollande sans avoir besoin de préciser qui il visait, tous les partis " n'adhèrent pas pleinement aux valeurs de la République ".

Cette distinction entre le respect des règles et l'adhésion aux valeurs républicaines est essentielle. Mais Marine Le Pen s'emploie à la déjouer. Depuis qu'elle a accédé à la présidence du parti, il y a quatre ans, elle s'est efficacement attachée à normaliser, respectabiliser et " dédiaboliser " son parti, pour mieux priver ses adversaires de leurs arguments habituels. En dépit des saillies insistantes de son père, elle ne s'est pas contentée de désamorcer, pour l'essentiel, le procès en antisémitisme qui était fait au Front national. Elle a également lancé " une véritable OPA sur la République ", à laquelle elle adresse " une ode permanente, avec une ardeur de néophyte ", souligne Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po.
Dès son discours d'investiture, en janvier  2011, sans renier les thèmes fondamentaux de l'extrême droite – décadence de la France, dénonciation des élites, diabolisation du " monstre européiste ", de la mondialisation ou de l'islamisme, réquisitoire contre les féodalités et les communautés… –, Marine Le Pen s'est, en effet, placée sous l'égide de l'article  2 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789  : " Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression. "
Le ton était donné. Depuis, elle n'a cessé de marteler cette langue républicaine, jusqu'à assurer, lors de son traditionnel discours du 1er-Mai, en  2013 : " Nous croyons à l'égalité des citoyens français, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances. " Ou à déclarer à l'automne 2014, quand certains, à droite, réclamaient la démission du chef de l'Etat : " Je suis respectueuse des institutions. Je ne remets pas en cause la légitimité du président. La solution c'est la démocratie ", en l'occurrence, à ses yeux, la dissolution de l'Assemblée nationale pour restaurer " la confiance du peuple ". Nulle sédition à l'horizon !

Cette conversion est trop ostensible pour être honnête, jugent bien des analystes. Non sans de solides arguments. L'exemple de la laïcité est édifiant. Dès 2011, la présidente du FN a repris à son compte ce mot-clé du patrimoine républicain en général et de la gauche en particulier : elle en a même fait le pivot de " notre modèle républicain ". Mais c'est pour mieux prôner, souligne Nonna Mayer, chercheuse au CNRS, " une laïcité de combat, fermée, identitaire, dont elle fait une arme contre l'islam ", associant systématiquement immigration, communautarisme, islamisme et atteinte à la laïcité ou à l'égalité entre les hommes et les femmes.
Dans le livre passionnant qu'elle vient de publier avec Stéphane Wahnich (Marine Le Pen prise aux mots, Seuil,320 p., 19,50  €), Cécile Alduy, professeure à Stanford (Etats-Unis), va plus loin et dénonce un " coup de force sémantique " qui fait de " la laïcité le garant de l'identité chrétienne de la France " contre l'islam – une " religion nouvelle, explique Marine  Le Pen dans un entretien avec l'auteure, dont les revendications heurtent les mœurs, les codes, les modes de vie, les habitudes d'un pays très anciennement fondé sur des valeurs judéo-chrétiennes ". Ainsi, la laïcité " se greffe sur un discours d'extrême droite pur jus, identitaire, islamophobe et anti-immigration ", pour mieux le légitimer.

Ce " double discours de Marine Le Pen " se vérifie à l'examen de son programme. Comment concilier, par exemple, les valeurs républicaines, telles qu'elles sont définies par la Constitution, avec le rétablissement de la peine de mort par référendum ou la suppression du droit du sol conférant la nationalité française aux enfants d'immigrés nés en France ? Plus encore, comment concilier le principe d'égalité, invoqué par la présidente du Front national, avec la logique de la " priorité nationale " qui reste, pour le politologue Jean-Yves Camus, " l'épine dorsale structurante du programme du FN " ? " La différenciation des droits d'accès aux prestations sociales, au logement ou à l'emploi est en rupture avec le principe d'égalité qui ne s'applique pas seulement aux citoyens français, mais aussi à toute personne présente sur le territoire national ", précise-t-il. Comme le souligne justement Cécile Alduy, " l'extrémisme euphémisé " de Marine Le Pen fait de son discours " un texte caméléon dans ses formes, mais inébranlable sur le fond ". " C'est sans conteste un atout : cible mouvante, difficile à cerner et à contrer, elle déroute ses adversaires. "
Mais cela ne suffit pas à expliquer la difficulté croissante des partis traditionnels, de gauche comme de droite, à tenir le FN à l'écart du champ républicain. Pour deux raisons. D'une part, estime Pascal Perrineau, " il est un peu trop court de ne voir dans la rhétorique républicaine de Marine Le Pen qu'une supercherie ou une habileté. Cela ne relève pas seulement de l'instrumentalisation ". Car l'élargissement de son électorat et l'ambition du Front national d'accéder au pouvoir lui imposent de sortir de sa marginalité initiale et de s'appuyer, peu ou prou, sur le socle de valeurs démocratiques très largement partagées par les Français.
D'autre part, " le débat formel sur le caractère républicain ou non du FN est une fausse bonne idée ", analyse Jean-Yves Camus. Non seulement ce parti ne remet pas en cause la forme républicaine, mais sa conception affichée de la République – autoritaire et plébiscitaire, fondée sur la démocratie directe plus que sur la démocratie représentative, nationaliste et, à certains égards, jacobine – peut se revendiquer d'une certaine tradition française, qui va du boulangisme au gaullisme.

Depuis trente ans, le parti lepéniste a forcé les portes de la République. Il s'emploie aujourd'hui à en squatter les valeurs. Il est urgent d'en décrypter les ruses si l'on ne veut pas, demain, qu'il y impose ses idées. Les condamnations morales ont fait long feu. Plus que jamais, c'est un combat politique.

Gérard Courtois

jeudi 26 février 2015

La réalité du FN

Souvent, on nous dit que dénoncer les dérives du FN n'est pas un moyen de lutter contre lui. Et pourtant quand on voit une partie des candidats investis par le FN aux prochaines élections départementales, on est en droit de se demander ce qui attire autant de candidats racistes et antisémites. Car dire que ce n'est qu'une minorité n'est pas un argument recevable. Quel autre parti attire autant de racistes et d'antisémites ? Aucun ! Et encore, ceci n'est que la partie émergé des militants... Pourquoi y a-t-il autant de ces fous furieux dans ce parti ? Est-ce le programme ("la préférence nationale") ou le discours à huis clos des dirigeants du FN (en dehors de toute dédiabolisation publique) ? En fait, c'est l'essence même de ce parti, quel que soit le ripolinage, d'être islamophobe, xénophobe et antisémite, même si selon les propos indécents du président du CRIF, MLP est "irréprochable". La présidente du FN n'est pas irréprochable, car elle est responsable, parce que présidente, de ce déferlement de haine... D'ailleurs, elle montre l'exemple de ce qu'elle pense réellement, quand elle se rend à Vienne, à un bal organisé par les néo-nazis.

Chassez le naturel, il revient au galop !




Départementales: le FN dans la tourmente des dérapages racistes de ses candidats

Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 

Xénophobie, antisémitisme et homophobie. Les candidats frontistes aux cantonales se lâchent sur les réseaux sociaux sans que le FN ne les sanctionne toujours. 

Le 18 février dernier, le FN se gargarisait d'investir 7648 candidats aux départementales de mars. "Notre mouvement confirme qu'il est le parti politique le plus présent sous ses propres couleurs à ces élections départementales, largement devant l'UMP et le PS qui ne parviennent pas à une présence systématique malgré divers accords et alliances", se félicitait alors dans un communiqué le secrétaire général du parti Nicolas Bay. 
Las, il semble que le parti de Marine Le Pen a privilégié la quantité à la qualité de ses candidats. Depuis plusieurs semaines, plusieurs d'entre eux se sont en effet distingués en publiant des commentaires franchement racistes ou antisémites sur les réseaux sociaux. En novembre pourtant, L'Express indiquait déjà que deux personnes - un bénévole "proche" de Florian Philippot et un membre de l'équipe du secrétariat général - vérifiaient les comptes de l'ensemble des candidats sur les réseaux sociaux. Charge à eux de remettre, en amont des commissions d'investiture, un "rapport" pour valider, ou non, la compatibilité du profil du candidat avec Marine Le Pen. "Cela nous permet de savoir si le candidat est bien sur la ligne du parti", confirmait même David Rachline, alors délégué national au numérique. 

Des cibles sur le front de Pierre Bergé et de Dounia Bouzar

Deux candidats FN aux élections départementales à Vitré (Ille-et-Vilaine) et à Arras (Pas-de-Calais) vont être "suspendus en vue d'une exclusion" pour avoir diffusé des messages à caractère xénophobe sur les réseaux sociaux, indiquent le 25 février les instances du FN. 
A Vitré, un candidat titulaire du FN, Mikaël Pinton, s'est vu notamment reprocher d'avoir partagé sur Twitter, en septembre 2013, une image montrant deux personnalités, Pierre Bergé et Doumia Bouzar, une cible sur le front reliée au canon d'un fusil mitrailleur. "C'est une photo que j'avais trouvée sur Facebook", a expliqué mercredi l'intéressé à l'AFP, et qui dénonçait la suppression des fêtes chrétiennes en France. J'ai juste ajouté au-dessus "Françaises, Français, ne laissons pas faire!!!!!" Je savais que ça pouvait choquer mais je l'ai pris sur un ton de révolte. Pas comme un appel à aller tuer des gens dans la rue". "Je n'ai pas mesuré toutes les conséquences que ça pouvait avoir, des choses comme ça, on en trouve plein sur Internet", a admis Mikaël Pinton qui a reconnu avoir "repartagé" plusieurs images du même type, dont celle comparant Christiane Taubira à un singe. 
Dans le canton d'Arras-2, c'est un candidat suppléant du FN, Jonathan Vivien, qui est sur la sellette pour avoir multiplié sur Facebook des messages racistes, présentés comme des "blagues", visant les musulmans et la communauté arabe. L'un met en scène des musulmans en prière sodomisés par des cochons portant une cocarde tricolore. 

Explosion dans une boucherie halal: "TROP BON..."

Nicolas Bay indique le 24 février avoir "recadré" mais maintenu Sophie Touvron, candidate FN dans le canton de Torcy (Seine-et-Marne). En cause, plusieurs commentaires racistes sur son compte Facebook. Le 24 mai 2014, elle publiait un article intitulé "Explosion suivie d'un incendie dans une boucherie halal de Châlette-sur-Loing" assorti de "TROP BON..." pour commenter cet incident qui a fait deux blessés dont un grave. 
Le 17 mars 2014, elle publiait un photomontage sur lequel figure en haut une photographie d'un cimetière militaire avec la mention "Ils se sont battus pour ne pas parler allemand" puis en-dessous une photo du gouvernement de Jean-Marc Ayrault avec écrit "Ils se battent pour que l'on parle arabe". Le 3 mai 2014, elle publie une photo d'un guichet de Pôle Emploi sur laquelle figurent de nombreuses personnes de couleur, avec le commentaire: "Les nouveaux français chez Pôle Emploi. Mettez-vous bien dans la tête qu'ils sont là pour vider les caisses et non travailler". Des propos que l'intéressée a mis sur le compte de l'humour. 

"Les mahométans sont la nouvelle peste bubonique du 21e siècle"

Le 23 février, le Siel, un micro-parti allié au Rassemblement Bleu Marine (RBM) indique étudier l'exclusion de Chantal Clamer, candidate dans le canton Pamiers 1 (Ariège) et conseillère municipale FN de la Tour-du-Crieu. En cause, des tweets ou des commentaires racistes et homophobes sur les réseaux sociauxdébut 2014, relevés par des candidats locaux du "Rassemblement à gauche" (alliance EELV-Front de gauche). Parmi ceux-ci: "l'islam et les mahométans sont la nouvelle peste bubonique du 21e siècle. A combattre à éliminer sans hésitation par tous les moyens possible (sic)", "ces sales gouines sont vraiment moches, en effet quel est le mec qui voudrait d'elles? A part les blacks et les rebe! (sic)" 
Pour Marine Le Pen, les propos de Chantal Clamer sont "extrêmement maladroits, imprudents" et elle a "commis une injustice en faisant un amalgame". "On lui a fait comprendre qu'elle était allée trop loin, elle l'a reconnu." Mais la présidente du FN a renvoyé la patate chaude de l'exclusion au Siel. "Ces propos tenus ou prêtés sont inadmissibles sur le fond, maladroits sur la forme. En raison de la gravité de ces propos, elle passera en conseil de discipline vendredi, et en fonction des propos qu'elle nous tiendra, nous déciderons de son exclusion du Siel", a confirmé le président de ce micro-parti, Karim Ouchikh. 

"Musulmans, faites un geste pour la terre: suicidez-vous"

Le 23 février, le journal local L'Indépendant relève plusieurs dérapages de candidats frontistes dans l'Aude. Fabien Rouquette, élu FN de Gruissan et candidat dans le canton de Narbonne 2, a ainsi publié en août dernier sur son compte Facebook "diverses photos humoristiques" comme cette affiche: "Socialistes, communistes, musulmans! Faites un geste pour la terre: suicidez-vous". Son binôme dans le canton, Michèle Boisset, like et commente : "Hihi! Un beau rêve". 
Toujours selon L'Indépendant, le candidat FN pour le canton de Narbonne 3, Elie Quisefit, aurait publié en 2012 sur son compte Facebook, désormais inaccessible: "Je le dis haut et fort... bras d'honneur à tous les médias et à tous les Arabes du monde entier!" Le même propose d'organiser "des battues contre les Arabes": "on sauverait peut-être la France!" 

"Une mafia juif qui est sur toute la planète"

Le Front National (FN) dans l'Aveyron annonce le 20 février sur son site internet avoir procédé à "l'exclusion immédiate" d'Alexandre Larionov, candidat dans le canton de Causse-Comtal.Sur son compte Facebook - regorgeant de fautes d'orthographe- il avait multiplié en août 2014, comme le révélait le site anti-FN L'Entente, des propos injurieux envers les juifs. Parmi ceux-ci: "C'est une mafia juif (sic) qui est sur toute la planète, et la ils veulent détruire les races nordiques comme les Russes et les Allemends (sic) etc... (...) Maintenant c'est à nous de détruire eux. Cette salle (sic) bande qui ont tué à l'époque Jésus." Il est depuis poursuivi par le parquet de Rodez pour incitation à la haine raciale. 

"Travail, Famille, Patrie"

Le 19 février, Marine Le Pen en personne décide d'exclure définitivement Guillaume Jambard, son candidat dans le canton de Sud-Gironde (Langon) et de lui retirer son investiture. Le 10 février, ce dernier avait en effet publié sur Twitter: "Twitter si vous partager (sic) ma devise Travail Famille Patrie". Une référence évidente à la devise du régime de Vichy. 
"Voilà comme nous sommes traités par ces gouvernements (...) nous les 'goys'"
Le 14 février, le site anti-FN L'Entente relevait que Xavier Sainty, candidat FN aux élections départementales à Souvigny (Allier), estimait en août sur son profil Facebook que sa carrière de chanteur-auteur-compositeur ne décolle pas à cause d'un prétendu lobby juif. "Même dans le showbizz je suis bloqué", estime-t-il. "Voilà comme nous sommes traités par ces gouvernements depuis des décennies nous les 'goys' (non-juifs, ndlr), vivement une vraie révolution française pour nous soutenir dans notre avenir." Interrogé par le Scan du Figaro, l'intéressé assume et affirme que "c'est un producteur juif de Paris" qui lui aurait expliqué que son avenir musical ne connaîtra pas de succès à cause de sa religion. Un commentaire partagé sur les réseaux sociaux par Corinne Mossire, elle-même candidate du FN à Mâcon (Saône-et-Loire). 

"Battez-vous pour ne pas devenir arabe"

Le 25 janvier, c'est Marie-José Dussaucy, candidate FN dans le canton d'Ustaritz (Pyrénées-Atlantiques) qui renonce à son investiture "pour ne pas nuire au FN" à la suite de la publication sur son compte Facebook de propos racistes comme: "Vos grands-parents se sont battus afin que vous ne soyez pas allemand... battez-vous pour ne pas devenir arabe. Qu'on les mettent (sic) sur un bateau et qu'on le fassent (sic) couler au milieu de la mer ou de l'océan." Ou encore: "Nous préférons la liberté avec le FN à l'esclavage avec l'islam." Des propos qui seraient le fruit d'un piratage, jure Marie-José Dussaucy. 
Face à autant de dérapages, Nicolas Bay relativise: "Ça reste très marginal en nombre par rapport aux 7.648 candidats que nous alignons." 

"Vraie" et "fausse" laïcité


Commentaires AA à la fin de l'article



Pour Daniel Keller, grand maître du Grand Orient de France, "au moment où la laïcité semble apparaître comme un ultime recours pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent rebâtir la République", il convient de rappeler précisément ce qu'elle est. Et ce qu'elle n'est pas. "La laïcité, écrit-il par exemple, n'a pas pour vocation d'apporter une meilleure connaissance du fait religieux, que ce soit dans le cadre des “livrets de la laïcité”, des programmes scolaires ou à travers la création d'établissements privés de théologie musulmane."



A un moment où la laïcité semble apparaître comme un ultime recours pour toutes celles et tous ceux qui souhaitent rebâtir la République, l'avis émis par l'Observatoire de la laïcité le 14 janvier montre les écueils qu'il conviendra d'éviter si l'on ambitionne pour la République autre chose que sa transformation en une mosaïque pluriconfessionnelle. Il appartient à l'Etat de garantir à chaque religion le droit de pratiquer son culte en toute quiétude, tout comme l'enseignement de l'histoire doit permettre à tout élève de connaître l'histoire des religions. De même, il n'est pas contestable que la présence d'aumôniers musulmans dans les prisons puisse constituer un réel soutien pour les détenus qui ont embrassé cette religion. Mais ces mesures ne sauraient relever de la promotion de la laïcité, contrairement aux suggestions faites par l'observatoire. C'est même tout le contraire. La laïcité n'a pas pour vocation d'apporter une meilleure connaissance du fait religieux, que ce soit dans le cadre des « livrets de la laïcité », des programmes scolaires ou à travers la création d'établissements privés de théologie musulmane.
Le moment est venu de rappeler ce qu'est la laïcité, à savoir un principe d'organisation de la société fondé sur la séparation des églises et de l'Etat, de telle sorte que dans l'espace public les confessions restent silencieuses. S'il en est ainsi, ce n'est pas parce que la laïcité serait une antireligion, c'est simplement parce que l'espace public est le terrain à l'intérieur duquel les individus doivent faire l'expérience de leur qualité de citoyen. Et cet exercice exige que l'on se départe des assignations de toute nature qui pèsent sur nous.
La laïcité est donc avant tout le creuset de l'éducation à la citoyenneté. Elle est un contenant plus qu'un contenu et elle crée les conditions grâce auxquelles tout individu devrait être en mesure de participer à la communauté des citoyens qui incarne la République. Le vivre-ensemble ne repose ni sur une loi préalable ni sur l'imposition d'un dogme, il est le produit d'une invention collective parce que le vivre-ensemble républicain est toujours un vivre-ensemble en devenir.
C'est à l'école que doit s'opérer la construction première de la citoyenneté. Elle commence par l'apprentissage de la civilité sans laquelle il n'est que négation de l'autre. Civilité des enfants entre eux, civilité envers les adultes qui les encadrent. Cela se poursuit par le réapprentissage de la notion de respect. Le respect n'est pas soumission, il est une marque de reconnaissance envers celui qui est chargé de transmettre un savoir. L'école doit aussi permettre de mettre en pratique les notions de solidarité et d'entraide. Le but reste de favoriser une connaissance réciproque qui fasse reculer les facteurs d'incompréhension, d'éveiller le sens de l'empathie. Celle-ci est la première marche de la fraternité sur laquelle repose la République.
L'école est aussi le lieu où chacun doit accéder à la liberté, c'est-à-dire avant tout la liberté de l'esprit. Cela passe par un enseignement qui mette en perspective le chemin qu'ouvre l'exercice de la liberté de conscience : il doit favoriser l'éclosion de l'esprit critique, l'aptitude à mettre à distance ses propres opinions et préjugés. Mais l'enseignement doit aussi favoriser une réflexion sur toutes les entraves et inégalités qui fragilisent le pacte citoyen, à savoir les discriminations, les inégalités entre les hommes et les femmes.
Réaliser une telle ambition repose sur quelques prérequis nécessaires : la maîtrise du langage et de l'écriture chez l'élève demeure le fondement indispensable à l'exercice d'une raison éclairée. Expression du caractère libérateur du savoir, cette maîtrise est nécessaire à toute construction d'une sociabilité fondée sur le dialogue. Elle trouvera des prolongements dans la suite du parcours scolaire, dans le cadre de la compréhension de ce qu'est la démocratie, de ce que sont les grandes lois qui en constituent les piliers, de l'engagement de celles et ceux qui se sont battus pour la République et, de ce point de vue, l'entrée au Panthéon de Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz offre une opportunité, sans parler de la mise en place d'un service civique pour tous, destiné à mettre la jeunesse en situation de responsabilité.
Cette politique ne produira d'effet que si la formation des enseignants sensibilise ces derniers aux enjeux de la laïcité. Il est également indispensable que les politiques urbaines, sociales et économiques nécessaires à la reconquête des territoires perdus de la République soient mises en œuvre. Car l'émancipation que propose la laïcité ne saurait être une émancipation abstraite.
En conclusion, la laïcité, c'est avant tout la volonté de faire triompher l'esprit républicain.



On comparera cette notion de "laïcité ouverte" développée, ci-dessus, par D. Keller avec cette pseudo-laïcité brandie par le FN : une "laïcité fermée" dont on mesure bien l'incongruité par l'adjectif accolé. 
"Dès 2011, la présidente du FN a repris à son compte ce mot-clé du patrimoine républicain en général et de la gauche en particulier : elle en a même fait le pivot de " notre modèle républicain ". Mais c'est pour mieux prôner, souligne Nonna Mayer, chercheuse au CNRS, " une laïcité de combat, fermée, identitaire, dont elle fait une arme contre l'islam ", associant systématiquement immigration, communautarisme, islamisme et atteinte à la laïcité ou à l'égalité entre les hommes et les femmes.
Dans le livre passionnant qu'elle vient de publier avec Stéphane Wahnich (Marine Le Pen prise aux mots, Seuil,320 p., 19,50  €), Cécile Alduy, professeure à Stanford (Etats-Unis), va plus loin et dénonce un " coup de force sémantique " qui fait de " la laïcité le garant de l'identité chrétienne de la France " contre l'islam – une " religion nouvelle, explique Marine  Le Pen dans un entretien avec l'auteure, dont les revendications heurtent les mœurs, les codes, les modes de vie, les habitudes d'un pays très anciennement fondé sur des valeurs judéo-chrétiennes ". Ainsi, la laïcité " se greffe sur un discours d'extrême droite pur jus, identitaire, islamophobe et anti-immigration ", pour mieux le légitimer." (Ce passage est tiré d'un article du Monde, article réservé aux abonnés, que je publierai prochainement). 

mercredi 25 février 2015

Un portrait peu flatteur...


Je n'ajouterai aucun commentaire au texte ci-dessous, sauf pour expliquer le titre que j'ai choisi, à savoir "portrait peu flatteur". Le personnage est, en effet, décrit ainsi : "intrigant", "fait régner un climat hystérique", "susceptible", "agaçant", "passe-muraille", "inoffensif, "manœuvres de couloir", "propension à se faire des ennemis en interne", "manipulations", "celui qui frappe", etc.




Bruno Bilde, mariniste de l’ombre

LE MONDE | 


C’est un homme de l’ombre du FN qui continue à avoir l’oreille de Marine Le Pen, malgré leurs brouilles régulières. Dans le nouvel organigramme du Front national, Bruno Bilde, 38 ans, est conseiller spécial de la présidente, délégué national aux exécutifs locaux. Il siège dans deux instances essentielles au FN : la commission de discipline et la commission d’investiture.
Bruno Bilde revient de loin. Sa mise à l’écart a duré deux ans. Une éternité pour lui qui consacre sa vie à la politique. Son « come-back », il l’a fait au moment du congrès du parti d’extrême droite, en novembre 2014. Lors de l’élection au comité central − le parlement du parti −, Bruno Bilde est arrivé à la 11e place. Un très bon résultat pour cet inconnu du grand public, mis sur la touche juste apres les scrutins de 2012. Le principal intéressé lui-même n’en revenait pas. « Je suis très étonné de ce résultat, disait-il alors. Cela veut dire que les militants connaissent mon travail, notamment à Hénin-Beaumont. »
L’élection de Steeve Briois dans la ville symbole du bassin minier doit beaucoup à Bruno Bilde. « C’est en partie grâce à lui que nous avons pris Hénin », reconnaît d’ailleurs M. Briois. Les deux hommes sont inséparables. Tous deux sont discrets, toujours bien mis, jamais un mot plus haut que l’autre.

« Les défauts de ses qualités »

Longtemps, Bruno Bilde est apparu comme relativement inoffensif dans les rangs frontistes. Son passage de quelques mois chez les mégrétistes avait été facilement pardonné. Son côté passe muraille rassurait les cadres. Son refus des projecteurs était interprété comme un signe de moindre ambition. A l’usage, le réveil a été brutal et tout le monde a appris à se méfier.
Omniprésent lors de la campagne présidentielle aux côtés de Marine Le Pen, il s’est vite rendu indispensable. « C’est un redoutable connaisseur de la carte électorale. Et il voit avant tout le monde ce qui va mal tourner », l’encense Marine Le Pen. Son efficacité s’est ainsi révélée. Tout comme ses très solides talents d’intrigant.
L’homme adore les manœuvres de couloir et rêverait d’avoir seul la ligne avec la cheffe. Sa propension à se faire des ennemis en interne s’est du coup avérée gigantesque. Marine Le Pen avait décidé de l’écarter en raison de ce caractère difficile. Au final, et parce que Bruno Bilde ne renonce jamais, un modus vivendi a été trouvé. « C’est une personne attachante mais qui peut être agaçante », résume sobrement Mme Le Pen. Aujourd’hui, M. Bilde continue d’être son conseiller mais il n’est plus physiquement au Carré, le siège du parti d’extrême droite. « Son caractère n’est pas simple. Il est extrêmement accrocheur. En fait, il a les défauts de ses qualités », explique la présidente du FN.
Bruno Bilde a conscience qu’il n’est pas facile à gérer. Il s’en enorgueillit presque. « Je suis assez franc. Je ne suis ni vaniteux ni orgueilleux, mais susceptible. Et quand je suis en désaccord, je le dis. Je suis certes impulsif mais je ne fais jamais de coups fourrés. » Un avis que ces détracteurs frontistes ne partagent pas, puisqu’ils le créditent de manipulations de toutes sortes et l’accusent d’avoir fait régné un climat hystérique.

« Sale boulot »

Il faut dire que M. Bilde est généralement assez peu avare de critiques envers ses « camarades ». « Au FN, il y a une absence considérable de travail de fond, de travail intellectuel. On ne bosse pas assez », tacle-t-il. A ses yeux, peu font exception, mis à part ses proches comme Marine Le Pen, Steeve Briois ou le maire de Fréjus et sénateur du Var, David Rachline.
Pas question pour M. Bilde de jouer les premiers rôles à Hénin-Beaumont. « Je suis bègue. Ça m’a toujours freiné », explique-t-il. Et celui qui met un point d’honneur à protéger sa vie privée d’ajouter : « Je n’aime pas que l’on parle de moi. Ce n’est pas mon truc. » C’est ce qu’il avait motivé pour attaquer le livre Le Front national des villes & le Front national des champs (Jacob Duvernet) d’Octave Nitkowski.
Officiellement « cinquième adjoint aux affaires générales, juridiques, à la communication et aux relations publiques », M. Bilde est bien plus que ça. Il est l’homme-clé de l’équipe. Un véritable « maire FN bis ». D’ailleurs, quand on parle aux élus de l’opposition, son nom revient systématiquement. « Il y a un partage des rôles entre lui et Briois, raconte Marine Tondelier, élue d’opposition EELV. Bruno Bilde fait le sale boulot quand Steeve Briois est en arrière-plan et apparaît plus consensuel. » Mme Tondelier souligne aussi l’ambivalence de M. Bilde : « A la fois, il est volubile et essaye d’être sympa avec tout le monde, et dans le même temps, c’est celui qui frappe lors des conseils municipaux. Il prend beaucoup de plaisir dans les deux cas. »
Steeve Briois explique : « Ce n’est pas une division du travail, mais cela correspond à nos deux caractères, bien différents ». Pour le maire, M. Bilde n’est pourtant pas son bras droit. « C’est un rouage essentiel dans le fonctionnement de la mairie comme au FN », précise M. Briois qui loue par ailleurs le talent de M. Bilde, son « flair », son « sixième sens », « sa capacité d’anticipation ». Des compliments qui raviront M. Bilde : « L’essentiel pour moi, c’est d’avoir la reconnaissance de deux ou trois personnes : Steeve Briois, Marine Le Pen et David Rachline. »






mardi 24 février 2015

Conseil municipal d'Hénin-Beaumont du 23/2/2015


2 remarques sur ce conseil municipal auquel je n’ai pu assister :

- Je note que, durant ce débat d’orientation budgétaire, il n’a pas été question de baisse de la taxe d’habitation, ce que la majorité clame « urbi et orbi », notamment dans les médias nationaux.
- Pas plus que la majorité précédente, à qui elle l’avait suffisamment reproché, le FN n’a pas négocié l’emprunt toxique Dexia. D’autant plus dommageable que, avec la hausse du franc suisse, le montant des intérêts devient insupportable. J’avais annoncé plus de 500 000 euros, il y a quelques semaines, et bien que la municipalité annonce moins, je ne suis pas du tout convaincu de ce qu’elle nous raconte…
- A côté de cette grosse erreur de gestion (carence ? négligence ? incompétence ?), apparaît bien vaine l’annonce (encore une…) de demander au député socialiste Kemel de verser une subvention prise sur sa « cagnotte » pour les travaux de l’église Saint-Martin. En effet, il ne pourrait s’agir que de quelques milliers d’euros… D’ailleurs, on se demande bien pourquoi le député, qui n’a jamais rien donné à la ville d’HB, le ferait pour un maire FN…

Hénin-Beaumont: pour la sérénité des débats au conseil municipal, il faudra repasser

La Voix du Nord 24/2/2015

Les conseils municipaux héninois sont rarement des parties de plaisir. Celui de lundi soir aura été particulièrement houleux, émaillé d’interruptions de séances et théâtre d’une tension quasi permanente. Le fond a eu bien du mal à prendre le dessus sur la forme.

Entre une opposition décidée à ne pas se laisser marcher sur les pieds et une majorité qui avait manifestement quelques comptes à régler avec elle (et avec notre journal soit dit en passant), le clash a éclaté d’emblée. Lorsque Marine Tondelier réclamera un local pour l’opposition, Bruno Bilde lui tombera dessus au motif que ce droit avait été dénié au FN du temps d’Eugène Binaisse : « C’est honteux ! » Le mot reviendra à maintes reprises dans la bouche du sniper frontiste qui n’aura de cesse de pilonner l’opposition. Interruption de séance. « Nous espérons que la sérénité puise régner », dira Eugène Binaisse au retour. Un vœu pieux. Entre digressions, invectives, mises en boîte… la séance s’est allongée comme un jour sans pain et le débat d’orientation budgétaire, 11e point à l’ordre du jour, n’a été abordé qu’au bout de deux heures de ce conseil aussi décousu que désolant.

« Sauver les meubles »

Jean-Richard Sulzer, adjoint aux finances, en a exposé les grandes lignes. La Ville pourra compter sur les aides de l’État stables en 2015, « on va peut-être sauver les meubles » mais l’inquiétude vient des emprunts toxiques et le risque d’avoir « 300 à 350 000 euros de plus que l’an dernier avec des taux d’intérêt prohibitifs. »
La Ville cible une baisse des charges générales de 10 % (tous les départs à la retraite ne seront pas remplacés), des investissements à hauteur de ses moyens (sachant que Darcy-Michelet et Saint-Martin vont lourdement peser). « 2015 sera une année de consolidation, nous ne serons ni dans l’opulence ni dans la détresse. » S’il y en a un qui n’a pas été impressionné, c’est Stéphane Filipovitch : la baisse de fonctionnement de 700 000 euros ? «C’est – 2 % sur un budget de 40 M €. Vous êtes ridicules. » Les emprunts toxiques : « Votre document est manipulatoire, nous avions traité le sujet. » Et d’enfoncer le clou : « Nous(l’équipe Binaisse), c’est 15 millions d’économisés de 2009 à 2012. Votre projet n‘a rien qui permette de faire rêver les Héninois. C’est de la poudre aux yeux. » Autant dire que la leçon n’a pas, mais pas du tout été appréciée par le FN. « Vous n’y connaissez rien », reprend l’adjoint aux finances évoquant plus en détail les négociations menées par la municipalité pour éviter de régler un taux d’intérêt de 19 % sur l’emprunt le plus toxique des trois souscrits par la ville. « On est en train de gagner. » Steeve Briois stigmatise alors une opposition « qui ne fait aucune proposition » avant de mettre de l’eau dans son vin et d’espérer une unanimité du conseil pour trouver une solution aux emprunts toxiques.
À son tour, il détaille ses priorités : baisse des impôts locaux, vente d’une partie des bâtiments (non entretenus, ils coûtent chers en taxes), dégrèvement des taxes publicitaires, récupération de créances (liées à l’affaire Dalongeville), renégociation de marchés.

Quel avenir pour le PS ?

Denis Lefebvre (voir son autobiographie : http://www.denislefebvre.fr/), spécialiste du socialisme, est d'une famille de "politiques" : son frère, Alain, est conseiller général-maire d'Aix-Noulette, le fils de ce dernier, Rémi, spécialiste du PS, est professeur de science politique à l’université Lille-2 et chercheur au CNRS; il est l’auteur du livre Les Primaires socialistes, la fin du parti militant (Raisons d’agir, 2011) et, avec Frédéric Sawicki, de La Société des socialistes. Le PS aujourd’hui (Editions du Croquant, 2006).
Denis, celui qui est interviewé, ci-dessous, est (cf Wikipedia) journaliste professionnel, rédacteur en chef des publications de l'OURS, et directeur de la revue Histoire(s) socialiste(s).
Il préside depuis 1996 le centre Guy Mollet (association créée en 1976) et, depuis 1992, il exerce les fonctions de secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS, fondé en 1969 par Guy Mollet).
Il a fondé en 2003 la collection L’Encyclopédie du socialisme, dont il assure la direction. Cette collection a publié depuis cette date une trentaine d’ouvrages dans des genres très différents : biographies, essais contemporains et historiques, recueil de textes choisis, etc.
J'ajoute qu'il est l'auteur de "Le socialisme pour les nuls", dans la fameuse collection éponyme.
Voir commentaires AA à la fin de l'article

FranceTVinfo Recueilli par , publié le 

Le PS va-t-il survivre au quinquennat de François Hollande ?

A moins de quatre mois du congrès de Poitiers, le Parti socialiste est-il menacé d'une scission ? A-t-il déjà connu des crises aussi fortes par le passé ? Alors que la majorité a connu de nouvelles turbulences durant la semaine, avec l'emploi de 49.3 pour faire passer la loi Macron, mardi 17 février, francetv info a interrogé l'historien Denis Lefebvre. Auteur de nombreux ouvrages sur l'histoire du PS (Le Socialisme pour les nuls, 2008), il est secrétaire général de l'Office universitaire de recherche socialiste (OURS).
Francetv info : Le Parti socialiste a-t-il déjà traversé, dans son histoire, une crise aussi grave que celle d'aujourd'hui ?
Denis Lefebvre : Depuis qu'il existe sous la forme actuelle, c'est-à-dire depuis 1905, le PS a toujours été confronté à un certain nombre de problèmes. L'un d'eux revient de manière récurrente : à chaque fois qu'il est au pouvoir, le Parti socialiste se divise.
Ce fut le cas en 1936, au moment du Front populaire, dans les années 50, avec le gouvernement de Guy Mollet, ou encore sous Mitterrand, après 1981. Et c'est encore le cas aujourd'hui. A chaque fois, deux familles du Parti socialiste s'affrontent, et à chaque fois – ou presque –, cela aboutit à une scission.
Autrement dit, la crise actuelle n'est pas inédite…
Non. Cette division est une constante pour le Parti socialiste. En 1936, un leader socialiste, Marceau Pivert, lance : "Tout est possible." Le lendemain, Léon Blum lui répond : "Tout n'est pas possible." Rendez-vous compte, c'était il y a quatre-vingts ans ! Et pourtant, il s'agissait, grosso modo, de la même question de fond que celle qui agite le PS aujourd'hui.
Quelles sont ces deux familles qui s'opposent ?
Il y a effectivement deux familles au sein de la gauche française : d'une part, une gauche qui choisit de gouverner, avec tous les compromis, les erreurs et les déceptions que cela implique ; et d'autre part, une autre gauche, qui veut toujours aller plus loin, qui a des états d'âme, qui sait qu'elle risque de décevoir une fois au pouvoir, et qui, par conséquent, préfère avoir un pied dedans et un pied dehors. L'épisode actuel illustre bien le fait que ces deux familles existent à gauche, mais qu'elles existent aussi au sein même du Parti socialiste.
Ce qui est tragique, c'est que la gauche qui rêve s'éloigne irrésistiblement de la gauche qui rame.


Denis Lefebvre
francetv info
Vous parliez du risque de scission. Ce risque existe-t-il à nouveau aujourd'hui, à l'approche du congrès de Poitiers, au mois de juin ?
Les périodes de pré-congrès sont toujours difficiles pour le Parti socialiste. Mais chacun sait qu'une crise qui déboucherait sur une scission serait mortifère pour le parti. Si le collectif ne reprend pas le dessus, le risque existe.
L'une des questions clés est de savoir si les rancœurs personnelles qui existent depuis la primaire de 2011 peuvent être mises de côté par les intéressés. A l'époque, les débats se sont bien passés. Mais, à la fin, certains vaincus n'ont pas digéré leur défaite, et se sont engagés en coulisses dans une stratégie personnelle, puis dans l'amorce d'une contestation. C'est un élément essentiel pour comprendre la situation actuelle.
L'aile gauche du PS, elle, justifie sa position en affirmant que la ligne politique actuelle du gouvernement ne correspond pas au cap promis par François Hollande en 2012...
En 2012, François Hollande a été élu sur un beau slogan : "Le changement, c'est maintenant." Le problème, c'est que, dans la situation de crise que nous connaissons, ce choix de slogan était sans doute un petit peu hasardeux. Les frondeurs ont peut-être raison, mais jusqu'à preuve du contraire, leur position n'est pas majoritaire au sein du groupe parlementaire. Peut-être qu'après le Congrès du mois de juin, ils le seront, mais pour l'instant, ce n'est pas le cas !
En attendant, nous assistons quasiment à une première dans l'histoire du Parti socialiste : une minorité de parlementaires refuse de respecter la ligne majoritaire du parti. Cela pose une vraie question : le PS est-il encore un parti discipliné ?
Pourquoi cette aile gauche du PS ne quitte-t-elle pas le parti ?
Parce que la cohabitation des deux familles, que j'évoquais, est une tradition. Depuis sa fondation, en 1905, le Parti socialiste a toujours fonctionné avec différents courants de pensée, différentes tendances, différentes sensibilités. Fut un temps, par exemple, où cohabitaient au sein de la SFIO des réformistes et des anarcho-syndicalistes ! Mais depuis le congrès d'Epinay, en 1971, le PS a tranché un débat, en se fixant comme objectif d'accéder au pouvoir pour transformer la société. 
Cela fait longtemps que la gauche sait qu'elle ne fera plus le grand soir !


Denis Lefebvre
francetv info
Mais manifestement, certains ne suivent pas. Donc soit tout le monde décide de passer outre les querelles de personnes, et privilégie l'intérêt de la France, soit certains quitteront le parti, et provoqueront en effet une scission.
Nous en revenons au risque de scission...
Personnellement, je doute de la réalité de ce risque. Cette hypothèse serait mortifère pour le PS, mais elle serait aussi suicidaire pour ceux qui partiraient. Lorsque vous quittez un parti pour en fonder un autre, c'est parce que vous pensez que vous avez raison. Vous croyez que vous allez pouvoir l'emporter sur la maison-mère, notamment en ramenant à vous, à plus ou moins long terme, une majorité d'élus, d'adhérents, etc. Or, je le répète, dans toute l'histoire du Parti socialiste, jamais une partie scissionniste ne l'a emporté sur la maison-mère.
Quand Marceau Pivert quitte la SFIO en 1936, il ne part pas avec plus de 2 000 ou 3 000 adhérents. Quand naît le Parti socialiste autonome, en 1958, seuls quelques milliers d'adhérents quittent la SFIO. Quand Jean-Pierre Chevènement quitte le PS en 1993, il n'emmène avec lui que quelques centaines d'adhérents. Idem pour Jean-Luc Mélenchon en 2008 : depuis qu'il a quitté le PS, il réussit certes à exister médiatiquement, mais il n'est pas passé devant le PS aux élections. Et au fond, il reste relativement isolé, puisque même ses alliés du PCF gardent quelque peu leurs distances…
Blum disait : 'On n'a jamais raison contre son parti.'


Denis Lefebvre
francetv info
L'an dernier, en juin 2014, Manuel Valls disait : "La gauche peut mourir."L'évolution des événements, depuis, ne renforce-t-elle pas cette hypothèse ? 
Il est vrai que c'est une possibilité. Le Parti socialiste est un parti qui existe beaucoup autour de ses élus, de ses bastions électoraux. S'il les perd massivement, cela pose un vrai problème. Deuxièmement, un parti politique n'existe véritablement que s'il a un candidat susceptible de l'emporter à la présidentielle. Si ce n'est pas le cas dans deux ans, cela posera un autre problème de taille. Le Parti socialiste risquerait alors, sinon de mourir, de devenir un parti sérieusement exsangue. Et si l'unité du PS n'est pas préservée, ce risque sera d'autant plus grand.
Comment, alors, le PS peut-il survivre au quinquennat de François Hollande ?
Il n'y a pas trente-six solutions : si la situation fait que François Hollande est en mesure d'être réélu en 2017, les problèmes du PS s'envoleront. "Il faut donner du temps au temps", comme disait François Mitterrand. Mais si la situation ne s'améliore pas, alors le PS doit s'attendre à retrouver l'opposition, avec un parti très affaibli et une gauche très divisée. De là à pronostiquer l'éclatement du parti... D'abord, il est difficile pour un historien de faire des pronostics. Et puis, qui donc aurait cet intérêt au sein du PS ? Absolument personne !


Commentaires AA :
3 remarques préalables :
- la minorité du parti veut imposer ses vues à la majorité du parti, mais ne quitte pas (pour l'instant)le PS 
- contrairement au slogan d'Epinay, le PS n'a pas "changé la société"...
- la présidentielle de 2017 sera perdue, si la logique actuelle continue, à savoir pas de résultat sur le plan de l'emploi. Rien ne permet d'envisager le contraire, aujourd'hui...

Il y a 2 lignes aujourd'hui au PS : celle de Valls ("plus à droite") et celle d'Aubry (plus à gauche"). Plutôt que d'un éclatement du parti, il faut s'attendre à une recomposition, lors du congrès de Poitiers de juin prochain. Recomposition interne (si un modus vivendi est trouvé : la fameuse synthèse) ou externe (création d'un nouveau parti rejoint par EELV, les radicaux et certains centristes... avec départ de "frondeurs") ? That's the question !