mardi 4 novembre 2014

Les guerres de pouvoir

Avis de tempête sur la CGT

« Tout est possible », lâche un dirigeant de la CGT au sujet de la crise déclenchée par l'affaire de l'appartement de fonction du secrétaire général, Thierry Lepaon. Pour la première fois depuis les révélations du Canard enchaîné, mercredi 29 octobre, Thierry Lepaon s'est expliqué, mardi 4 novembre au matin, devant le comité confédéral national (CCN) - le parlement de la CGT qui réunit les secrétaires généraux des 33 fédérations et des 96 unions départementales de la centrale.
Ce CCN s'annonce d'autant plus tendu que les dirigeants des fédérations sont dûment mandatés pour demander des explications claires sur cette affaire qui a provoqué une tempête sur la CGT. Déjà affaibli depuis son élection en mars 2013 au congrès de Toulouse, Thierry Lepaon se trouve dans une situation d'extrême fragilité.
Dans son intervention, Thierry Lepaon s'est de nouveau abrité derrière la théorie du complot contre la CGT : « Les initiateurs et les complices de cette entreprise de déstabilisation visent à faire vaciller la représentation sociale de la CGT aux yeux des salariés. »  Et il a mis en cause « un problème de fonctionnement du bureau confédéral qui handicape notre capacité collective » — la « note interne » diffusée le 29 octobre en réponse aux informations du Canard enchaîné n'avait pas été votée par quatre membres (Eric Aubin, Sophie Binet, Valérie Lesage et Mohammed Oussedik) sur dix de cette instance dirigeante.
« Des dirigeants qui s'expriment sous couvert d'anonymat, selon la formule trop connue et entendue, fragilisent l'organisation, a-t-il martelé. Lorsqu'ils se répandent dans la presse en disant que le secrétaire général rencontre les ministres en dilettante, c'est toute la CGT qu'ils offensent. » Pour M. Lepaon, « cette opération visant la CGT révèle des failles majeures dans le fonctionnement interne de prise de décisions de notre maison. Il y a donc une faute collective qui ne peut à aucun moment masquer les responsabilités individuelles. »
M. Lepaon a affirmé qu' « un document a été subtilisé à l'intérieur de la CGT », son auteur ayant « choisi volontairement, un mois avant une élection professionnelle décisive dans la fonction publique, de nuire à la CGT, à ses syndiqués, à ses militants. Il est responsable aujourd'hui des conséquences de ses actes ». Il a indiqué qu'il avait demandé à la commission financière de contrôle (CFC) de « contrôler la procédure et les montants des travaux réalisés dans l'appartement »ainsi qu'au 8e étage de la confédération où se trouve son bureau. Le président de la CFC, qui a visité l'appartement, devait présenter dans la foulée un rapport.
« M. Lepaon sortira de cette affaire encore plus affaibli »
M. Lepaon, qui habite toujours en Normandie, a indiqué que son logement de fonction, situé à Vincennes (Val-de-Marne) faisait 79 m2 (et non 120 m2) et que le devis des travaux s'élevait à 105 000 euros (et non à 130 000). « Vincennes, a-t-il expliqué, a été choisi parce que c'est à côté de la porte de Montreuil. Cet appartement correspondait aux critères recherchés : la proximité de la confédération, la discrétion, le calme et la sécurité, mais également un certain degré d'urgence », pour lui éviter de continuer à loger à l'hôtel...
Tirant les enseignements de cette affaire, Thierry Lepaon, après avoir reconnu que le choix de son logement de fonction n'avait fait l'objet d'aucune délibération et validation, a annoncé le prochain recrutement d'un directeur administratif et financier qui sera notamment chargé de proposer un « montant pertinent d'engagement de dépenses de fonctionnement et d'investissements à partir duquel le bureau confédéral devra donner son accord ». Jeudi 6 novembre, il recevra individuellement chaque membre du bureau confédéral « afin, a-t-il dit, de m'assurer de leur engagement et adhésion à l'esprit d'équipe ». Et il proposera à la commission exécutive du 12 novembre la nomination de deux membres supplémentaires du bureau confédéral, « une femme et un homme, issus d'une profession et d'un territoire ».
Il n'est pas sûr que les explications de Thierry Lepaon et sa mise en cause du bureau confédéral suffisent à calmer la tempête. « Tout est possible », souligne un dirigeant, tout en excluant dans l'immédiat la démission du secrétaire général. Si la fronde est trop forte, le patron de la CGT pourrait sacrifier un « fusible », en la personne d'Eric Laffont, le trésorier, qui avait maladroitement justifié le choix de Vincennes en déclarant : « On n'a pas osé le loger à Clichy ou à Aubervilliers », banlieues ouvrières.
L'idée d'un CCN extraordinaire, qui pourrait être réclamé pour faire le bilan à mi-mandat de Thierry Lepaon, est également évoquée. Alors que ce dernier affirmait auMonde du 9 octobre qu'il était prêt à rempiler pour un second mandat, lors du prochain congrès prévu en octobre 2016, cette éventualité a plus que du plomb dans l'aile. La question qui se pose de nouveau, après cette nouvelle tempête, est plutôt de savoir si M. Lepaon pourra aller jusqu'au terme de son actuel mandat.  « Il sortira de cette affaire encore plus affaibli, note un dirigeant. Mais le problème, c'est que c'est toute la CGT qui est affaiblie. Cette situation pourra-t-elle perdurer encore deux ans ? » La réponse est à l'évidence négative.

5 commentaires:

  1. J'avais anticipé le présent article.
    Le patron de la CGT a découvert dans la presse le montant des travaux réalisé dans son appartement en location. Voila un point commun avec Sarko, de découvrir les turpitudes de son entourage dans les journaux. Il me tarde de savoir le nom du propriétaire de cet appartement, celui qui a profité des largesses du "peuple" On risque de bien rire, ou pas, dans cette affaire qui ne fait que commencer.
    Gardez moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge. Mr Lepaon pourrez faire sienne de cette devise ,, encore que ses ennemis n'ont pas l'air de le craindre beaucoup.

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  2. ha bon pas dans des banlieues ouvrières?

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  3. selon le Canard, qui relève -entre autres- le prix de la rénovation des toilettes de Thierrry Lepaon: 4453 euros...
    ça pette dans la soie chez ces gens là !

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    1. T'as déjà vu des toilettes en soie, toi ? Rigolo va.

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  4. A tous les cas(ca), notre leader cégétiste David ne remue pas la m..... sur le sujet! Lui qui a pour habitude de déverser sur tout, notre globule rouge est exsangue!!!

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