Froid dans le dos, parce qu'on accuse le gouvernement français (les gouvernements successifs) de ne pas être transparent sur le nucléaire: chasse gardée, lobbys de certaines grandes écoles, d'EDF, d'Areva...dénoncés depuis des années. Faudra-t-il aussi attendre une catastrophe en France  pour enfin savoir ce que l'on nous cache?
Lisez ces silences coupables au Japon..
 | 26.03.11 |
 | 26.03.11 |  Sous-informés par les  autorités, de plus en plus conscients du risque d'une catastrophe dont  ils sont, pour la plupart, dans l'incapacité d'évaluer la gravité, les  Japonais sont désormais d'autant plus inquiets que fait aujourd'hui  surface, à la lecture de la presse et grâce aux témoignages d'experts  nucléaires diffusés sur des chaînes privées de télévision ou sur des  blogs, l'arrière-plan nauséabond de ce drame : la puissance de ce que,  par pudeur, on nomme le "lobby nucléaire".
Un milieu riche et puissant dont le coeur bat au ministère de  l'économie, du commerce et de l'industrie (METI), qui a la haute main  sur la politique nucléaire, et dont les ramifications comprennent la  Fédération des compagnies d'électricité (FEPC), l'Agence de sûreté  industrielle et nucléaire (NISA), les groupes industriels qui  construisent les centrales - Toshiba et Hitachi en tête - et les  opérateurs.
Ce lobby, qui voit d'anciens hauts fonctionnaires des ministères et  agences liés au nucléaire "pantoufler" dans des compagnies  d'électricité, est passé maître dans l'art de verrouiller l'information.  Il finance d'importantes campagnes publicitaires dans la presse et à la  télévision pour assurer que le nucléaire est parfaitement sûr.
L'arrivée au pouvoir, en 2009, d'une nouvelle majorité n'a pas  modifié la donne, car le Parti démocrate du Japon (PDJ) s'appuie sur la  puissante confédération syndicale Rengo, dont l'une des principales  composantes est la branche regroupant les travailleurs du secteur de  l'énergie, très attachée au nucléaire.
Cette collusion à grande échelle entre la haute administration, les  agences de surveillance, les constructeurs de centrales et les  opérateurs fait non seulement taire les oppositions mais aussi évacuer  toute question sur le nucléaire. Ce n'est pourtant pas faute de preuves -  étayées par des documents - de négligences, de mensonges par omission  ou de pures falsifications. Ces agissements s'étaient traduits, en 2002,  par la mise en cause des dix compagnies d'électricité du pays pour  dissimulation d'incidents dès les années 1970, début du nucléaire dans  l'Archipel. La compagnie d'électricité de Tokyo (Tepco), propriétaire et  opérateur des centrales de Fukushima, était la première visée.
S'ajoutent cette fois des témoignages - appelés à être vérifiés et  remis en perspective - d'anciens de Tepco. Mais, pour l'instant, "brutes  de décoffrage", ces révélations font froid dans le dos. Si elles  reflètent la réalité, il apparaît que les opérateurs - Tepco, certes,  mais aussi ses homologues - ont fait passer la rentabilité à court terme  avant l'impératif de sécurité à long terme, ou, dans le meilleur des  cas, n'ont pas suffisamment pris en compte le risque dans un pays à  forte activité sismique et à tsunamis.
Les centrales de Fukushima étaient conçues pour résister à une vague  de 5,5 mètres en prenant comme référence celle qui avait frappé le Chili  en 1956... Les réacteurs ont résisté au séisme et se sont arrêtés  automatiquement, mais le système de refroidissement, insuffisamment  protégé, a cessé de fonctionner. Deux ingénieurs de Toshiba qui ont  participé à la conception de la centrale de Fukushima, cités par le  quotidien Tokyo Shimbun, estiment qu'un "risque trop bas" a été retenu comme base de calcul.
Du bout des lèvres, le ministre de l'économie a reconnu que "lorsque la situation de crise aura été maîtrisée, nous devrons examiner la gestion de Tepco". Certes, mais entre-temps, combien de victimes seront-elles dénombrées ?
Un ancien ingénieur de Toshiba, qui témoigne anonymement, est plus direct : "Ce n'est pas à une catastrophe naturelle que le Japon est confronté, mais à une catastrophe provoquée par l'homme." Un long article du Wall Street Journal  reprend les données exposées par Hidekatsu Yoshi, député communiste et  ancien ingénieur nucléaire, qui a démontré, dans un livre paru en 2010  s'appuyant sur des documents de la NISA, que la centrale de Fukushima  est celle qui, dans tout le Japon, a connu le plus grand nombre  d'incidents, dont une quinzaine d'accidents entre 2005 et 2009, et que  ses employés ont été les plus exposés aux radiations au cours de la  décennie écoulée. Est également pointé le recours, pour la maintenance  des centrales, à des sous-traitants souvent inexpérimentés, qui paient  aujourd'hui un lourd tribut à la lutte contre la catastrophe.
La réaction tardive de Tepco est également mise en cause. "Tepco a pris en compte le danger avec lenteur",  a déclaré un haut fonctionnaire à l'agence de presse Kyodo. Dans les  deux premiers jours qui ont suivi le séisme et le tsunami, le souci de  préserver les équipements semble l'avoir emporté sur la prise en compte  du risque pour les populations.
Les 8 employés d'Areva, entreprise française leader mondial du  nucléaire, qui étaient présents sur le site au moment du séisme, ont  rapidement pris la mesure du danger puisqu'ils ont été parmi les  premiers à partir. Areva n'avait pourtant jamais émis la moindre crainte  sur des risques présentés par les centrales de son client Tepco.
            Philippe Mesmer et Philippe Pons
 
 
CE MIDI POULET DE CHEZ RADS SAUCE BECQUEREL. CE SOIR SOUPE A LA GRIMACE.
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