jeudi 6 septembre 2012

Le retour de Mélenchon à Hénin-Beaumont


AA: Il était plus juste que l'on parle de la circonscription et non d'Hénin-Beaumont...Mais c'est plus "vendeur" ainsi. Je ne suis pas sûr que l'intention de JLM était uniquement de parler du traité européen...N'oublions pas, en effet, qu'il se pourrait que l'élection de P. Kemel soit annulée... Mais chut!


Rouges et verts

Ce blog a pour objet de suivre les écologistes et la gauche de la gauche au sens large, non seulement les partis traditionnels (PCF, PG, NPA, LO...) mais aussi les différents mouvements qui gravitent autour. Raphaëlle Besse Desmoulières, journaliste au Monde.

06 septembre 2012

Jean-Luc Mélenchon est-il toujours en campagne ? A le voir, jeudi 6 septembre, arpenter le marché de Libercourt (Pas-de-Calais), serrer les mains des commerçants et s'enquérir de l'âge des enfants, on aurait pu le croire. "Les élections sont finies !", lui rappelle pourtant un commerçant. "Je démarre ma campagne contre le traité européen !, répond l'ex-candidat aux législatives, également tête d'affiche d'une réunion publique le soir à Oignies après un détour par Hénin-Beaumont. Ici, c'est une des circonscriptions où le plus de gens ont voté 'non' [en 2005 lors du référendum sur le traité constitutionnel européen]. Ça tombe bien !"

Le député européen assure ne pas vouloir s'implanter dans cette 11e circonscription du Pas-de-Calais mais tenir une promesse faite au lendemain de sa défaite, celle de revenir y donner "un coup de main". "Il faut utiliser l'énergie de la campagne législative", explique-t-il. Une campagne qui fut selon lui, malgré sa défaite contre Marine Le Pen, un "succès politique" mais dont il affirme tout de même garder les "brûlures et des cicatrices" d'une "bataille cauchemardesque" : "lettres anonymes et anciens amis qui vous poignardent dans le dos"...

"Ça fait quoi de revenir ?"

"Ça fait quoi de revenir ?", lui lance une dame. "Ça fait plaisir... Ça fait plaisir", répond-il sans plus d'enthousiasme. Tracts à la main, il fait la pub pour la manifestation qu'organise le Front de gauche en faveur d'un référendum sur le traité budgétaire européen, qui doit être soumis à ratification début octobre. "Il semblerait qu'on puisse avoir une manifestation qui inclut une partie du mouvement social", s'était félicité un peu plus tôt M. Mélenchon, dans le train qui l'emmenait à Lille. Initialement prévue le dimanche 30 septembre, la date pourrait finalement changer suite à une réunion du Front de gauche mardi à Paris avec Attac, la Fondation Copernic ou encore des syndicats comme la CGT.

Le samedi 29 septembre est désormais évoqué, même si le Front de gauche estime que l'initiative pourrait alors entrer en concurrence avec la manifestation qu'organisent ce jour-là les salariés de PSA. "Mais on n'en fera pas un casus belli", indique-t-on dans l'entourage de M. Mélenchon. Car l'objectif est bien de reconstruire le front du "non" de 2005. "La CGT et de la FSU doivent donner leur réponse dans la semaine", glisse d'ailleurs M. Mélenchon, qui évacue d'un revers de la main cet éventuel changement de dernière minute : "La date n'est pas un enjeu !" Mais à moins d'un mois de l'événement, dans un calendrier aussi serré, une telle décision pourrait compliquer une tâche que les organisateurs savent déjà difficile. Surtout quand certains, comme le Parti de gauche, ont déjà imprimé des tracts avec la date du 30 septembre.

"Bande de boy-scouts"

En remontant le marché de Libercourt, M. Mélenchon ne manque pas de glisser un mot sur ses anciens camarades socialistes. Il avait déjà tiré une première salve dans le train sur la "bande de boy-scouts" envoyés à l'université d'été du Medef. "On ne tire pas les moustaches du tigre quand on n'a pas les moyens de le faire rester dans sa cage", avait-il lâché en direction du ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg dont le Medef cherche, selon lui, "à avoir la peau". Sur le traité budgétaire, le député européen, qui a indiqué vouloir se représenter en 2014, estime que les socialistes "n'ont pas renouvelé leur vocabulaire". Quant à la gauche du PS, elle a aussi le droit à une petite leçon de morale pour ne pas venir manifester à ses côtés. "Qu'est-ce que c'est qu'une position qu'on ne défend pas ?, s'est-il exclamé. Quel est le risque d'aller dans la rue ? Se faire gronder ?"

Quant à Marine Le Pen, qui est également favorable à un référendum sur le traité européen, M. Mélenchon a pris le soin de bien différencier sa position de la sienne. D'autant que quelques minutes plus tôt, il avait lâché une phrase devant les caméras qui pouvait prêter à confusion en expliquant que demander un référendum, est une "position plus honorable que de faire campagne avec l'UMP comme le PS". "C'est le débat de 2005 : il y a deux non et deux oui, explique-t-il. Il y a une compétition entre le non de gauche, qui est social, et le non d'extrême-droite qui est nationaliste. A qui le grand nombre des ouvriers et des salariés vont-ils faire confiance ? C'est la question."

Si les habitants de Libercourt ne refusent pas son tract "Oui à la souveraineté du peuple français, non au traité Merkel-Sarkozy", peu d'entre eux semblent s'y intéresser. Certains n'ont même jamais entendu parler du traité. "Les gens sont dans l'expectative, c'est compliqué, reconnaît M. Mélenchon. C'est un texte abscons, c'est fait pour qu'on y comprenne rien." Il estime être le seul à faire un travail d'éducation populaire et sort à cette fin, à l'occasion de la Fête de l'Humanité, qui se tient les 14, 15 et 16 septembre à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), un petit livre de vulgarisation, L'Europe austéritaire.

"J'ai bien compris ce matin que le traité, ça passe à dix kilomètres de la tête de tout le monde, finit-il par lâcher. Par contre, ce qui ne leur passe pas au-dessus de la tête, c'est qu'ils ne sont pas contents. La manif va aussi cristalliser ça. Moi, je trouve ça logique que les gens qui ne sont pas contents, par exemple à cause d'une fermeture de classe, manifestent aussi contre l'austérité." S'il refuse toujours le terme d' "opposant" au gouvernement, revendiquant celui d'"ayant-droit" de la victoire, cela commence pourtant fort à y ressembler.

2 commentaires:

  1. Contre le traité, certes...Mais mandat de député européen qui lui ramène de belles indemnités $$$ !

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  2. Je crois que vous n'avez pas bien compris...JLM n'est pas contre l'Europe, mais contre les réformes contenues dans le traité proposé.
    De plus, il touche les mêmes indemnités qu'un parlementaire français.
    Je ferai une explication de ce traité car, comme le disait JLM aujourd'hui, peu comprennent ce texte certes très complexe. mais ce n'est pas une raison pour dire n'importe quoi...

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