mercredi 27 février 2008

Quel avenir pour la gauche ? Ou en est le PS ?



Principale formation de gauche, espoir pendant plus de 35 ans de ceux qui espéraient un monde avec plus de justice et de solidarité, et qui pensaient que l’on pouvait faire de la politique autrement, c’est à dire, en privilégiant l’intérêt général, le PS a perdu cette image de parti progressiste. Pourquoi ?
De plus, il est victime de l’opposition entre plusieurs stratégies internes, sous couvert de " l’intérêt du parti et des Français ", mais qui sont perçues souvent, à tort ou à raison, comme des stratégies très personnelles.

1- Le PS : un parti sans boussole ?.

- on peut penser que le PS a perdu une partie de son âme, à partir du moment où, après le 10 mai 1981, et la mise en œuvre d’un certain nombre d’idées généreuses (la plupart encore d’actualité : 5ème semaine de congés payés, décentralisation, etc), pour lesquelles il avait été porté au pouvoir, il a fallu aborder, dès 1983, le " tournant de la rigueur ", après beaucoup d’hésitations (voir d’ailleurs les commentaires de Jacques Attali dans ses Verbatim). Pierre Mauroy parti, c’est Laurent Fabius, qui a du mettre en œuvre cette politique, ce qui l’a classé à la droite du parti (nous y reviendrons). Il semblerait que ce soit ce retour à l’orthodoxie financière (dixit les économistes bien pensants), qui ait entraîné la cassure : en s’adaptant à l’hyperlibéralisme ambiant, le PS a commencé à perdre son âme, et les électeurs l’ont rejeté en 1986, lors de la première cohabitation. Mitterand, ayant eu les accents suffisants pour faire renaître l’espoir, en étant réélu en 1988, n’a pas su convertir cette nouvelle chance : la gestion socialiste n’avait rien de différent de celle de droite ; et, finalement, après les calamiteuses législatives de 1993, une deuxième cohabitation, suivie de la victoire de Chirac, en 1995, aux Présidentielles, a sonné le glas, pour les 3 élections suivantes à la magistrature suprême, des espoirs du PS. Certes, il y eut l’intermède Jospin et de la " gauche plurielle " : malgré quelques réformes intéressantes (les 35H, au moins dans son principe), des arbitrages peu dynamisants et une trop grande prudence, ont, une nouvelle fois, provoqué le mécontentement de Français qui sont, pourtant, prêts au changement, mais se sentent trahis dès qu’une politique conservatrice, et défendant les privilèges de minorités, se met en place (l’exemple du Président actuel est saisissant : à force de céder ou de favoriser certains, il est englué dans ses contradictions ; pourquoi n’a-t-il pas mis en œuvre les propositions du Grenelle de l’environnement, que les Français attendaient ? Certainement la peur de déplaire aux lobbys qui le soutiennent ; quelle erreur !).

- Les Français sont prêts à entendre un discours de rigueur, à condition que parallèlement, on développe des projets novateurs alliant justice sociale, prise en compte de l’environnement et efficacité économique (l’emploi reste, à juste titre la préoccupation première des Français). Les Français, quand ils votent à gauche et que celle-ci gagne, ne veulent pas d’une gestion conservatrice et inique.

- Ainsi, si la décentralisation (à la Deferre, pas à la Sakozy), est une ambition extraordinaire et à approfondir, malheureusement et faute de contrepoids (contrôles, limitation du cumul des mandats, etc) elle a donné naissance à de véritables potentats locaux, qui, lorsqu’ils sont de gauche (et ils sont majoritaires), multiplient les décisions leur permettant de se maintenir au pouvoir. Un PS digne de ce nom devrait se démarquer de ce règne des privilégiés, qui donnent une si mauvaise image à ceux qui les soutiennent, voire les encouragent (la droite est adepte, aussi, de ces stratégies disqualifiantes). Aujourd’hui, à l’occasion des municipales, ces pertes de repères aboutissent à des alliances avec le Modem (voire l’UMP, dans certains cas, rares, il est vrai), ou avec la gauche, suivant les opportunités du moment, aux exclusions à géométrie variable (combien pariez-vous que Facon et Pilch ne seront pas exclus du PS, alors que le second nommé, sous l’instigation du premier, député et colistier aux municipales, se présente aux cantonales contre le candidat sortant désigné officiellement ?). Quelle crédibilité ?

- Ces conservatismes font que le PS est dépourvu d’idées, sans projet de transformation de la société (eh oui, c’est encore possible !), englué dans ses problèmes de pouvoir et de maintien des situations acquises, sourd aux attentes de ses concitoyens.

- A la base de toutes ces dérives, défaites et autisme, se trouve l’absence d’idéaux, supports de ce changement de société. En fait, ce n’est pas leur absence qui est en cause, mais le fait que ces idéaux, partagés par de nombreux Français, ne se traduisent pas par des politiques et des projets cohérents, signes d’une volonté de changer les choses.
Ce n’est pas le lieu de développer, mais les Français sont en droit d’attendre que certaines valeurs soient respectées (en application de notre devise : liberté, égalité, fraternité):
-la solidarité (pauvreté des personnes, mais aussi des territoires)
-la justice (fiscale certes, mais aussi sociale et économique : le droit au travail, mais aussi aux loisirs)
-le respect de l’environnement (respect vis à vis de nos descendants et de la planète)
-le respect du citoyen (écouter, associer, rendre compte) et du consommateur

Certains utopistes appelaient cela : le droit au bonheur de tous…

A suivre : les stratégies du PS

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