lundi 30 mai 2011

Georges Tron ou la fin de la "jurisprudence Sarkozy" sur les ministres mis en cause

LEMONDE.FR | 30.05.11 12h27

Georges Tron n'aura été membre du gouvernement qu'un peu plus d'un an. Entré à la faveur du remaniement de mars 2010, le secrétaire d'Etat à la fonction publique a quitté le gouvernement, officiellement de sa propre initiative, dimanche 29 mai 2011, après avoir été mis en cause par deux anciennes employées municipales de sa mairie de Draveil (Essonne), qui l'accusent d'agression sexuelle. Ce qu'il dément.
Le secrétaire d'Etat n'a donc pas bénéficié de la "jurisprudence Sarkozy", qui a succédé à celle mise en place, entre 1993 et 1995, par Edouard Balladur. Le premier ministre de l'époque avait instauré la règle suivante : un ministre mis en cause par la justice devait quitter le gouvernement.

WOERTH OU HORTEFEUX MAINTENUS DES MOIS
Pendant plus de dix ans, la règle fut respectée par la droite comme par la gauche. Dominique Strauss-Kahn, par exemple, en a fait les frais. Il avait démissionné du ministère de l'économie en novembre 1999 avant même sa mise en examen en marge de l'affaire de la MNEF. Mais elle a pris fin avec l'arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête du pays. Le chef de l'Etat a en effet refusé de l'appliquer en plusieurs occasions, préférant maintenir en poste des ministres mis en cause par la justice, quitte à en payer le prix politiquement.
Le cas le plus emblématique demeure sans consteste celui d'Eric Woerth. Ministre du travail chargé de la réforme des retraites, un dossier présenté comme l'un des plus importants du quinquennat, il est resté en fonction durant des mois après sa mise en cause dans l'affaire Bettencourt. Il n'a finalement quitter le gouvernement que lors d'un remaniement tardif, en novembre 2010, alors qu'il était déjà politiquement hors jeu.
Nicolas Sarkozy a poussé le changement de doctrine jusqu'à maintenir en poste un ministre condamné par la justice : Brice Hortefeux, alors en charge de l'intérieur, avait été reconnu coupable d'"injure à caractère racial" à l'encontre d'un militant UMP en juin 2010 puis, en décembre de la même année, d'"atteinte à la présomption d'innocence" à l'encontre d'un ancien conseiller de Michèle Alliot-Marie accusé de fuites. Il a fait appel des deux décisions.
Nicolas Sarkozy, qui ne souhaitait pas voir partir ce fidèle, avait pris prétexte de ces deux appels pour répéter que M. Hortefeux bénéficiait de la présomption d'innocence, et l'avait conservé jusqu'au remaniement de mars 2011, s'attirant là encore de nombreuses critiques de la gauche.
 
PRISE DE GUERRE PLUTÔT QUE PIÈCE MAÎTRESSE
Depuis, la donne a changé. L'Elysée s'était discrètement réjoui des déboires judiciaires de l'ex-favori PS à la présidentielle, Dominique Strauss-Kahn, et du fait que l'affaire faisait perdre à la gauche, selon la présidence, son argument d'être porteuse d'une meilleure "morale" que la droite. Mais l'affaire Tron, qui mêle elle aussi sexe et politique, risquait de réduire à néant cet argument. D'où le fait que Nicolas Sarkozy ne retienne pas son secrétaire d'Etat.
D'autant que, contrairement à Brice Hortefeux, Georges Tron n'a jamais représenté une pièce maîtresse du dispositif de Nicolas Sarkozy, mais plutôt une "prise de guerre". Issu du sérail balladurien, le député de l'Essonne était, avant son entrée au gouvernement, un fidèle d'entre les fidèles de Dominique de Villepin. En lui offrant un poste de secrétaire d'Etat, Nicolas Sarkozy cherchait à affaiblir son rival potentiel. Mais M. Tron ne pilote pas de réforme emblématique qui nécessiterait de le maintenir en place.
A moins d'un an de la présidentielle, le départ du secrétaire d'Etat a été salué unanimement par la gauche comme la droite. Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, ou encore l'ex-porte-parole de l'UMP et membre du Parti radical Dominique Paillé ont salué une décision "sage" ; le député socialiste André Vallini, "la seule bonne solution pour le gouvernement". Seul le ministre du travail, Xavier Bertrand, s'il a salué "une bonne décision, très difficile à prendre", s'est interrogé : "Est-ce que la présomption d'innocence existe encore pour les hommes et les femmes politiques ?"
 
Samuel Laurent

5 commentaires:

  1. sarkosy ,va -t-il réussir à trouver des ministres aux moeurs normaux.il est vrai que c'est un très mauvais exemple !!!!

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  2. pourvu que les élues et les employées de la mairie ne portent pas plainte pour harcèlement sexuel (voir plus si affinité)exercé par G.G.,le client privilégié de "la camargue".
    heureusement ,nous ne sommes pas aux états-unis,il ne risque pas 74 ans de prison.
    dans les mairies environnantes,certains élus viennent de commander en grosse quantité des anxiolytiques.y compris dans la région lensoise.
    il est vrai que certaines victimes ,ont été largement récompensé.

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  3. la "promotion canapé et le droit de cuissage " existent toujours pour des élus,abruti par le pouvoir.

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  4. Excellent, le titre du journal gratuit METRO de ce jour : "TRON, LA MISE A PIED EXPRESS" .... Avec Libération, Métro partage l'art des titres journalistiques à double lecture .... BRAVO ..... Cela fait honneur à la presse écrite ....

    LB

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  5. l anonyme de 18:21 pourrait il nous eclairer la lanterne? en particulier sur ses 2 dernières phrases?

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