dimanche 22 novembre 2009

Dalongeville : l'homme par qui la faillite héninoise est arrivée (1/2)


Avec l'aimable autorisation de La Voix du Nord, vous trouverez, une série de 2 articles qui ont plusieurs mérites:

- fournir des informations nouvelles sur ces 10 dernières années de descente aux enfers;

- rappeler que sous GD un régime "maffieux" s'est mis en place et que les fanfaronnades de l'ex- maire, aujourd'hui sorti de 7 mois de détention provisoire (!) sont surréalistes;

- précise bien la situation de GD: certes il est présumé innocent tant qu'il n'est pas jugé, mais cela ne signifie pas qu'il ne soit pas coupable, comme on essaye de nous le faire croire!

- évoque, bien que ce ne soit pas tout à fait le sujet, la carence (inaction aggravée par une absence totale et désespérante de communication) et la connivence stupéfiante avec le FN...

samedi 21.11.2009, 05:04 - PASCAL WALLART


L'HEURE DE LA REVANCHE

Au départ était un garçon débrouillard, débordant d'idées et d'empathie pour les gens... Après une prime jeunesse passée en Seine-Saint-Denis, le voilà, débarquant, adolescent, à Ervillers, tout près de Bapaume, où sa maman ouvre un café-restaurant dans l'ancienne boucherie familiale.

Le jeune Gérard Dalongeville y bout très vite de l'envie d'organiser la vie du village. À telle enseigne qu'en 1989, à peine âgé de 19 ans, l'étudiant en sciences éco intègre une liste aux municipales, sous la houlette d'un cousin, Barthélémy Bizart, afin de déboulonner le maire sortant.

Arborant déjà son célèbre collier de barbe, le jeune Dalongeville se lance alors à corps perdu dans sa délégation au sport. Ce sont là, officiellement, ses premiers pas dans la vie politique même si, quelques années plus tard, M. Dalongeville s'inventera, au fil des entretiens, une carte au PS dès l'âge de 16 ans ou une participation en 1988 aux cantonales, sous l'étiquette socialiste face à un lieutenant de Jean-Paul Delevoye. Duel qui n'a existé que dans ses rêves... En revanche, ce qui est alors bien réel, c'est que l'étudiant crève d'envie de se frotter aux réalités de la vie politique à une autre échelle que celle de son village. Son souhait est tout simplement de vendre son talent à un politique assez puissant, de gauche de préférence, et de grandir dans son ombre.

Ce qui motive le Bapalmois à quitter sa contrée bucolique pour s'attaquer à la capitale lilloise, là où tous les pouvoirs sont concentrés.

Notre homme prend alors en ligne de mire le conseil régional, où il a déjà effectué un stage d'été. Faisant preuve de trésors de diplomatie et de charme, l'étudiant assiège les secrétaires de trois vice-présidents emblématiques du PS dans le Nord - Pas-de-Calais : Daniel Percheron, Serge Janquin et Umberto Battist. « Il discutait tout le temps avec nous, nous apportait des roses et l'on sentait bien qu'il avait une fascination pour Daniel Percheron qu'il voulait à tout prix rencontrer », raconte l'une d'entre elles.

L'étudiant crève d'envie de se frotter aux réalités de la vie politique

L'homme se fait tellement insistant que l'élu liévinois finit par le recevoir. Ne pouvant lui fournir d'emploi, il l'aiguille alors vers un jeune et brillant maire qui vient d'être élu à Hénin-Beaumont. « Va voir Pierre Darchicourt de ma part ! », confie-t-il à l'apprenti Rastignac, qui ne se fait pas prier pour frapper à la porte de celui qui, à Hénin-Beaumont, a su mettre ses pas dans ceux du « monument » Jacques Piette et vient également d'être nommé vice-président à la Région.

La recommandation de Percheron fait mouche puisque le maire d'Hénin-Beaumont trouve illico presto un poste au jeune homme au sein d'une société d'économie mixte. Zélé et cherchant vite à se rendre indispensable, Gérard Dalongeville n'y fera pas de vieux os, se retrouvant rapidement propulsé au cabinet du maire, alors dirigé par l'efficace Anne de Coupigny.

Dès son arrivée au cabinet Darchicourt, l'enfant d'Ervillers commence à mettre au point la stratégie qui lui assurera un succès foudroyant. Déployant des tonnes d'empathie pour les uns, de petites attentions pour les autres, l'attaché de cabinet focalise toutes les attentions et tire dans l'ombre les ficelles d'un jeu cruel dont la directrice de cabinet de Pierre Darchicourt fera rapidement les frais.

La place est alors libre pour la première heure de gloire de Gérard Dalongeville, « dircab » fourbe et mielleux pour les uns, efficace et disponible pour les autres. Un personnage qui ne laisse guère indifférent mais révèle déjà les zones d'ombre qui feront du futur maire d'Hénin-Beaumont une personnalité sulfureuse. Avec un goût prononcé pour l'intrigue, le mensonge, la manipulation, tout cela enrobé dans une bonhomie, un indéniable savoir-faire relationnel et un constant sourire enjôleur.

On commence à le dire futur dauphin de Darchicourt lorsque, début 1999, tout bascule. Le maire passe une soufflante magistrale à son « dircab » qui a poussé le bouchon un peu trop loin en jonglant sans modération avec des bons de commande. Une irrégularité que le directeur général des services, ayant Dalongeville dans le collimateur, s'était empressé de dénoncer à Pierre Darchicourt.

Une nouvelle ville est en marche, promet son slogan. Mais à quel prix

Vexé d'avoir été pris la main dans la confiture, Dalongeville donne alors sa démission, espérant secrètement être rattrapé par le fond de la culotte. Il ne le sera pas. À compter de ce jour, il n'aura qu'une obsession : déloger Darchicourt de son fauteuil et devenir calife à la place du calife. Pour ce faire, tous les moyens seront bons, y compris la mise en connexion de tous les ennemis du maire d'Hénin-Beaumont. La rébellion de Dalongeville sera l'occasion rêvée pour le maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, et le futur président de Région, Daniel Percheron, de se débarrasser d'un Darchicourt véritable desperado refusant de se plier aux exigences de la fédération du PS, qui venait de briser l'occasion unique de créer une communauté urbaine réunissant Lens-Liévin et Hénin-Carvin.

Gérard Dalongeville se réfugie sous l'aile protectrice du puissant édile liévinois qui lui trouve un job au conseil supérieur de l'électricité et du gaz où il est missionné. Au contact du cacique, Gérard Dalongeville apprend mille et une ficelles... qu'il n'oubliera jamais.

Début 2000, il se déclare officiellement candidat contre Darchicourt. Le PS feint alors de l'exclure, même si la sanction ne sera jamais officiellement entérinée, et regarde finalement le fier Pierre Darchicourt tomber sous les coups nourris de son ex-poulain sachant mettre le doigt où ça fait mal. En créant un front uni anti-Darchicourt et promettant aux Héninois des lendemains rieurs, Gérard Dalongeville s'empare sans coup férir de la mairie d'Hénin-Beaumont. Une nouvelle ville est en marche, promet son slogan. Mais à quel prix... Les clés de l'hôtel de ville d'Hénin-Beaumont en main, le nouveau maire se concentre sur une priorité : assurer ses arrières puisqu'après six mois à la mission gaz-électricité, il a dû lâcher son job de commercial au sein de l'agence Marianne Communication.

Devenant de droit président de la SAEMIC, gérant un important patrimoine immobilier, il envisage alors de salarier cette fonction. Un tour de passe-passe qui ne peut s'effectuer que si le conseil d'administration donne son feu vert... ainsi que le conseil municipal. Il refusera cette double humiliation.

Très vite, une rencontre va faire basculer sa vie. Au coeur de l'été 2001, Fréquence Nord parraine une tournée qui a été déléguée à un certain Guy Mollet, un « faiseur » d'affaires à la sulfureuse réputation usée essentiellement dans le milieu cycliste. Du Groupement au CC Wasquehal en passant par le Grand Prix d'Isbergues, notre homme, roué comme pas un, madré et possédant un carnet d'adresses épais comme un Bottin, est aussi connu que redouté.

Un profil de roublard sympathique, toujours prêt à monter une affaire ou recommander une combine sur le fil du rasoir, qui fascine le nouveau maire d'Hénin-Beaumont. Mais il faudra attendre une année pour qu'un « deal » finisse par les unir. Mollet reprend en main un hebdo gratuit, Hénin Info, le métamorphosant en Journal du pays, bras armé de la propagande dalongevilienne et de premières petites affaires en famille. Le contrat est simple, Dalongeville déléguant au JDP la communication municipale au rythme de plus de 14 000 euros par mois... Un passage « publicitaire » quasi obligatoire pour les entreprises travaillant régulièrement pour la ville. Dalongeville, quant à lui, endosse dans l'ombre le rôle de rédac'chef de l'hebdomadaire dont il relit à la loupe chaque épreuve. le « la » pour les premières relations entre Gérard Dalongeville et les entreprises amenées à travailler pour Hénin-Beaumont, contacts scellés via des accords déroutants. C'est ainsi que, petit à petit, disparaîtront curieusement du patrimoine communal toute une série de matériels... que l'on retrouvera parfois loués à la ville à des tarifs prohibitifs. Ce sera le cas pour une balayeuse, un pont lumineux... Entre la ville et certaines entreprises frappant à la porte, le contrat de confiance est pour le moins particulier, se réglant très souvent en toute discrétion lors d'une rencontre avec l'adjoint aux finances, avant qu'un autre élu n'entre dans la danse. Dans un premier temps, les « deals » sont passés directement à l'hôtel de ville avec une partie officiellement réglée s'accompagnant d'un droit d'entrée en liquide qui prenait la direction du coffre-fort majoral.

11 commentaires:

  1. Quels excellents articles, à mettre au crédit de M. Wallart.
    Le contenu m'amène à constater une fois de plus que les "métiers" de l'administration municipale n'ont pas été à la hauteur des enjeux.
    Je ne cesserai de clamer l'obligation de disposer de professionnels à tous les échelons d'une administration territoriale. Le pivot que représente le DGS est important car c'est lui qui assure l'interface avec le pouvoir politique. Ce qui signifie qu'il doit disposer de l'autorité administrative indispensable et avoir la possibilité de rappeler au politique les règles élémentaires du droit, des marchés publics, et financières sans se trouver menacé parce qu'il ne serait pas en phase avec son élu...
    Mais est-ce possible sous les cieux du Pas de Calais où la confusion des genres est permanente?
    le DGS, rappelant des règles élémentaires, est aussitôt placardisé et se trouve être mis sous la tutelle du directeur de cabinet. Il ne lui reste plus qu'à chercher sous d'autres cieux un emploi correspondant à ses missions.
    Et comme le réseau politique est puissant et unitaire, il ne dispose d'aucune chance de retrouver un emploi sur le territoire régional qui n'a aucun contre pouvoir, même pas celui qu'on pourrait attendre des organisations représentatives des personnels.
    cimares

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  2. Je suis ravi que mon commentaire de 17h20 ait inspirer ton article du jour, Alain.
    Le commentaire de CIMARES montre une autre aspect du problème : la difficile posture des agents territoriaux et particulièrement des cadres.

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  3. Quand on pense que la SAEMIC a été absorbée par Artois Développement (la fameuse ADEVIA d'aujourd'hui)

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  4. il fallait des "couilles" : chapeau bas

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  5. Une libération tirée à quatre épingles et fêtée autour d'une coupe de Champagne, la phrase dite par l'intéressé "La récréation est terminée. Dalongeville est de retour".

    Tourne t'on le Parrain IV à Hénin-Beaumont?

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  6. @ Cimares,

    Il est vrai que le fonctionnaire territorial qui veut faire son boulot avec sérieux et éthique,ben, il se fait casser et placardiser.

    Je suis bien placé pour le savoir, ayant connu cela dans une Commune que vous connaissez bien et ayant été sanctionné (en faisant preuve de naïveté n'ayant pas vu le piège) par mutation dans un placard non doré d'une grosse administration locale de la Région.

    Et encore, il ne s'agissait pas de magouilles de marchés publics ou de DSP mais du respect des droits syndicaux (qui font partis je crois des libertés fondamentales).

    Quoique en mon sens, le non respect de libertés fondamentales sont beaucoup plus graves que les magouilles présumées du sieur Dalongeville.

    Mais dans mon affaire aussi, il y avait un protagoniste de celle d'Hénin (par ailleurs non inquiété), qui a d'ailleurs fait preuve d'une attitude de vichyste vis à vis des libertés syndicales et de certains syndicalistes.

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  7. Bel article, intéressant et éclairant !
    Dommage que cela arrive, a posteriori...
    Pour reprendre une remarque d'un blogueur, journalisme d'investigation et presse quotidienne locale sont bien deux réalités qui ont du mal à cohabiter...
    Sans pour autant remettre en cause la déontologie des journaleux, oups pardon, des journalistes d'ailleurs.

    Trop d'intérêts financiers avec les annonceurs héninois ?

    ps : G.D. est, certes, présumé innocent mais ses premières déclarations (voir France 3 NPDC)sont pour le moins indécentes au vu des faits reprochés...

    Hemingway

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  8. Et que dire aussi de l'affaire du fils Derosier qui n'a mis que trois semaines pour retrouver un boulot: un miracle en ces périodes de fort chômage.

    Après la direction juridique du Département, un poste de chargé de mission à la Présidence de Partenord.

    Le pauvre, il ne touchera que 4000 € bruts à la place des 10000 € nets qu'il se mettait dans les poches au Département.

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  9. A Anonyme de 11H25: vous êtes mauvaise langue!

    Le Président de Partenord (pas sûr qu'il soit rémunéré), Vice-Président du Conseil Général du Nord (dont le Président est Derosier), par ailleurs, avait eu l'occasion de juger des qualités professionnelles de Derosier fils, dans son activité antérieure...au Conseil général. Et c'est donc en connaissance de cause qu'il l'a embauché!
    CQFD

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  10. Monsieur Alpern,

    Je pense que c'est de l'humour car quelque soient les qualités intrinsèques du fils Derosier qui ne brille pas en relations publiques contrairement à ce qui a été dit dans un article de presse (mais qui a certes d'autres qualités), d'habitude un individu licencié ayant des compétences pointues (voire très pointues) met au minimum 3 à 4 mois avant de retrouver du boulot.

    Le fils Derosier ayant sensiblement le même cursus que moi n'entre pas dans ce cas.

    Personnellement, je mettais 9 à 10 mois avant de retrouver un boulot. Des amis plus dégourdis 6 à 7 mois.

    Mais là 3 semaines, ça laisse rêveur surtout dans cette période.

    Et moi, ce qui m'a également fortement étonné, c'est que depuis que j'ai eu un concours, c'était plus difficile de changer de boulot. Il faut attendre un peu plus d'un an (en général). Et en ce moment, c'est encore plus dur.

    De là à croire que les non titulaires sont préférés au détenteur du concours (...)

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  11. Anonyme de 14H11: vous avez tout dit...rien à ajouter (confirmation pour l'humour, bien sûr!)

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