lundi 6 septembre 2010

Je manifeste, tu manifestes, nous manifestons...

3 manifestations en 4 jours prouvent l'effervescence  qui agite la France...

- Samedi, beaucoup de Français ont tenu à indiquer à Nicolas Sarkozy que l'on ne pouvait pas continuer à bafouer le consensus républicain. Au delà du problème des Roms, il s'agit de dire stop à cette dérive qui  consiste à dresser les Français les uns contre les autres: les étrangers et les descendants d'étrangers (plus de 50% de la population a au minimum un grand-parent étranger) contre les soi-disant vrais Français, les riches (derrière leur bouclier fiscal) contre les moins riches (bons à payer pour les riches), les forces de l'ordre (des citoyens comme vous et moi, avec leurs qualités et leurs défauts) contre ceux qui réclament le respect, les restaurateurs que l'on montre du doigt, parce qu'ils bénéficient d'un privilège fiscal très discutable, contre ceux qui ont du mal terminer le mois, les Français qui échappent à la justice du fait de leur statut social contre ceux qui doivent payer la moindre erreur, même de peu d'importance, etc... C'est à une véritable guerre civile que nous sommes convoqués par le pouvoir, à moins que ce ne soit à une révolution comme celle par laquelle nos anciens s'élevèrent contre les privilèges...Dans les 2 cas, il s'agit de mettre le pays à feu et à sang! Et ce n'est pas à cela que nous aspirons...

- Lundi, les enseignants des premier et second degré seront en grève et reconnaissons que cette grève devrait être notre grève à tous. Car comment pouvons-nous admettre que l'enseignement de nos enfants puisse être ainsi bradé?

* Lâcher des étudiants qui viennent de terminer leurs études vers des postes d'enseignants est un crime contre la nation: ces mêmes jeunes crient leur appréhension de ne pas pouvoir faire face devant des élèves, qui leur seront confiés, sans un minimum de préparation pratique. La suppression des IUFM permet à l'Etat d'économiser une année de paye de ces milliers de personnes qui étudiaient dans les instituts de formation, et ceci explique cela. 
* Diminuer drastiquement le nombre d'enseignants alors que le nombre d'élèves recommence à augmenter est un pari dangereux pour le pays et qui pourrait coûter très cher dans quelques années, la baisse de la qualité de l'enseignement  ayant des effets différés que tout le monde peut imaginer.
* Renier la carte scolaire revient à ghettoiser une nouvelle fois ceux qui n'ont pas les moyens de choisir une école plus éloignée que ne fréquenteront que des élèves de familles favorisées. S'il y a bien une façon de lutter contre la ségrégation sociale, avec ses conséquences dramatiques, c'est bien par l'école que cela passe: la mixité scolaire doit accompagner tous les efforts pour créer la mixité sociale, là où elle n'existe pas ou plus.

- Mardi, nous dirons non à une réforme des retraites inique. Au-delà des arguments justement avancés (sur l'âge de la retraite, sur la durée de cotisations, sur la pénibilité...), je souhaiterais retenir 2 points en rapport avec les 2 grèves précédentes: à savoir la coupure de la France, toujours en faveur des plus nantis:

* Comment peut-on faire croire que le système des retraites de notre pays se portera mieux, parce qu'on allonge la durée de cotisations et l'âge de départ  à la retraite, alors que nous avons plus de 3 millions (probablement 5, en vérité) de personnes sans travail? Ne paraît-il pas logique de donner du travail à ceux qui n'en ont pas plutôt que de faire travailler plus longtemps des personnes qui ont déjà beaucoup donné? De même, quelle aberration de vouloir faire travailler ceux qui, chômeurs après 55 ans, ne peuvent plus trouver du travail puisque le marché est ainsi fait!
* En vérité, au-delà de ces contradictions, la vérité est, une nouvelle fois, à chercher dans les privilèges que l'on souhaite préserver (réserver?) pour ceux qui votent bien, c'est-à-dire pour le pouvoir en place. Pourquoi ne taxe-t-on pas tous les revenus au même niveau que les autres revenus? N'y a-t-il pas iniquité à privilégier l'absence ou la faiblesse de cotisations sur des revenus financiers (y compris les plus-values)?

Le point commun de ces 3 manifestations se situe bien dans la lutte contre les privilèges accordés à ceux qui sont susceptibles d'apporter leurs voix à N. Sarkozy en 2014:

- ceux qui auraient le sentiment que nous sommes menacés par un climat délétère d'insécurité. Rappelons que depuis 8 ans c'est la même personne qui est responsable de l'augmentation de la délinquance, et c'est elle qui crie au loup. Personne n'est dupe de la manoeuvre!

- ceux qui bénéficieront pour leurs enfants de conditions privilégiées d'enseignement, grâce au système à 2 vitesses mis en place. Mais parmi ces personnes, beaucoup ne sont pas dupes que l'élévation générale du niveau scolaire profiterait à tous plutôt qu'à quelques-uns;

- ceux qui échapperont à des cotisations sur leur hauts revenus. Mais eux aussi ne sont pas dupes: leurs hauts revenus sont souvent tributaires de la bonne marche de l'économie et ils se rendent bien compte que le spectre de la déflation leur sera également préjudiciable...

L'intérêt général est bafoué au profit d'intérêts bassement électoraux, et il n'est même pas sûr que ceux qui bénéficieront de la sollicitude sarkozienne expriment leur gratitude, en 2012...

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