samedi 10 août 2013

L'extrême-droite, en France, n'est pas que française...


On vient d'apprendre que Kristian "Varg" Vikernes, le Norvégien d'extrême droite gardé à vue en juillet en Corrèze dans une procédure antiterroriste n'ayant débouché sur aucune charge, en appelle au public pour l'aider financièrement à poursuivre les autorités françaises après cette affaire.

Ci-dessous, un interview d'un spécialiste sur ce curieux personnage...

Le Monde
16 juillet 2013
« Vikernes défend une Europe blanche débarrassée de tous les peuples métissés et des juifs »

Stéphane François, interrogé, ci-dessous, est historien des idées et spécialiste des sous-cultures d'extrême droite.

Qui est Varg Vikernes ?

C'est un musicien norvégien de la scène Black Metal, une figure importante, même mondiale de ce courant musical. Varg Vikernes, Kristian de son prénom, est surtout connu pour avoir défrayé la chronique dans les années 1990 pour des propos racistes, satanistes et des incendies d’églises plus que millénaires en Norvège. Il est aussi connu pour avoir tué un membre de son groupe, Øystein Aarseth, alias Euronymous. Il fera de la prison pour cela, 21 ans, la peine la plus lourde en Norvège. Il a aussi fait quelque chose qui a beaucoup choqué en Norvège, il a pris comme second prénom, Quisling (AA : "presque" le Pétain français), du nom chef de gouvernement pronazi norvégien pendant la seconde guerre mondiale.

Vikernes fut aussi un ancien skinhead dans sa jeunesse. Il est à la fois un musicien et quelqu'un qui s'est radicalisé avant d'aller en prison mais est devenu « officiellement » néonazi en prison. Varg Vikernes a aussi soutenu un groupuscule néonazi, le « Einsatzgruppe » (AA : du nom des commandos principalement composés de SS qui liquidèrent un million de juifs, de 1940 à 1942, en Ukraine, URSS, Pays Baltes...ce qu'on a appelé la "Shoah par balles), qui prévoyait de faire des attentats en Norvège. Cette frange radicale n'hésite pas à avoir de propos racistes dans leurs entretiens.

Appartient-il à des groupes politiques ?

Oui, il appartient à plusieurs structures néo-païennes völkisch, des groupuscules, comme le Front païen norvégien et le Front païen germanique. Il se réclame du paganisme nordique. Il est aussi un des membres fondateurs du mouvement extrémiste norvégien Résistance Aryenne.

Quel est son courant musical ?

Au départ, c'est le Black metal. Avec son premier groupe, Mayhem, c'est une des figures phares du Black metal. Une fois qu'il a fondé Burzum, son nouveau groupe, il est devenu une figure de proue dans le monde du National socialist black metal (NSBM). D’ailleurs, Burzum, c'est une grande référence, quelque chose d'important, on peut trouver leur disque à la Fnac ou chez Gibert ! Ce n'est pas cantonné au « petit milieu ». Les CD peuvent tirer à 20 000 ou 30 000 exemplaires.

Le Black metal est apparu au milieu des années 1980. C'est une évolution musicalement, esthétiquement et textuellement violente du Metal. C'est une sorte de vision lourde musicalement, pessimiste du hard-rock, qui prise les sons gutturaux et les atmosphères oppressantes. Sa genèse musicale renvoie à plusieurs groupes et registres : Black Sabbath, pour les textes désespérés, Kiss et Alice Cooper, pour les maquillages et Led Zeppelin pour les textes occultistes. Parmi les codes du Black metal, il y a la misanthropie, la haine du monde mais surtout un discours élitiste.

Une partie des références est ouvertement païenne, l'autre étant un satanisme bricolé à partir des représentations romantiques du satanisme médiéval. Ces groupes font référence à un monde mythique d'avant l'histoire où de super guerriers harnachés de cuir et de métal combattent les dragons, les entités maléfiques, les dieux...

Au niveau (pseudo) religieux, cette scène a fait un syncrétisme entre le paganisme nordique, celte parfois, et le satanisme, à un tel point que parfois nous pouvons même parler de « pagano-satanisme ». Ce syncrétisme se renforce chez les plus radicaux d'un racisme biologique.

Ces « pagano-satanistes » professent un antichristianisme primaire mâtiné de darwinisme social. « Le christianisme est pratiqué par des gens trop faibles pour contrôler leur propre vie. La religion représente la morale de pitié illogique qui va à l'encontre des lois de la nature », explique par exemple l'une des figures du milieu. Ces groupes insistent ouvertement sur la bestialité, la brutalité et la force, les faibles subissant la violence des forts, c'est-à-dire des Vikings. Ce darwinisme primaire est revendiqué et assumé par la frange la plus radicale de cette scène.

Certains des groupes radicaux influencés par les délires racialistes païens de Varg Vikernes accompagnent leurs disques de représentation de la Totenkopf (la tête de mort des divisions SS gardiennes des camps de concentration) et de runes. Il a même existé même un groupe appelé Zyklon B, du nom du gaz utilisé dans les camps d'extermination.

Cette mouvance est implantée partout ?

On en a principalement du NSBM en Europe et aux Etats-Unis mais aussi en Australie ou en Nouvelle-Zélande. En France, leur heure de gloire a eu lieu lors de la décennie 1990-2000. Il y a encore pas mal de fanzines et de labels qui en font la promotion, comme Deo Occidi, fondé par Rudy Potyralla, lié aux Charlemagne Hammerskins.

Il y a eu une tentative de récupération politique de la scène Black metal par l'extrême droite radicale?

Le genre de propos et de provocations du milieu Black metal radicalisé ont incité une partie de l'extrême droite païenne à tenter de récupérer ces groupes. Nouvelle résistance [formation nationaliste-révolutionnaire créée en 1990 et disparue aujourd'hui] l'a tenté par exemple. Ils avaient essayé de mettre en place un label pour sortir des disques de musique industrielle et de Black metal. Le fanzine Napalm Rock était d'ailleurs lié à ce groupuscule animé par Christian Bouchet [ancien dirigeant nationaliste révolutionnaire, il est aujourd'hui tête de liste FN aux élections municipales à Nantes]. AA : voir http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Bouchet. Le but affiché de Napalm Rock était de « montrer que la culture musicale nationaliste/païenne est aussi liée au Black metal, au Death metal, à la musique industrielle et au hardcore ».

3 commentaires:

  1. je pense qu'en France, comme ses prédécesseurs, notre Valls expulse plus facilement vers le bassin méditerranéen que vers la Scandinavie...(hier il a renvoyé un tunisien)...
    j’espère que Kristian ne va pas se venger de l'humiliation de sa garde a vue de 4 jours en pleine été...!
    cela risque de peser lourd dans l'opinion,...il faisait partie d'un comité de soutien du tueur Breivik en Norvege qui s'est solder par plus de 90 morts....
    marchand de disque ca vous rappelle pas quelqu'un....?
    Mr lepen était producteur de disque ancien notamment de la période Hitlérienne..Mussolini...
    étrange similitude....vous me direz la musique adoucit les mœurs...

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  2. je viens de voir su BFM la candidate a la députation en Australie qui disait que l'islam était un pays...je crois qu'elle aurait plus de succès dans un film de Dorcel qu'a l'assemblée...et au moins tant qu'elle aura quelque chose dans la bouche elle ne dira pas de conneries....

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  3. Le fanzine Deo Occidi n'existe plus depuis un bail,il serait temps de se mettre à la page.Ensuite,Vikernes n'a jamais été membre à part entière et encore moins fondateur de Mayhem,ce n'était donc pas "son"premier groupe;il a simplement joué les parties de basse sur un album du groupe,avant d'en tuer le guitariste.
    Pour finir,vu le nombre insignifiant de personnes se réclamant de ce mouvement(la scène metal "ordinaire" étant quand à elle plutôt ancrée très à gauche!),ces inquiétudes sont puériles.Allez plutôt faire un tour dans les cités,où l'on deale,vole,viole,et tue.

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