vendredi 3 juin 2011

Interview (imaginaire) de Jean-Louis Borloo

A un peu moins d'un an des élections présidentielles de 2012, il m'a paru intéressant d''imaginer des questions et réponses adressées à 12 hommes et femmes politiques qui seront directement ou indirectement engagés dans ces élections: N. Sarkozy, M. Aubry, JL Borloo, N. Hulot, M. Le Pen, JL Mélenchon, D. de Villepin, F. Hollande, F. Bayrou, S. Royal, F. Fillon, E. Joly.

AA: Monsieur Borloo, avant de vous poser une question, je souhaiterais dresser un inventaire à la Prévert afin de montrer qui vous êtes: ce que d'aucuns ont appelé "L'impossible Monsieur Borloo" (titre d'un livre) et que je commenterai en parlant de " l'inclassable" ou de l'"Introuvable" JL Borloo. Né à Paris d'un père d'origine belge et d'une mère corse, vous vous retrouvez à Valenciennes à la présidence du club de foot avant de prendre la mairie en 1989. Chef scout dans votre jeunesse, avocat d'affaires prestigieux, après des études de philosophie et d'histoire, mâtinées de droit et de sciences économiques, le tout parachevé par HEC, vous fondez Génération Écologie en 1991, puis flirtez avec la gauche au Conseil Régional NPDC, avant de vous situer clairement au centre-droit. Maire, député national, européen, conseiller régional, Ministre sans interruption de 2002 à 2010, vous êtes marié à l'ex-journaliste vedette Béatrice Schönberg et avait été porte-parole du candidat Bayrou à la Présidentielle de 2002...Comment expliquez-vous cet éclectisme?

JLB: A travers ce que vous venez de rappeler, la cohérence de mes positions est actée: social, écologiste, républicain (j'ai voté pour le droit de vote des étrangers hors Union Européenne, aux élections municipales).
J'ajouterai "homme d'action".

AA: Vous avez reçu le prix "Press Club, Humour et Politique" en 2008 pour la phrase: "Sarkozy, c'est le seul qui a été obligé de passer par l'Élysée pour devenir Premier ministre". Ce prix récompense « l'auteur de la phrase la plus hilarante de l'année, qu'il s'agisse indistinctement d'humour volontaire ou involontaire ». Comment percevez-vous Nicolas Sarkozy?

JLB: L'humour dont j'ai fait preuve à travers cette citation résume bien ce que je pense de Nicolas: il est tellement brillant qu'il s'est élevé au-dessus de tous en brûlant les étapes! Je pense qu'il est conscient de sa valeur et qu'il veut tout faire. Il est clairvoyant, mais va trop vite et les autres n'ont pas le temps de suivre. Il est porteur effectivement d'une envie de rupture et de modernité mais il n'a pas compris qu'on doit faire les choses graduellement et avec méthode. Sur le plan économique c'est un libéral, ce que je ne suis pas...

AA: La rupture et la modernité c'est le Grenelle de l'environnement que vous avez initié. Certains parlent de poudre aux yeux et d'échec. Qu'en pensez-vous?

JLB: Je rappelle que le Grenelle de l'environnement s'est traduit par une Loi Grenelle 1 visant à transformer en texte juridique les 268 engagements issus du Grenelle de l'environnement, et une loi dite Grenelle 2 qui décline plus concrètement la première. A travers un cadre d'action pour répondre au constat de l'urgence écologique, nous avons fixé des objectifs par chantier et secteur et plus précisément dans le bâtiment, l'urbanisme, le transport, l'énergie et le climat, la biodiversité (avec la notion de Trame Verte et Bleue), la santé-environnement, la gouvernance. 201 décrets d'application seront nécessaires...

AA: Justement, peu sont parus et d'autre part certains critiquent le manque d'ambition de ce texte, notamment sur les règles  énergétiques en matière de constructions neuves et anciennes, sur l'opposabilité de la réglementation en matière de biodiversité. Autre critique, c'est que le suivi est au point mort et que votre départ du gouvernement a stoppé le dossier. Le symbole de cet échec c'est l'abandon de la taxe carbone...

JLB: Pour faire bref, le bouleversement apporté par les lois Grenelle 1 et 2 se fera progressivement. Le développement durable ne se construit pas en quelques mois, mais prendra des années. J'ai conscience que nos avancées n'ont pas toujours rencontré les ambitions de certains. Qu'ils prennent patience...Beaucoup de pays copient la France et ont mis en place des équivalents de notre Grenelle de l'environnement.
Concernant la taxe carbone, les Français n'étaient pas prêts...J'ai confiance en Nathalie Kosciusko-Morizet pour qu'elle poursuive le travail.

AA: Pour être direct, maintenant, serez-vous candidat aux Présidentielles? Vous savez que l'on dit que vous n'avez pas digéré de ne pas avoir été nommé 1er Ministre, que l'on vous accuse de vouloir diviser la droite et faire perdre N. Sarkozy. Enfin beaucoup vous soupçonnent de vouloir faire monter les enchères et qu'une fois que vous aurez obtenu satisfaction, vous renoncerez à vous présenter...  

JLB: Je ne ferai rien qui empêche N. Sarkozy d'être élu...Avec mes amis, nous étudions la façon dont nous pourrions être utiles à la majorité présidentielle...

AA: Cela signifie clairement que vous ne vous présenterez pas...

JLB: Cela signifie qu'il est urgent de ne pas se presser et d'analyser sereinement la situation!

AA: Comprenne qui pourra...      

1 commentaire:

  1. Je pense qu'il faut encore laisser du temps au temps pour mesurer l'impact du Grenelle de l'environnement. Rdv dans 10 ans sans doute.

    L'action de JL Borloo à Valenciennes est aujourd'hui unanimement saluée. il y a, c'est incontestable, un avant et un après Borloo. Un grand maire bâtisseur.

    LB

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