mercredi 1 septembre 2010

Un mot à la mode: clivage

Avant de voir comment ce mot revient fréquemment dans la bouche des hommes politiques et donc de la presse, revoyons l'évolution du mot. Clivage venant de cliver dont l'origine se situe  dans le verbe néerlandais klieven (fendre), repris également en anglais (To cleave). Terme beaucoup utilisé dans les centres diamantaires hollandais et à Anvers. Le mot cliveur se retrouve dans les parlers judéophones du début du Moyen-Âge, du fait d'un grand nombre de Juifs travaillant dans le diamant (travail et négoce). Le cliveur est l'ouvrier qui clive, c'est-à-dire:
fend un diamant ou une pierre suivant ses joints naturels au lieu de le scier

Au sens figuré (il s'agit d'un néologisme): créer un clivage, diviser. séparer, disjoindre, fendre, désunir, dissocier, divorcer, démembrer.
Le clivage du moi, en psychanalyse, signifie: coexistence au sein du moi de deux potentialités contradictoires, l'une prédisposant à tenir compte de la réalité, l'autre déniant cette réalité.

Le mot clivage n'est pas nouveau: il a beaucoup été utilisé pour parler du clivage droite/gauche, en politique. Mais, certains en ont fait une utilisation étendu, par exemple la création d'un Parti socialiste européen, en 1992, avait "pour but de dépasser les clivages nationaux" (tiré du site de linternaute: http://www.linternaute.com/histoire/categorie/evenement/64/1/a/52591/premisses_d_un_parti_socialiste_europeen.shtml

Mais depuis, et particulièrement ces dernières semaines, tout le monde s'y met. Quelques exemples:

 Le 20 janvier dernier, Marianne2 écrivait : 

"Une étude du Cevipof et de la Sofres montre que 67% des Français ne font confiance ni à la gauche, ni à la droite pour gouverner le pays et 38% ne se classent ni à gauche ni à droite. Pour Laurent Pinsolle, cela montre la pertinence des idées gaullistes comme refus du clivage droite-gauche." Et il concluait: "Mais surtout, comment ne pas voir dans ce sondage une profonde attente de gaullisme ? En effet, le Général de Gaulle refusait le clivage gauche-droite et sa politique serait difficilement classable sur l’échiquier actuel"

 Valeurs actuelles (3/6/2010): "Sarkozy parie sur le clivage droite-gauche", à propos des retraites

Et puis tout s'accélère: 

"Sécurité : la fin d'un clivage partisan?" Le Monde.fr 6/8/2010. Pour indiquer qu'un sondage IFOP indiquait que sur la sécurité il n'existait plus de clivage, de différence entre la droite et la gauche. 

Par contre le Figaro du 9/8 titrait: "Retour d'un clivage fort entre l'UMP et le PS" 

Sur l'express.fr du 13/8: "Non-cumul des mandats: "clivage profond" à l'UMP". Repris avec le même titre par Le Parisien.fr, France.24, Le Point.fr, parce que probablement tiré d'une dépêche d'agence de presse après une déclaration de Dominique Paillé, porte-parole de l'UMP. 

Et même l'Humanité qui rapportait le 26/8 que  Dominique Quinio, Directrice du journal La Croix avait déclaré: "Le clivage ne se dessine pas sur la sécurité"  

Reste à suivre une utilisation probable de cliver, dans le langage de nos hommes politiques. A vrai dire, je viens de lire une phrase de N.Sarkozy à ce sujet (du style: "il faut que nous clivions davantage"), mais je ne trouve plus la référence...




1 commentaire:

  1. DIALOGUE ( s il existe encore) ENTRE LE PREMIER ADJOINT ET BINAISSE: " il faut que nous clivions davantage" IL NE PARLAIT PAS DU FN EVIDEMMENT.

    RépondreSupprimer