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mardi 6 décembre 2016

Souvenirs, souvenirs...

J'avais entamé le 22/6/2015 une histoire de "ma vie politique", histoire que j'ai poursuivie pendant 25 chapitres et que je n'ai, pour l'instant, pas terminée. Ci-dessous, le premier chapitre (le lien est à la fin du texte). Vous pourrez retrouver les 24 autres parties, sous le libellé "personnel", à partir du 22/6 jusqu'au 18/8 de cette année 2015. 

Une vie politique (1)
Ce titre peut paraître présomptueux parce que je n'ai véritablement commencé ma "vie politique" qu'il y a une vingtaine d'années. J'y englobe, non seulement les mandats politiques, mais également des combats associatifs pour les droits de l'Homme. 
Je me suis, pourtant, toujours intéressé à la vie politique en général, quelle que fût mon activité estudiantine ou professionnelle. Mon père n'avait pas d'engagement politique connu, mais était une figure locale béthunoise (une rue et une salle en mairie portent son nom), non seulement parce qu'il fut actif dans l'association locale des commerçants, mais aussi parce qu'il était président de la fédération départementale des déportés et résistants (FNDIRP). Il œuvra activement au jumelage entre la ville allemande de Schwerte et Béthune (lui qui, à 16 ans, en 1933, dût quitter Karlsruhe, sa ville natale, du fait de l'arrivée d'Hitler au pouvoir et des premières mesures antisémites), ce qui eut un retentissement important au début des années 60 : déporté racial (juif), ayant passé 2 ans et 4 mois à Auschwitz (septembre 1942 à janvier 1945), libéré à Bergen-Belsen en avril 45, après la terrible "marche de la mort", ayant perdu ses parents, gazés immédiatement à leur arrivée au camp, lui, donc, Philippe Alpern, fut un artisan de la réconciliation franco-allemande. Lors d’une interview accordée à RTL (Radio Luxembourg, à l'époque), dont j'ai perdu, malheureusement, la trace, il donnait la raison de ce geste surprenant, 15 ans après sa libération : "je l'ai fait pour mes enfants, pour qu'ils ne voient plus jamais cela". Il ajoutait :"je n'oublie pas, mais je pardonne". Il avouait, lors de la même interview, que lors de sa première visite en Allemagne, il ne put s'empêcher, lors de ses rencontres, de se demander quelle était l'histoire personnelle de chacun de ses interlocuteurs... Aujourd'hui que l'idée d'Europe fait l'objet de scepticisme, rappelons-nous ce message de paix qui fut à l'origine de la création des jumelages franco-allemands, prélude au traité de Rome (1957). Pour cette raison essentielle, je reste un partisan convaincu de l'Europe (l'Union européenne), parce que je ressens le fond du message des pères créateurs... Nous discutions souvent politique, avec mon père, mais hors de toute position  partisane. C'est probablement pour cela que mon premier vote fut communiste, alors que j'étais très éloigné de toute empathie envers le PCF et que Waldeck-Rochet, alors secrétaire général du parti, ne m’inspirait pas particulièrement confiance. Edouard Carlier, député communiste depuis 1962, figure locale, fut réélu en 1967 et je votais, cette année-là, autant pour l’homme que par rejet du député gaulliste, Dupont-Fauville, parachuté à Béthune, pour l’occasion. J’avoue avoir été déçu en 1968, par la position attentiste du PC lors des événements de mai 68…
Bac philo en poche en 1964, je partis 2 ans à Nancy afin de suivre, parallèlement à mes études de droit, les cours de du Centre Universitaire d’études politiques, équivalent à la première année de Sciences Po Paris. Le cumul des 2 cursus étant lourd pour un étudiant moyennement studieux comme moi, je ne partis pas à Paris en deuxième année de l’école de la rue Saint Guillaume, remettant à plus tard ce séjour parisien et je vins terminer mon droit à Lille. C’est durant ces 2 premières années nancéiennes que je me mis à lire Le Monde, quotidiennement, ce journal dit de référence…
Je retrouvais beaucoup de mes amis lycéens dans la capitale des Flandres, mais aucun n'était politisé. En 1967, je dus faire un travail sur les CODER, les commissions de développement économique et régional, créées en 1964 et soi-disant prédécesseurs des Régions (nées en 1972). On me conseilla de prendre contact avec Guy Mollet, alors membre actif de la CODER Nord-Pas-de-Calais, député-maire d'Arras, secrétaire général de la SFIO (à laquelle le PS a succédé). L'ancien président du Conseil (1956/1957 : 16 mois chef du gouvernement, record de la IVème république !) me reçut et accepta d'être enregistré. Je fus surpris par sa volubilité et son usage immodéré du tabac brun... Il portait les mêmes lunettes que mon père et que celles que je porte aujourd'hui. Je restais longtemps avec lui et je ne regrette aujourd'hui qu'une seule chose : ne pas avoir conservé de trace de mon entretien avec cet homme brillant, à l'esprit clair et cultivant la modestie... J'étais enclin à me sentir politiquement de gauche : je le fus plus encore après cette rencontre...



mardi 18 août 2015

Une vie politique... (25)

Le bilan de la mandature municipal (1997-2001) fut, en ce qui me concerne, mitigé. Certes, nous avions réalisé certains projets et un groupe local Verts était né à Béthune. Mais, comme pour tous les hommes politiques de gauche et de droite, l'écologie était un gadget à la mode. Peu avaient conscience des enjeux (à part Mellick et Flajolet, le futur député UMP de la circonscription). Je pense que si le PS avait, à l"époque, incorporé les idées écologistes dans son corpus idéologique pour en faire un programme social-écologie, sa situation actuelle aurait été bien différente.
De ce fait, nous étions bien décidés, avec mes colistiers de 2001, à ne pas servir de faire-valoir lors des élections municipales. Nous avons réalisé près de 8% au premier tour et notre apport pour la liste d'union au second tour contre J. Mellick semblait nécessaire. Mais aucun accord ne put être conclu, nos amis jugeant que nous étions trop gourmands quant au nombre de sièges (nous proposions 3 adjoints et 3 conseillers) parce que nous voulions, par cette demande, imposer des projets ambitieux. Nous ne participâmes pas au second tour, faute d'entente, et Bernard Seux l'emporta de 60 voix, écart si peu important que le Conseil d'état annula quelques mois plus tard l'élection, du fait d'un tract distribué par le maire élu et qui mettait en cause un colistier de Jacques Mellick. Dans ce tract électoral B. Seux avait fait mention du nom d'un colistier de J. Mellick accusé d'avoir participé à l'agression d'un de ses colleurs d'affiches. Or,  le sus-dit colistier n'a pas été poursuivi devant le tribunal correctionnel, qui a condamné deux autres colleurs d'affiches de l'ancien ministre pour cette agression.
Beaucoup ont pensé que, si nous avions figuré dans la liste qui l'emporta, l'écart eût été beaucoup plus important et le juge n'aurait pas annulé l'élection...  
Lors de la nouvelle élection du 15 septembre 2002, Mellick fut réélu dès le premier tour avec 51,37% des voix et une abstention de 42% qui explique en partie cette victoire, de l'avis même de l'ex-ministre... Bernard Seux, devenu MDC (Chevènement), avait rassemblé large (sauf les Verts, comme l'année précédente) au point d'inclure des UDF (dont Jean-Pierre Deruelle, suppléant du candidat RPR aux législatives, André Flajolet), ceci expliquant également la rogne de militants de gauche: le maire sortant ne réalisa que 33,41 % . Une droite à moins de 10% et nous, avec 2 points de moins que l'année précédente, complétèrent le désastre...
Bernard Seux, qui avait constitué une liste TSM ("tout sauf Mellick"), avait rejoint les rangs du MDC dont le patron départemental, Jean-Marie Alexandre, draguait beaucoup parmi les parias du PS. Ainsi, en 2001, il avait accueilli dans ses rangs, le maire élu à Hénin-Beaumont, Gérard Dalongeville, qui avait battu le maire socialiste sortant, Pierre Darchicourt, lâché, sous le manteau, par la Fédé du Pas-de-Calais...
Je me souviens que Bernard Seux, lors de l'inauguration d'un salon de la Gastronomie, du patrimoine et du tourisme (Gaspatour) que j'avais initié, alors qu'il était attablé avec JM Alexandre, me demanda ce que je pensais de son idée d'adhérer au MDC (futur MRC). Le patron local du parti de JP Chévènement, exemple même de l'élu politique complètement imperméable à l'écologie, savait ce que je pensais de cette initiative et ne fut pas étonné de ma moue dubitative... Ce n'était qu'un avant-goût des rapports que nous entretînmes 3 ans plus tard au Conseil régional, JMA étant vice-président chargé de l'agriculture alors que j'étais en charge de l'environnement... 

jeudi 6 août 2015

Une vie politique (24)...

J'ai donc adhéré chez les Verts en juin 1997, après que ce parti ait affirmé son encrage à gauche (rompant ainsi avec le ni-ni de l'époque Waechter). Nous étions une dizaine d'anciens de Génération écologie 62 qui avions rapidement rompu avec le parti de Brice Lalonde, esprit brillant, certes, mais dont le bonapartisme effaçait ses qualités et compétences personnelles. C'est Jean-François Caron qui négocia notre entrée chez les Verts.
Nous avions réussi à créer un groupe local d'une vingtaine de personnes (Béthune et environs) qui se réunissait 2 fois par mois. Nous y évoquions les grands sujets écologiques, les problèmes politiques du moment et, bien entendu, la situation locale. J'y faisais rapport des réunions mensuelles du CAR (conseil régional régional) dont j'étais le délégué représentant le Béthunois. Beaucoup de personnes se sont ainsi formées à la politique : notamment, Renaud Silvestri, Hervé Rubin, Anne Cuvelier, Joël Caron... dont les Béthunois connaissent les noms. Nos discussions étaient passionnantes, les Français prenant conscience de l'importance de l'écologie et nous sentions qu'il y avait matière à sortir du train-train des partis politiques traditionnels. Voynet et Cochet faisaient partie du gouvernement de la gauche plurielle dont Lionel Jospin était l'instigateur.
Après les élections municipales de 2001 (j'y reviendrai), j'eus 3 ans de vie politique verte.
Marie Blandin fut élue sénatrice sur une liste PS/Verts et elle me proposa de devenir son assistant sur Lille. Ce que j'acceptais d'autant plus aisément que j'avais beaucoup d'admiration pour elle. Cette femme intègre n'en avait que faire de la notoriété : elle défendait ses valeurs avec conviction et elle était très convaincante. Le respect qu'elle acquit pendant sa présidence du conseil régional (1992-1998) se trouva confirmé au Sénat. Je me souviens particulièrement d'une séance du groupe socialiste (dans lequel elle siégeait) où était abordé le sujet de la pénalisation des clients des prostituées (sujet qui revient régulièrement) : Robert Badinter, avec son éloquence habituelle, convainquit rapidement l'assistance qu'il ne fallait pas voter cette loi, présentée par le gouvernement. Marie retourna l'assistance et réussit, après quelques escarmouches avec Badinter, assis juste à côté d'elle, à ce que le projet de loi soit présenté en séance plénière, avec avis favorable de la commission ! Je me souviens du début de sa péroraison : "Mon cher Robert, vous avez presque toujours raison, mais cette fois, je ne suis pas sûr que vos arguments soient justifiés..." Le grand Robert fut ébranlé par le résultat du vote... Des membres du cabinet du ministre de la justice (je crois que c'était Marylise Lebranchu) vinrent féliciter, au nom du ministre, ma sénatrice qui avait osé s'opposer à R. Badinter !
Marie Blandin recruta comme assistante sur Paris, une jeune Roubaisienne qui nous plut à tous les 2. Il s'agissait de Karima Delli, aujourd'hui députée européenne...
En parallèle, je m'investissais de plus en plus dans le parti et je devins, en 2002, secrétaire régional adjoint des Verts, chargé des groupes locaux. De plus, je représentais le parti au conseil fédéral, véritable parlement du parti. J'appartenais à un courant (comme M. Blandin) appelé "Désir de Vert" où se côtoyaient  Gilles Lemaire (secrétaire national à l'époque), Cécile Duflot (qui débutait en politique), Alain Lipietz, François de Rugy et la lensoise d'origine, Barbara Pompili, co-présidents actuels du groupe des députés EELV à l'Assemblée, etc. Très riches moments, on s'en doute... 

mardi 4 août 2015

Une vie politique (23)...


La vie d'écologiste comprend, principalement, un volet "militant". J'ai déjà raconté comment nous luttions contre les transports de déchets nucléaires, en pleine obscurité (aux sens propre et figuré)...
Une autre lutte fondamentale est celle contre la prolifération non contrôlée des OGM. Ce combat est toujours d'actualité, puisque, même si la culture de plantes OGM est interdite en Europe (sous l'influence, notamment, de la France, elle-même sous pression des Faucheurs volontaires), nous mangeons de la viande d'animaux nourris de soja argentin et brésilien, principalement. Les conséquences, mal connues , d'une telle alimentation posent problème...
Le 15 septembre 2001 (je n'étais plus élu et nous en reparlerons), Dominique Plancke, figure historique du mouvement vert français (il fut secrétaire national du parti), secrétaire régional, me téléphone pour me donner rendez-vous dans la journée à Avelin, pour une manifestation anti-OGM. Il me dit de me munir d'une bêche que j'empruntais à mon ami Yves S (ne t'en fais pas, Yves, il y a prescription...). J'embarquai deux militants béthunois et rejoignîmes une soixantaine d'autres personnes de tous bords politiques et syndicaux. Et nous étions là pour faucher une parcelle expérimentale de betteraves OGM. Nous dénoncions l’absence de protection de la parcelle. L’essai OGM a eu lieu à moins de 50 mètres d’un champ de betteraves conventionnelles, alors que les protocoles d’essais prévoient 100 mètres. Nous dénoncions également la dissémination organisée (des betteraves montées ont été retrouvées dans les parcelles génétiquement modifiées) et mettions en cause l’Etat, qui ne surveille pas des essais sous son contrôle, confiés à des entreprises privées.
Quelques années plus tard, Dominique Plancke me mit sous le nez le livre d'histoire de son fils (première ou terminale?) qui faisait état de l'action des Faucheurs volontaires (nous fûmes, d'ailleurs, parmi les premiers à médiatiser notre action). Une photo montrait un faucheur en action avec sa bêche. Et devinez qui était ce délinquant en puissance, photographié à des dizaines de milliers d'exemplaires (je n'ai jamais pu récupérer l'original de cette photo où j'apparaissais dans une activité aussi inédite pour moi)?  Les gendarmes, appelés à la rescousse par l'exploitant, se contentèrent de relever les plaques minéralogiques des véhicules, dont la mienne, bien sûr. Nous furent dix à être mis en examen. Je fus le premier, le 3/9/2003, après une garde à vue médiatisée (j'étais, en effet, assistant parlementaire de la très connue sénatrice, Marie Blandin, présidente de région de 1992 à 1998). Quelques mois plus tard naissait le "comité de soutien aux onze d'Avelin" (une onzième personne avait été retrouvée, dans l'intervalle) qui fut très actif en organisant des manifestations (je me souviens d'un fest-noz), où la Confédération paysanne (dont plusieurs militants connus étaient impliqués : Hubert Caron, Gabriel Dewalle, Bernard Coquelle) faisait festoyer les sympathisants. "Marcel est son orchestre" et les "Fatals Picards" se produisirent gratuitement pour nous... De toute la France venaient des soutiens et de nombreux autres fauchages eurent lieu dans le pays (D. Plancke y était souvent présent ainsi que quelques autres militants nordistes).
Le procès eut lieu à Lille les 29 et 30 septembre 2005 et, devant le tribunal, sur l'avenue du Peuple belge, fut organisée une magnifique fête. De nombreux journalistes étaient présents, notamment du fait de la présence de José Bové, venu témoigner de son soutien, en particulier à D. Plancke, son ami très proche et familier depuis longtemps du Larzac). Notre défense était assurée par Maître Antoine Comte, avocat de toutes les causes de ce genre, assisté par Maître Emmanuel Riglaire, bien connu dans notre région...

Jugement rendu le 3/11/2005 :
Au pénal : les 3 élus "Verts" (D. Plancke, conseiller régional et conseiller municipal à Lille, Eric Quiquet, adjoint à Lille et VP à la communauté urbaine de Lille, AA, VP du conseil régional) sont condamnés à 2 mois de prison avec sursis. Les huit autres prévenus écopent eux d'un mois de prison avec sursis. 
Au civil : les 11 d'Avelin doivent se "partager" solidairement 5.000 euros de dommages et intérêts ainsi que 300 euros chacun au titre de remboursement des frais de justice de la partie adverse. 
Compte tenu des peines encourues pour cet arrachage d’OGM (5 ans de prison, 75.000 euros d’amende et 250.000 euros de dommages et intérêts), les "11 d'Avelin" s'en sortaient bien. Par contre, cela pouvait paraître sévère par rapport à de précédents procès (amendes, dommages et intérêts plus bas, voire faits amnistiés). Nous ne fîmes pas appel...

lundi 3 août 2015

Une vie politique (22)...

Je suis donc arrivé à la vie politique très tard, commençant à militer à l'approche de la cinquantaine, pour exercer, peu de temps après, un premier mandat. Je pus, pendant ce dernier, de 1997 à 2001, continuer à travailler dans le parti auquel je venais d'adhérer (Les Verts). 

Concernant mes délégations en mairie, je pense avoir pu remplir mes missions. Je fus fortement aidé par mon colistier, Gérard Szarzynski, observateur politique de valeur, qui a, aujourd'hui, et malheureusement, abandonné la politique.

- au niveau de l'environnement, je mis en place une "Charte d'écologie urbaine", précurseur des Agendas 21 locaux. Il s'agissait de faire prendre en compte l'écologie dans tous les décisions politiques locales. Pas facile, à vrai dire, les mentalités étant à mille lieux de comprendre les dégradations environnementales causées par l'Homme : les socialistes considérant qu'il fallait me laisser "exister" puisque nous étions en union politique de gauche, les communistes étant conciliants car enclins à conserver leur "pré carré", déjà déclinant. Concernant ces derniers, je dois dire que leurs deux adjoints étaient des hommes de qualité : l'un, Henri Tobo, militant syndicaliste et politique de terrain, chargé des sports, est toujours aussi actif, aujourd'hui; l'autre, Bertrand Péricaud, plus "intello", en charge des lycées, était professeur d'histoire-géographie et il apportait beaucoup à notre équipe. Il fut, au cours du mandat suivant, exfiltré, subitement, de Béthune et du lycée Blaringhem où il enseignait, pour des raisons jamais expliquées, laissant, encore aujourd'hui, planer le doute sur la nature de ce qui lui était reproché. Il trouva refuge auprès du maire de Calais, Jacky Hénin, fut élu conseiller régional en 2010 et est actuellement un excellent président de la commission économique de l'institution régionale (il forme, avec Pierre de Saintignon, vice président au développement économique, un duo très efficace). Quant à Agir, qui fut moteur de la lutte anti-Mellick, ses élus (B. Dubout, PM Queste, notamment) étaient sensibilisés par l'urgence environnementale (on parlait peu de développement durable, à l'époque).

- j'avais également la délégation "démocratie participative" , notion nouvelle à l'époque (c'est moi qui avais proposé mes délégations à Bernard Seux, le maire). J'ai créé un conseil municipal des jeunes et mis en oeuvre des concertations avec la population avant tout projet.

- quant à la délégation "relations internationales" dont j'avais préféré l'intitulé à celui de "jumelages" (car plus large), ce fut un bonheur de l'exercer. Profitant de mon anglophilie et de ma bonne connaissance de l'anglais, j'apportais tout mon concours à André Pelletier, mon ami (ancien chef d'édition La Voix du Nord à Béthune), responsable du comité ad hoc, moteur en la matière, pour le jumelage Béthune-Hastings. A ce sujet, une anecdote : il est vrai que je parlais couramment anglais (je fus marié à une ressortissante étatsunienne, dont la langue nous fut commune), ce qui facilita l'entente avec la merveilleuse ville anglaise (rappelez-vous 1066 et Guillaume le Conquérant). J'avais l'habitude de rédiger mes discours dans la langue de Shakespeare et de les lire, mais j'avais décidé de frapper un grand coup de bluff lors de l'élection du maire de la ville jumelée en apprenant mon long discours par cœur et je le prononçai comme si j'improvisais... André fit un article élogieux pour le compte de son ancien journal qui l'avait chargé de relater la cérémonie et notre visite... Belle manifestation d’ego de ma part, n'est-ce pas ?
Quant au jumelage avec Schwerte, la ville allemande, j'y accordais toute mon attention, car mon père, rescapé d'Auschwitz, avait œuvré à sa concrétisation, une quinzaine d'années après son retour des camps d'extermination... La salle des jumelages, à la mairie de Béthune, porte d'ailleurs, le nom de Philippe Alpern, Hommage soit rendu à Jacques Mellick (eh oui !) et à Jean Vanrullen qui tinrent également à honorer mon père, en donnant son nom à une rue de la ville...
J'ai déjà parlé du jumelage que nous créâmes avec la ville malienne de Marena-Tringa, après une visite sur place en octobre 1999 et une charte signée le 22/9/2000, à Béthune. Il est curieux, d'ailleurs que le site de la ville française ne mentionne pas (plus?) ce jumelage, au contraire de celui de la commune malienne...

Je fus également délégué à la communauté de communes du Béthunois et au Sivom du Béthunois. Dans le premier syndicat (absorbé ensuite par Artois Comm), j'eus souvent maille à partir avec son président, Jacques Villedary, maire de Noeux-les-Mines, dont je n'appréciais pas les pratiques (vous savez : celles des baronnets du PS62). Excédé, un jour, par son attitude autocratique, je lui demandai publiquement d'arrêter de fumer pendant les séances. Ce qu'il fit, mais ne manqua pas, lors d'une réunion suivante où j'étais absent, de faire voter une motion de défiance à mon égard, ce que les délégués des communes approuvèrent, à l'exception, semble-t-il, de mes collègues béthunois... L'ambiance était tout autre au syndicat de la Lawe (chargé de la gestion des eaux de cet important affluent de la Lys), où je siégeais sous la présidence bonhomme de Marcel Wacheux (père d'Alain, maire de Bruay, président d'Artois Comm, etc), figure du PS62. 

A suivre : mes activités partisanes et militantes, pendant cette période...

vendredi 17 juillet 2015

Une vie politique (21)

Durant les 4 ans de mon mandat d'adjoint au maire de la ville de Béthune, quelques souvenirs restent gravés, pas toujours à mon avantage, mais bon...
J'ai mis à contribution mon ami Jean Vanrullen, toujours prêt à aider, mais là j'ai abusé... A 2 occasions où j'étais de "service" pour les mariages... j'ai oublié de me rendre en mairie pour officier lors des différentes unions prévues ces jours-là. Et l'employée de mairie assistant l'élu dans sa tâche, n'eut de ressource que de téléphoner à la seule personne toujours disponible, à savoir Jean Vanrullen.

Lors de je ne sais plus quelle cérémonie officielle, le syndicat anarchiste CNT décida de perturber la réunion. Pour quelle raison, leurs représentants s'en prirent-ils à moi, je ne l'ai jamais su, mais toujours est-il que lors de la réception qui s'ensuivit, ils m'entourèrent et me bousculèrent. Plus aucun élu à l’horizon pour s’interposer, mais un agent de la mairie fit venir la police qui mit fin à cette agression. On se sent seul parfois…

Dans ces chroniques du temps passé, j’ai eu l’occasion de raconter comment mes relations avec Jacques Mellick s’étaient dégradées pour aboutir à une inimitié partagée. Un jour, ce devait être  en 2000, alors que l’ancien maire se mettait en campagne pour l’année suivante, sa période d’inéligibilité prenant fin, je me trouvais dans une manifestation de quartier dans une salle municipale du Mont Liébaut, fief de Mellick, là où il distribuait ses billets de 100 francs. A ce sujet, on n’a jamais su d’où provenait le patrimoine mellickien. A part la villa luxueuse à laquelle je faisais allusion hier, on le disait riche, mais son train de vie était normal et, mise à part sa maison béthunoise, on ne lui connaissait pas d’autre patrimoine. Depuis peu, les ministres et parlementaires français doivent faire une déclaration de patrimoine consultable maintenant en préfecture par chaque citoyen et j’ai déjà eu l’occasion de pointer les « gros patrimoines » de certains élus du Nord-Pas-de-Calais. Cela n’était pas le cas quand Mellick jonglait avec les mandats politiques (conseiller régional, député, VP conseil général, maire, président d’intercommunalités) et les différents ministères. J’ai, également, déjà raconté qu’avant son élection de maire de Béthune en 1977 (il me semble qu’il avait « essayé » de prendre la mairie de Bruay La Buissière dans le mandat précédent et qu’il y fut adjoint…), jeune loup du socialisme renaissant après le congrès d’Epinay, particulièrement dans le 62, il exerça ses activités dans des bureaux d'études : Certa (conseils, études, réalisations thermiques et administratives) et la régie publicitaire Norsogepress, sociétés qui faisaient penser aux affaires Urba-Gracco (financement illicite du PS). Autre anecdote avant de continuer sur mon sujet on raconte que Mellick fut nommé secrétaire d’état aux anciens combattants, en 1988, suite à une erreur de communication, le porte-parole du gouvernement ayant substitué le nom du maire de Béthune à celui de l’homme politique bien plus connu, André Meric (qui lui succéda, d'ailleurs, quelques semaines plus tard, Mellick devenant ministre délégué chargé de la mer…
Donc, je parlais de cette manifestation (je ne sais plus quelle fête il s’agissait) dans une salle béthunoise. Mellick et ses amis étaient très nombreux… je les connaissais et j’avais gardé des relations avec certains d’entre eux (cela signifie que l’on se parlait). Je me trouvai entouré de quelques-unes de ces personnes, au beau milieu de la salle et je sentis alors qu’une stratégie avait été mise en place pour que je me retrouve face à JM ! Imaginez, nous deux, entourés par plusieurs dizaines de participants, nous regardant, à quelques mètres de distance… JM me tint à peu près ce langage : « au nom de mon amitié avec ton père, je souhaite que nous fassions la paix et je te tends la main et j’espère que tu la saisiras ». Pris de court, je répondis à son invitation… Nul doute que cette opération « réconciliation » avait pour objectif politique de rassembler un maximum de personnes pour reconquérir la mairie. Je n’étais pas dupe et même si, ensuite, nous nous sommes salués, il était hors de question que je fasse alliance avec lui… L’histoire fit beaucoup jaser...



mercredi 15 juillet 2015

Une vie politique... (20)

Bernard Seux, le maire élu donc en 1997, était un autodidacte qui s'était formé à la politique comme premier adjoint de J. Mellick, pendant une petite vingtaine d'années. Ses mandats de conseiller général et de député firent de lui un homme d'expérience, son honnêteté et sa loyauté bâtirent un maire dévoué et respecté par les habitants et le microcosme politique. Certes, ce n'était pas un homme de projet, et la culture, ce n'était pas sa tasse de thé. Quant à l'écologie, lui nourri par la social-démocratie, il ne comprenait pas qu'elle puisse devenir un fondamental de la politique, contrairement à J Mellick qui, dès le début des années 90, publiait une feuille de chou, intitulée : "Rose, rouge, vert"... Chasseur dans une région où les chasseurs flirtaient avec les idées les plus conservatrices, voire d'extrême-droite, l'écologie se résumait, pour lui, au mieux, en une gestion de la nature pour que les chasseurs puissent continuer à pratiquer leur loisir favori. Sur ce sujet, nous ne pouvions pas être d'accord... Dans le cadre de mes compétences, il me laissa agir, mais manifestait souvent son incompréhension. J'ai déjà raconté comment il avait réagi dans le cadre de 2 initiatives que j'avais prises : la journée du 22 septembre "En ville sans ma voiture" tuait le commerce, paraît-il, les jardins ouvriers étaient sources d'ennuis potentiels pour les riverains... 
Puisque je rappelais que le bon vivant qu'était Bernard Seux (il appréciait le whisky et les copains...) était un chasseur impénitent, il m'envoya, dès notre première année de mandat, à une assemblée générale des chasseurs de Béthune et environs. Et il me dit qu'il essayerait de nous rejoindre à la fin de l'assemblée... Bien entendu, il s'attendait à me voir lyncher par les participants à la réunion. Et sa surprise fut grande quand il arriva et que la sérénité régnait : j'avais, bien entendu, mis beaucoup d'eau dans mon vin : j'avais expliqué, dès mon discours d'accueil que je n'aimais pas la chasse, mais que les chasseurs, au-delà de leur proverbiale habitude de festoyer, ne me laissaient pas indifférents par leur souci (ambigu, certes) de gérer la nature (les espaces et la faune). Tout cela eut l'heur de plaire à l'assistance, d'où une ambiance sympathique qui étonna B. Seux. 
J'eux l'occasion, quelques années plus tard, de me retrouver avec les fédérations locales de chasse, lors de leurs assemblées générales départementales et régionale... J'y reviendrai, mais là aussi, malgré d'importantes divergences (notamment sur les dates d'ouverture de la chasse, la gestion des zones naturelles...), les rencontres se passaient étonnamment bien.
Durant notre mandat, nous eûmes l'occasion de nous jumeler avec la ville malienne de Tringa-Marena (13 000 habitants environ). Cela entrait dans le cadre de la coopération régionale entre le Conseil régional et la province de Kayes. Le lycée de la ville de Kayes était d'ailleurs jumelé avec le lycée Louis-Blaringhem de Béthune (ancien lycée de garçons que j'avais fréquenté de la classe de 11ème, l'équivalent du CP, jusqu'en terminal soit pendant 12 ans...). Nous nous rendîmes dans cette ville de Marena-Tringa en octobre 1999 (une charte de coopération fut signée à Béthune le 22 septembre 2000). Nous étions 4 élus : outre le Maire et moi-même, nous accompagnaient Henri Boulet, maire de la commune associée de Verquigneul, et Bertrand Péricaud, adjoint en charge de l'enseignement. De Bamako à Kayes, nous prîmes le train, puis, nous empruntâmes 2 taxis-brousse pour nous rendre à Marena. Quelle ne fut pas ma surprise de voir les 2 taxis s'arrêter brusquement, les 2 chauffeurs en sortir, épauler un fusil et abattre quelques perdrix qui passaient par là. Mes collègues rirent beaucoup devant ma mine perplexe, voire effarée. Nous offrîmes ces oiseaux à nos hôtes. Nous nous attendions à ce que l'on nous cuisine ces perdrix à l'occasion de l'un de nos repas. Rien pendant les quatre premiers jours. Mais le cinquième, juste avant notre départ, on nous les servit en guise de petit-déjeuner... Mes amis élus firent une mine dégoûtée et commencèrent à manger leur pain-beurre-confiture, ces 2 derniers ingrédients apportés par leurs soins... Dans la marmite baignaient, dans une sauce à base de cacahuètes, les morceaux de perdrix que je me mis à dévorer à pleine dents tant le mets était délicieux. Les autres me regardèrent d'un air désolé, en me disant que c'était hors de leurs habitudes. Bertrand P me voyant me régaler ainsi, goûta à son tour et apprécia comme moi ce plat merveilleusement cuisiné. Rien n'y fit pour les 2 autres qui n'eurent jamais l'occasion d'apprécier la cuisine locale et pourtant l'un comme l'autre étaient de grands chasseurs devant l’Éternel. Ce fut à mon tour de me moquer d'eux et de les titiller en insistant sur le fait qu'un chasseur devrait manger les fruits d'une chasse, sinon c'était une pratique à réprouver... Je vous avais dit que Bernard Seux était conservateur : rien de tel qu'un pain-confiture-café au lait au petit-déjeuner !

A suivre.

mardi 14 juillet 2015

Une vie politique... (19)

2- Lors d'un conseil municipal qui a dû se tenir en juin 1999, je siégeais, comme d'habitude, aux côtés de mon ami Bruno Dubout, avocat de son état et adjoint à la culture. Nous dénonçâmes le coût exorbitant d'un socle en béton que la ville de Béthune, du temps de la mandature Mellick, avait commandé pour une statue de F. Mitterrand (située face à la gare). Le socle fut facturé et payé à un prix supérieur à celui de la statue (!) et exécuté par un architecte belge qui intervenait beaucoup sur Béthune (avec talent, d'ailleurs). Ce dernier avait travaillé sur l'extension d'un permis de construire de la résidence secondaire des Mellick dans le Var (propriété luxueuse, selon les photos qui circulaient à Béthune). En d'autres termes, nous avions lié les nombreux marchés obtenus par cet architecte (du "Grand Hornu") et, éventuellement, les surfacturations (exemple : le socle de la statue) aux travaux exécutés dans la maison de vacances des Mellick ! Bruno Dubout me téléphona, en août, sur mon lieu de vacances, pour m'annoncer que nous venions d'être assignés, lui et moi, pour diffamation, par le sieur Jacques Mellick. En rentrant, je suis allé cherché le courrier déposé par l'huissier. Quant à mon collègue, absent pour cause de congés également, il avait dit à l'huissier de repasser quelques jours plus tard pour déposer la requête. Il savait qu'ainsi, le délai de prescription, qui, dans ce cas, est de 3 mois après les propos litigieux, était dépassé. Je me retrouvais, donc, seul à être assigné ! 
Mon collègue avocat ne pouvait pas me défendre et il me proposa de rédiger les conclusions lui-même, fort de sa connaissance du dossier et, surtout, de sa compétence en matière de diffamation. Il me suggéra le nom d'un avocat pour plaider, avocat qui était déjà bien connu dans le Nord et qui devint ensuite le ténor des barreaux français : Maître Dupont-Moretti, "réputé pour le nombre record d'acquittements obtenus sur le territoire français" et surnommé "Acquittator". Un petit conseil : lisez sa fiche sur Wikipedia et vous comprendrez pourquoi cet "ours mal léché" est impressionnant !
Je me souviens du procès qui avait attiré beaucoup de médias, du fait de la présence de Mellick, bien sûr, mais aussi de celle de 2 ténors du barreau puisque l'ancien maire de Béthune était défendu par une figure légendaire du barreau de Lille, ancien bâtonnier, avocat attitré du PS et avocat de la famille...Groseille (d'où fut tiré le film, "La vie est un long fleuve tranquille") : Jean Descamps. J'étais allé voir mon avocat à son bureau, à Lille, accompagné de mon fils qui était, alors, en maîtrise de droit et tenait absolument à voir de près le déjà illustre juriste... L'entrevue ne dura que quelques minutes et Eric Dupond-Moretti me fit part de son aversion pour le personnage de Mellick et qu'il s'en référerait à ce que lui préparerait son "excellent" confrère béthunois. Arrivé en dernière minute au tribunal de Béthune, il prit connaissance des conclusions qui avaient été rédigées pour lui et fit preuve d'une rare éloquence lorsqu'il plaida. L'affaire fut rapidement entendue: je fus relaxé et le plaignant ne fit pas appel...

A suivre


dimanche 12 juillet 2015

Une vie politique... (18)

Je rappelais, dans le post précédent, le rôle que jouait Mellick dans la vie politique béthunoise, que sa présence fût officielle ou non, suivant qu'il était inéligible ou pas. 2 exemples que j'ai vécus personnellement :
1- l'un, c'était en 1995, lors de l'élection municipale où Mellick était tête de liste et fut élu avant de démissionner pour inéligibilité, peu de temps après. J'étais président de bureau de vote, désigné par mes amis d"Agir pour Béthune", liste dissidente. Comme à son habitude, JM avait organisé les déplacements des personnes pouvant difficilement se mouvoir. Son fils, Jacques junior (ou Jacques 2, depuis qu'il y a un Jacques 3) vint accompagner une dame âgée pour qu'elle procède à son devoir électoral... Il voulut l'accompagner dans l'isoloir, ce qui est formellement interdit par le code électoral et je le fis savoir. Les acolytes du fiston se montrèrent menaçants envers moi et je dus déclarer que je refuserais d'enregistrer le vote, en prenant la précaution de faire signer une déclaration par 3 témoins présents au moment des faits, avec l'assentiment de mes assesseurs (sauf, bien sûr, celui qui représentait la liste de JM). La dame put se rendre dans l'isoloir et son vote enregistré. Mellick savait mettre tous les atouts de son côté lors d'élections : j'ai rappelé précédemment les distributions de billets de 100 francs, les bourrages d'urnes... Les menaces orales et verbales, il connaissait ! Il me revient ainsi que, peu de temps avant l'élection de 1997 (que nous gagnâmes contre son homme "marionnette") il me téléphona pour me dire qu'il avait devant lui un dossier d'assurances dans lequel Bernard Seux (tête de notre liste) avait, alors qu'il était premier adjoint, favorisé mon offre pour l'obtention d'un marché... Cette pression n'eut évidemment aucune suite, mais j'avais pris la précaution d'enregistrer cette conversation et nous en rîmes quand nous écoutâmes la bande, tant cette façon d'agir était caricaturale. Cela rappelait toutes les interventions et menaces auprès de Corinne Krajewski afin qu'elle ne témoigne pas contre son patron à Valenciennes, dans l'affaire VA/OM (B. Tapie) et qui valut à JM une condamnation pour subornation de témoin (d'où une inéligibilité)... 
Un point positif en faveur de celui que je viens de charger : alors que j'étais président du Stade Béthunois Football Club, le voyant arriver et faire la queue au guichet pour acheter sa place, je lui proposais de l'inviter, mais il refusa et paya son billet... De même, alors que notre équipe jouait un match de 64 èmes de finale de coupe de France, à Cambrai contre l'équipe locale, il était venu incognito. Alors que le score était vierge à la mi-temps, il me demanda quelle prime j'avais prévue en cas de victoire et me fit transmettre aux joueurs qu'il doublait cette prime, sur ses deniers personnels, me précisa-t-il. Je n'ai jamais pu vérifier s'il disait vrai, sur son implication personnelle, parce que nous perdîmes le match... A ce sujet, le fait qu'il était venu sans me prévenir était dû, me dit-il, au fait qu'il ne voulait pas rencontrer le sénateur, ex-maire de Cambrai et ex-secrétaire d'état dans les 3 gouvernements de Raymond Barre, Jacques Legendre. Quand je remontais des vestiaires, à la mi-temps, je trouvais JM devisant, de façon très courtoise, avec le sénateur de droite...

A suivre







jeudi 9 juillet 2015

Une vie politique... (17)

La majorité plurielle béthunoise eût à se battre, pendant son court mandat de 4 ans (1997-2001), contre Jacques Mellick qui dirigeait, en sous-main, ses hommes siégeant sur les bancs de l'opposition. 
Ainsi, concernant les affaires immobilières de la SCI JMB Pharm, contrôlée par les deux fils pharmaciens (Jacques et Miguel) et l'épouse de Jacques Mellick, dans une zone d'aménagement concertée (ZAC) béthunoise. Une ZAC, censée désenclaver le quartier de Catorive, qui, selon Stéphane Saint-André, futur maire, mais à ce moment-là, directeur de cabinet de B. Seux, «a surtout servi à mener une opération personnelle pour le maire» de l'époque.
Au début des années 1990, la société d'économie mixte Sepac, alors présidée par Jean-Pierre Kucheida, député-maire PS de Liévin et proche de Jacques Mellick, rachète plusieurs logements de part et d'autre de la toute nouvelle pharmacie de Miguel Mellick, pour réaliser un rond-point et une nouvelle voie dans ce quartier isolé. La Sepac (il y aurait beaucoup à dire de cette société) rachète notamment trois biens immobiliers à la Ville de Béthune. Sur deux de ces parcelles, la Sepac donne en décembre 1989 un droit d'occupation gratuit à la SCI JMB Pharm. Officiellement en échange de l'entretien des bâtiments et en attendant les travaux du rond-point qui doivent détruire la pharmacie (l'expropriation prononcée en 1998 ne sera jamais menée à bien).
Sauf que le rond-point ne se fera jamais : en 1997, dès notre arrivée, nous mettons un terme à ces procédures qui ont spolié les Béthunois. Et, au début des années 2000, la Sepac revend sept des parcelles à la SCI JMB Pharm pour un prix inférieur de plus de 8000 euros à celui de l'achat une dizaine d'années plus tôt.
C'est-à-dire que la SCI JMB Pharma a bénéficié pendant une dizaine d'années d'un droit d'occupation gratuit de deux bâtiments, et que trois bâtiments,   propriétés de la Ville de Béthune en 1989, se sont retrouvés dix ans plus tard rachetés à un prix modique par cette SCI contrôlée par la famille Mellick. Voir mon post du 18 juin 2011 sur le blog (et les autres articles de Médiapart sur les déballages de l'après-Mellick, hors de la période que je raconte...). 
Miguel Mellick, contrairement à son aîné, Jacques, dit Jacques 2 (pour ne pas le confondre avec Jacques 1 et Jacques 3 qui termine ses études de pharmacie en... Roumanie) ne s'est pas intéressé à la politique. Certes, il profitait des réseaux de papa (il avait ainsi obtenu, de façon légale, j'espère... le renouvellement du marché de matériel médical de l'hôpital de la Timone à Marseille !), mais je confirme que c'était un excellent homme d'affaires, malgré quelques déboires judiciaires suite, notamment, à une affaire de fausses vignettes apposées sur des médicaments provenant de Belgique (voir un article de Libération, à ce sujet, du 27 octobre 1997). Nous étions presque voisins, pendant un certain temps, et je croisais souvent sa compagne, Evelyne Leclerc ("Tournez manège") : leurs amours faisaient alors la une des magazines people...

Daniel Boys, intelligent et éloquent, était la voix de l'opposition. Sa mauvaise foi était toujours très présente, mais ses pirouettes, pour se justifier, valaient toujours leur pesant d'or. Aujourd'hui, cet ex-premier adjoint de Mellick, est devenu un opposant à son ancien mentor, comme le fut Bernard Seux (ex-premier adjoint aussi de JM) à partir des années 1990 jusqu'à très récemment où il est retourné à ses premières amours mellickiennes. Un jour, en plein conseil municipal, Daniel Boys, contrairement à son habitude, lit une déclaration écrite. Son voisin, Jacques Pomart, RPR, opposant depuis 20 ans, est frappé d'une véritable crise d'apoplexie : "mais je reconnais cette écriture", crie-t-il en regardant les notes de Boys, "c'est celle de Mellick" ! B. Dubout, mon voisin, adjoint à la culture, de s'exclamer immédiatement, avec sa vivacité d'esprit habituelle : "La voix de son maître"... D. Boys eut du mal, ensuite, à restaurer sa crédibilité car l'histoire fit le tour de la ville... La séance municipale suivante, D. Boys changea de siège pour ne plus se trouver à côté de J. Pomart qui connaissait trop bien l'ex-maire de Béthune !

 

mardi 7 juillet 2015

Une vie politique... (16)


2- Je vous ai raconté longuement mes activités de militant écologiste, concernant les transports de déchets nucléaires, alors que j'étais élu (adjoint au maire). 
J'ai eu également l'occasion de me confronter aux problèmes de l'usine d'incinération de Labeuvrière qui dépendait du District Béthune-Bruay dont le président était Joseph Brabant (en 2002, cette intercommunalité fut intégrée à Artois Comm). Joseph Brabant était le type même du vieux militant socialiste qui détenait un fief et qui avait rendu de bons et loyaux services (lesquels ?) au parti , comme le furent Marcel Wacheux (père d'Alain, maire de Bruay, Président d'Artois Comm et Vice-président des transports au Conseil régional et également président de l'Epinorpa et exerçant des fonctions importantes au sein du PS 62) et Jacques Villedary, maire de Noeux-les Mines, dont je parlerai, ce-dessous. 

Joseph Brabant fut maire de Barlin de 1976 à 2002, conseiller général de 1985 à 2002, et président du district de l'Artois de 1981 à 2002. Petit baron du PS, donc qu'il ne fallait surtout pas critiquer et mettre en cause. Ainsi, Bernard Seux me fit la remarque suivante quand il apprit que j'osais l'interpeller : "tu ne vas pas quand même faire des misères à ce brave Joseph !" En effet, en tant représentant de la ville de Béthune, j'intervenais, à chaque réunion, pour demander des explications sur les forts taux de dioxines inclues dans les fumées rejetées par l'incinérateur, relayant en cela la bataille menée, depuis des années, par Robert Trouvilliers, président-fondateur de Béthune-Nature. Fatigués de ne pas être entendus, avec quelques amis (accompagné de la maire d'Annezin de l'époque, Madame Deleflie), nous envahîmes un conseil d'administration de la Semiora gérant l'incinérateur et firent mine de prendre en otages les administrateurs. M. Brabant prit peur quand je fis semblant de le prendre par le collet, en présence de la presse locale. Résultat : sous pression médiatique, mais, surtout du fait de la législation qui devenait de plus en plus sévère, on installa des filtres spécifiques pour ne pas rejeter totalement les dioxines. M. Brabant n'était pas très évolué (il avait pourtant été instit') et, un jour, en pleine séance, alors que je l'avais une nouvelle fois interpellé, il lâcha, excédé : "sachez, Monsieur A, que, ici on ne produit pas de dioxine !". Formule qui fit le titre d'un article d'un journal local (L'Avenir de l'Artois, pour ne pas le nommer) ! Le préfet a ordonné la fermeture des fours en 2004 et le pauvre J Brabant a dû se retourner dans sa tombe, lui qui était décédé en 2002... Qu'à cela ne tienne, Véolia a repris ensuite l'exploitation...
Vous vous doutez bien pourquoi Joseph était tant protégé, car il en connaissait des secrets sur le PS ! Que penser, alors de son filleul qui, d'aide-soignant, devient maire puis président du Conseil général, tout cela en une vingtaine d'années ? J'ai bien ma petite idée sur ces "arrangements en famille"... 

Autre "baronnet" qui m'a révolté, c'est Jacques Villedary... Sa soif de pouvoir et, probablement d'autres atouts, étaient tels que tout le monde se taisait devant ses abus. Maire de Noeux-les-Mines depuis 37 ans (enfin battu en 2014), il a réussi, dans l'illégalité totale, à ne pas faire intégrer sa commune à Artois Comm... Il était au moment de la fusion des intercommunalités (en 2002), président de l'importante communauté de communes du Béthunois et, suite au choix fait à Artois Comm d'élire Alain Wacheux à sa tête, plutôt que lui, Jacques Villedary, il a alors créé sa propre (petite) communauté de communes en plein cœur de l'Agglo (faisant fi du principe de continuité territoriale) et il a fallu plus de 10 ans pour que l'Etat fasse cesser cette anomalie... J'ai eu un début de réponse à cette impunité de la part du pouvoir central, mais également de la part de ses collègues. J'avais fait état de son cumul de mandats (malheureusement les blogs n'existaient pas !) et le sous-préfet de l'arrondissement de Béthune m'avait invité à venir prendre connaissance de quelques infos... Il me lista toutes les présidences de Villedary (et des indemnités afférentes) et notamment des zones industrielles A et B de Noeux alors que l'une des 2 n'avait plus aucune activité réelle et que l'on aurait pu la supprimer. Mais ces 2 présidences étaient rémunérées, elles aussi... Voilà le message que le sous-préfet voulait me faire passer. Mais impossible à l'époque de diffuser l'info largement... 
Tout cela n'a plus d'importance pour JV, mais c'est une confirmation de ce que l'on pensait de l'"engagement" de certains élus...

A suivre

lundi 6 juillet 2015

Une vie politique... (15)

J'avais organisé une des dernières "sorties de nuit" entre Lillers et Béthune. Une centaine de militants venus de tout le Nord-Pas-de-Calais (y compris les élus Verts de l'époque : MC Blandin, Hélène Flautre...) convergèrent vers plusieurs points de rendez-vous fixés à l'avance où on les acheminait au lieu où devait se passer l'action. J'avais, la veille, négocié, directement, avec le sous-préfet de l'arrondissement qui me semblait m’avoir donné l'autorisation d'arrêter le train pour mesurer la radio-activité puis de le laisser repartir, sans incident. Nous avions mobilisé des journalistes en leur promettant simplement une surprise. Mon camarade, Gérard Szarzynski, et moi-même avions garé nos véhicules sur les rails pour provoquer l'arrêt du train. N'ayant pas eu le représentant de l'Etat au téléphone depuis quelques heures, je l'appelais, et lui demandais (en pleine nuit et il me sembla l'avoir réveillé) si, comme convenu, le train allait s'immobiliser, pour nous laisser procéder à nos mesures. Le sous-préfet essaya de temporiser, mais me dit finalement que rien n’avait été concrétisé ! Mais il me demanda de le laisser faire… En pleine nuit, cela me semblait complètement incongru. Or, un train se profilait à l’horizon et Gérard Z ( qui signait ses articles EZ par référence à l’auteur de Germinal…) fit sortir son véhicule hors des rails. Je ne voulais pas démordre de ma démarche et je ne bougeais pas. Les gendarmes qui venaient d’arriver sur place, déplacèrent mon véhicule de quelques centimètres et l’on me raconta, ensuite, que, quand le train (un vulgaire train de marchandises alors que nous attendions le train de déchets !) arriva, la centaine de personnes présentes ferma les yeux pensant que j'allais être percuté de plein fouet…. Les gendarmes m'avaient déplacé juste suffisamment pour éviter ce suicide "in live". Je ne m'étais aperçu de rien car le train passait derrière moi... Ce moment de frayeur passé, je fis savoir ce que je pensais au représentant de l'état qui m'avait proprement grugé... Cette soirée fut un véritable fiasco sur le papier : une centaine de personnes s'étaient déplacées pour rien... Pourtant, dans les mois suivants, nous n'eûmes plus connaissance de transports dans la région, ce qui ne signifie pas qu'ils cessèrent... 
J'ai retrouvé, sur un moteur de recherches, quelques articles qui restent, une vingtaine d'années plus tard...

https://fr.groups.yahoo.com/neo/groups/sympathisants_verts_lille/conversations/messages/75
http://www.sortirdunucleaire.org/IMG/pdf/sdn41.pdf : voir page 17 une supplique en vers que j'ai adressée au Président de la République.

dimanche 5 juillet 2015

Une vie politique... (14)

Nous multipliâmes les interventions avec plus ou moins de succès, mobilisant les forces de police, perturbant plus ou moins le trafic de nuit, mais avec peu de répercussions sur les trains de voyageurs du matin. Je dois dire que nous avions changé de méthode. Comme il était difficile d'arrêter les convois nucléaires, nous avions décidé de stopper les trains de marchandises sur les voies concernées par le passage des Castors, ce qui perturbait le trafic et, forcément, le train de déchets. Nous emmenions avec nous, à chaque à chaque occasion, un journaliste de l'agence locale de Béthune qui nous gratifiait, à chaque fois, d'un article vivant et relatant ce que l'on pouvait qualifier d'aventure, avec planques, interventions épiques quand les trains s'arrêtaient, courses pour échapper à la police. Je me souviens de cette ruée effrénée à travers des marais, poursuivis, un journaliste et moi, par des policiers, et que, dégoulinants de boue, nous errions sur une route au petit matin quand une voiture de police s'arrêta à notre hauteur pour nous demander... si nous avions besoin d'aide car des terroristes rôdaient dans le coin !
Nous étions au moins une quinzaine à passer la nuit chez nos amis Bernadette et Jean Capelle à Fouquereuil, pendant l'été 1999, je crois, échafaudant nos plans autour d'un barbecue sous les yeux amusés d'un journaliste qui en fit un reportage épique que l'on doit pouvoir retrouver sur Internet. Peu avant l'heure qui nous fut annoncée comme étant celle du passage du train, nous nous divisâmes en plusieurs groupes afin de faire diversion auprès des forces de l'ordre. Cette nuit-là, nous expérimentions, pour la première fois, la technique dévoilée par notre copain retraité cheminot. Nous avions répété comment nous faufiler entre les wagons et comme tourner vers le bas la manette qui empêchait le conducteur de redémarrer tant qu'il n'avait pas vérifié chaque attelage. J'étais, bien sûr, dans l'un des 2 véhicules qui se dirigèrent vers le lieu (près d'Hazebrouck) de l'attaque, pardon : de l'intervention... 3 autres servant donc de leurre. Nous eûmes de la chance et, pour un coup d'essai, ce fut un coup de maître ! Nous arrêtâmes 2 trains sur 2 voies différentes ce qui provoqua un important encombrement ferroviaire. Nous filâmes sur Hazebrouck où nous devions rejoindre le groupe lillois qui, lui aussi, avait causé de sérieux ralentissements. En arrivant près de la gare, nous fûmes impressionnés par les dizaines de voitures de police qui stationnaient là : nous avions ainsi confirmation que le convoi de déchets devaient passer par cette ville des Flandres. Nous entrâmes dans un café et, immédiatement, des policiers vinrent se poster à l'entrée pour surveiller nos faits et gestes. Nous demandâmes naïvement au cafetier ce qu'il se passait pour que la ville soit, ainsi, en état de siège. "Il semblerait qu'il va y avoir une attaque de trains" nous répondit-il, tout en nous avouant qu'il ne savait pas ce que ce train transportait... "Peut-être de l'or" lança l'un d'entre nous, ironiquement. Nous étions coincés et décidâmes de rebrousser chemin (il était 6 heures du matin) et, bien entendu, deux voitures de police nous suivirent pendant quelques kilomètres, mais disparurent soudainement, quand nous approchâmes de la "frontière" avec le Pas-de-Calais (ayant atteint les limites de leur compétence territoriale !). Pourquoi pas se payer encore un train ? Nous étions pas loin d'Isbergues.  Malheureusement, au bout de 45 minutes, pas un seul train à l'horizon ! Cela signifiait que le désordre régnait sur le réseau !
Cela devenait de plus en plus compliqué d'organiser nos "sorties", car les RG nous pistaient et, certaines nuits, au moment où je partais, une voiture stationnée près de chez moi démarrait également. Il fallait que j'organise de fausses pistes, notamment sur la place du Beffroi à Béthune, et que je ruse pour les semer...
Jamais, nous ne furent pris en flagrant délit et, mis à part Dominique Plancke et quelques autres (procès d'Avesnes fin 2003), nous n'eûmes jamais à affronter la justice sur ce type d'affaires...

A suivre

samedi 4 juillet 2015

Une vie politique... (13)

Nous avions pu constituer un groupe local des Verts et une vingtaine de personnes participait aux réunions hebdomadaires. La mobilisation se faisait autour de deux dossiers principalement :

1- Les transports de déchets nucléaires vers l'usine de retraitement de La Hague (voire de Sellafield en Angleterre), dans la Manche, en provenance d'Allemagne souvent, mais aussi des Pays-Bas. Les convois passaient de nuit sans que quiconque en soit averti, alors que, non seulement personne n'était sûr que la radioactivité restât confinée à l'intérieur des wagons, mais, de plus, les dangers d'accident n'étaient pas nuls. Nous avions sensibilisé les élus des territoires par où passaient les trains, en les informant sur les risques de contamination pour les riverains (accident ou pas) : sans résultat. Quand on sait que ces convois étaient surveillés par des soldats, voyageant dans des wagons (ceux renfermant les déchets étaient appelés Castors) et que personne ne se souciait des risques sanitaires qui étaient encourus par ces convoyeurs ! Ne restait donc plus que l'action, à l'image des anti-nucléaires allemands, avec qui nous étions en contact et qui nous avertissaient des départs des trains et de leur progression, ralentie par les différents mouvements le long du parcours pour tenter d'enrayer leur trajet.
L'objectif que nous avions était d'arrêter les trains par tous les moyens afin de perturber la circulation ferroviaire avec des répercussions sur tout le réseau afin que les médias se saisissent de ce problème de santé publique et de désinformation des citoyens. Ce type d'actions s'étala de 1997 à 2003/2004, en coordination avec différents groupes locaux des Verts, regroupant des militants de différentes associations (Greenpeace certes, mais aussi des militants associatifs écologistes ou de défense des droits de l'Homme). Nous travaillions en liaison avec Dominique Plancke (ce militant engagé, et également défendeur de la cause écologiste) toujours très informé. Notre rayon d'intervention se situait dans les zones "nordistes" des passages des trains : non seulement le Béthunois était concerné (trains en provenance du Nord de l'Europe, mais aussi de l'Est, par le centre de triage de Tergnier)  mais nous allions jusqu'à Hazebrouck (quand les trains passaient par Lille) et même sur la côte. En fait, il s'agissait d'un jeu du chat et de la souris. Les organisateurs des transports ne communiquaient leur trajet qu'à la dernière minute, la date et les horaires étant généralement précis mais connue seulement 24 ou 48 heures avant. Nos informateurs (militants travaillant à la SNCF, on peut le dire aujourd'hui) faisaient ce qu'ils pouvaient. Face à eux, nous avions notre mobilité, un nombre grandissant de militants, mais peu de moyens pour arrêter les trains. Nous utilisions des fumigènes à leur approche, afin de les immobiliser et nous avions appris d'un cheminot, comment "désolidariser" les wagons, en nous faufilant entre eux pour, en quelque sorte, les détacher les uns des autres, le conducteur ne pouvant redémarrer que si toutes les manettes étaient en ordre : l'immobilisation durait, ainsi, plus longtemps. Mais nous n'utilisâmes cette 'technique", dévoilée par le militant retraité SNCF  du Béthunois, qu'assez tard.
La première manifestation eut lieu à la gare de Béthune, où dans notre grande naïveté, nous avions l'intention d'arrêter le train nucléaire en nous couchant sur la voie et de profiter de cette immobilisation pour mesure la radioactivité des wagons à l'aide d'un petit compteur Geiger que nous nous étions procurés. Las, la police prévenue je ne sais comment, nous empêcha de pénétrer dans la gare. Je parlementais avec un commissaire, très ouvert à la discussion, que je croyais avoir convaincu des modalités de notre action qui ne devait pas durer bien longtemps. Mais pendant ces négociations, le convoi passa en gare et nous avions raté notre objectif, même si la presse locale fit un reportage. Quelques années plus tard, je revis ce commissaire, qui était en retraite, et il m'avoua qu'il comprenait et appréciait notre volonté militante, mais que, en aucun cas, il n'avait prolongé les négociations afin que le train puisse passer tranquillement. Soit !

A suivre

vendredi 3 juillet 2015

Une vie politique... (12)

Dès que nous connûmes les dates des élections, la machine se mit en route. Une liste "gauche plurielle", menée par Bernard Seux, se constitua contre Lagache. Elle comprenait :
- les socialistes dissidents : Bernard Seux, Jean Vanrullen, Henri Boulet (élu maire, parallèlement, de la commune associée, Verquigneul, qui allait également défusionner quelques années plus tard !)
- le PCF : Henri Tobo, Bertrand Péricaud (aujourd'hui président de la commission "développement économique" au Conseil régional)...
- Agir pour Béthune : Bruno Dubout, Paul-Marie Queste, Daniel Dorfin...
- Les Verts : AA, Gérard Szarzinski, Gérard Dhondt (ces 2 derniers étant passés par Agir)
- des personnalités de la société civile : Francis Finet...
La campagne ne fut pas exempte d'invectives... Nous l'emportâmes au second tour. Les Mellickiens furent représentés dans l'opposition par Daniel Boys et le RPR par Jacques Pomart.
Je fus investi de la délégation "Environnement, Relations internationales, Tourisme, démocratie participative". J'avais insisté pour bénéficier de ces compétences: l'environnement, par évidence, l'international pour l'implication de mon père dans le jumelage avec la ville allemande de Schwerte, le tourisme (ma première décision fut de transférer l'office de tourisme au rez-de-chaussée du beffroi) et la démocratie participative parce que j'avais plein d'idées sur ces sujets.
L'ambiance au sein de la majorité était excellente, une réelle amitié nous liant. Seuls mes rapports avec Bernard Seux souffrant de l'incompréhension du maire pour tout ce qui était écologie. C'était, dans le fond, un réflexe d'un ancien militant socialiste imperméable à toute idée nouvelle. 3 exemples illustrent cette rigidité :
- peu de temps après l'élection, le responsable des Verts locaux que j'étais, entendait maintenir son opposition au projet d'une déviation routière passant dans une des rares zones vertes restantes à Béthune, travaux nécessitant la destruction d'un théâtre de verdure, au bord du canal Aire-La Bassée, construit 8 ans auparavant et financé par des fonds européens et régionaux,.. Bernard Seux disait avoir poussé le conseil général (aujourd'hui départemental) à financer les travaux de cette route et ne comprenait pas les solutions alternatives que je lui proposais. J'étais bien décidé à me faire entendre et j'avais averti le maire que j'avais décidé de m'enchaîner sur les lieux et que j'avais invité la presse pour l'informer. Stéphane Saint-André, directeur de cabinet de Bernard Seux (qui fut maire de Béthune de 2008 à 2014 et est actuellement député de la circonscription) vint me prévenir que le maire me retirerait mes délégations si je maintenais mon rendez-vous avec la presse. Bien sûr, je n'obtempérai pas (je savais que le maire ne pouvait se permettre une crise quelques semaines après les élections). Le projet fut gelé pendant de nombreuses années et constitue, aujourd'hui qu'il a été réalisé, un gâchis financier (argent public dilapidé) et écologique...
- j'avais organisé une "journée sans voiture" ("En ville, sans ma voiture") et nous avions ainsi fait partie de la première fournée européenne de cette manifestation collective annuelle. La place du Beffroi sans voiture, à Béthune, c'est devenu une habitude maintenant. Bernard Seux, le 22 septembre, me conduisit sur le balcon du premier étage (salle du conseil et des cérémonies) de la mairie qui surplombait la place du Beffroi et me lança furieux (un peu éméché, il faut dire) : "cette place est silencieuse, personne ne s'y promène et les commerçants-riverains sont furieux. Voilà où nous mènent tes idées saugrenues !" Nous continuâmes les années suivantes et je suis sûr que cela contribua aux décisions pour une Grand Place piétonne (avec quelques remises en cause en fonction des maires successifs : aujourd'hui elle est semi-piétonne). Mais mes rapports avec Bernard en prirent un nouveau coup...
- avec une association de réinsertion, nous avions monté des jardins ouvriers dans un quartier dit difficile (cité Bristol). Le travail fut excellemment entrepris par ces personnes en grande difficulté et je leur rendais visite tous les jours : ils étaient fiers de ce qu'ils faisaient et savaient qu'ils jouiraient des fruits de ce travail. Bernard Seux me prédit toutes les difficultés à venir : les jardins en construction seraient pillés, les riverains mécontents, etc. Il n'en fut rien : aucune dégradation et des habitants séduits. Les uns (les ouvriers) et les autres (les riverains) s'entendirent à merveille, les seconds se voyant offrir des légumes des jardins. Il y eut également une grande fête... Mais je ne pus créer un second jardin ouvrier, les riverains concernés ayant manifesté leur opposition...
- bref, un jour de retour de Hastings, ville jumelée avec Béthune, alors que je venais d'annoncer que je constituais une liste Verte pour les municipales de 2001, n'ayant pu me mettre d'accord avec les partenaires, je ne pus pénétrer dans mon bureau. Personne n'était au courant de ce qui se passait : Michel Rodriguez, le DGS (qui fut maire de Leforest de 2001 à 2008) et Stéphane Saint-André me jurèrent leurs grands dieux que l'on n'avait pas changé les serrures, comme je le soupçonnais... Je dus menacer d'une conférence de presse, séance tenante, pour que, par miracle, on me fournisse de nouvelles clefs... 

A suivre





jeudi 2 juillet 2015

Une vie politique... (11)

On attendait que le Préfet prononce la défusion Béthune/Beuvry et que de nouvelles élections soient programmées. 
Les Verts étaient représentés, à Béthune, par Serge Pacheka (aujourd'hui responsable du Parti de gauche 62). Écologiste convaincu (c'était la moindre des choses !), il n'avait pas réussi à recruter un seul militant sur la ville (quelques rares personnes dans le Béthunois...). J'avais été en contact avec lui lors de mon rapide passage à Génération Ecologie, notamment pour préparer des candidatures uniques aux législatives. Dans l'optique des élections municipales de 1995, je l'avais sollicité pour étudier ce que l'on pouvait faire ensemble, en tant qu'écologistes. J'avais évoqué, soit de monter une liste, soit de rejoindre "Agir pour Béthune", cette association dissidente du PS avec qui j'avais des liens étroits. Il n'était pas question de faire alliance avec le diable, à savoir Jacques Mellick, dont l'image chez les Verts était très négative. Après plusieurs échanges sur notre stratégie, j'apprends par un tiers, que S. Pacheka avait accepté de figurer sur la liste du maire, ex-ministre ! Stupeur chez ceux qui m'entouraient, pour cette duplicité étonnante. La raison semblait être qu'on lui avait proposé un poste d'adjoint à l'environnement et Mellick l'avait assuré qu'il pourrait mettre en place les pistes cyclables qui étaient sa marotte. J'appris, un peu plus tard, que cette place "pour un plat de lentilles", lui fut largement reprochée chez Les Verts. Mais, dans ce parti, les groupes locaux, s'ils sont constitués de 5 membres au minimum, sont décideurs, même si celui de Béthune ne comptait qu'un seul membre (l'expression "Vert solitaire" dont il était affublé lui seyait fort bien...). Mais S. Pacheka avait réussi à faire croire qu'ils étaient 5 en intégrant quelques militants isolés des environs... Il fut élu sur la liste Mellick, ce dernier démissionna en mars 96 et, comme je l'ai déjà raconté, Claude Lagache lui succéda.
Dans l'optique de nouvelles élections, nous fûmes quelques-uns, décidés, à ne pas nous laisser berner une nouvelle fois et, dès juin 2007, nous nous inscrivîmes à 4, de sensibilité écologiste, chez les Verts, bien décidés à ne pas laisser Pacheka dicter sa position une nouvelle fois. Parmi nous, un jeune directeur d'école, Gérard Szarzinski, fine plume et féru de politique, Corinne Dubout, pleine d'humour qui fut l'auteure de ce bon mot en patois : "Pacheka ("pas ces chats" !), pourquoi pas chés kiens" ("pas ces chiens"...), et Gérard Dhondt, travaillant dans le secteur social-judiciaire, qui connaissait bien le PS et Mellick pour en avoir été adhérent rocardien... En août, j'allais aux journées d'été des Verts qui avaient lieu à Calais et réussis à coincer le secrétaire régional, Dominique Plancke. Vert historique (il avait rejoint Mauroy, à Lille, avec Guy Hascoët, dans une alliance inédite, en 1989, marquant pour la première fois les Verts à gauche, positionnement qui ne sera appliqué nationalement que quelques années plus tard), il était d'une timidité effroyable, mais militant sincère, organisateur hors pair (il fut secrétaire national du parti) et homme de conviction, il m'écouta lui expliquer que le groupe local de Béthune (nous étions maintenant cinq Béthunois, y compris Pacheka), dans sa large majorité (quatre contre un !) était contre toute alliance avec les Mellickiens. D. Plancke ne pipa mot, mais désigna, peu après, un médiateur pour accompagner le groupe : Raphaël (Bernard) Lluch, responsable du groupe local Bassin minier ouest, s'acquitta à merveille de sa tâche et c'est, lors d'une commission administrative régionale mensuelle (le CAR), que les Verts du Nord-Pas-de-Calais confirmèrent que notre position était juste, au grand dam de S. Pacheka, présent, et à qui on renouvela les critiques pour s'être associé avec Mellick.
En septembre le Préfet annonça donc que les élections auraient lieu en décembre. Nous étions donc en ordre de bataille pour les aborder. Pacheka nous quitta pour rejoindre la liste mellickienne de Claude Lagache et fut donc exclu des Verts.

A suivre






mercredi 1 juillet 2015

Une vie politique... (10)

En 1993, Jacques Mellick nourrissait encore de grandes ambitions. "A l'étroit dans sa petite ville de 25 000 habitants", il réussit alors à convaincre le maire de Beuvry, commune voisine, de fusionner sa ville avec la sienne. La ville de 9000 habitants, mitoyenne de Béthune, présente l'avantage d'être très étendue et possède beaucoup de terrains, susceptibles d'accueillir les nombreuses entreprises que Mellick prétendait faire venir. Le maire de la ville, Noël Josèphe, ancien président du Conseil régional, est une figure historique du PS 62. Certes, il avait été éclaboussé par le scandale de l'ORCEP et sa carrière en resta là (alpernalain.blogspot.sg/2013/05/la-fede-chapitre-5-une-grande-famille-2.html).
C'est à ce sujet que me revient une anecdote montrant l'extraordinaire pouvoir de Mellick, non seulement parmi ses amis, mais également parmi ses adversaires. Quelques jours avant les élections législatives de 1993, qui se soldèrent par une terrible défaite du PS, un tract est distribué à Béthune par le RPR (candidat : Jacques Pomart), reproduisant un bulletin de salaire de l'Orcep au nom de... Béatrix Mellick, l'épouse du candidat socialiste (qui, ancienne directrice d'école, ne travaillait plus, à cette époque, me semble-t-il). On aurait pu penser que le RPR utiliserait ce scandale contre Jacques Mellick, les jours suivants et qu'une plainte pour emploi fictif serait déposée tout naturellement... Il n'en fut rien et l'on en conclut que J. Mellick devait disposer d'arguments "massue" pour que cette affaire s'arrête là, brutalement, et empêcher le leader de l'opposition municipale d'aller plus loin. Ce n'est que récemment que j'ai appris de quelle arme fatale disposait JM : une affaire personnelle mettant en cause l'honneur du leader de la droite et sur laquelle je ne m'étendrai pas plus. Jacques Pomart, très ouvert et chaleureux, fut l'adversaire de droite de J. Mellick, pendant une vingtaine d'années, dans une ville classée "bourgeoise". Son frère était Jean Pomart, membre du cabinet de Roland Huguet, président du conseil général du Pas-de-Calais (1981 à 2004) et autre grand baron socialiste, maire d'Isbergues pendant 33 ans, député pendant 9 ans et sénateur 9 ans également. Jean Pomart était chargé des sports et, à ce titre, ce militant socialiste était très connu dans les milieux sportifs du département. 
La fusion Béthune/Beuvry fut votée en conseil municipal dans les 2 communes, et si elle apparaissait comme logique, elle heurta la population beuvrygeoise, non consultée, qui fit feu de tout bois pour faire annuler la décision. Après 2 pétitions et un vote au suffrage universel, le préfet défusionna les 2 communes le 24 septembre 1997, fit administrer les 2 villes par une délégation spéciale et fixa les élections aux 7 et au 14 décembre 1997. 
Entre-temps, Mellick ayant dû démissionner, dès mars 96, pour privation de ses droits civiques, fut remplacé par un militant socialiste, adjoint aux travaux et à la circulation, Claude Lagache, que l'on surnommait "l'adjudant" et qui était bien conscient qu'il n'était pas à sa place et n'était qu'une marionnette entre les mains de JM qui avait gardé les manettes du pouvoir. En effet, il avait son bureau en mairie et recevait souvent à la place de Claude Lagache. Ceux qui ont assisté aux conseils municipaux se souviennent encore des va et vient de celui qui transmettait au brave Claude les directives de l'ancien maire qui suivait les débats de son bureau. On se doute bien que le fait que la liste pro-mellickienne pour les élections de 1997 soit menée par C. Lagache suscitait pas mal de sarcasmes...


mardi 30 juin 2015

Une vie politique... (9)



Les élections municipales se profilaient à l'horizon 1995. Mellick dont l'inéligibilité n'était pas encore définitive, était tête de liste déclarée et il l'emportera au second tour avec 52% des voix, alors qu'une liste dissidente (Agir) s'était présentée et, pour la première fois depuis longtemps, mit JM en ballottage. Cette liste a réalisé 14% au premier tour. Beaucoup d'amis faisaient partie de cette liste "Agir pour Béthune" et j'avais assisté aux réunions de campagne et soutenu Daniel Dorfin et Bruno Dubout, ex-élus mellickiens (le second avait même été secrétaire de section, très jeune). Je ne m'étais pas engagé pour des raisons professionnelles et que j'essayais de résoudre, ce que je pus faire l'année suivante quand je cédais mon portefeuille d'assurances pour créer un cabinet d'audit d'assurances qui "auscultait" les garanties des entreprises et des collectivités afin de leur trouver la meilleure couverture au moindre coût. Concept nouveau (nous avions un seul concurrent dans le NPDC), mais qui rapidement fit florès.
Dès mai 1996, J. Mellick, devant l'opprobre général, démissionna de son mandat de député, et fut remplacé par Bernard Seux, son fidèle second. J'avait connu Bernard, une trentaine d'années plus tôt, alors qu'il était musicien dans un orchestre (groupe) local qui parcourait les bals de la région, auxquels j'étais très assidu... Peu de boîtes à l'époque : La Trappe à Beuvry, principalement et qui attirait la région lilloise. Le Relais de la diligence à Hesdigneul et le Fiacre à Bully ouvrirent vers 1964/65, les Catherinettes à Saint-Pol, le Monico à Lens, l'Eldorado à Auchel, l'Eden-Ranch à Loison. Une mention spéciale à "Chez Annie" à Barlin où se retrouvaient, le dimanche après-midi, tous les dragueurs du coin : je faisais l'aller-retour en bus, chose inimaginable aujourd'hui... Je perdis de vue Bernard Seux pendant plusieurs années, pendant mon "exil", mais je suivais sa carrière de "second" de J. Mellick, à travers mon frère résidant à Lens. Conseiller général de Béthune-Sud de 1985 à 1992, Bernard Seux devint député en 1996 (remplaçant JM, démissionnaire) et réélu en 1997 (suite à la fameuse dissolution de l'Assemblée nationale, par Jacques Chirac, sur conseil de D. de Villepin). Maire, comme on le verra de 1997 à 2002, il s'opposa à JM avec autant de conviction qu'il avait mis à être, pendant près de 20 ans, son premier adjoint; il mit cette même conviction à rejoindre Mellick aux élections municipales de 2014 et cela ne nous fit pas rire... Bernard Seux connait tout des turpitudes de JM. Harcelé quand il avait ses moments anti-Mellick, il lui resta loyal, malgré certaines semi-confidences que les uns et les autres lui arrachèrent et que nous commentions entre nous. Que Mellick avait usé et abusé de financements pour ses campagnes, qu'il se fût enrichi grâce à la politique, qu'il tenait tout le monde par les c..., cela Bernard en convenait, mais il resta silencieux sur ce qu'il savait... C'est un garçon honnête et peu lui en veulent d'avoir renoué avec celui qu'il avait, un temps, voué aux gémonies. Pourtant, il m'avoua, un jour où il avait un peu forcé sur la boisson (c'était son défaut principal), qu'il avait communiqué, à l'avance, les sujets d'examen à un de nos amis communs, dans un concours administratif : regret, de sa part, d'avoir ainsi procédé pour favoriser ce cadre administratif qui devint maire d'une commune du Béthunois et qui le combattit, plus tard, en prenant partie pour JM... Je reviendrai sur notre aventure municipale avec Bernard Seux. 
Puisque je suis dans les souvenirs et les tricheries, j'évoquerai, ici, Jean Vanrullen, fils de sénateur, homme aux multiples réseaux (professionnels, maçonniques, politiques). Toujours prêt à rendre service, toujours de bonne humeur, toujours courtois. Ami de mon père (il fut extraordinaire après son décès), il a "fait" Mellick alors qu'il était destiné, lui, à une grande carrière politique, malheureusement stoppée nette à cause d'un problème fiscal... Il promut, introduit et défendit J. Mellick qui, pourtant, dès 1995, le lâcha (en même temps que Seux) pour des raisons qui me sont obscures (probablement, d'après les confidences de Bernard et de Jean, pour des motifs liés aux dérives de JM que nos 2 hommes lui reprochèrent). Jean mourut en 2001 et ce fut une grande perte pour Béthune. A ses funérailles, la foule fut très nombreuse à lui rendre hommage. 
En 1992, aux élections cantonales (les 3 cantons de Béthune), Mellick tenta un coup dont il avait le secret : faire élire lui-même, Jean Vanrullen et Bernard Seux (MVS fut le thème de la campagne collective). Ce fut un succès. Mais il avait fallu, auparavant, désigner les candidats PS et je me souviens de la salle de la Rotonde où tous les militants des sections concernées étaient réunis. Je posais la question, avant les opérations de vote, à Jean-Marc Dewitte (avec qui j'avais joué au foot, 30 ans plus tôt), homme à tout faire de JM, de ce qui se passerait si les militants, par leurs votes, empêchaient l'opération MVS. "Tout est prévu, me répondit Jean-Marc, en me montrant les urnes déjà bien remplies... 

Bruno Dubout, Daniel Dorfin, Jean Vanrullen, Bernard Seux : tout était prêt pour combattre Mellick...

A suivre

lundi 29 juin 2015

Une vie politique... (8)

Jacques Mellick a tout connu : Député du Pas-de-Calais de 1978 à 1988 et de 1993 à 1996, maire de Béthune de 1977 à 1996 et de 2002 à 2007. Ministre, Secrétaire d'état, conseiller général, conseiller régional, président d'intercommunalités, sans compter sa place éminente au sein du PS...
Il a survécu politiquement au scandale de l'affaire VA-OM, dans les années 1990, condamné à un an de prison avec sursis et à 5 ans d'inéligibilité pour faux témoignages et subornation de témoin. Afin d'éviter des poursuites, pour corruption, à son ami, Bernard Tapie, Mellick lui a fourni un faux alibi, garantissant sa présence dans les bureaux parisiens du patron du club de football l'Olympique de Marseille, le 17 juin 1993, grâce aux talents de pilote de Formule 1 de son chauffeur ! Ce jour-là, Tapie était, en réalité, en train d'arranger le match avec l'entraîneur valenciennois, Bruno Primorac. 
Corinne Krajewski, attachée parlementaire, surtout membre (officiel ?) du cabinet de JM, a confirmé que son patron se trouvait bien dans le bureau de Tapie. J'appréciais beaucoup Corinne  pour sa culture (elle était prof d'histoire au Lycée Malraux) et sa franchise. Elle travaillait avec Yves Le Maner, spécialiste de la première guerre mondiale et chargé aujourd'hui des "Chemins de la mémoire" (cimetières militaires), au Conseil régional, dossier voulu par D. Percheron (ancien professeur d'histoire également). C'est dire qu'elle était éprise de vérité...
Le doute s'installa peu à peu chez elle : fallait-il revenir sur son témoignage qui innocentait J. Mellick ?  Il faut dire que le charisme de l'ancien ministre était très grand et Corinne, tout juste trentenaire, avait manifestement succombé à son charme. Le mensonge de Mellick sur sa présence dans le bureau de Tapie le 17 juin 1993, s'effritait peu à peu et les médias se gaussaient de toutes les invraisemblances : une photo de lui à Béthune dans une réunion où la montre d'une participante marquait 15h30 (l’inénarrable JP Chruszez, secrétaire général de la mairie, racontait pourtant que l'employée était toujours en retard au bureau, sa montre n'étant jamais à l'heure !), le chauffeur qui a fait un plein à 13 20 (Mellick n'en démord pas dans son livre : Paris-Béthune en 1h20, c'est possible) le badge du télépéage qui indique des déplacements le 16 et le 18, mais pas le 17. Pour plaisanter, je racontais que le 17 juin, je ne pouvais pas être dans le bureau de Tapie, parce que j'avais été contrôlé en excès de vitesse sur le périphérique de Lille, ce jour-là, preuve à l'appui ! 
Tout se passait mal pour Mellick et plus personne ne croyait en son alibi, hormis son épouse, Béatrix, que je rencontrais, un jour, devant le centre commercial de la Rotonde à Béthune et qui, pendant près d'une heure, et devant mon scepticisme, essaya de me convaincre de la véracité du discours de son conjoint...
L'affaire Tapie devait passer le 17 mars 1995 devant le tribunal de Valenciennes et Corinne doutait de plus en plus du témoignage qu'elle devait y déposer. Il faut dire que, la sentant flancher, Mellick s'était rendu à plusieurs reprises à son domicile pour la convaincre et aurait mis en avant la poursuite du contrat de son ami (qu'elle épousa plus tard), contractuel à la mairie de Béthune (il s'occupait des centres aérés). Tous les soirs, quelques jours avant le 17, au Florian, café-restaurant situé place du Beffroi, Nicolas Desfachelles, Bruno Dubout et moi-même, essayions d'aider Corinne dans son cheminement oh combien difficile... Et ce fut une libération pour elle quand elle affirma devant les juges, dans le procès Tapie, qu'elle n'était pas présente à Paris le 17 juin 1993. Quel courage, quelle épreuve ! Ce n'était rien quand 2 semaines, plus tard, elle dût réitérer son témoignage devant le tribunal correctionnel de Béthune, JM étant convaincu de subornation de témoin. A la sortie, des dizaines d'affidés de J. Mellick scandaient des injures à son encontre. Parmi eux Bernard Seux, Daniel Boys... On retrouve les images sur Internet de ces moments pénibles et surtout on reconnait les visages de haine de ceux qui auront ainsi craché leur bile sur une femme de la trempe de Corinne K. Nicolas, lui aussi, était abattu... Je rappelle que c'est ce même Nicolas Desfachelles que j'ai retrouvé en 2000 ou 2001, à Hénin-Beaumont, alors qu'il était devenu directeur de cabinet de Pierre Darchicourt, le maire de la ville qui avait refusé de prendre les Verts dans sa liste (j’étais responsable des groupes locaux chez les Verts) et qui fut battu par G. Dalongeville en 2001. Mais j'aimerais rappeler, ici, l'extraordinaire décision de Nicolas, décision peu remarquée : en 2014, il devient maire de Saint-Laurent Blangy et décide de ne pas se représenter aux élections départementales (où il était vice-président), pour ne pas cumuler les 2 mandats ! (il a quitté le PS en 2014, 22 ans après sa première adhésion...).


Malgré ce qui précède, avec le feu vert de Percheron, Mellick se présente aux municipales de 1995 et l'emporte avec 52% des voix, au second tour ! Il doit abandonner, en 1996, ses mandats du fait de son inéligibilité (voir plus haut). Enfin, J. Mellick redeviendra maire de Béthune en 2002... Nous y reviendrons.

A suivre