jeudi 5 décembre 2013

La fin d'EELV est-elle inéluctable ?

L'écologie peut-elle être efficace quand des écologistes participent au gouvernement ? Vaut-il mieux un parti écologiste ou un parti qui intègre le développement durable dans sa démarche ? Le PS veut-il vraiment allier social et écologie ? Comment expliquer aux Français que écologie et sortie de crise ne sont pas contradictoires ? Voilà quelques-unes des questions évoquées, ci-dessous, par Hervé Kempf, certaines ayant été simplement effleurées ici, mais que nous savons faire partie de la réflexion du journaliste et écrivain écologiste...

Article tiré du site Reporterre (http://www.reporterre.net/)

EDITO - Le lent suicide d’Europe Ecologie Les Verts

Hervé Kempf
lundi 2 décembre 2013 

Prisonnier d’une alliance politique désastreuse, EELV vient de tenir son congrès à Caen, reconduisant mollement la ligne incarnée par Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé. L’écologie politique est gravement malade. Il est urgent de penser son renouveau.

En août 2012, le parti EELV m’avait invité à animer la session plénière de ses journées d’été, dont le thème était : "Des écologistes au gouvernement, pour quoi faire ?".
Comme je ne conçois pas le rôle d’animateur comme étant celui d’un distributeur d’eau tiède, j’avais introduit la discussion en posant les questions que bon nombre des membres de ce mouvement se posaient, à savoir : jusqu’à quel point est-il utile d’avoir des ministres dans un gouvernement qui prend des mesures anti-écologiques ? Car, en à peine deux mois, le gouvernement de M. Ayrault avait déjà relancé un surgénérateur (Astrid), viré une ministre de l’Ecologie qui s’opposait à l’exploitation de pétrole au large de la Guyane, réprimé violemment deux manifestations à Notre Dame des Landes et à Montabot (contre la ligne à haute tension Cotentin Maine).
Cette introduction agaça les ministres à la tribune, Cécile Duflot et Pascal Canfin, et le député François de Rugy.
Quand vint son tour de parole, Pascal Canfin, selon la méthode qui consiste à s’en prendre au messager plutôt que répondre au message, m’interpella : "Que fait un journaliste écologique dans un journal qui ne l’est pas ? Quand on voit la Une du Monde sur la croissance… La couleuvre que Hervé Kempf a avalé ce jour-là, c’est un boa".
Mon rôle d’animateur n’était pas d’entrer dans un débat direct avec les orateurs, donc je ne répondis pas. Un an plus tard, considérant qu’effectivement, on ne peut pas avaler les boas, j’ai quitté le journal de MM. Bergé, Niel et Pigasse. Pascal Canfin est toujours ministre, et ne manifeste aucun désir de quitter ce poste. Depuis l’été 2012, le gouvernement Ayrault a cependant multiplié les mesures anti-environnement. Il semble que la conception des boas diffère selon que l’on est journaliste attaché à la liberté et militant politique.

La question de la participation au gouvernement torture plus que jamais le parti né en 1984 pour porter sur la scène politique l’interrogation écologiste et la volonté de changement qui en découle. Porter sur la scène politique signifie que l’on entend peser sur les leviers de pouvoir, et accéder à ces leviers de pouvoir. On ne peut donc reprocher à un parti de chercher à gouverner. Mais cela n’a de sens que s’il pèse vraiment. En l’occurrence, ni M. Canfin, ni Mme Duflot, ne peuvent démontrer qu’ils pèsent sur la politique gouvernementale en matière d’environnement. Leur présence les contraint même à une solidarité avec toutes les décisions du gouvernement, ce qui les conduit et conduit ce parti à valider des mesures dont on peut juger qu’elles sont inacceptables.

Echec sur l’énergie, échec sur l’agriculture
Accepter de ne pas prendre la responsabilité du ministère de l’Ecologie était dès le départ une erreur. On voyait ainsi échapper la possibilité de peser sur un des deux grands problèmes au coeur du défi écologique pour la France : l’énergie.
Au moins, le portefeuille de ministre de l’Egalité des territoires et du Logement aurait-il pu permettre de peser sur l’autre grand problème environnemental français : celui de l’artificialisation des terres, qui porte avec lui la question agricole et celle de la spéculation foncière. Le bilan de Mme Duflot est ici particulièrement décevant : elle a clairement fait le choix de favoriser la construction de logements, plaçant la lutte contre l’artificialisation des terres en objectif secondaire.
Ne pas peser au gouvernement, mais y être présent, oblige les parlementaires à soutenir les actions nuisibles de ce gouvernement. En fait, EELV est prise dans la stratégie du PS que François Mitterrand avait déjà expérimenté, avec succès, dans les années 1980 : accueillir des ministres communistes au gouvernement pour étouffer ce parti. De même, François Holllande a-t-il attiré des ministres écologistes au gouvernement pour étouffer les écologistes.
Car le PS (parti "socialiste") est caractérisé par deux traits fondamentaux :
- il ne raisonne qu’en termes de rapports de force et a à peu près abandonné tout idéal politique, ne fonctionnant plus qu’en machine à capter le pouvoir ;
- il n’a absolument pas intégré la question écologique, et considère les écologistes soit comme des gêneurs, soit comme des vassaux.
Aujourd’hui, les partisans du maintien au gouvernement d’EELV avancent deux arguments :
- il faut rester jusqu’à la loi sur la transition énergétique qui sera préparée à l’automne prochain ;
- si l’on part, on affaiblit encore le PS, ce qui favorisera l’extrême-droite.
En ce qui concerne la transition énergétique, ce qui s’est passé depuis plus d’un an autour du nucléaire comme la façon dont s’est déroulé le débat sur la transition énergétique devrait suffire à dessiller les yeux des plus naïfs. Mais il semble que l’amour du pouvoir rende aveugle.
Quant à la menace de l’extrême-droite, si elle est réelle, elle découle essentiellement de la trahison du PS à l’égard des classes populaires, trahison à laquelle s’associe de fait EELV. Rien ne sert de reculer pour mieux sauter : la continuation de cette politique médiocre ne peut qu’accentuer le désaveu croissant des électeurs envers les gouvernants.

Reculer conduit au précipice
A force de céder du terrain sur les choix essentiels, et d’accepter les reculs successifs sur l’environnement, EELV est en train de dilapider son capital, qui est l’idée que ce parti représente l’écologie.
Car tant à droite qu’à gauche, l’environnement commence à s’intégrer aux politiques : à droite, l’UDI de Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno développe une expertise réelle sur nombre de questions environnementales. Et même si c’est une vérité difficile à admettre, le bilan environnemental du quinquennat Sarkozy n’est au final pas plus mauvais que celui des deux années de M. Hollande. A gauche, le Parti de gauche avance dans la définition de l’"écosocialisme" et est présent dans nombre de luttes écogiques de terrain (souvent, d’ailleurs, en bonne intelligence avec les militants locaux d’EELV). Et dans les luttes concrètes, de plus en plus souvent on s’organise indépendamment d’EELV et parfois en opposition avec ce parti.

Le renouveau
Dans cet affaissement du parti écologiste, il reste deux points forts, d’où pourrait partir le renouveau. D’abord, l’ancrage à l’échelle locale. Car si le bilan ministériel est désastreux, le travail dans les municipalités et les régions est souvent très positif. Sans doute est-ce là l’échelle privilégiée de l’action politique écologiste. Ensuite, le travail au niveau européen : le Parlement de Strasbourg est une instance où il est bien plus possible d’influencer les politiques. Il est par exemple évident que Pascal Canfin était bien plus utile au Parlement - où il animait efficacement la bataille pour contrôler les puissances financières - qu’au gouvernement où il administre une aide au développement en peau de chagrin.
Enfin, il parait indispensable de… réfléchir. La pensée écologiste a besoin de se renouveler, de se remettre en question, d’intégrer en permanence les idées nouvelles qui jaillissent du corps social et de l’évolution historique rapide du capitalisme finissant. On sent chez nombre de responsables politiques écologistes une paresse intellectuelle qui explique largement leur médiocre bilan : on ne peut pas élaborer une bonne stratégie si l’on n’a pas une claire vision des choses.
De ce point de vue, un troisième point d’appui du renouveau écologique doit venir de l’effort de pensée. D’une part à travers un organe de réflexion à longue durée, comme Etopia, en Belgique, qui explique en partie le succès des écologistes belges. Et d’autre part d’un média, indépendant et qui affirme clairement la priorité historique que représente la crise écologique planétaire. Un média qui alimente en permanence la discussion écologique et nourrisse d’informations originales sa vision du monde. C’est ici le rôle de Reporterre, qui s’intéresse, bien au-delà d’EELV, à toute la communauté écologiste, des anarchistes aux partisans du développement durable, sur le terrain des luttes comme sur celui des cercles de réflexion.

20 commentaires:

  1. CEPJ en france = Conseiller en Education Populaire Jeunesse
    A Henin-beaumont il est devenu un CEIJ Conseiller Electoraliste Impopulaire par c'est moi Je

    C'est le nouveau régent
    Il tire toute les ficelles en coulisse
    Il est egocentrique
    Narcissique
    Et surtout un beau parleur contractuelle sur le denier héninois

    Qui ?

    Le Mr qui dépense +de 200 000 euros en 15 jours pour Henin-Beaumont un projet pourvant plutôt le populisme que le populaire dans un unique but électoraliste mais en fin de mandat et à l'aube d'une nouvelle municipalité qui le congediera

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  2. ce parti politique n'es pas différent des autres, j'ai vu ces derniers jours un reportage sur France 3,"cash investigation", sur la formation professionnelle,ils sont aller a la meme école que les autres, des pratiques douteuses, de facturations de formation fictives,...un scandale ....vous pouvez le revoir sur ce lien ou en cliquant sur FP
    http://www.youtube.com/watch?v=4Tna8VQv5sI

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    1. 09 h 01 : comment pouvez vous répondre 15 minutes plus tard à un article que vous ne pouviez encore lire car non encore agréé par le résident du blog ? vous vous fichez de nous ?

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    2. @14h14, je comprends pas dailleurs le premier commentaire est de 08h46, le miens est de 9h01, il est ou le problème...,soyez plus clair...article non agréer, l'article est en ligne je lis je mets mon commentaire...?

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  3. c'est quoi la raison du licenciement de SEB PLO, il semblerait qu'il ai tenu tète a Guy Delcourt.Es ce suffisant? ou redoutais il ce monsieur?

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    1. Et çà y est c'est reparti - quand j'écrivais qu'un jour à propos des pluies acides, on aurait droit à de la réclame pour le dir'cab de jpk sur ce blog...

      Et servie, comme toujours par des personnes assez fâchées avec l'orthographe c'est évident...

      Avec toujours ( c'est moins admissible en raison de la crédibilité requise pour pouvoir prétendre à la magistrature suprême dans une ville comme Lens) son flot de contradictions irréconciliables.

      Tantôt il a démissionné superbement, tantôt il a été viré scandaleusement.

      Mais ceci n'est qu'un élément biographique, pas l'essentiel (l'essentiel est son trop long passé au service d'un jpk qui n'a pas fait que du bien aux administrés de la call).

      Dommage, avec cet article on avait la possibilité de prendre un peu de hauteur

      Le bilan est bien triste pour les écolos - locaux comme nationaux.

      A part Ségolène Royal dans sa région Poitou-Charente, Borloo et co au plan national, aucun résultat écologique concret.

      Et qu'on ne me sorte pas "Loos-en-Gohelle", une vitrine en carton-pâte en fait (les matériaux écolo viennent d'Europe de l'Est pour la plupart - alors, les "emplois durables"! Là comme ailleurs, on tient compte des "contraintes économiques" on se soumet aux pays qui cassent les prix en cassant les prestations sociales .Faudrait pas prendre les électeurs pour ce qu'ils ne sont pas).

      Pour la planète, il est en effet temps que le parti écolo grandisse, abolisse ses tutelles - en restant au gouvernement, contrairement aux contre-arguments retranscrits par le journaliste, ils donnent du grain à moudre aux frontistes (ceux-ci auront beau jeu de nous sortir leur "tous pourris tous copains des copains").

      L'écologie s'est rarement aussi mal portée - elle "dérouille" à cause de la crise et à cause des ministres qui ont cessé de faire de l'écologie pour montrer qu'ils peuvent parfaitement SE FONDRE parmi les socialistes.
      Mission camouflage réussie, on ne les remarque même plus

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    2. tout le monde ne peut avoir votre orthographe désolé, mais je vois que vous avez bien compris le propos et c'est cela le principal...!

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    3. Bonsoir 21.39, pas d'agressivité de ma part - simplement un constat : c'est toujours la même personne qui vient "cirer les pompes" du prodige auto-proclamé - on le reconnaît à des signes bien à elle (dont l'orthographe, mais évidemment on comprend parfaitement où elle veut en venir, indiscutablement! Et c'est ce non-renouvellement des propos qui est lassant, je ne crois pas que les lecteurs dudit blog soient à ce point fascinés par un "nombril sur pattes" qui rebondit sur tous les sujets en ramenant la couverture à soi - quelquefois, on a besoin d'aborder les thèmes de manière moins "focalisée", si vous voyez où, moi, je veux en venir.
      Bonsoir à vous

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  4. "des anarchistes aux partisans du développement durable" voilà la palette des écolos. Et c'est bien le problème. Résultat : on ne peut pas satisfaire à la fois des décroissants et les tenants du dvlpt durables, on ne peut pas allier des écolos-bio avec ceux qui ne s’intéressent qu'à Léonarda et au cannabis. Ceux qui refusent les aéroports par attachement à la terre et l'écolo de la métropole.
    Et on ne peut pas faire semblant de découvrir qu'il y a des rapports de force et de pouvoir.

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  5. un regret,le M E I (mouvement des écologistes indépendants) qui pour obtenir des places a oublié son principal objectif:la défense de l'environnement

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  6. "Dans cet affaissement du parti écologiste, il reste deux points forts, d’où pourrait partir le renouveau. D’abord, l’ancrage à l’échelle locale. Car si le bilan ministériel est désastreux, le travail dans les municipalités et les régions est souvent très positif."
    Bah, à Hénin-Beaumont l'ancrage à l'échelle locale il faut aller le chercher. Ils nous jouent une Marine contre une autre...
    Au niveau régional, on a à Lille un adjoint de Martine Aubry - Eric Quiquet (je suis allé chouffer son nom dans Google) - qui fait du vélo et le maire de Loos-en-Gohelle - Jean François Caron qui fait du marathon. D'ailleurs j'en profite pour lui rappeler gentiment à celui-là que le patrimoine minier inscrit à l'Unesco ne s'arrête pas à ses deux putains de terrils jumeaux.
    A Evin-Malmaison, le chevalement est entrain de pourrir lentement et les promoteurs immobiliers menacent de défoncer St Henriette dans le secteur Hénin, Dourges Noyelles et de raser un des deux terrils.
    Je suis un bourrin mais tout de même.

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    1. Bonsoir 16.47, je partage beaucoup de ce que vous écrivez.
      Votre Jean-François Caron ne peut tout faire - consacrer ses journées à un entraînement INTENSIF (heures de natation comprises, même s'il biaise en alternant les piscines qu'il fréquente) - et promouvoir autre chose que son petit paysage coutumier, vous lui en demandez trop (même "gentiment").
      Au moins , lui a un ancrage local - merci à son papa Marcel Caron, PS...
      Mais pas sûr que çà fasse beaucoup plus de bien à l'écologie que d'avoir des "ministres pastèques" (pas parce qu'ils sonnent creux, mais à cause de leurs couleurs).
      Le Bassin Minier est trop méprisé par ses politiques pour qu'on songe enfin sérieusement à lui permettre l'accès à un environnement durable et sain.
      Tant que les socialistes "gardent la main", on a droit, au mieux, à quelques gadgets de "parcs d'attraction"...

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    2. Nannn, putain j'y crois pas. Je vais encore l'avoir dans l'os...

      mars 1977 mars 2001 Marcel Caron PS
      mars 2001 en cours Jean-François Caron Les Verts Conseiller régional

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Loos-en-Gohelle

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    3. 20.54, vous pouvez "décrypter" svp?
      Je vais encore l'avoir dans Loos (en Gohelle), dans l'os ?

      Et je ne suis pas sûr (même en citant wikipedia) que vous ne soyez pas plutôt "en marge" du sujet...

      ???

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  7. Hénin te voilà sauvé grâce à notre Maire. Tracté ce matin EB sera soutenu par
    * les vestiges de l'AR
    * Europe Ecologie Les Verts
    * un groupe radicald de gauche
    * et MG pour les socialistes héninois

    En barrage contre le FN

    Hum........ en accordant 1% à EB et ses 4 souteneurs on doit froler les 5 % donc juste le remboursement des frais de campagne au mieux

    Combien de membre chez les socialistes héninois ? Les scores des verts en local ? L'AR réduite à peau de chagrin ? Les scores de l'extrème gauche ?

    La verité semble étre encore au fond mais alors au fin fond DU JARDIN..... on est sauvé !

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    1. L'AR ? Les verts ? MG pour sociolo pour soulever les masses aux urnes contre le FN ??? Ah ah ah ldr BIG LOL

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    2. L'AR en route pour EB mais quel partie de clown ! Les articles sont de GB et les derniers articles et agissements sont contre le maire et en justice qui plus est ça ne s' invente pas c'est sur le site !!! DES CLOWNS JE VOUS DIS ! Et un régal pour le FN

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  8. A Loos, pour être maire il suffit de s'appeler Caron, vert ...ou pas.
    Népotisme, qui a dit népotisme....

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    1. Je ne vous raconte pas "l’ancrage à l’échelle locale". Et d'après l'article le renouveau pourrait repartir de ça...

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  9. PP toujours fidèle à lui-même , ce donneur de leçon ?

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