mercredi 5 novembre 2008

A propos de Barack Obama


Grand moment, ce 4 (plutôt le 5 pour nous, en Europe) novembre 2008, avec cette victoire d’Obama !
Quelques réflexions à chaud, en essayant de ne pas faire trop « cliché »…

- Je connais assez bien les Etats-Unis, depuis 1973, ce, pour des raisons personnelles, et j’ai toujours été partagé entre plusieurs sentiments. Je suis fasciné par la ville de New-York et comme le disait, récemment, le grand écrivain Jérôme Charyn : « Le spectacle est dans la rue », mais je ne suis pas dupe des grandes disparités sociales. J’admire le pragmatisme et l’efficacité US (« yes, we can », le slogan d’Obama), mais je suis frappé par l’obsession de l’argent (« This man worth x millions dollars » : cet homme « vaut » x millions de dollars, entend-on souvent pour parler de quelqu’un). J’aime la chaleur des habitants, mais je suis glacé par leurs méthodes « couperet » : on expulse sans vergogne ceux qui ne peuvent plus rembourser leurs emprunts immobiliers, par exemple. La mode naît maintenant à NY au moins autant qu’à Londres, Paris ou Milan. La créativité artistique et la culture sont en pointe aux Etats-Unis, mais j’aime toujours le Louvre et le Musée d’Orsay, Benabar, Ronan Luce, la Canadienne francophone, Linda Lemay ou la Belge francophone, Maurane, sans parler de l’Italien Paolo Conte… Bref, j’aime les USA en tant que touriste mais je reste attaché à nos culture et mode de vie françaises et par extension européennes.

- Ce préambule pour dire combien nous devons quand même rester humbles avec notre spécificité européenne : ce n’est pas chez nous, mais aux Etats-Unis, que les minorités sont autant représentées dans les institutions politiques. Ce n’est pas le pays d’où jaillit la philosophie des Lumières, qui est le plus avancé en matière d’égalité hommes/femmes, ou dans l’intégration de ses minorités…Et pourtant nous (je) critiquons (e) le communautarisme états-uniens ou son absence de laïcité, de salaire minimum ou de système de solidarité en matière de soins… alors que nos banlieues menacent d’exploser tous les jours, que l’on parle de laïcité positive ou ouverte, pour mieux la remettre en question, que notre Smic est indécemment bas, et que notre Sécurité Sociale se délite…

- Les Américains ont élu un Président de couleur. Nous sommes à mille lieux d’imaginer que cela puisse arriver en France. Admirons ce qu’ils ont fait et donnons-nous les moyens d’y arriver, car il n’y a pas de raison que nous ne puissions le faire aussi (« yes, we can too »). Sans énumérer, ici, comment avancer, il est clair qu’il nous faut ouvrir le jeu politique : sus aux cumuls de mandats, sus aux mandats prolongés (à ce sujet, l’exemple du mandat présidentiel, une seul fois renouvelable, pourrait s’appliquer dans toutes les élections). Sinon, on en restera à des cas isolés de mise en avant marketing (les ministres Jupette, Fadela Amara, Kofi Yamgane ou Rama Yade) de ceux qui ne sont pas justement représentés. La gauche avait timidement lancé cette réforme ; la droite ne l’a même pas envisagé…jusqu’à présent !

- En parlant de Rama Yade que l’on a beaucoup vue et entendue ces dernières heures (elle vient d’écrire un livre, sorti bien à propos), j’ai été très sensible à son nouveau style, fruit probablement de son expérience ministérielle : elle a quitté les stéréotypes des débuts, ses réparties sont réfléchies et frappées de bon sens. De plus, sa prestance naturelle, sa jeunesse et sa photogénie sont annonciatrices d’un grand avenir.

- B. Obama a annoncé des changements dans certaines politiques auxquelles nous sommes très attentifs en Europe :

- en matière de politique étrangère : il entend mettre fin à cette stupide guerre en Irak : espérons que cela n’aboutira pas à la mainmise des Chiites sur le pays, mais à un accord collectif entre eux, les Sunnites et les Kurdes ; à se recentrer sur l’Afghanistan : gageons que les tentatives d’ouverture du Président afghan soient ainsi appuyées. A favoriser un accord dans le désespérant conflit israëlo-palestinien;

- en matière de politique intérieure : outre ses promesses sur une couverture universelle maladie, il entend mettre les bouchées doubles en matière d’économies d’énergie et d’énergies renouvelables ; nul doute que les USA sont capables de démontrer que les objectifs du Protocole de Kyoto étaient insuffisamment ambitieux. Une avancée probable pour la Planète, tout en espérant que la France ne restera pas à l’écart, l’émasculation du Grenelle de l’Environnement paraissant maintenant patente !

- Dommage que le futur nouveau Président soit pour la peine de mort ! Au moins, c’est un domaine dans lequel l’Europe pourra encore se targuer d’être en avance…

3 commentaires:

  1. Faut-il vous rappeler les origines de notre Président de la République Nicolas Sarkozy ?

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  2. Je ne pense pas que la situation soit comparable:
    - les immigrants "européens" chrétiens ont été assez rapidement intégrés dans notre France (une génération a souvent suffi)

    - les immigrants arabes, noirs et asiatiques ont eu et ont toujours beaucoup de mal à être acceptés.

    On ne peut pas dire que Nicolas Sarkozy, et je m'en réjouis, ait eu des problèmes d'assimilation (Maire de Neuilly à 28 ans!)...D'ailleurs peu ont rappelé l'origine de sa famille, au moment des présidentielles.
    Nous n'avons pas connu l'esclavage en France métropolitaine, mais nous connaissons le racisme...
    la bonne comparaison française avec Obama serait l'élection dans notre pays, d'un Président d'origine maghrébine, par exemple.
    Sans être pessimiste,je pense que nous en sommes encore loin...

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  3. Nicolas Sarkozy est l'arbre cache la forêt.
    Les immigrés européens chrétiens et leurs descendants (les minorités invisibles)doivent toujours se battre contre le racisme de nombreux français de souche et connaissent des problèmes d'assimilation.
    Certes nous sommes blancs et chrétiens mais à diplôme égal il est beaucoup plus difficile en France pour l'immigré européen ou son descendant de trouver un emploi en adéquation avec ses compétences et ses qualifications (et le salaire qui va avec) qu'un français de souche.
    Au quotidien, je ne compte plus les remarques racistes et les inégalités de traitement à mon égard notamment à la lecture de mon nom de famille. C'est un fait.

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