dimanche 2 octobre 2011

Faut-il supprimer le mot "Mademoiselle"?


C'est le nouveau cheval de bataille de l'association Osez le féminisme : le retrait de la case "mademoiselle" dans les formulaires administratifs. "Ça peut paraître un détail, mais c'est très symbolique des inégalités, explique Julie Muret, membre de l'association. Cela oblige la femme à exposer une situation personnelle et familiale." Elle note également "la connotation condescendante" du terme, alors que les hommes n'ont pas à choisir entre "monsieur" et "damoiseau", voire "jeune puceau".

La campagne, lancée mardi 27 septembre, conjointement avec les Chiennes de garde, vise à éliminer cette terminologie dans toutes les démarches administratives et privées. Les femmes sont encouragées à exiger un "madame" dans leurs correspondances, même si elles ne sont mariées. Car, comme le précisent les organisations à l'origine de cette campagne, le choix entre "madame" et "mademoiselle" relève uniquement de l'usage et non pas de la loi. "Le 'mademoiselle' n'a aucune valeur légale", confirme  Laurence Waki, auteure du livre Madame ou mademoiselle ?
Depuis 1972, plusieurs lettres ou circulaires ont demandé la suppression de cet usage très français – l'Allemagne a abandonné la distinction, et le mot "Fräulein" n'est quasiment plus utilisé, note Julie Muret – mais toutes sont restées sans effet.
"Je ne vois pas pourquoi on fait ce distinguo, qui n'a plus aucun sens", regrette Brigitte Grésy, auteure d'un Petit traité contre le sexisme ordinaire, qui épingle les comportements quotidiens qui "infériorisent les femmes". Et même si elle reconnaît volontiers que cette question est "moins importante que les écarts de salaires, les violences ou les difficultés d'accès à l'avortement", elle n'est pas seulement un simple détail : "Le langage reflète la réalité du monde", insiste cette militante pour la féminisation des métiers. "Implicitement, on vous dit que vous n'êtes pas finie tant que vous n'êtes pas mariée", conclut Laurence Waki.

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