lundi 28 mars 2011

L'agenda 21 met du vert dans le quotidien (3)

Le Monde Magazine 25/3/2011

Chassez le naturel, il revient au galop ? La vérité est que le développement durable est devenu un enjeu essentiel dans la politique en général et dans la gouvernance locale en particulier. François Goulard, ancien ministre du gouvernement Villepin et maire (UMP) de Vannes, ne pensait pas que son hégémonie régionale pourrait être remise en cause lorsqu'il y a deux ans les édiles du cru ont dû nommer le président du nouveau Parc régional naturel du golfe du Morbihan. Surprise : c'est le turbulent maire – et écolo de la première heure – de la petite commune de Saint-Nolff qui fut élu à sa place ! Joël Labbé porte une veste en cuir et de longs cheveux gris. Une gueule de barde breton. A Saint-Nolff, cet enfant du pays, fils d'agriculteur, entré en 1977 au conseil municipal, a fait inscrire sur la façade de l'hôtel de ville : "Commune du monde""Un truc proposé à la fin de la guerre par les surréalistes dont les principes étaient pionniers par rapport à l'agenda 21 : respect de la vie sur la planète, ouverture au monde, mondialisation et humanisme…"


Epinglée à côté de son bureau, cette citation apocryphe : "Il n'est pas obligatoire d'être fou pour travailler ici, mais ça aide." Inspiré par la candidature de René Dumont à la présidentielle de 1974, il a créé sa liste municipale en 1995. "Une fois élu, nous avons d'abord montré que nous savions gérer – l'assainissement, les routes, les budgets… Puis nous avons pu donner à la ville une orientation inhabituelle." Saint-Nolff a banni les OGM, lancé un programme d'énergies renouvelables et créé un festival de rock qui rassemble chaque année plus de 20 000 personnes. Et Joël Labbé a toujours été réélu depuis. "Pourtant, en 2004, sans opposition au conseil municipal, j'ai eu le sentiment qu'on patinait, qu'on n'innovait plus. C'est là que j'ai pensé à l'agenda 21."
Son projet phare : la construction d'un éco-quartier. Quatre ans de travail pour monter le dossier. Des venelles sans voitures, des maisons qui économisent l'énergie, des chauffages solaires et la récupération des eaux de pluie. Des prix bas et quelques logements sociaux. Et pour mettre tout cela en place, un plan local d'urbanisme drastique et des terrains agricoles constructibles achetés à des tarifs modérés. "Certains disent “C'est stalinien !” ; moi je réponds : on est là pour défendre l'intérêt public. Ici, explique-t-il avec ce mélange d'assurance et de timidité qui le caractérise, on fait de la politique ! Ce n'est pas un gros mot !"
Sous ses énormes sourcils broussailleux, Jean-Claude Pierre dégage une énergie incroyable malgré ses 73 ans. "Il n'y a pas de prêt-à-porter du développement durable,Chaque communauté doit élaborer son propre modèle. On ne gagnera pas les uns contre les autres. Nous avancerons par la pratique, pas par le discours. Le mouvement se fait en marchant." Et de citer ce "vieux proverbe chinois" qui lui tient à cœur : "J'entends, j'oublie. Je vois, je retiens. Je fais, je comprends." martèle-t-il. 

CHANGER LES COMPORTEMENTS
C'est à Jean-Claude Pierre que le maire de Saint-Nolff a fait appel pour mettre en place son agenda 21. L'homme est une figure du mouvement environnementaliste. En 1969, il a créé l'association Eaux et rivières de Bretagne pour protester contre l'installation d'un élevage piscicole industriel. "J'ai commencé par m'intéresser au saumon, puis des saumons, je suis passé à la rivière, de la rivière au bassin versant, du bassin versant à l'homme… Et puis, au bout de quelques années de combats, nous avons compris que la contestation du modèle productiviste ne pouvait pas se limiter aux démarches contestataires, qu'il nous fallait aussi être une force de proposition. Nous avons alors créé Nature et culture, parce que ce qui peut nous faire changer de paradigme, ce n'est pas l'économique ou le financier, c'est le culturel, c'est l'esprit, j'oserais même dire, c'est le spirituel."
Militant infatigable, il donne aujourd'hui deux ou trois conférences par semaine dans des collèges, des universités, devant des associations, des élus, des chefs d'entreprise et, avec son association Nature et culture, anime une dizaine de démarches agenda 21. Pour le Finistère, il a formé tous les agents du département. "Ce n'est pas seulement une histoire d'écologie. L'environnement nous oblige à repenser les solidarités. Avec nos semblables, avec les générations futures, avec le vivant en général."
Alors que Jean-Claude Pierre fait visiter Lorient, ville pionnière dans la gestion de l'eau dès le début des années 1980, il arrête sa modeste voiture devant une cité HLM du port, rénovée il y a quelques années par l'architecte Roland Castro : "Vous ne remarquez rien ?" Euh… Ben… Euh… "Mais les graffitis, voyons ! Les graffitis ! Il n'y en a pas un seul… Si les gens aiment leur immeuble, l'endroit où ils vivent, ils ne le détériorent pas…"

Toujours en recherche, toujours persuadés qu'il faut partir du particulier pour aller au général, faire bouger la base pour ébranler les hautes sphères, les militants bretons travaillent aujourd'hui à mettre au point un "agenda 21 des familles". Avec Internet comme moyen de s'autodiagnostiquer et la remise en question individuelle pour nécessité absolue. "Le citoyen ne peut pas demander à l'élu d'être vertueux si lui-même ne l'est pas. Nous n'arriverons pas à changer notre modèle de développement si le Breton moyen ne change pas son comportement. Et c'est notre travail de l'accompagner dans cette démarche."

Dans le train qui me ramène vers Paris, je me demande si je suis bien agenda 21. Si je suis assez solidaire, impliqué socialement, concerné par l'état du monde, et si ma gouvernance personnelle ne manque pas de transversalité. Promis, dès la semaine prochaine, je me fais une réunion avec moi-même.

Laurent Carpentier

Fin

2 commentaires:

  1. facon semble découvrir l'état de son secteur.il est temps,c'est la premiere fois qu'il le parcoure,devant la montée inéxorable du F.N.,qu'il a mis au monde et engraissé dans sa circonscription!!.
    alors plus que jamais,pour la prochaine députation :
    T.S.F.

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  2. pour ces cantonales,alors que la partie ayant votée, n'est pas la plus favorable au F.N.
    BRIOIS fait 1523 voix.
    et le P.S. 1421.

    j'ai l'impression que les 317 voix de ferrari ,obtenues au 1é tour vont etre utiles en 2014.
    plus que les 45 de PIRRET.

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