vendredi 7 mai 2010

Sur l'éolien (2)


France F : Peut-on savoir la puissance installée actuellement en éolien et la quantité d'électricité produite ? Comment le réseau de transport d'électricité gère-t-il l'aléatoire de la production éolienne ?

Sur la première question : oui, on connaît les chiffres, même s'ils sont contestés. Voir l'Ademe, le syndicat des énergies renouvelables... En matière de puissance, il faut dire que l'éolien industriel, c'est à peu près 2 mégawatts par machine environ.
D'après "Le Monde" du 4 mai, il y a en France 2 627 éoliennes installées, qui ont produit 7 800 gigawatts/h, soit 1,5 % de la production électrique en France.
Sur la deuxième question, la réponse est : très mal. Les gens de RTE (réseau de transport de l'électricité) se font beaucoup de souci sur les capacités des lignes à haute tension, qui demandent à être renforcées et multipliées.
Ce que les gens ne comprennent pas, c'est que l'éolien industriel n'est pas une production décentralisée, tout part dans les mêmes tuyaux, et il est faux d'affirmer qu'il y a forcément une utilisation locale de l'énergie produite. Un des problèmes de l'éolien, c'est qu'il faut d'autres énergies régulières et lourdes pour compenser l'intermittence.

Gerard M : Avez-vous conscience qu'au nom du confort de certains, vous risquez d'annihiler, pour longtemps, toute velléité d'agir sur le front de l'environnement ?

Merci pour cet avertissement, mais je pense qu'en dévoyant l'écologie, les tenants de la peinture verte nous font perdre beaucoup plus de temps. Prenez l'exemple des déchets : sous prétexte de ne pas gêner le marché, nous avons mis en place un droit à polluer.
Chaque citoyen est content de voir sur ses emballages le sigle du recyclage, mais nous continuons d'augmenter la production de déchets par individu. Et les Shadoks pompaient, pompaient...

Simon : Vous dites qu'il faut à la fois sortir du nucléaire et éviter l'éolien, alors quelle solution proposez-vous pour assurer un avenir énergétique fiable pour la France ?

J'ai demandé un moratoire, c'est-à-dire que j'ai demandé la permission qu'on prenne le temps de mesurer l'impact de l'implantation de 12 000 à  20 000 éoliennes sur le territoire français avant de le faire.
Eu égard aux enjeux, notamment ruraux, le débat n'a pas eu lieu. Je suis surpris de constater l'agressivité que cette seule question a générée dans les blogs. Quant à la solution alternative, je l'ai dit vingt fois : la réduction de consommation ; le raccourcissement entre les zones de production et de consommation ; la diversification. Je suis étonné que notre société n'aide pas plus les particuliers à installer des dispositifs solaires et privilégie le photovoltaïque.

Bigoud : Esthétique de l'éolienne : qu'en serait-il si on demandait à des artistes de composer des paysages éoliens ? Après tout, l'esthétique, ça se réfléchit, et la beauté, ça s'appréhende, non ?

Je pense que les paysages mettent des dizaines, voire des centaines d'années pour se construire. Chacun a sa propre histoire.
L'éolien industriel, c'est une forme de paupérisation puisque vous retrouvez le même objet quel que soit l'endroit où vous vous trouvez. C'est une forme de banalisation et un appauvrissement sans précédent.
Certains publics européens viennent chez nous pour échapper à cela. Nous sommes en train de couper la branche sur laquelle nous sommes assis. Les paysages ont un sens et il faut respecter leur construction.

Willy : Est-ce qu'il existe un bilan carbone en bonne et due forme sur l'éolien, par éolienne, et par parc d'éoliennes ?

Je ne sais pas. Ce bilan serait peu intéressant, parce que je trouve que nous nous trompons en voulant monter les camps les uns contre les autres, avec des pro et des anti-éolien.
J'avais un a priori favorable à l'éolien, j'ai été confronté à la réalité en tant que directeur du Parc naturel régional des Monts d'Ardèche, et je suis tombé des nues en découvrant que cette forme d'éolien –mais il peut y en avoir d'autres – est socialement inéquitable, énergétiquement inefficace et écologiquement inquiétante.
Socialement, vous ne pouvez pas expliquer à un jeune couple qu'il ne peut pas construire sa maison dans le Massif central parce qu'il y a la loi montagne, sur le littoral parce qu'il y a la loi littoral, partout parce que c'est interdit de miter le paysage, et monter sous leurs yeux des dizaines de machines qui tournent, qui sont éclairées la nuit et qui font 120 mètres de haut.
Socialement inéquitable aussi parce que je ne trouve pas normal de payer sur ma facture d'électricité le prix de rachat pour des sociétés privées afin de leur raccourcir leur durée d'amortissement, alors qu'elles ne sont même pas agréées dans le domaine de l'environnement, et qu'elles vont aller réinvestir demain ailleurs sur un autre sujet.

JJ JJ : Justement, votre moratoire servirait-il à remettre en cause le rachat de l'électricité éolienne par EDF à des prix qui ont alimenté un vrai business de l'éolien ?

Le principe d'une participation publique pour stimuler une industrie naissante ne me choque pas. Mais là, nous avons affaire à une politique publique non encadrée localement, et le législateur court derrière les dérapages.
On ne peut pas, quand on est écologiste, donner des leçons aux autres et ne pas se les appliquer à soi-même. Notamment, le principe de précaution : quels impacts sur la faune demain ? Le principe de l'absence de mitage. La lutte contre le gaspillage. La maîtrise publique, etc. Sous prétexte de porter les valeurs de l'écologie, on ne devrait pas s'en affranchir.
Chat modéré par Hervé Kempf

2 commentaires:

  1. bravo les conservateur qu en pense le nain de jardin

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  2. De nombreuses eloliennes sur les quais a Dunkerque; vu hier.

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