jeudi 3 juillet 2008

Contre le "réactivisme": savoir raison garder.

A la suite d'une video circulant sur le Web et concernant l'attitude de Ségolène Royal vis à vis de son premier Vice-Président, lors d'une séance du Conseil Régional de Poitou-Charentes, j'avais mis en garde de bien connaître le contexte avant de formuler tout commentaire hâtif pour juger le comportement de l'ex-candidate à la Présidentielle.
Plusieurs évènements de ces derniers jours me font m'interroger, une nouvelle fois, sur le "réactivisme" (et notamment celui des medias), pour employer un néologisme bien parlant. Citons, sans ordre précis:
- l'acharnement physique violent contre un jeune Parisien juif, présenté, aussitôt, comme un acte antisémite, parce que le jeune portait une kipa (dixit notre Président). En fait, il s'agirait d'un combat répété entre bandes communautarisées, et donc certainement, à connotations racistes (ici: Noirs contre Juifs), oh combien grave et répréhensible, mais non d'un acte commis dans le cadre d'un éventuel pogrom; pourquoi cette réaction aussi rapide des hommes politiques?
- je rappelle qu'il y a quelques semaines, on présentait Ingrid Bétancourt, presque mourante, alors que les images de sa réjouissante libération atteste d'une résurrection particulièrement rapide; a-t-on essayé de nous manipuler?
- la polémique revient en force sur des images de la seconde Intifada, filmées par FR2, sur la mort d'un petit enfant palestinien, dans les bras de son père, au cours d'un tir croisé entre combattants palestiniens et soldats israëliens, les balles meurtrières étant selon FR2, israëliennes. Je n'ai pas de raison de ne pas croire notre chaîne publique, mais si, par extraordinaire, les Israëliens avaient raison, cela nous interrogerait sur la prétendue objectivité des images.
- On a vu, sur les medias,, à l'occasion du Championnat d'Europe, une altercation entre 2 joueurs français à la sortie du match de football contre la Hollande, mais démentie quelques heures plus tard; l'explication plausible étant qu'un joueur français s'était interposé entre un autre autre joueur et un supporter virulent, réduisant à néant une "preuve" du mauvais climat régnant dans notre équipe (et expliquant les mauvais résultats surtout du fait de l'incompétence de l'entraîneur). Encore une fois, on avait occulté le contexte pour mieux plier l'information au déchaînement contre les résultats déplorables des Français. La manipulation a failli réussir...
- encore sur les medias, une réflexion de notre Président, prise sur le vif, par laquelle, il annonçait pis que pendre à FR3, suite à une altercation avec un quidam qui ne l'aurait pas salué. Cette version aurait été encore démentie, mais démontre, comme le précédent exemple, comment on essaye de contraindre les faits pour étayer une information. Ici, il s'agissait de démontrer que le Président veut asservir la télévision publique.
- enfin, vous avez pu entendre ou lire que, lors de l'incendie d'un centre de rétention, 50 "sans papiers" en avaient profité pour s'enfuir, puis on rectifie à 14; finalement, un seul "sans-papier" n'a pas été retrouvé...dixit la Préfecture de Police parisienne! Erreur humaine? Rumeur délibérée, alors que venait d'être votée la "directive européenne de la honte" (prévoyant l'enfermement de migrants non communautaires pour une durée maximale de 18 mois, en autorisant l'expulsion d'enfants, qui plus est hors de leur territoire d'origine, en instituant une interdiction du territoire européen de 5 ans)?
Ces exemples datent d'au maximum 3 jours. Quotidiennement, nous sommes donc confrontés à des informations: comment éviter la manipulation, les manipulations?
Entre les effets bénéfiques de l'information instantanée (souvent levier de la démocratie: exemple du Tibet avec des évènements filmés par des particuliers, alors que le gouvernement chinois tente de les minimiser), et ses conséquences négatives (réactions politiques engagées, mais prématurées, ou langue de bois?), le citoyen doit essayer de prendre du recul, faire jouer son esprit critique. Facile à dire, pensez-vous?
A l'homme politique, énivré par les micros et les stylos en attente de ses déclarations, une bonne cure de silence s'impose. Les medias lui sauront gré, avec le temps, d'une certaine retenue. Même s'il ne passe plus au "20 heures", la parole lui sera rendue dans des débats de fond, dans lesquels ses analyses seront appréciées.

Pour le citoyen, c'est plus compliqué. Parce qu'il est noyé sous le flot d'informations. Au moins, peut-il tenter de ne pas réagir sous le coup de l'émotion, confronter son point de vue avec un examen du contexte (mais cela prend du temps), lire une presse diversifiée (c'est également mangeur de temps!), échanger avec ses collègues, ses amis...

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