jeudi 2 mai 2013

De plus en plus troublant...

 

Primes en liquide : les incohérences de la défense de Claude Guéant

LE MONDE |


Mis en cause depuis mardi 30 avril dans une affaire de fonds suspects, Claude Guéant multiplie les explications. L'ancien ministre de l'intérieur a-t-il bénéficié jusqu'en 2006 d'un système de primes en espèces instauré de manière occulte au ministère de l'intérieur ? Oui : c'est en tout cas la défense qu'a choisi celui qui fut bras droit de Nicolas Sarkozy de 2002 à 2012.
Une défense qui présente de nombreuses incohérences et qui est démentie par d'autres anciens collaborateurs de la place Beauvau, dont l'ancienne ministre Chantal Jouanno, membre du cabinet de M. Sarkozy au ministère de l'intérieur de 2002 à 2004. "Je ne touchais que des primes sur mon compte bancaire ; rien en liquide", a-t-elle assuré au Monde. Rachida Dati, qui fut elle aussi membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, a également démenti, jeudi au Monde, tout versement en liquide.
Lors d'une perquisition à son domicile, dans le cadre d'un éventuel financement libyen de la campagne de M. Sarkozy en 2007, les policiers ont découvert, comme l'a révélé Le Canard enchaîné mercredi, des paiements en liquide suspects, pour un total de 20 000 à 25 000 euros. M. Guéant – également interrogé pour un virement de 500 000 euros sur son compte, qui provient selon lui de la vente de deux tableaux – a aussitôt lancé une contre-offensive médiatique de taille : sept interviews en une seule journée.
Il a ainsi précisé, sur France 2, qu'avait existé, après 2002 et la fin de l'utilisation des fonds secrets, un régime spécifique au ministère de l'intérieur. Ce système de paiements en liquide aurait concerné "des milliers de personnes", dont les membres du cabinet du ministre. Or, selon M. Guéant, "quand vous avez plusieurs milliers de fonctionnaires qui bénéficient de ce système, vous ne le changez pas du jour au lendemain". Selon lui, il aurait fallu plusieurs années pour mettre un terme à ce dispositif : "Nous avons réussi, en 2006."
L'affirmation étonne fortement le prédécesseur de Nicolas Sarkozy place Beauvau, de 2000 à 2002, Daniel Vaillant. "C'est une défense un peu olé olé", a-t-il indiqué au Monde. Il estime que M. Guéant entretient une confusion entre les fameux "fonds secrets" ou "fonds spéciaux" et les "frais d'enquête et de renseignement".

FONDS SPÉCIAUX GOUVERNEMENTAUX
Et M. Vaillant de détailler : "Il existait depuis 1946 des primes de cabinet, gérées par les chefs de cabinet, qui recevaient de l'argent venant de Matignon, qui le prenait à la Banque de France. Ces primes étaient distribuées dans chaque ministère." Ce système des fonds spéciaux gouvernementaux a perduré jusqu'à la fin 2001, date à laquelle Lionel Jospin, alors premier ministre, a décidé de le supprimer.
Selon M. Vaillant, cette réforme a été effective au 31 décembre 2001. Et dès janvier 2002, les membres des cabinets ont touché une indemnité de sujétion particulière (ISP), prime officielle qui figure sur les fiches de paye. "Je n'imagine pas que Jean-Pierre Raffarin ait remis en place ce système", ironise l'ancien ministre socialiste.

Les "frais d'enquête et de renseignement" eux, étaient attribués à certains ministères, dont l'Intérieur et la Défense, pour couvrir des dépenses particulières : rémunération d'informateurs, défraiement dans le cadre d'opérations "d'immersion", voire paiement de rançons, par exemple. "Ces fonds sont gérés, pour l'Intérieur, par le directeur général de la police nationale", explique M. Vaillant. Par ailleurs, poursuit-il, il existait aussi "une petite prime annuelle, qui était versée en liquide aux fonctionnaires de police pour service rendu". Mais elle portait sur de petites sommes, assure-t-il.
C'est également la version de Bruno Beschizza, ex-patron du syndicat des officiers de police Synergie, proche de Nicolas Sarkozy, et actuel élu UMP en Ile-de-France. "Ce n'était pas de l'argent sale, mais de l'argent public, versé selon certains critères, opaques sur le mode de distribution", assure-t-il. Mais ces deux enveloppes, tant celle des "frais d'enquête" que celle des primes de gratification, étaient gérées par la direction nationale de la police (DGPN), et non par le cabinet du ministre. Daniel Vaillant est catégorique : "La DGPN était autonome, et on ne donnait pas au cabinet du ministre l'enveloppe dédiée à la police ; en aucune circonstance."

RÉFORME SARKOZY EN 2004
Plusieurs points restent troubles dans la version de M. Guéant. Si l'on suit sa logique, l'Intérieur aurait ainsi octroyé, durant quatre ans, de 2002 à 2006, des surprimes en liquide, qui se seraient ajoutées aux fameuses primes réintégrées dans les fiches de paye des membres des cabinets ministériels. A l'en croire, les conseillers de la place Beauvau auraient donc été mieux rémunérés que leurs homologues des autres ministères.
Le récit de M. Guéant comporte d'autres incohérences : il parle d'un système qui aurait perduré "jusqu'en 2006", date à laquelle il serait parvenu à y mettre fin. Las. Dès 2004, le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy a réformé les primes des policiers, instaurant des primes au mérite plus transparentes, à la place des enveloppes d'argent liquide.
M. Guéant est également confus sur le nombre de bénéficiaires du fameux "système". Interrogé lundi par Le Monde, il assurait : "Quand je suis arrivé au ministère de l'intérieur, il y avait 400 personnes concernées par ces primes." Et mardi, sur France 2, il a évoqué "plusieurs milliers de fonctionnaires" qui en auraient bénéficié.

"PAS UN CENTIME EN LIQUIDE"
Le "système" dont parle M. Guéant existait-il réellement ? Selon plusieurs témoignages recueillis par Le Monde, il semble que non. Outre, l'ancienne ministre de l'écologie et des sports Chantal Jouanno (ex-UMP aujourd'hui UDI), un autre ex-membre du cabinet de Nicolas Sarkozy, qui souhaite rester anonyme, a apporté une version différente de celle de M. Guéant. Ce conseiller, qui a travaillé avec le socialiste Hubert Védrine, avant de rejoindre Dominique de Villepin au Quai d'Orsay et de le suivre au ministère de l'intérieur entre 2004 et 2005, est aujourd'hui dans le civil. Il est tout aussi catégorique que Mme Jouanno : "J'ai bien touché une prime de cabinet officielle, virée avec mon salaire et mentionnée sur mon bulletin de paie, mais pas un centime ne m'a été versé en liquide."
Ce "système" de M. Guéant était-il réservé à certains membres du cabinet ? "A ma connaissance, aucun de mes collègues n'a non plus bénéficié d'une telle faveur", relève le conseiller. Selon ce dernier, l'équipe Villepin a intégré pendant plusieurs mois quelques collaborateurs du précédent cabinet Sarkozy et aucun ne s'est plaint de la suppression éventuelle d'une prime en liquide. Selon les conseillers du cabinet de M. Guéant joints par Le Monde, il n'y avait aucun système officiel ou officieux, de versement de primes en liquide aux collaborateurs. Encore moins à "des milliers de fonctionnaires", comme l'évoque M. Guéant.

Question sur la vente des tableaux
L'exportation illégale de trésors nationaux constitue "un délit passible de deux années de prison et une amende de 450 000 euros". Mais si le bien a été importé légalement depuis moins de cinquante ans et qu'on veut l'exporter, l'attribution du certificat de sortie est automatique. Sur Internet, un article de Latribunedelart.com s'interroge : "Claude Guéant a-t-il demandé un certificat d'exportation au ministère de la culture ?" "Il lui serait très simple de prouver l'existence de ces tableaux et leur exportation légale", poursuit l'auteur, Didier Rykner.

11 commentaires:

  1. Désolé, mais, je l'avais déjà lu sur le monde un peu plus tôt.

    Tom Jericho.

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  2. Comme dalongeville , guéant se fout de la gueule du
    monde avec ses explications abracadabrantesques.
    Même pris la main dans le pot de confiture , ils nient,
    mentent , se dédouanent sur d'autres, et , comme
    cahuzac , finissent par dire la vérité, ayant échoué
    à faire admettre à la vindicte tous les subterfuges
    les plus farfelus.Avec toutes ces affaires nébuleuses
    qui se succèdent à un rythme incroyable depuis
    quelques mois à droite comme à gauche , comment
    voulez-vous que le simple quidam puisse encore
    croire en nos hommes politiques ? Ces ripoux sont
    responsables de la montée actuelle du FN en France.
    D'autres affaires vont éclater au grand jour car l'heure
    du grand déballage a sonné ," la boîte de pandore étant
    ouverte".Les dégâts collatéraux risquent d'être graves
    pour la France et la démocratie , mais l'épuration est
    à ce prix.

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  3. C'est ça la démocratie représentative.

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  4. a quant l affaire binaisse

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    1. le jour ou ta grand mére serrera ses fesses

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  5. Sans rire. C'est tout ? Pas de comment, rien pour développer ?

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    1. Sans rire... Je te laisse le comment et les développements

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    2. T'as raison. Laisses les autres penser.

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    3. Mais je t'en prie... Sans rire, je vous invite à penser

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