mercredi 12 novembre 2008

Imaginez...

- Imaginez que vous êtes dans votre train vers Lille: il est 9H 05, vous lisez votre journal, votre voisin d'en face somnole, à côté de vous la dame médite...le wagon est tranquille, le train s'ébranle. Soudain, une musique s'élève et le rituel "téou?" vous fait comprendre qu'une conversation téléphonique va engager tous les voyageurs dans les confidences de l'appelée, derrière vous. Mon voisin somnolant me lance un regard désespéré, ma voisine s'extirpe de sa réflexion, et vous, vous relisez pour la troisième fois la même phrase...En quelques minutes, vous vous trouvez embarqué dans une histoire où recette de cuisine, visite chez la belle-mêre et coqueluche du petit dernier se succèdent, dans une indifférence générale, blasée mais pleine de soupirs rentrés et prélude à une journée de colère à assouvir...Arrêt Libercourt: vous venez d'apprendre les malheurs du week-end passé, et n'y tenant plus, vous vous adressez, courtoisement, à l'intruse pour lui faire remarquer que vous souhaitez ne pas être mêlé à ses problèmes personnels, et qu'il serait hautement apprécié que le ton soit plus discret. Vos voisins vous sourient et vous ne savez pas s'ils vous disent "merci" ou cause toujours", et l'interpellée conclut son appel par un "Y en a qui ne veule pas que je te parle" qui replonge les voyageurs dans une quiétude retrouvée...jusqu'à ce que votre téléphone, que vous avez oublié de mettre sur le mode "discret", se met à retentir de sa "cinquième symphonie" , sous les regards amusés ou courroucés de vos co-voyageurs...
Mais non, vous venez d'arriver à destination et avez profité de quelques minutes de sommeil supplémentaire...
- Imaginez, qu'avant de prendre votre train, vous vous soyez présenté dans la boulangerie du centre ville, vénérable institution, née à Lille, et ayant essaimé dans toute la France. Vous commandez un petit pain au chocolat, vous payez, on vous rend la monnaie: vous faites part de votre étonnement que la main qui a saisi la viennoiserie, a ramassé votre pièce et rendu la monnaie, soit la même, au mépris de l'hygiène la plus élémentaire...pour vous voir rétorquer délicieusement: "Mais, monsieur, ma main est propre"...
- Imaginez qu'entre votre visite à la boulangerie et votre train de 9H 05 vers Lille, vous empruntiez la petite rue (rue Isidore Lernould ou Victor Mathé, qu'importe) qui vous sépare de la gare. Vous hésitez: à droite, les voitures sont garées devant le trottoir, si étroit que les poubelles installées à longueur d'année devant les habitations vous empêchent tout passage; à gauche, pas de voiture, mais toujours ces poubelles...seule solution: marcher au milieu de la rue, réduite à 2 mètres de large. Bien entendu, la circulation est fréquente à cette heure, les parents venant ou revenant de l'école toute proche, et votre seule solution est de vous écarter pour laisser passer les véhicules, qui, bien entendu, jour de pluie oblige (qui dit qu'il ne pleut pas dans le Nord?), vous éclaboussent à qui mieux mieux!
- Imaginez qu'il y a des jours où il ne vaut mieux pas...imaginer que vous allez arriver à la gare juste 5 minutes avant le départ du train, que le monde se presse devant le guichet, que la machine automatique distribuant les billets soit en panne, et que le train vous démarre sous le nez, vous faisant rebrousser chemin pour attendre le train suivant de 11H 32, à moins que vous ne téléphoniez pour annoncer votre retard ou votre renoncement à votre rendez-vous de 10H à Lille!

5 commentaires:

  1. Mr Alpern,

    Votre récit est un peu déprimant, sans doute un effet de l'automne, mais en même temps très réaliste; c'est le quotidien de nombreux salariés Héninois qui doivent se rendre à Lille pour le travail que vous narrez là. Je vous invite au prochaine article à nous décrire la solitude du voyageur qui attend un train vers Lille à la gare de Libercourt après 18 heures....

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  2. Vous gagnez combien pour faire ce job ?

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  3. De quel job parlez-vous?

    - s'il s'agit du blog, c'est bien entendu désintéressé...

    - s'il s'agit du Conseil Régional: sachez que je ne considère pas le fait d'être conseiller régional comme un "job", mais comme une fonction, en sachant que j'ai laissé de côté, pour l'instant, mon "job", pour me consacrer à la dite fonction... La politique ne doit pas être un métier: c'est pour cela que je milite, non seulement pour le non-cumul des mandats, mais pour leur limitation dans le temps...
    Je suis indemnisé environ 2200 nets par mois, imposables, bien sûr. J'ajoute que je ne bénéficie d'aucun autre avantage (mutuelle, retraite complémentaire, 13eme mois. ..), mes frais de déplacement étant pris en charge (avec des limites trop sévères: 36€ la nuit d'hôtel, 14€ le repas).
    Inutile de vous dire que je n'exerce pas ce mandat par intérêt financier.
    Sachez également que je suis présent à 100% dans toutes les séances plénières, les commissions (interrogez vous de savoir s'il en est de même de tous mes collègues...) et que j'accepte presque toutes les demandes de représentation du Président, sur tout le territoire du Nord/Pas de Calais (ce qui n'est pas toujours évident, car je n'ai pas de voiture, mais c'est un choix de vie...)

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  4. Merci pour votre réponse Monsieur Alpern (2200 euros nets par mois imposables + les frais de déplacements avec des limites : 36 euros la nuit d'hôtel et 14 euros le repas).

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  5. pas de voiture, mais c'est un choix de vie ---> +1 !

    Pour votre article, c'est inutile d'imaginer tout cela puisque c'est la vie quotidienne ...

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