vendredi 14 août 2015

J'ai répondu à François Hollande


Monsieur le Président,
Cher François,

Je fais suite à votre courrier que vous m’adressiez le 11 août et que j’ai, immédiatement, publié sur mon blog et ma page Facebook.
Vous remarquerez que je ne vous tutoie pas, non pas par irrespect, mais parce que nous nous ne connaissons pas, encore que j’ai eu l’occasion de vous côtoyer, il y a quelques années, lors d’une braderie lilloise…
Je suis honoré que vous vous soyez adressé à moi et je me permets de vous répondre, publiquement, même si vous ne l’avez pas sollicité.
Politiquement, je ne suis ni libéral (économiquement, s’entend), ni anticapitaliste forcené. Je ne pense pas que la France puisse lutter, seule, contre le pouvoir de la finance, même si elle peut y contribuer et servir d’exemple. Je suis écologiste et je pense que nous y gagnerions tous à appréhender politiquement l’écologie. J’y reviendrai ci-dessous.
J’ai voté pour vous en 2012, au second tour, tout autant que j’ai voté contre Sarkozy et Le Pen, dès le premier tour. A un an et demi de la nouvelle échéance, je suis, comme beaucoup de Français, déçu par votre action. Je ne verse pas dans une critique systématique comme le font ceux de vos adversaires que je viens de nommer. Entre Tsipras et Cameron, il y a certainement un chemin du milieu à tracer…

Je pense que vous avez failli sur 3 points :
  Non seulement vous n’avez pas profité de l’état de grâce consécutif à votre élection, en reportant à 2017 la loi sur le non-cumul des mandats, mais vous avez minimisé cette réforme en ne l’appliquant qu’au cumul mandat parlementaire/exécutif local. Voyez-vous, après 2017 (si une droite gagnante n’annule pas cette loi, comme elle l’a annoncé), il restera des maires/présidents (ou vice-présidents) d’intercommunalités et/ou de conseils départementaux ou régionaux… De plus, ces derniers renouvelleront leurs mandats à multiples reprises. Quant à nos parlementaires, on aurait pu tout aussi bien limiter le nombre de renouvellements de leur mandat…

   Vous n’avez pas placé l’écologie au sein de vos initiatives. Le développement durable, ce n’est pas seulement la COP21 ou la transition énergétique, c’est la prise en compte, dans chaque décision, du facteur environnemental. Par exemple : réformer l’agriculture pour offrir une nourriture saine tout en revoyant les normes de l’industrie agro-alimentaire, donner les moyens aux professionnels du secteur pour revisiter tout le secteur de l’immobilier ancien afin de réduire nos dépenses énergétiques, revoir notre système de transport (le ferroviaire coûte trop cher, le fret routier est dangereux et anti-écologique). De plus, le système d’éducation part à vau l’eau, la recherche et l’innovation sont insuffisantes, etc. Tout cela ne doit pas être traité à dose homéopathique, mais en investissant massivement dans ces activités créatrices d’emplois. Vous n’avez qu’un mot à la bouche : la croissance ! Or, la formation, la santé, le bien-être, la créativité sont de formidables axes de développement. Vous me direz, tout cela ce sont des mots ! Non, justement !

   Et c’est mon troisième point de critique sur votre action. Vous avez voulu ménager tout le monde et vous avez manqué de fermeté ! Vous avez cédé aux Bonnets rouges, aux professions réglementées (un des points positifs de la loi Macron, pourtant), aux riches (quid de l’impôt à 75% ?), aux politiques (le millefeuille administratif s’épaissit et le Sénat reste le Sénat !)… Un Président de la République doit se situer au-dessus des partis, mais ne doit pas être consensuel : voyez l’indépendance de l’Algérie, l’avortement, l’abolition de la peine de mort, l’impôt sur la fortune… toutes ces décisions de vos prédécesseurs ont été prises à contre-courant de l’opinion publique ou des lobbys. Aucune de celles que vous avez prises jusqu’à présent ne restera dans l’Histoire. Et je persiste à penser que, si vous êtes un homme intelligent, doté d’humour, vous êtes trop enclin à ne vouloir froisser personne pour faire un bon président.

J’ai été direct avec vous et je suis bien conscient qu’une majorité de Français ne veulent pas voir revenir votre prédécesseur, ni mettre en place le clan Le Pen.
Il vous reste la possibilité de marquer votre quinquennat par une décision enfin courageuse : celle de vous trouver un successeur qui sera à même de remettre en route le paquebot France en prenant la mesure des écueils que vous n’avez pas su contourner : le libéralisme, les lobbys, la haine raciale, le conservatisme…
Enfin, et vous n’en êtes pas l’unique responsable mais vous auriez pu agir, je suis triste, que dis-je : je suis mortifié par le fait que la France n’est plus la patrie des Droits de l’Homme, ni le phare des libertés vers qui tous les défavorisés du monde portaient leur regard en attendant un geste ou une parole d’espoir. Nous sommes aujourd’hui considérés, de par le monde, comme un pays raciste et antisémite, infecté par le venin du Front national et de l’extrême-droite en général…

Voilà, cher Président, cher François, ce que j’avais sur le cœur et je vous remercie, par votre courrier, de m’avoir donné la possibilité de vous l’exposer.

Alain Alpern

11 commentaires:

  1. C'est un peu dur comme réponse et je ne suis pas sûr que Sarko, Mélenchon ou Le Pen auraient fait mieux : je suis même persuadé du contraire.
    François H

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    1. Persuadé, en bon vieux politique qui se fout de l'autre.

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  2. Moi, je trouve que c'est mérité et insuffisant. Mérité parce qu'il n'a rien réussi et insuffisant car je pense que seule la droite est en mesure de rétablir l'honneur de la France. Nicolas S

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    1. L'honneur pour quelqu'un qui ne respecte pas son prochain, paradoxe.

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    2. "Dégage pov con". C est ça l honneur de la France?

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    3. Non l'honneur de la France c'est faire le Casanova en scooter Rue du cirque c' est nettement mieux

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  3. Un Président de la République doit se situer au-dessus des partis, mais ne doit pas être consensuel : voyez l’indépendance de l’Algérie, l’avortement, l’abolition de la peine de mort, l’impôt sur la fortune…
    comme ne faire aucun cas du referendum de 2005 , c'est prendre à contre courant l'électeur et se foutre de la démocratie.

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    1. De toute évidence, ils aiment se faire peur. Ils chercheraient à ce que le fn prenne le pouvoir, ils ne s'y prendraient pas autrement.

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  4. Il faudrait une bonne guerre ou une révolution pour éliminer droite, gauche et FN

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  5. OK avec AA. Il faudrait un écologiste comme président. Duflot, Placé ou Hulot ? Pourquoi pas une vraie Marine comme l'Héninoise Tondelier ?

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    1. ça tombe bien, elle aime les cacahouètes. Elle doit en manquer à Paris.

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