mercredi 15 juin 2011

DANS LES MÉANDRES DE L'AFFAIRE DALONGEVILLE (20): Plus de 100 000 E envolés en... avions-taxis... et une question comportementale : « Vous prenez-vous pour le roi soleil ? »


mardi 14.06.2011 La Voix du Nord

Retour sur l'interrogatoire du 8 avril 2009 au matin qui donne à la salle du commissariat de Lens où Guy Mollet est entendu des faux airs de hall d'aéroport. En effet, consciencieusement, l'officier de police chargé d'enregistrer les déclarations de l'homme d'affaires héninois détaille, vol après vol, tous les déplacements effectués en avions-taxis par Guy Mollet aux frais de la mairie d'Hénin-Beaumont. Jusqu'à faire craquer le gardé à vue dont la carapace est pourtant coriace, à l'énoncé de la 14e facture : « Bon, vous en avez encore beaucoup comme ça ! » Biarritz, Dax, Cannes, Montpellier, Le Touquet... Les destinations valsent et les réponses de Guy Mollet, visiblement « rincé » par ce feu nourri de questions se font de plus en plus lapidaires. Jusqu'à l'évocation de déplacements au Luxembourg qui rendent soudain volubile le gardé à vue : « Le Luxembourg, j'y suis allé une dizaine en avion et en voiture.
En avion je m'y suis rendu au moins six fois, c'est pratique, en 20 minutes on y est ! » Une désinvolture face à laquelle le policier peste : « Ne trouvez vous pas un peu exagéré de prendre un avion privé aussi souvent pour vos déplacements et surtout en faisant supporter leur coût par la mairie d'Hénin-Beaumont ? » Et, là, tranquille-peinard, Guy Mollet balance : « C'est qu'on nous offrait pas mal de déplacements gratuits au Luxembourg. J'ajoute qu'ils nous faisaient une facture à part pour payer les pilotes. » Qui est derrière ce « nous » s'inquiète alors l'officier de police ? « Ben, moi ! » rétorque benoîtement Guy Mollet. Réponse énervée du policier : « Vous prenez vous pour le Roi Soleil ? » Ces multiples factures imputées à la Ville, M. Mollet affirme ne pas en comprendre la raison. Même si, moment croquignolet, il se vient avoir vu un jour Claude Chopin débouler avec une liasse de facture de vols : « Je les ai examinées et lui ai précisé facture par facture celles qui me concernaient... En fait, elles me concernaient toutes ! » Le montant total ?
D'après lui 10 ou 12 000 E pas plus. Soit environ 1/10e de la facture finale de 101 512 E... Fin provisoire de l'interrogatoire qui reprendra en milieu d'après-midi. Et qui repart plein pot vers les vols mais cette fois-ci affrétés par AIRMANA pour Biarritz. Avec six passagers et une facture-record de plus de 10 000 E. Un voyage auquel participait le fameux démolisseur héninois ayant littéralement désossé la résidence de Léon, une tâche que Guy Mollet assimile à un simple « nettoyage ». Léon, pour l'homme d'affaires, c'était un « poids mort » pour la Ville qui n'arrivait pas à s'en débarrasser. Et s'il a pris le dossier à bras le corps, c'est juste pour aider. Et aussi prendre une commission : « Au départ il était prévu de vendre le bâtiment autour de 1,6 M E. J'aurais alors pu prétendre à une commission de 160 000 E. Finalement je visais plus une vente autour de 800 000 E plus ma commission autour de 100 000E soit un prix de vente de 900 000 E.
 » Exit le dossier et retour vers l'amitié que Guy Mollet prétend cultiver auprès de Gérard Dalongeville, qu'il explique voir régulièrement en mairie, au Cèdre bleu, et qu'il a même une fois invité chez lui. Ainsi, lorsque l'enquêteur lui explique que Gérard Dalongeville vient de le charger en affirmant que M. Mollet lui avait réclamé de l'argent en le menaçant de représailles (lire nos éditions précédentes), ce dernier pète les plombs : « Quoi, c'est à 17 h 30 que vous me dites ça... Je suis effondré, j'ai l'impression de me "faire mettre" d'1m80. J'ai sorti M. Dalongeville d'embarras si souvent que ces propos me dégoûtent... » Et d'expliquer que la seul somme qu'il ait réclamée au maire c'étaient les 28 000 E euros, dûs au comité Nord - Pas-de-Calais de cyclisme suite à la Nocturne Brossolette : « Je ne suis pas le comité mais c'est moi qui leur devais de l'argent à travers la Ville ». Le filtre de l'amitié n'étant plus de mise, les confessions vont désormais changer de ton ! 

PASCAL WALLART
À suivre 

AA: donc, l'argent circulait beaucoup au travers d'affaires immobilières pas très claires, mêlant fonds publics et fonds privés, entrepreneurs, intermédiaires immobiliers...Il est fort probable que des comptes luxembourgeois des différents protagonistes ont servi à "blanchir" l'argent. Comment G. Dalongeville a-t-il pu penser qu'un jour il ne se ferait pas "pincer"? Quelles sont les complicités internes à la mairie? Pour avoir ce sentiment d'impunité, il a dû avoir des garanties ou bien avoir mouillé des personnes intouchables...Il est certain que GD avait des moyens de pression ou de chantage à sa disposition. Un exemple fut la "Camargue", ce lieu de plaisir et de débauche qui abrita, semble-t-il, les ébats de certains (dont des politiques). Mais il y avait probablement autre chose qui nous sera révélée plus tard. Tout au moins, peut-on l'espérer. En effet, si la montagne devait accoucher d'une souris, nous pourrions crier au scandale, car il est manifeste que nous nous trouvons au cœur d'une affaire politico-financière avec implication de "gros bonnets". L'affaire ira-t-elle jusqu'au bout? Espérons que le justice soit vraiment indépendante et pourra mettre son nez, même dans les recoins du pouvoir...
Mais le "je te tiens par la barbichette..." nous a déjà montré les limites de la transparence judiciaire et comment se neutralisent réciproquement les responsables politiques. Rappelez-vous que, malgré certaines mises en cause, on n'est jamais allé au fond des choses, en matière de financement illégal de partis politiques alors qu'ils s'y sont tous adonnés... voir l'affaire Urba, par exemple: http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Urba

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