samedi 30 mars 2013

Les réalités du pouvoir


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Retraites, cumul, PMA... Hollande s'éloigne du programme socialiste

Le Monde.fr |

La formule sonne comme une explication : "Je ne suis maintenant plus un président socialiste. Je suis le président de tous les Français, le président de la France." Prononcée dans un développement sur les tensions dans le pays, jeudi 28 mars sur France 2, la phrase rappelle aussi que François Hollande a parfois pris des distances assez nettes avec les éléments de programme du PS et même avec certaines promesses "hollandaises" formulées pendant la campagne présidentielle. Après le choc de compétitivité (on lui reproche les cadeaux aux entreprises, lui qui se disait l'ennemi de la finance) ou le recours aux ordonnances  (qu'il a, pourtant, toujours combattues, car anti-démocratiques), le chef de l'Etat a donné jeudi d'autres signes d'inflexion politique.
  • Retraites : il faudra cotiser plus longtemps
En annonçant qu'il faudrait certainement allonger la durée de cotisation, François Hollande a confirmé en direct ce qui se murmurait dans les rangs socialistes depuis plusieurs semaines. Quelques députés avaient mis les pieds dans le plat, comme Henri Emmanuelli (Landes), pourtant à l'aile gauche du PS, qui avait affirmé : "La biologie fait qu'il faut se poser la question de la durée de cotisation."
Jérôme Cahuzac, alors ministre du budget avait appuyé cette déclaration : "C'est un consensus, l'allongement de l'espérance de vie doit se partager entre temps travaillé et temps retraité." Les députés, les ministres... et maintenant le président. L'affaire semble désormais tranchée en faveur de l'allongement de la durée de cotisation, comme axe principal de la réforme. Un temps évoquée par la Cour des comptes, la piste de la désindexation des pensions des retraités a, elle, été écartée.
François Hollande va donc devoir s'atteler à une réforme du système des retraites, alors que le déficit à l'horizon 2020 pourrait s'élever à 20 milliards d'euros. Son programme de candidat à la présidentielle restait évasif sur la question, en évoquant dans l'engagement numéro 18 "une négociation globale"  avec les partenaires sociaux. L'axe principal de campagne des socialistes était surtout le "retour à la retraite à 60 ans", mis en avant comme un retour sur la réforme menée en 2010 par Nicolas Sarkozy et François Fillon. Sauf pour les métiers dits pénibles, il est probable que l'on se dirige vers une durée de cotisations de plus de 42 ans pour bénéficier de la retraite légale à 100%. Il n'est d'ailleurs pas sûr que cela soit suffisant. Il faut reconnaître qu'au moment où le chômage des seniors grimpe avec peu de chances pour eux de retrouver du travail, cette mesure est inadaptée : il faudra trouver des solutions spécifiques basées sur la solidarité nationale. Enfin, il ne reste que 2 moyens pour financer les retraites : une croissance soutenue et un recours aux immigrés, n'en déplaise à Madame Le Pen...
  •  PMA : la forme suspendue au conseil d'éthique
Ce n'est pas tout à fait un enterrement mais ça y ressemble. S'il a réaffirmé son intention de faire passer la loi sur le mariage homosexuel, François Hollande a repoussé à la fin de l'année la question de la procréation médicalement assistée (PMA). Alors que des opposants au projet de loi s'étaient réunis devant France télévisions pour protester, le président a tenu à clarifier sa position : "La PMA, ce n'est pas dans le texte, c'est renvoyé au Comité national d'éthique qui doit donner un avis avant la fin de l'année. Je respecterai son avis."
François Hollande n'avait pas inclu la PMA dans ses 60 engagements mais il s'y était déclaré favorable, en février 2012, dans un entretien au mensuel Têtu. Et le Parti socialiste l'avait inclus dans son projet. Les députés avaient envisagé de l'inclure dans le texte du projet de loi Taubira, avant de reculer. La PMA devait alors être étudiée dans le cadre d'un texte sur la famille, ou dans une loi bioéthique. Aujourd'hui, François Hollande conditionne la réforme à l'avis du Conseil national d'éthique.
Le CCNE avait déjà donné un avis négatif sur ce sujet en novembre 2005, même si son président Jean-Claude Ameisen, rappelle que cela ne préjuge pas du futur, d'autant que la composition du comité a été renouvelée. La probabilité que la PMA soit enterrée existe clairement. Rappelons qu'une femme homosexuelle peut aujourd'hui se faire inséminer dans certains pays et revenir en France et faire adopter cet enfant par sa concubine : c'est de l'hypocrisie pure et simple ! L'insémination en France devrait, pour les couples de lesbiennes, être autorisée...Quant aux femmes célibataires, il va falloir un long combat...
  • Cumul des mandats : l'application en 2014 enterrée
L'interdiction du cumul des mandats, ce n'est pas pour maintenant. François Hollande a confirmé jeudi que la mesure, très populaire auprès de l'électorat socialiste, attendrait la fin du quinquennat. Alors que Martine Aubry prônait initialement une application pour les socialistes dès 2012, le PS défendait une entrée en vigueur de la loi, pour tous, dès 2014. Mais le chef de l'Etat a confirmé qu'il avait en tête un autre calendrier : "Cela sera la semaine prochaine au conseil des ministres, au Parlement le plus vite possible et appliqué avant la fin du mandat." L'horizon est donc 2017.
Avec l'impopularité croissante de l'exécutif, la majorité redoute les élections municipales de 2014. En appliquant la réforme dès maintenant, le PS forcerait ses cadres cumulards à faire un choix entre leur siège de député et leur poste de maire. Au risque, disent les détracteurs de la réforme, de se faire rafler de nombreuses villes.
Ce serait pourtant redorer le blason du PS de ne plus tergiverser sur la question. Alors que la gauche est en mauvaise posture, la droite n'a pas à se réjouir, non plus, de son image. Voter la limitation du cumul pour 2014 est une occasion unique de sauver les meubles... Mais l'opposition au sein du PS, de ce qui semble pourtant évident, est telle... Encore une promesse reportée, comme celle, d'ailleurs, du vote, aux élections municipales, des étrangers non communautaires
  • Suppression des peines plancher : un certain flou
François Hollande a avancé prudemment sur la suppression des peines plancher. Alors que les socialistes, et lui-même, ont tempêté contre cette mesure emblématique du quinquennat Sarkozy, promettant d'y mettre fin, le chef de l'Etat n'a pas donné de calendrier précis et a semblé tergiverser : "Elles seront supprimées, mais quand on aura trouvé un dispositif qui permet d'éviter la récidive."
La suppression des peines plancher semble donc conditionnée à l'instauration de propositions innovantes. Sur la question de la récidive, une conférence de consensus a proposé la création d'une peine de probation. Cette mesure, qui avait les faveurs de Christiane Taubira... et du président lui-même, n'a pas été évoquée hier. La garde des sceaux, qui voyait là la grande réforme judiciaire du quinquennat, devra patienter.
Les peines plancher n'ont pas fait diminuer la délinquance sous l'ère Sarkozy, bien au contraire. Il est temps de les abandonner, notamment parce que les prisons sont surpeuplées. Les peines de probation sont certainement plus efficaces, mais le président tergiverse sur ce qui fait l'unanimité chez une grande partie des professionnels : il est vrai que, politiquemnt, cela pourrait effrayer la population de voir remis en semi-liberté des délinquants... Par contre, il semblerait que l'on revienne sur 2 mesures prises sous Sarkozy : le racolage passif qui n'a eu aucun effet sur la prostitution ; et les jurés populaires dans les tribunaux correctionnels : les tests ont révélé que, non seulement c'était inefficace mais que, de plus, les jurés non professionnels étaient un frein à la bonne marche de la justice !

Nicolas Chapuis

13 commentaires:

  1. Puisque le principe d'universalité semble devenir modulaire dans l'idée de notre président, va t-il tenir compte des écarts biologiques pour la durée de cotisations pour une retraite pleine ?
    Le Nord-Pas-de-Calais connaît une mortalité plus précoce que le reste du pays, ce qui se traduit par l’espérance de vie à la naissance la plus faible des régions françaises. En 2002, la longévité moyenne d’un Nordiste s’élève à 72,4 ans contre 75,8 ans pour la moyenne nationale. Pour les femmes, ces valeurs respectives sont de 80,8 ans dans la région contre 82,9 ans pour la métropole
    Pour les femmes comme pour les hommes, c’est dans le département du Nord que les durées de vie sont les plus élevées. Entre le Nord et le Pas-de-Calais, les différences d’espérance de vie atteignent respectivement 1,4 an pour les hommes.
    Alors, Mr Emmanuelli, tous égaux ?

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  2. françois,
    le non-cumul des mandats " c'est maintenant ".sinon dès 2014 nous éliminerons tous tes cumulards.respecte au moins tes promesses électorales qui ne coutent rien en impôts.

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    1. à 8:51
      C'est bien la démonstration que la confraternité l'emporte sur les autres considérations. Ainsi un élu reconnaîtra plus volontiers les siens que les autres citoyens qu'ils sont censés représenter.
      Ne nous étonnons donc pas de l'explosion de la méfiance des citoyens à l'égard de leurs élus: nous avons une nouvelle noblesse: celle des élus; qu'ils soient de droite, de gauche ou d'ailleurs, leur souci premier c'est d'engranger de privilèges. Les exemples ne manquent pas.
      Ce comportement nourrit amplement le sentiment du tous pourris

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  3. les conneries du jour,tirées du livre «  le dictionnaire de laurent baffie « .à ne pas confondre avec les binaissades quotidiennes.
    Enfant : fruit de la passion ou gros pépin,
    enseignant : professeur sous tranquillisant,

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  4. Confirmation supplémentaire que le socialisme est mort avec Mitterrand.

    Tom Jericho.

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  5. dis moi,papy .
    est-ce que la droite est plus pourrie que la gauche.
    non hélas,mon unique héritier.ils sont pareils.la seul chose qui les motive,c'est leur portefeuille.et la meilleure façon de le remplir au plus tôt,c'est de cumuler.
    un coffreur-boiseur peut-il être aussi plombier- chauffagiste,maçon-carreleur,menuisier -ébeniste,couvreur -zingueur,etc,etc .... et additionner toutes ces payes en même temps.non,bien sûr.
    mais en politique ,c'est possible car "tout est possible " .avec chauffeur,voiture de fonction,carte bleue,tous frais ,faux ou réels, remboursés.
    " elle est pas belle la vie " de ces élus qui ruinent la france et ne cessent d'augmenter les impôts depuis 40 ans.afin d'assurer leur train de vie !!!

    signé : ducon,le roi des cons,con-tribuable et électeur.

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  6. et un recours aux immigrés, n'en déplaise à Madame Le Pen. Pouvez vous m'expliquer votre théorie Monsieur Alpern?

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    1. C'est quand même simple. Dans les systèmes de retraite par répartition, ce sont les actifs qui payent pour les retraités. Or il y aura de plus en plus de retraités et de moins en mois d'actifs (même dans les périodes de chômage "normales"). Une seule solution: ouvrir le marché du travail aux étrangers, comme la France l'a toujours fait. Sauf qu'aujourd'hui la France est le pays qui, proportionellement, accueille le moins d'immigrés (eh oui! Il va falloir ouvrir un peu plus grand les portes si l'on veut que nos retraites soent garanties...N'en déplaise à MLP !

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    2. ouvrir le marché du travail aux étrangers alors que nous avons plus de trois millions de chômeurs y a pas un problème dans votre argumentaire ?

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    3. Lisez bien ce que j'ai écrit!

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    4. Alain, ne te casse pas la tête. C'est quelqu'un du FN qui anonne bêtement ce qu'on lui a appris

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  7. fin decembre ns auront 20 pourcent de chomage31 mars 2013 à 22:14

    avec un chomage élevé on ne peut accueillir toute la misére du monde ce n est pas un partisan fn qui la dit mais un socialo roccard

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  8. M. Rocard : " La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre fidèlement sa part."

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