dimanche 26 août 2012

Romney: Pourquoi les Américains ont du mal à l'aimer

 AA: je rappelle que Mitt Romney est un des fondateurs d'un des plus grands fonds d'investissements du monde, Bain. Or ce même Bain était le propriétaire de Samsonite, dont une usine était située à Hénin-Beaumont et fut scandaleusement démantelée "grâce" à ce fonds qui l'a cédée de telle manière à éviter un plan social. Le repreneur (assembleur de panneaux solaires!), de mèche avec Bain, a été condamné en France et les ouvriers de Samsonite ont entamé une action judiciaire aux Etats-Unis...Il se pourrait fort que cette affaire vienne empoisonner la candidature de Mitt Romney, dans les mois qui viennent. Ainsi serait confortée l'image de ce "cow-boy" telle que décrite ci-dessous par un journaliste du Monde (édition du 26/8/2012)


La victoire de Barack Obama en 2008 s'était jouée dans la ferveur... ce dont le président sortant ne jouit plus quatre ans après. Mais son adversaire déclenche encore moins l'enthousiasme. C'est le paradoxe Romney : il talonne Obama dans les sondages mais reste à la traîne dès que l'on mesure sa cote de sympathie. Alors qu'une majorité d'électeurs jugent négativement la politique économique de l'occupant de la Maison Blanche, 54 % ont une bonne image de lui, tandis que seulement 47 % perçoivent favorablement Mitt Romney, selon une récente enquête de CNN. D'après un sondage du journal USA Today, un quart des partisans de Romney jugent Obama plus sympathique.
Terne, distant, figé et répétitif dans ses sourires, sa gestuelle, ses discours... Les observateurs alignent les mêmes constats et tentent d'analyser les difficultés qu'éprouve Mitt Romney à crever l'écran, tandis que ses communicants s'emploient à contredire cette impression. L'essentiel tient sans doute aux paradoxes de sa candidature. Républicain modéré du Nord-Est américain, il a dû se présenter comme " sévèrement conservateur " pour emporter les primaires d'un Parti républicain dominé par les ultras du Sud. Mormon, il doit convaincre un électorat chrétien souvent hostile à sa religion. Spectaculairement enrichi dans le Meccano à risques du capital-investissement, il fait de sa réussite financière son premier argument dans un pays où les banquiers n'ont plus nécessairement la cote. Magicien de l'économie ou capitaliste rapace ? Leader flexible ou politicien clientéliste ? Ses revirements sur l'avortement ou l'assurance-maladie le font considérer comme une girouette par une partie de l'opinion, y compris à l'intérieur de son propre camp.

Abroger la récente loi sur la santé
Car son parcours sinueux le conduit à bien des contorsions. Ainsi, pourquoi promet-il aujourd'hui d'abroger dès le premier jour de son mandat la réforme générale de la santé adoptée sous Barack Obama qui ressemble furieusement à celle que lui-même avait fait voter en 2006 dans le Massachusetts ? Il tente de s'en tirer en affirmant que ce qui était bon pour cet Etat riche ne l'est pas pour le reste du pays. Plus généralement, la difficulté de Mitt Romney à susciter l'enthousiasme provient du profil choisi pour sa campagne : pauvre en projets et essentiellement orientée sur la critique de son adversaire, la clé étant de coaliser tous les électeurs désireux de chasser Barack Obama.
Ces flottements sur le fond se superposent à des interrogations d'ordre psychologique. Mitt Romney éprouve visiblement des difficultés à sortir de sa carapace, à se placer en empathie avec les gens ordinaires. Un site pro-démocrate se délecte en comparant des photos des deux adversaires visitant une école : guindé, Romney tend une main distante aux enfants, là où Obama se laisse enlacer et rit à gorge déployée. Réflexe de classe d'un grand bourgeois ? Rigueur du mormon ? De nombreux témoins notent le contraste entre le Mitt blagueur en privé et le personnage public coincé. Ann Romney, mère de ses cinq enfants, est mise à contribution pour démontrer que son mari n'est pas celui que l'on croit. A ceux qui lui dénient tout sens de l'humour, elle se fait fort de le " déboutonner " afin d'" amener les gens à découvrir l'autre côté de Mitt, (...) drôle, charmant et spirituel ".

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