Qu'en est-il de l'affaire Dalongeville?

Le procès Dalongeville n'aurait donc pas lieu "fin 2011", comme prévu initialement, mais plutôt en 2012.

Le procès aura-t-il lieu durant le 1er semestre 2012?

Cette affaire ayant largement débordé le cadre héninois, on peut imaginer que les 2 hypothèses suivantes soient examinées avec attention par les autorités judiciaires (et donc politiques...):

- si le procès se tient avant les élections présidentielles, ce serait une arme redoutable pour la majorité présidentielle: dans ce dossier, le Parti socialiste est largement mis en cause (voir ci-dessous). On peut imaginer que la grenade anti-DSK a été dégoupillée trop tôt: les services de renseignements connaissaient les "habitudes" de DSK et comptaient s'en servir au début de la campagne; on voit trop l'implication des différents services de police accompagnant l'ex-directeur du FMI dans ses pérégrinations festives pour ne pas penser que l'Élysée n'était pas au courant...Mais l'affaire du Sofitel a tout fait rater...Bien sûr, l'affaire Dalongeville n'aura pas l'impact médiatique de celle du Sofitel et du Carlton...(à ce propos, nous aussi nous avons un lupanar local: "La Camargue"...), mais elle peut servir le pouvoir en place.

Après le véritable pensum de l'affaire Guérini, d'éventuelles révélations sur rôle d'Eiffage, la possible mise en cause de JP Kucheida et ce qui sortira du procès Dalongeville ne pourront que déforcer la candidature Hollande.

- il est probable que le PS détienne des dossiers mettant en cause des personnalités de la majorité (sans parler des développements déjà largement médiatisés concernant le financement de la campagne de Balladur, les "arrangements" Bettencourt/Woerth...) et, "chacun se tenant par la barbichette", tous ces contentieux seront gelés par accord tacite. Le procès Dalongeville n'aurait alors lieu qu'au second semestre 2012...

 En quoi ce procès pourrait-il être "explosif"?

Au-delà de la personnalité de la vingtaine de mises en examen, dont certains viennent du grand banditisme avec des ramifications telles que les implications pourraient être surprenantes, il n'est plus un secret pour personne que G. Dalongeville a beaucoup parlé. Bien sûr, il en a rajouté pour magnifier sa collaboration avec la justice et s'en tirer le moins douloureusement possible. Mais on sait, maintenant, qu'il a dévoilé beaucoup de choses sur le PS. Ce n'est pas pour rien d'ailleurs que son avocat, Maître Cattoire, défenseur attitré des caciques socialistes, n'a plus souhaité assurer sa défense... Officiellement, parce que Dalongeville lui mentait, mais, plus certainement, parce que GD mettait en cause le PS.

L'ex-maire d'Hénin a, en effet, abreuvé la juge Pair de courriers mettant en cause le fonctionnement délictueux du parti socialiste. Des circuits de financement occulte, des entreprises payeuses et des hommes du PS chargés de centraliser les fonds: il n'a pas lésiné sur les informations, à tel point que l'on peut parfois douter de ces révélations. De même, a-t-il passé au crible les marchés de certaines mairies et a déduit, des noms des bénéficiaires, des relations troubles et ambiguës avec les instances du Parti. N'empêche que la prolifération de dénonciations et de soit-disant preuves est impressionnante. C'est là que le travail d'investigation pour authentifier les révélations de GD prend toute son imortance. GD ne se serait "lâché" qu'à partir du dernier trimestre 2010: la vérification de ses "confidences" prend du temps et l'on peut imaginer que le report de l'audience soit justifiée par des raisons techniques et non pas électorales...

Quand GD décrit des circuits de financement occulte en commençant par Hénin-Beaumont (en citant les noms, mais en évitant de noter son propre rôle), en passant par la Fédération socialiste du 62 (évoquant celui qui assure la coordination avec les entreprises), et en mettant en cause, nommément, en haut de la pyramide, celui qui l'a soutenu et imposé contre vents et marées, on se prend à penser qu'il en fait trop, même si on a toutes les raisons d'y croire...

Quelles peuvent être les conséquences prévisibles d'un tel déballage?

- Sur HB, non seulement le PS n'existe plus (on comprend maintenant l'acharnement de la Fédération 62 contre ceux qui dénonçaient les "mœurs" du parti), non seulement Dalongeville a laissé une ville exsangue, que ses successeurs, privilégiant la haine et ménageant leur opposition fachiste, ont été incapables de réanimer, la cause est entendue:  20 mois après les élections, le FN est passé de 48% à plus 55% (projection des résultats des dernières cantonales). La majorité des habitants a bien compris qu'après un maire voyou, un maire inconnu ne s'était même pas préoccupé de leur sort...

- Au niveau du département 62, quelle raison a poussé la direction du parti à faciliter l'accession au pouvoir du FN à HB et la présence du parti raciste et xénophobe à plus de 40% dans le Bassin Minier? A-t-elle été tétanisée par la perspective de voir lui exploser à la figure les dossiers déliquescents relevant de sa propre turpitude? En tous les cas son fiasco est patent!

- Au niveau national: alors que la mort politique de Sarozy semblait assurée, comment le PS se sortira-t-il des scandales qui lui pendent au nez (Guérini, DSK, Dalongeville et Kucheida)?

Dans tous les cas, il s'agit vraiment d'un désastre moral et politique. Les mœurs politiques (et cela est valable pour tous les partis) sont telles qu'une refondation complète devrait s'imposer, faisant table rase du passé.

En effet, comment accepter que ceux qui sont censés appliquer les valeurs républicaines collaborent avec le FN (HB), que ceux qui sont chargés d'émanciper une population désespérée ont mis en place un féodalisme décadent (Pas-de-Calais), que ceux qui ont pour mot d'ordre de libérer les citoyens des excès financiers, ont mis la morale républicaine au placard (France)?