jeudi 10 mai 2012

"Un parfum de vote de classe"


Libération 8 mai 2012
Pour la première fois depuis longtemps, la gauche redevient majoritaire dans les couches populaires.

Par François Wenz-Dumas

Trente ans : c’est le temps qu’il aura fallu à la gauche pour renouer avec ses fondamentaux. En 1981, François Mitterrand avait été élu comme candidat de la classe ouvrière et des jeunes, face à un Valéry Giscard d’Estaing associé aux diamants de Bokassa, qui tentait de faire peuple en jouant de l’accordéon dans les bals du troisième âge. Puis l’image de la gauche s’est brouillée.

D’abord à cause de Jacques Chirac et de sa «fracture sociale» en 1995. Puis à cause de Nicolas Sarkozy qui se posait en 2007 en champion du «travailler plus pour gagner plus» face à une gauche «boboïsée» alliée à des bataillons de fonctionnaires soi-disant arc-boutés sur leurs privilèges. Jusqu’au 1er mai dernier, où Nicolas Sarkozy prétendait incarner une droite populaire défendant le «vrai travail» contre une gauche des élites et des assistés.

Notre sondage postélectoral réalisé par Viavoice pour Libération (1) remet les pendules à l’heure. «C’est l’échec de la tentative de Nicolas Sarkozy de fédérer les Français les plus modestes contre les élites», souligne François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice. Révélateur : quand on interroge les Français sur les raisons du vote sanction contre Sarkozy, la première réponse est : «Il est le président des riches.» Et, s’il a été battu, la crise n’y est pour rien : «Il ne peut s’en prendre qu’à lui-même», répond une majorité de personnes interrogées.

Alliance. Ce sont les jeunes, les ouvriers et les employés, tous ceux qui trouvent que «la vie est dure» pour eux et qui ne se sentent pas «pris en compte dans la société actuelle», qui ont très majoritairement voté pour François Hollande. Les «cadres et professions intellectuelles» aussi, objectera-t-on, et c’est cette alliance qui peut expliquer la victoire du candidat socialiste. Mais, pour la première fois depuis longtemps, la gauche redevient majoritaire dans les couches populaires : 58% des employés et 68% des ouvriers ont voté Hollande.
Les 52% de Sarkozy chez les retraités ne suffisent pas à inverser le résultat. De même que le vote à 60% des 65 ans et plus pour le candidat sortant ne parvient pas à compenser les 60% de moins de 25 ans qui ont voté pour Hollande, lequel fait aussi le plein (56%) dans le cœur de cible de la population active que sont les 35-49 ans.
On avait noté au premier tour que Marine Le Pen avait su capter une part non négligeable (28%) de l’électorat ouvrier et obtenait son meilleur score chez les 25-34 ans. Au second tour, ces deux catégories ont soit rejoint Hollande, soit gonflé le chiffre des abstentionnistes (32% chez les ouvriers contre 19,7% dans l’ensemble).
Si Nicolas Sarkozy a vu se reporter sur lui les voix de 54% des électeurs de Marine Le Pen, cela n’a pas modifié la structure de son électorat, plus âgé que celui de François Hollande et centré sur la classe moyenne et les retraités. Et le fait que les électeurs de François Bayrou se soient finalement, malgré le choix personnel de leur candidat, reportés davantage sur Sarkozy (44%) que sur Hollande (38%) n’a fait que conforter le profil «droite traditionnelle» de l’électorat sarkozyste.
«Le problème de Nicolas Sarkozy, ce que les Français lui reprochent, c’est sa façon d’être et de faire. Il n’a pas su porter sa fonction au-dessus de sa personne, souligne le politologue Stéphane Rozès, président de CAP (Conseil, Analyses, Perspectives), et du coup il n’a pas réussi à rendre crédible la posture de défenseur du peuple contre les élites qu’il avait adoptée depuis 2007.»

«A rebours». Peut-on pour autant parler d’un «vote de classe» pour Hollande contre Sarkozy ? Plus simplement que «le chef de l’Etat sortant a été délégitimé sur le terrain social au moment où la question sociale se faisait plus pressante dans la société française», note François Miquet-Marty : «C’est ce qui s’appelle être à rebours de l’histoire.»

(1) Réalisé les 6 et 7 mai par téléphone auprès de 1 507 personnes.





















4 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. A 8H: message supprimé. Cela devient de l'obsession et à force, lassant...

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  3. le P.S.62 ripoux,incapable de trouver un candidat ,sans casserole à hénin-beaumont.
    la seule solution,
    c'est mélanchon.
    le seul, qui a suffisamment de couille face à marion.
    les trois autres pitres socialistes n'ont aucune chance.tant ils ont commis de turpitudes,que connait bien la walkyrie.
    alors dehors les kemel,facon,et corbisez.

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  4. C'est avant tout la personnalité de Sarko qui a été rejeté par les Français, penser que la gauche est redevenue majoritaire est trés relatif, les premiers sondages du 1er tour des legislatives, nous montre que rien n'est gagné. Je reste persuadé qu'avec une autre candidature à droite que Sarko (comme Fillon), Hollande ne serait pas élu.
    GV

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