J'avais lu, jeudi dernier, sur Facebook le
courrier d'un de mes "amis" à sa conseillère "Pôle emploi". Lettre
pleine humour sur l’inefficacité de cet organisme…
Or, hier, je suis allé voir le dernier film,
Palme d’or du dernier festival de Cannes, « Moi, Daniel Blake ». De
suite, je vous en livre mon appréciation : si vous n’avez plus qu’un seul
film à voir d’ici la fin de votre vie, allez-y, courrez-y même !
Le thème : « Daniel
Blake, portrait d'un indigné décidé à se battre jusqu'à son dernier souffle.
Combat inégal : d'un côté, un charpentier veuf et sexagénaire de Newcastle. De
l'autre, une administration à demi privatisée, rendue folle et perverse par sa
chasse aux prétendus « assistés »... Sur le papier, tout a l'air simple :
Daniel Blake est trop malade pour travailler. C'est l'avis formel des médecins,
après une crise cardiaque qui a bien failli lui être fatale. Mais, avec les
sous-traitants de la sécu locale, ces « professionnels de santé » planqués
derrière leurs discours d'automate et leur mauvaise foi, son cas se transforme
en cauchemar. Après une série de questionnaires totalement inadaptés, le
verdict tombe : si Daniel Blake a ses deux bras et ses deux jambes, c'est qu'il
est valide. On lui refuse, donc, toute indemnité... Désormais sans ressources,
il ne lui reste plus qu'une solution absurde, kafkaïenne : essayer de toucher
l'allocation chômage, en prouvant qu'il cherche un travail... qu'on lui
interdira d'exercer".
Vous avez reconnu cette société déshumanisée, technocratique, avide de rentabilité, de baisse des coûts, celle que beaucoup d'entre nous côtoient tous les jours, celle où les plus faibles et les plus démunis sont prêts à n'importe quoi pour rompre avec elle...
Prenez quelques minutes, après avoir visionné le film, pour vous en remettre, l'émotion étant palpable même chez les plus endurcis...
Lettre ouverte à ma “conseillère” Pôle emploi : adieu !
Chère Madame
ma conseillère,
Enfin,
conseillère... c'est un bien grand mot, puisque je ne vous ai jamais vue, et
que vous ne m'avez jamais conseillé. Nous aurions pu nous rencontrer le 3
novembre, puisque, suite à ma demande du 14 septembre, réitérée à deux reprises
puisque restée sans réponse, vous avez fini par m'accorder un rendez-vous. A
une date fixée unilatéralement. Lorsque vous allez chez le dentiste, c'est lui
qui décide de la date sans vous demander votre avis ? Cette manière de faire
est à l'image de Pôle emploi : inefficace.
Bref. Je ne
viendrai pas le 3 novembre, car je commence un nouvel emploi le... 2 novembre.
Eh oui, j'ai trouvé. Pas grâce à vos services et conseils, rassurez-vous.
En effet, j'ai été inscrit pendant trois ans chez Pôle emploi, tout d'abord pour créer
une entreprise et bénéficier de l'Aide à la Reprise et Création d'Entreprise
(ARCE). A mon premier rendez-vous, l'un de vos collègues m'a demandé ce que je
souhaiterais faire si mon projet d'entreprise ne marchait pas... S'il avait lu
quelques lignes de mon CV, qu'il avait sous le nez, il aurait vu que j'ai monté
ou participé à monter sept entreprises. Qui sont toutes encore vivantes, et ont
permis de créer plus d'une centaine d'emplois. Mais non, il fallait juste qu'il
remplisse son formulaire, et mon projet ne rentrait pas dans les cases... Notre
relation commençait bien. Puis, découragé, ayant notamment abandonné mon
entreprise à cause des immenses difficultés posées aux entrepreneurs dans ce
pays, causées par une administration tatillonne et paperassière, qui prétend
appliquer des normes qu'elle-même ne comprend pas, je me suis réinscrit en tant
que chercheur d'emploi. Que j'ai fini par trouver. Tout seul.
Il est l'heure de faire le bilan : en trois ans, Pôle emploi ne m'a servi à rien.
RIEN. Si ce n'est me faire perdre de l'énergie et du temps. Et à faire des
courriers pour justifier mon absence à des rendez-vous qui m'étaient fixés des
dimanches ou pour lesquels on ne m'avait pas envoyé de convocation... Ah si,
Pôle emploi m'a servi à toucher une aide pour créer mon entreprise, donc, puis
l'Aide à la Recherche d'Emploi (ARE), qui m'a permis de vivre quelques mois, le
temps de retrouver le cocon bien protégé du salariat. Oui, mais, verser cette
ARE, l'Assedic le faisait très bien. Ce n'était pas la peine de fusionner avec
l'ANPE si c'est pour produire la même ineptie bureaucratique sans effet sur la
baisse du chômage.
Un jour,peut-être, on se rendra compte qu'une assurance, puisqu'il s'agit de cela, doit
se contenter d'assurer contre le risque et d'indemniser. Et pas de penser
qu'elle peut aussi aider les gens à trouver un emploi. J'ai cotisé pendant des
années contre le risque chômage, j'ai donc, une fois au chômage, touché une
allocation correspondant à la couverture de ce risque. Mais pour le reste,
franchement... Gardez l'argent que vous dépensez à vos autres activités pour
augmenter les allocations. Il sera mieux dépensé.
Je sais que vous, individuellement, vous n'êtes pas pour grand-chose à cette histoire. Oui,
mais, quelqu'un a décidé que vous étiez mon interlocutrice au sein de Pôle
emploi. Alors, je m'adresse à vous. Quitte à ce que vous fassiez suivre à qui
de droit. J'ai épuisé les forces nécessaires pour savoir s'il y a quelqu'un
dans votre organisme qui répond, parfois, aux interpellations.
Cordialement,
LB