lundi 10 novembre 2008

A propos de métissage

Les différents commentaires , sur ce blog ou ailleurs, à propos d’Obama, me font irrésistiblement penser à un texte que j’ai écrit en 1992, et que je me fais un plaisir d’exhumer…


En l’an de grâce 732, vous le savez tous, Charles Martel arrêta les Arabes à Poitiers…

Parmi ces derniers, certains, charmés par la région ou, plus probablement, par certaines autochtones, ne firent pas demi-tour et s’y installèrent. L’un d’entre eux retiendra plus notre attention : il s’agit d’un dénommé Ben Ali ben Youssef, dont, par commodité, nous réduirons le nom à Ben Ali (c’est d’ailleurs ainsi, que l’on finit par l’appeler). Ce " nouvel immigré ", plus instruit que la plupart des habitants, la civilisation arabe étant très en avance, s’intégra assez facilement dans la région poitevine, en apportant ses connaissances à une société toujours avide d’apprendre. Sa prestance et son apparence physique différente séduisirent une jeune paysanne : il semblerait qu’alors les mariages exogames ne rebutaient personne, sauf, bien entendu, les familles nobles, où la consanguinité était de règle.

Notre Ben Ali et sa belle se marièrent et eurent beaucoup d’enfants, pour parodier les contes, mais il faut les croire, puisque l’on retrouve, dans les registres paroissiaux locaux, trace de nombreux Ben Ali. Il ressort de ces (rares) archives que vers 960 un dénommé Charles Ben Ali était devenu échevin d’un petit bourg près de Poitiers.

Nous nous attarderons plus particulièrement sur un sieur Philippe Ben Ali, tout simplement parce que nous avons pu reconstituer sa lignée et que nous avons repéré sa descendance jusqu’à aujourd’hui ! PBA (désolé pour l’anachronisme, mais efficacité et modernisme obligent), donc, eut une vie assez agitée, à tel point qu’il dut s’éloigner de Chauvigny près de Poitiers (il semblerait qu’il fut le seul Ben Ali dans ce bourg), et l’on retrouve trace de ses arrière-petits-enfants à Ecommoy, à quelques lieues du Mans, en 1138 . Probablement pour échapper à l’Inquisition, bien qu’elle n’ait pas sévi dans cette partie de la France, il apparaît (il appert, comme on disait) que le dénommé Pierre Ben Ali se soit converti au catholicisme, en 1377. A signaler que certains Ben Ali y avaient déjà procédé auparavant (c’est pourquoi, à travers des registres de baptême, nous avons pu suivre certaines branches de la descendance de l’immigré arabe de 732). Notons, sans nous y appesantir, car nous manquons d’informations, que 2 Ben Ali ont intégré le judaïsme. L’un, vers l’an 1000, parce qu’un érudit hébraïque a mentionné son apostasie musulmane, et l’autre, parce qu’il a collaboré à une école cabalistique à Bordeaux en 1143, époque de la munificence de cet œuvre ésotérique et mystique : d’ailleurs, il n’est pas étonnant qu’un descendant d’un peuple qui a inventé les nombres et l’algèbre ait participé à la Cabale, dans laquelle on pratiquait la Gematria (exégèse propre à l’ Ancien Testament des Juifs dans lequel on additionne la valeur numérique des lettres et des phrases afin de les interpréter). Merveilleuse synthèse de l’esprit humain !

La christianisation des Ben Ali eut 2 conséquences : autour du Mans, dès la fin du XIVe siècle, les Ben Ali sont devenus Ben (ainsi un Christophe Ben est baptisé en l’église de Brûlon, près de Loué, en 1399) ; et ce Ben (notamment la lignée de Philippe ex Ben-Ali) se mit à traverser la Bretagne : au fil des siècles, et notez cette pérégrination vers l’Ouest, on les retrouve à Saint Meen le Grand, Josselin, Locminé : dans cette dernière ville, pour des raisons obscures, mais ayant à faire probablement avec le soutien minoritaire de la famille avec la Révolution, pas très bien vu dans ce coin de la France ( !), la famille prend le nom de Le Ben, plus breton certes, mais n’empêche, les Le Ben furent considérés comme des pourfendeurs de la Royauté, et des mécréants révolutionnaires….
1832 : les voilà à Baud et Azaro (un Le Ben devint prêtre et se mit à dos toute la famille). Le passage à la seconde République fut-il un détonateur ? Toujours est-il que la descendance de Philippe Ben Ali changea alors de fusil d’épaule et s’ancra dans le catholicisme, et peut-être pour marquer ce virage transforma-t-elle son nom en Le Pen, en arrivant à La Trinité-sur- Mer, quelques années plus tard. D’autres interprétations de ce changement de nom se firent jour et notamment celle, assez crédible, d’un mariage d’un Le Ben avec une demoiselle d’origine anglaise, dont la famille avait du mal à prononcer le nom : plus facile de dire Pen, un mot que les Anglais connaissent bien ! Une autre interprétation fut qu’il fallait se démarquer de plusieurs " sodomites " dans la famille, l’homosexualité étant particulièrement mal vue dans cette région ultra-catholique.

En tous les cas, parcours exceptionnel d’une famille arabe à l’origine, dont une partie s’enjuiva, une autre devint catholique, pendant que certains furent des révolutionnaires ( politiques, mais aussi de mœurs) ou qu’une partie de la famille s’allia avec les ennemis jurés de la France. .N’est-ce pas là un exemple extraordinaire de ce qui constitue la France : une diversité, un métissage propre à générer notre génie si particulier…Puissions-nous continuer à contribuer au métissage universel : en accueillant, non seulement des Arabes, mais également d’autres populations étrangères, elles-mêmes métissées ! L’exemple de cette famille est la preuve que notre politique d’intégration est la bonne, même si parfois les parcours ne sont pas linéaires.

J’ajoute, aujourd’hui, que la famille Le Pen s’illustre par 2 descendants dont on parle (j’allais dire : " dans le Landerneau "du football et de la politique), à savoir :

- Ulrich Le Pen, joueur professionnel de football, vedette du FC Lorient. Il est né le 31 janvier 1974 à Auray (Morbihan);

- Marine Le Pen, avocate et femme politique française , née le 5 août 1968 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) ; conseillère municipale à Hénin-Beaumont (Pas de Calais)

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