lundi 19 mai 2014

La réforme territoriale


Donc, François Hollande a décidé de passer à la vitesse supérieure et ne pas attendre 2021 pour mettre en route la réforme territoriale. 
Ne doutons pas que cette accélération est due au fait que l'opinion publique est favorable à la fin du mille-feuilles administratif. C'est d'ailleurs pour cette raison que les partis politiques sont d'accord également, même s'ils trouvent des raisons diverses pour ne pas avoir l'air de suivre le président. Le Parti de Gauche est réticent, mais on sent que, à l'instar du PC, qui a, pourtant, encore des conseillers généraux, il viendra à ces réformes. Curieusement (mais rien ne nous étonne plus dans ce parti), le FN est absolument contre la disparition des conseils généraux, alors que c'est une élection qui lui est extrêmement défavorable, puisqu'elle a lieu au scrutin uninominal majoritaire à 2 tours...
L'idée est donc double : réduire de moitié le nombre de régions qui sont 22 actuellement, en métropole, et supprimer les départements.

- Regrouper les régions donnera lieu à beaucoup de discussions, parce qu'il faut conserver une identité régionale. Adjoindre la Picardie au Nord-Pas-de-Calais ne devrait pas poser de problèmes, ni unifier les 2 Normandie (Haute et Basse), bien que certains Normands lorgnent vers la Picardie... Les fusions  de l'Alsace et de la Lorraine, de la Bourgogne et la Franche-Comté sont déjà en discussion. Bref, des débats et des résistances sont à attendre, principalement de la part d'élus locaux effrayés de perdre leur mandat... Réussiront-ils à mobiliser des électeurs majoritairement en faveur d'une réduction du nombre d'élus ? Comme on le sait, les réformes, c'est bien, mais chez le voisin...  Mise à part cette réduction du nombre d'élus (qui ne représente d'ailleurs pas la poule aux œufs d'or en matière d'économies...), ce qui peut apporter quelque chose en matière de rationalisation financière et technique, c'est, d'une part, d'éviter les doublons : sait-on, par exemple, qu'il existe, dans chaque région, un comité départemental du tourisme et un comité régional du tourisme, interlocuteurs des offices de tourisme communaux, eux-mêmes financés par des communes ou des intercommunalités ! D'autre part,  la clause de compétence générale permet à chaque collectivité de se saisir d'une compétence qu'elle n'a pas : de ce fait, chacune co-finance une partie d'un projet ou d'une entité, ce qui donne lieu à de longues discussions préalables et à l'absence d'interlocuteur responsable visible... En matière de culture, par exemple, nombre d'acteurs locaux sont co-financés par 4 collectivités plus l’État, voire l'Europe !
Bien entendu, il s'agit, par cette réforme, de donner aux régions des pouvoirs accrus en matière économique et sociale surtout... Les discussions porteront donc sur les moyens, et notamment la possibilité de lever l'impôt... (aujourd'hui, à part le produit de la carte grise récupérée par le Conseil régional, c'est principalement l'Etat qui finance les régions...)

- Supprimer les départements, peu visibles pour le citoyen (qui connait son conseiller général ?) ne posera pas beaucoup de problème en milieu urbain, les intercommunalités (et les futurs pôles métropolitains en cours de constitution) et la Région reprenant les dossiers "sociaux"  (RMA, dépendance...). Par contre, dans les milieux ruraux où l'intercommunalité est compliquée à mettre en place, il faudra innover (des agences locales dépendant de la Région ?). Et maintenir une certaine proximité vis-à-vis des citoyens... Pas de problème pour les doublons (même si les compétences ne se chevauchent pas toujours), comme pour le sport ou l'environnement... 
Les Conseils généraux ont beaucoup investi dans leur patrimoine immobilier, ces dernières années (sièges, unités décentralisées...). Qu'en faire ? Nul doute que le marché immobilier va bouger...

Le Président Hollande veut aller vite dans ce dossier, mais il semble difficile que tout soit prêt avant le printemps 2015 où devaient avoir lieu les élections régionales et cantonales et il faudra probablement reporter ces dernières. Bien sûr, on crie déjà à la manipulation électorale...
Comment juridiquement procéder ? Une révision constitutionnelle pose problème :
- si on utilise le référendum, le risque est que les citoyens (poussés par des partis) ne répondent pas à la question posée et vote contre Hollande.
- si on passe par une révision parlementaire (Congrès), il n'est pas sûr que la majorité des 2/3, nécessaire à la ratification, soit atteinte...
Il n'est obligatoire de procéder à une révision de la Constitution que si l'on supprime une assemblée (conseils généraux), mais si celle-ci est simplement remplacée par une autre assemblée (par exemple, celle qui réunirait les intercommunalités...), il y a peut-être là une solution pour ne pas enliser le dossier...

10 commentaires:

  1. D"accord avec Piret, Hénin-Beaumont ne pèse plus rien Politiquement.Mais la question depuis combien de temps? 10 ANS? Surtout avec ses amis (e) girouettes et de sa trempe, l'avenir était plus que sombre, la preuve.

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  2. Beau sujet mais plusieurs remarques :
    - Réduire la taille des régions peut donner le sentiment de recentraliser même si, effectivement cela peut être plus rationnel et créer des régions de taille critique à l'échelle de l'Europe.
    - Attention aussi au rôle futur de l'élu régional. Augmenter la taille des régions, transférer de nouvelles compétences, c'est donner plus de responsabilités aux instances délibérantes et aux élus ... Attention à la formation des élus, à leur disponibilités, les élus risquent de siéger très souvent ... (à voir la gestion de l'absentéisme,) ... et ne va t'on pas aussi renforcer l'idée d'élu de carrière (?) qui ne font que cela toute une vie professionnelle durant !!!
    - Marier le NPDC et la Picardie, cela peut avoir du sens mais ? avec ou sans l'Oise qui est déjà dans les faits aujourd'hui intégrée à l'Ile de France ?
    - Marier le NPDC et la Picardie, ok mais attention aux compensations financières. Ce sont deux régions pauvres comparées à l'Ile de France ou Rhône-Alpes. Sans compensation financière et durable, on risque d'accroitre les inégalités territoriales. (Et où situer la capitale régionale (Lille ou Amiens ?)
    - La suppression des doublons est évidente.
    - la suppression des départements ? Pourquoi pas (même si je pense, actuellement, que le conseiller général est plus connu par les citoyens que le conseiller régional) mais sous réserve aussi que l'intercommunalité soit rationalisée. Il y en a des doublons sur des mêmes bassins de vie : CALL/CAHC, Artois-com/CC Artois-Lys, Valenciennes Métropole/Portes du Hainaut, CA du Douaisis/CC du Coeur d'Ostrevent etc .... Pour faire face à l'arrivée des Métropoles, il est nécessaire de donner aux autres interco une taille critique, de la cohérence (une interco et une seule par bassin de vie)
    - Enfin le débat ne porte nullement sur le nombre trop important de communes : 36 000 communes en France, la moitié des communes de l'UE !!!! avec des communes parfois de 4/5 habitants, (17 à Canteleux dans le Pas de Calais !!!!), avec parfois comme bizarre conséquence, un maire d'une commune de 900 habitants qui devient président de la seconde communauté urbaine de France !!!! ... Diviser le nombre de communes en France par trois voire quatre engendrerait plus d'efficacité et d'énormes économies ...
    Bref (car le débat est vaste) ... le gouvernement s'y prend t-il bien ? Réduire le nombre de communes,rationaliser l'intercommunalité et réduire le nombre de régions étaient sans doute les trois étapes préalables, à activer en simultanée, avant d'aller vers la suppression des départements ...
    Débat passionnant et complexe ...

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    1. Vous avez raison : sujet trop complexe pour aboutir en un an

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    2. Pourquoi réduire le nombre des communes ? il s'agit d'un fondamental de la démocratie en France... et surtout, ce ne sont pas les petites communes qui coûtent cher en fonctionnement et en investissement: c'est justement dans les communes de faible importance qu'on observe les élus mettre eux-mêmes la main à la pâte... Et c'est bien là que les maires et adjoints disposent d'une indemnité raisonnable.
      Par contre, la folie des grandeurs s'observe bien en grande collectivité ou en intercommunalité où le déficit démocratique est patent. Le maniement des finances s'y fait souvent de façon beaucoup moins responsable que dans une humble collectivité où chacun s'ingéniera à trouver le meilleur coût-avantage au moment des réalisations collectives... Alors intéressons nous plutôt au mille feuilles et aux dépenses phénoménales d'équipements et de services dont on s'interroge souvent sur l'utilité collective.

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  3. 22h37 :
    tu dois etre agent d'une interco pour causer ainsi. Je vois que tu as l'oeil averti !
    .

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    1. 22h37 :
      On ne peut pas opposer si simplement la gestion des affaires quotidiennes et la gestion des grandes infrastructures ....
      quant à la gestion communale, regardez l'exemple belge. Dans les années 80, en Belgique, le nombre de communes a été divisé quasiment par 3 ... On ne peut pas dire que la gestion locale soit défaillante ... A fiscalité quasiment égale, les villes semblent mieux entretenues et équipées ...
      La question de la réduction du nombre de communes dans le débat ne doit pas être taboue, donc ... Pesons le pour et le contre à chaque fois ...

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    2. Alain, le débat est très complexe : Une idée : Pourquoi ne pas proposer sur le sujet une piste de réflexion par jour :
      1/ Réduire le nombre de communes, avantages/inconvénients
      2/ Rationaliser l'intercommunalité, avantages/inconvénients
      3/ Réduire le nombre de régiona : avantages/inconvénients
      4/ Réorganiser la présence de l'Etat sur les territoires (sous-préfectures) avantages/inconvénients ....

      Voilà un beau forum en perspective ....

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    3. Les élus du CG62 sont, de tous bords confondus, vent debout contre la suppression du Département ... Ont-ils raison ?

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    4. 7H42 : bonne idée ! Merci...

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  4. Après plus de 35 ans passés au service de diverses collectivités territoriales, je l'observe ainsi 07:38.
    Pour avoir exercé en différents lieux , j'en suis amené à opposer aussi simplement la gestion des affaires territoriales: il es bien evident qu'une humble commune ne peut réaliser à elle seule des infrastructures complexes et coûteuse nécessitant une coopération intercommunale, mais je demeure convaincu de l'authenticité et du bon sens des démocrates locaux, qui, en prise avec la réalité du terrain et de la difficulté de vie du citoyen comprend immédiatement le sens des impôts locaux et son impact.
    Vous avez raison d'evoquer ce qui s'est fait en Belgique: à telle enseigne que chaque commune a réouvert des mairies de section dans les anciens locaux communaux...alors ?
    Je maintiens que le problème n'est pas le nombre des communes, facteur d'équilibre, mais bien celui de l'inconséquence financière et du déficit démocratique dès que l'on prend un peu d'ampleur. Et puis, les faits sont là: observez la pression des impôts locaux et la réalité des services rendus en face.
    Enfin, n'oublions pas que la gestion d'une collectivité doit être conduite par des élus du peuple, pas par une caste qui se croit intouchable parce qu'elle a compris le truc consistant à privatiser la représentation populaire et les services publics.

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