mardi 20 juin 2017

100% de réussite frontiste dans l'ex-bassin minier (2/2)

La question en débat : pourquoi le FN obtient-il 4 de ses députés (sur 8 au total) dans l'ex-bassin-minier ? Nous avons passé en revue les résultats dans les 4 circonscriptions concernées et nous allons essayer de donner quelques raisons propres à expliquer cette exception ou cette spécificité du territoire en question.

Faillite de la gauche et plus particulièrement du PS
Rappelons que le secteur Lens/Liévin/Hénin/Bruay concentrait l'exploitation minière du Bassin minier Ouest, exploité par des sociétés privées avant la nationalisation de 1946. Syndicats, partis communiste et socialiste accompagnèrent, tout au long de leur vie, les dizaines de milliers de mineurs, gérés par les Charbonnages de France. La fin de l'exploitation des mines à partir des années 70, jusqu'aux années 90 ne laissa pas la place à des entreprises de substitution et la reconversion industrielle fut largement manquée, laissant sur le carreau de nombreux mineurs et leurs familles. Cette incapacité de la gauche (pourtant au pouvoir à partir de 1981) entraîna une perte d'influence du PC, puis du parti socialiste. Ce dernier, qui avait mis en place une organisation très efficace à partir du début des années 70, sombra petit à petit dans des dérives (corruption, financements illégaux, copinages...) débouchant sur des affaires telles que l'ORCEP, Kucheida, Dalongeville... Tout cela accompagné de l'impossibilité de résoudre un chômage grandissant bien que le PS disposât de tous les pouvoirs (gouvernement, députés, conseils régional et général, la majorité des villes)... Lens, par exemple, est gérée depuis 1947 par des maires socialistes et Bruay depuis bien plus longtemps encore...
Le mandat de François Hollande, avec son lot de promesses non tenues, de luttes internes, a achevé le PS qui a perdu tous ses députés dans la NPDC. Mais alors que, dans les autres territoires de la Région, des partis de droite pouvaient se substituer au parti défaillant, le territoire minier du 62, vide de toute présence de droite, s'est jeté depuis quelques années dans les bras du FN qui se présente comme le seul parti qui puisse les sauver... avec toute la démagogie et le populisme dont ce parti est capable...

Des fronts républicains battus en brèche par les élus eux-mêmes.
Incapacité d'influencer ses électeurs ou volonté d'entretenir le flou ? Ainsi, à Rouvroy (11ème circonscription), ville communiste, où lors d'un renouvellement partiel, il y a quelques mois, la majorité sortante communiste écrasa, avec plus de 78%, son seul adversaire, une liste FN. Au premier tour des législatives, certes, MLP obtint 42% et le candidat communiste 29% (les autres obtinrent des miettes, mis à part les candidats FI et LREM). Qu'advint-il au second tour ? MLP passa à 64,1%, la candidate "En marche ?" se situant, donc, à 35,9%. L'abstention avait augmenté de 5 points et il y eut quelques bulletins blancs, mais l'évidence est là : MLP bénéficia d'un fort report de voix de personnes qui n'avaient pas voté pour elle au premier tour... et donc, d'une partie importante du vote communiste. Je ne pense pas qu'il y eut d'appel en ce sens, mais la discipline républicaine n'a pas joué... Dans d'autres communes, les appels à battre le FN furent nombreux mais moins engageants que ceux qui désignaient le candidat pour qui il fallait voter, à savoir l'adversaire du FN...
Au moins aussi étonnant, dans la commune de Bruay, où l'addition des voix de premier tour du PS (40,1%), du PC et de la FI devait assurer un score confortable à la candidate LREM, soit 65% (et encore, comme dans les exemples suivants, je n'ai pas tenu compte des résultats des petits partis), or celle-ci a obtenu... 48% !  
Aussi spectaculaire, à Liévin (12ème), où le potentiel de la candidate LREM , suite au premier tour, 61,3%, est devenu... 44,3% !
Par contre, dans une commune comme Carvin (11ème) où le député-maire socialiste sortant, avait appelé explicitement à voter pour la candidate LREM, le potentiel ne diminue que peu, passant de 50,3% à 46,4%, résultat final. Mieux encore à Libercourt (11ème), où le maire socialiste avait été aussi explicite, la candidate LREM a fait plus que ce que lui prédisaient les scores de premier tour...
Il faudra quand même que les élus en cause et les partis expliquent ces déperditions de voix entre les 2 tours !

Le vote blanc et l'abstention 
Ils peuvent expliquer, partiellement, la victoire de 3 des 4 députés FN. 
- l'augmentation du nombre de votes blancs, indication que certains électeurs ne voulaient pas choisir entre le candidat FN et celui de LREM n'explique pas, à elle-seule, la victoire de MLP dans la 11ème (+1084 voix de bulletins blancs), ni dans la 12ème (+ 1340). Par contre, 1440 blancs en plus, dans la 10ème, ce n'est pas loin de l'écart final entre les 2 candidats qui est de 1749 voix... De même, dans la 3ème, il y eût 1368 blancs et le vainqueur frontiste ne l'emporta que de 1813 voix...
- l'abstention n'explique, selon ses raisons (ne pas vouloir choisir, estimer que les jeux sont faits, "aller à la pêche") que, partiellement, un avantage donné à un candidat FN  
* Mise à part la 11ème où même si les abstentionnistes étaient venus voter, MLP aurait gagné (4601 abstentionnistes supplémentaires alors qu'elle a gagné de près de 6700 voix), dans les autres circonscriptions, l'écart de voix entre les candidats est inférieure à la différence finale de résultat. 
* Dans la 12ème, B. Bilde a gagné de 3695 voix (avec 6123 abstentionnistes de plus d'un tour à l'autre).
* L. Pajot (10ème) l'a emporté de 1749 voix et quand on sait qu'il y eût 6537 abstentionnistes supplémentaires, on peut s'interroger sur les conséquences d'une non-mobilisation...
* Même questions dans la 3ème où J. Evrard a battu son adversaire de 1813 voix avec un nombre d'abstentions supérieur de 6157 d'un tour à l'autre...

En conclusion, le mauvais report de voix non frontistes vers le candidat LREM, l'augmentation importante de l'abstention ainsi que des bulletins blancs ont induit en erreur ceux qui, au soir du premier tour, pronostiquaient que, parmi les candidats FN, seule MLP pouvait gagner au second tour. C'est cette non-mobilisation des électeurs non FN et des partis éliminés au premier tour qui expliquent la victoire des Bilde, Evrard et Pajot... Les partis de gauche se sont, une nouvelle fois, décrédibilisés...

7 commentaires:

  1. C'est la division de la gauche, l'appétit de pouvoir qui a fait et fera gagner le FN !

    Les élus, des villes, de la 11ième circonscription n'ont pas pris beaucoup de risque non plus. Ils ont trop pensés "à dans trois ans".

    Regarder à Courcelles-les-lens, il y a des articles dans la voix du nord qui annonçait le résultat, en plus des tracts de opposants pour justifier leur acharnement.

    Mon voisin (sans problème financier) est persuadé que la majorité municipale de hénin-beaumont gère bien la ville. Il occultait les accointances du FN avec les mouvements fachistes.

    Si je vous racontais ma situation, vous comprendriez pourquoi le front national obtient tant de voix. Et pourtant, je n'ai jamais voté FN de ma modeste vie. Vous allez me dire que 15 en philosophie au BAC change tout.

    Oui, je sais je fais des fautes, mais je m'en fiche

    Vous devriez pas publier les commentaires qui n'apportent rien au débat d'idées. Certains articles n'ont pas de prise sur ces lecteurs.
    C'est pas la bonne méthode, je vous l'assure.

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  2. Mélenchon s autoproclame porte voix du peuple....il a perdu la boule
    Qu il aille soutenir les insoumis de ses grands amis Poutine Castro le régime chinois il verra le prix que paye vrais insoumis

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  3. L'extrême gauche y est pour beaucoup!

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  4. Tous les ambitieux sont uniquement responsables.
    Leurs méthodes ont forcément des conséquences.
    Et je dis tous.

    L'extrême gauche a bon dos, vous parlez des insoumis !
    Pour information l'extrême gauche c'est plutôt Poutou.

    La qualité d'un mouvement politique n'est pas dans ses hommes mais son programme.On n'adhère pas forcement à un homme, Mélanchon on s'en fou !

    La vie sociale est un peu plus compliquée quand même, la réduire
    à ce point me laisse dubitatif.

    Vous cherchez tous un bouc émissaire au lieu de prendre vos responsabilités.

    La division de la gauche est bien responsable.
    Vous ne savez pas lire les articles de Monsieur Alain Alpern.

    Personne ne règle les problèmes de fond.

    Une municipalité ne fait pas de la politique, elle est l'administrateur de l'état.
    Un député a une fonction symbolique sur sa circonscription.

    Au passage, le bruit des bottes me fait moins peur que le silence des chaussons.

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  5. Il y a aussi et surtout les candidats qui se presentent uniquement dans le but de se présenter, ici dans la 11e il ne fallait que 3 à 4 candidatures maxi.... mais l'envie de voir son nom sur une belle affiche est bien plus exaltante même si ce n'est que pour faire quelque pour cent.... l'ego toujours l'ego

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    1. Certains (dont une personnalité nationale) ont même fait moins de 1% !

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    2. Non ils sont mandatés et leur ego fait le reste.
      Diviser pour mieux régner.

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