dimanche 24 février 2008

Réactions à chaud


Comme beaucoup, je viens de regarder la vidéo sur l’algarade au Salon de l’Agriculture et , bien que souvent, je m’accorde du temps temps avant de réagir, pour une fois, je vous fait part de mes réactions, à chaud, avant les commentaires qui s’en suivront :

- Je suis choqué par la vulgarité de notre Président. Certes, ce n’est pas la fonction qui doit faire qu’un individu ne puisse s’exprimer ou agir naturellement. Le Président serait-il " naturellement vulgaire " ?

.- L’attitude de NS est particulièrement édifiante, parce qu’elle montre à quel point, il ne respecte pas l’Homme. Certes, l’attitude du spectateur n’est pas correcte (il n’était pas obligé d’être dans la foule qui accueillait le Président), et il a peut-être cherché à provoquer. Dans ces cas-là, plusieurs réactions naturelles sont possibles et chacune est révélatrice du caractère : on peut ne pas répondre, répondre par un sourire, répliquer avec humour ou répondre ironiquement, en prenant les autres à témoin. Par contre, lancer une insulte pose question… Je sais que certains en profiteront, peut-être, pour gloser sur l’équilibre mental de l’ex-candidat à la Présidentielle: je m’abstiendrai de tout commentaire à ce sujet.

- Par contre, je m ‘étonne de cette propension à faire tous les jours " la une " de l’actualité : avant les insultes d’hier, il y eut la mise en cause de la décision du Conseil Constitutionnel sur la non-rétroactivité d’une loi ; la " leçon sur la shoah " avec la claque de Simone Weil, l’attaque sournoise contre la laïcité, l’exposition de sa vie privée, l’amour affiché du luxe, la plainte déposée contre le Nouvel Obs, etc, etc, sans parler de ce qui ne lui est pas directement imputable (encore que…) : la pub de Ryan Air, la médiatisation de l’opération policière de Villiers le Bel. Et si tout cela était parfaitement orchestré ?

- Vous me direz : mais cela le dessert, voyez le plongeon de sa cote de popularité ! Et bien, je me demande si cette accumulation d’évènements n’est pas voulue. Je passe, encore une fois sur les explications psychologiques et avancerai plutôt une explication politicienne (politicarde ?) : sachant qu’après les municipales, il devra mener une politique de rigueur, contraire à ce qui a été annoncée, et qu’il sera ainsi plus vilipendé que jamais, il amorce dès à présent cette " descente aux enfers ", espérant rebondir, un à deux ans avant les Présidentielles de 2012, avec de bons résultats économiques : puisque de toute façon, il prendra des mesures impopulaires, autant aller jusqu’au bout dans l’ire des Français afin d’apparaître, in fine, et au moment opportun, comme le sauveur de la France. C’est bien dans le style du personnage !

- Cela suppose de passer, par pertes et profits, les élections municipales (déjà perdues), les sénatoriales de septembre pour le renouvellement d’environ 1/3 des postes, ce qui ne devrait pas modifier la majorité de droite, les européennes de 2009 (malheureusement, avec une forte abstention). Cela suppose également de profiter de la bonne image de Fillon et de ne pas s’en débarrasser. Remarquons d’ailleurs, face au désamour vis à vis du Président, l’excellente image de beaucoup de ministres (il est rare qu’autant soient prisés, sous la 5ème République) : Fillon, Bertrand, Borloo, Yade, Amara, et à un degré moindre, Darcos, Pécresse, Dati, Kouchner ! Cela suppose également (et surtout) que la situation économique s’améliore dans les 2 ans : pas évident, quand le prix du pétrole flambe et que la récession démarre, avec une inflation menaçante qui déroute tous les économistes (ils sont tellement habitués à se tromper…)

- Vous l’aurez compris, je pense que cette stratégie machiavélique a toutes les chances d’échouer.
Certes, 2 évènements favorables jouent en la faveur du Président :

- l’emploi : comme prévu depuis longtemps, la génération d’après-guerre arrive à la retraite, et même si l’on ne crée pas assez d’emplois, même si on ne remplace qu’un départ à le retraite de fonctionnaires sur deux, le taux de chômage diminue, mais reste le plus élevé des pays développés.

- l’absence de la gauche : le PS sans boussole, le PC dégringolant toujours, les Verts n’ayant pas réussi à transformer leurs idées prémonitoires, PRG et MRC satellisés par le PS, le constat fait penser à la fin de la SFIO, et à l’intermède de 10 ans avant Epinay, suivie d’une nouvelle décennie pour revenir au pouvoir. Aboutirons-nous à une nouvelle gauche (unifiée ou fédérale) du PC au Centre, ou à un scénario à l’allemande : une gauche radicale, allant de Besancenot à Mélanchon, et un centre gauche, incluant Bayrou ? Quelle que soit la solution, la gauche devra-t-elle faire son deuil de 2012 et attendre 2017 ou 2022 (20 ans après sa défaite de 2002) ?

2 commentaires:

  1. Qu’il y ait une certaine vulgarité chez NS, certes ; ses écarts de langage n’en sont que des pics. Il faut espérer que ses défenseurs n’argumenteront pas que c’est une manière d’être proche du « peuple », ou de vouloir se présenter comme un homme comme les autres ; car ce naturel qui revient si vite au galop est celui d’un « beauf » ! C’est même pathétique d’entendre certains de ses ministres appeler souci de transparence son affichage ostentatoire pour tout ce qui touche le luxe, l’étalage de sa vie privée.

    Dans l’incapacité, ou le manque de volonté d’apporter des solutions à la baisse du pouvoir d’achat, il pratique l’évitement là où il est attendu et occupe l’espace en lançant, dans son style expéditif, des hameçons fournis de sujets qui mériteraient approfondissement. Qu’importe les vagues ! Si ce n’est lui qui confirme d’une phrase toute aussi brève, un membre de sa cour, élu ou pas s’en charge.
    La méthode n’est pas anodine et le but est atteint : il s’agit d’un véritable « feu d’artifice » de provocations. Un sujet mis en lumière est tout aussi vite remplacé par un autre, ne permettant pas que s’organise la véritable réflexion ou se fédère la riposte. Le but est de déstructurer ce qui existe et de disloquer ce qui fait cohésion.

    Il y aura bientôt un an, dans la région, avaient lieu les Assises Internationales du Journalisme. Un atelier très intéressant, réservé aux professionnels a eu lieu en Arras. Il est on ne peut plus d’actualité : « Comment prévenir les tsunamis médiatiques ? Comment éviter l’émergence des vagues médiatiques qui, jusqu’à leur éclatement, balayent toutes nuances, tout contre point, dans le débat public auquel les médias invitent ? »
    Si le terme de tsunamis avait été jugé excessif en raison des nombreuses morts que la catastrophe avait entraînées, il semble convenir à la méthode présidentielle qui a quelque chose de mortifère. Mortifère pour la presse politique d’investigation, mais aussi pour les citoyens.

    A n’en pas douter, le pire des mesures anti-sociales arrivera au lendemain des municipales. C’est vrai que le risque est grand de voir le personnage rebondir quelques mois avant les prochaines échéances présidentielles.

    Alors la gauche ?

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  2. Est-ce encore un blog conçu pour les municipales d'Hénin-Beaumont ?

    Si tel n'est pas le cas, ce n'est pas grave, votre blog est intéressant à consulter car il se transforme petit à petit en outil d'observation des faits politiques quotidiens. Votre sens de l'observation, de l'analyse est d'une rare pertinence.

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