dimanche 21 mai 2017

Pourquoi le pouvoir a toujours miné le Parti socialiste (1/3)

Le Monde 18/5

Parti de rupture ou de gouvernement ? Cette tension jamais résolue menace le Parti socialiste de désintégration. Professeur d’histoire et de sociologie politique, directeur du Centre d’histoire de Sciences Po et président de la School of government de la Libre université internationale des études sociales (Luiss, Rome), Marc Lazar est coauteur de l’ouvrage Le Parti socialiste unifié. Histoire et postérité (Presses universitaires de Rennes, 2013). Il retrace les grandes étapes de la douloureuse confrontation du PS avec l’exercice du pouvoir.

Le PS est-il mort, comme l’a récemment déclaré Manuel Valls ?
Je serais plus prudent. La crise qu’il traverse est périlleuse mais il en a connu d’autres. Chaque fois que les socialistes ont été au pouvoir sous la Ve République, les tensions qui se sont ensuivies ont entraîné des échecs électoraux : lors du premier mandat de François Mitterrand (ils perdent les législatives en 1986), lors du second (déroute aux législatives de 1993), lors de l’élection présidentielle de 2002, où Lionel Jospin a été éliminé du second tour… Manifestement, l’exercice du pouvoir plonge toujours le PS dans de grandes difficultés et dans de douloureux débats internes.

Ces difficultés se sont-elles aggravées sous le quinquennat de François Hollande ?
Un certain nombre d’éléments ont amplifié le problème. C’est d’abord l’écart entre le discours et les actes en matière de politique économique et sociale. La fameuse phrase de François Hollande lors du discours du Bourget – « Mon ennemi, c’est la finance » – s’est rapidement heurtée à la nouvelle orientation économique du gouvernement en faveur des entreprises.
C’est, ensuite, la question de l’Union européenne (UE), qui divise depuis des décennies le PS. François Hollande avait annoncé qu’il allait tenter de renégocier le traité de stabilité budgétaire pour infléchir la politique d’austérité : cela ne s’est pas fait, et cet échec a mis à nu la division sur ce sujet au sein du PS – division qui avait déjà été creusée lors du référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen.
« La fameuse phrase de François Hollande lors du discours du Bourget – “Mon ennemi, c’est la finance” – s’est rapidement heurtée à la nouvelle orientation économique du gouvernement en faveur des entreprises »
C’est, encore, la question de la fonction présidentielle sous la Ve République, sujet toujours épineux pour un parti dont la tradition est la démocratie parlementaire. Faut-il incarner franchement cette fonction, de façon verticale, comme le soutient Manuel Valls ? Ou au contraire introduire plus d’horizontalité et évoluer vers une VIe République, comme le propose Benoît Hamon ? En hésitant entre les deux, le président « normal » a relancé le débat au sein du PS.
Ce sont, enfin, les attentats terroristes, qui ont ouvert une ligne de fracture autour de la déchéance de nationalité. Deux sensibilités s’y sont opposées : celle de l’autorité de l’Etat, d’une logique répressive implacable contre le défi terroriste ; et celle qui considère qu’il faut aussi s’interroger sur la raison pour laquelle des Français sont capables de se faire exploser contre leur propre pays.

Pourquoi le PS français a-t-il, de manière générale, un rapport douloureux avec l’exercice du pouvoir ?
D’abord, une précision : depuis la création de la Section française de l’internationale ouvrière (SFIO), en 1905, les multiples crises qu’a connues le PS français n’ont pas toutes été liées à l’exercice du pouvoir.
On peut citer par exemple la scission communiste de 1920, qui est un affrontement sur les valeurs ; la crise des néosocialistes de 1934, qui dériveront ensuite vers le régime de ­Vichy ; la question du pacifisme à la fin des années 1930 ; la guerre d’Algérie dans les années 1950-1960… Mais ce parti, c’est vrai, a un problème dans son rapport au pouvoir.
« Depuis son origine, le PS n’a cessé d’être écartelé entre deux objectifs inconciliables : rompre avec le capitalisme d’une part, s’insérer dans une politique gouvernementale – donc dans une économie de marché – d’autre part »
Depuis son origine, il n’a cessé d’être écartelé entre deux objectifs inconciliables : rompre avec le capitalisme d’une part, s’insérer dans une politique gouvernementale – donc dans une économie de marché – d’autre part.
Les chercheurs Alain Bergounioux et Gérard Grunberg ont amplement théorisé cette tension, ce « long remords du pouvoir ». Plus que tout autre parti en France, le PS est confronté à cette contradiction entre un idéal de la transformation radicale et la réalité du pouvoir. Les socialistes ne sont plus révolutionnaires, mais l’idée d’une rupture avec le capitalisme reste chez eux très prégnante – elle était d’ailleurs portée en 1981 par François Mitterrand, qui insistait sur la nécessité de faire des réformes fortes et non graduelles.
Pour les socialistes, la question du pouvoir est donc une confrontation très rude, très douloureuse, entre ce que Sigmund Freud appelle le principe de plaisir et le principe de réalité.
On retrouve cette tension tout au long de l’histoire du PS. En 1924, au moment du Cartel des gauches, les socialistes décident de ne pas participer au gouvernement avec les radicaux. A la fin des années 1920, Léon Blum propose sa célèbre distinction théorique entre « conquête » et « exercice » du pouvoir : il faut assumer, dit-il, l’exercice raisonné du pouvoir dans un gouvernement d’alliance, et repousser l’expérience révolutionnaire à l’heure où la SFIO réussira à conquérir ce pouvoir, c’est-à-dire à obtenir la majorité absolue aux élections.
Cette tension ressortira violemment lors du Front populaire de 1936 : un temps bref durant lequel sont réalisées une multitude d’avancées sociales, que l’aile gauche du parti considère comme un simple commencement quand son aile droite estime qu’on ne peut pas aller plus loin. Il faut encore citer la période de la guerre froide allant de 1947 à 1951, durant laquelle la SFIO fait alliance avec les démocrates-chrétiens du MRP contre les deux forces qu’elle considère comme extrémistes : les gaullistes d’un côté, les communistes de l’autre. De cette expérience d’un gouvernement centriste, les socialistes garderont une méfiance durable, car ils estiment qu’elle a très peu favorisé les conquêtes sociales.
Le dernier grand moment de cette tension originelle survient en 1981 : pour la première fois sous la Ve République, les socialistes arrivent au pouvoir. Ils entament un grand programme de nationalisations et de réformes sociales… avant de se fracasser deux ans plus tard sur le « tournant de la rigueur ».
« Le socialisme français est passé d’un réformisme « honteux » à un réformisme assumé. Mais la tension n’en demeure pas moins entre partisans de réformes dures ou graduelles »
Aujourd’hui, le socialisme français se réclame clairement du réformisme, et non de la révolution marxiste : il est passé d’un réformisme « honteux » à un réformisme assumé. Mais la tension n’en demeure pas moins entre partisans de réformes dures ou graduelles. A l’aile gauche du parti, le programme de Benoît ­Hamon se voulait ainsi un programme de gouvernement, mais il comportait des propositions radicales.

A suivre

22 commentaires:

  1. next le PS. Là c'est Macron. Il les a bouffés

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    3. C'est plaisant de traiter ceux qui n'ont pas le même avis que vous? Je vous plains.

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  2. mon monde. des contrats de 24 heures au SMIC . Tu fais quoi avec çà ? des jeunes qui demandent qu'à travailler, formés et diplômés. C'est pas normal çà

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  3. Des contrats de 24 heures par semaine. Et ils veulent bosser

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  4. Dans la voix du nord ce matin le mur du çon a été allègrement franchi par Marine ( Tondelier pas l'autre) elle se verrait bien au second tour, c'est à mourir de rire.

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    1. Le mur de l'indignité a été depuis longtemps dépassé par la marine ( le pen pas l'autre). On va la remettre dans l'train à Arras pour la troisième fois, direction le bureau des juges!

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  5. Espérons que ce soit Marine Tondelier notre députée. L'autre... des "affaires" l'attendent, des bruits de casseroles. Elle veut la députation pour bénéficier encore d'une immunité ( celle de Bruxelles a été levée, enfin) et ne pas se rendre chez les juges.D'Hénin, elle n'en a rien à faire. Elle vient faire son show, trois fois l'an et vote toutes les lois antisociales.

    Neuneu 1er, le roi du " elle est bonne Marine" ( l'autre, celle soupçonnée de détournements de fonds publics, l'agitée du bocal du fameux débat), couine encore sur sa page contre... mais vous avez deviné, sa petite fixette parano... la VDN qui n'aurait pas couvert la venue de la duchesse. Alors, il excite sa troupe de décérébrés, il les chauffe ( qu'il soit prudent car deux procès l'attendent...!) Il est tout perdu, il ne sait pas ce qu'il veut le pépère. Il espère encore qu'en insultant la VDN, en bloquant toute information, que le journal viendra encenser la fuhrie?
    Bravo la VDN! Boycott total. Aucun micro pour le FHaine! Et que tous les journaux fassent de même. BOYCOTT COMPLET.

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  6. oui mdr. Elle a pas la haine au moins Marine Tondelier

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  7. Elle est respectable Marine Tondelier

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    1. Tondelier n à pas de bonnes fréquentations

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    2. La le pen, en secret... ses fréquentations, le GUD et les néonazis... excellentes fréquentations. PTDR avec eul 20H17!

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    3. Toi t'es tropt resté sous les néons 18h17. Une vrai lumière, un bulbe même.

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  8. Je vote direct pour cette Dame. Madame Tondelier

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    1. Moi aussi, je vote pour Me Marine Tondelier!

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  9. Je suis pas mort de mort rire là.

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  10. La bobo tondelier en ordre de "marche" !

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    1. Mille fois plus pertinente, intelligente que la facho en marche pour les bureaux des juges! La cagole ridicule du débat, la duchesse de Montretout sauf sa fortune au fisc!

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    2. Mdr lepen elle vient 3 ou 4 fois dans l année pour faire son cinéma ( c est son festival à elle) et beaucoup de selfie. Le reste du temps elle est à Paris ou dans les PO et c est la vraie fille du pays qui est bobo
      Du grand guignol

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    3. Le reste du temps à Paris, loin des gueux,la duchesse en son château, pour peut être cogiter les "bons plans" pour truander les impôts, l'argent public des ... gueux et autres boeufs de Darcy...

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  11. Mr AA vous ne parlez pas des 13 candidats Madame Tondelier avait fumer sa moquette pour sortir cela

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