«Certaines digues intellectuelles et morales ont été franchies.» Ainsi la Voix du Nord décrivait-elle, dans son édition du 19 janvier, l’attitude de la mairie FN de Hénin-Beaumont à son égard. Déjà fraîches après la victoire de Steeve Briois au premier tour des municipales de 2014, les relations sont particulièrement tendues depuis quelques mois. «Nous ne sommes plus invités aux événements municipaux, nous ne recevons plus les informations d’état civil, nous n’avons plus de table dans la salle du conseil municipal et on ne nous communique plus le programme de celui-ci…» énumère Pascal Wallart, qui couvre l’actualité de la commune pour le quotidien régional.
Côté Front national, on assume tranquillement ces mesures vexatoires : «On a décidé de ne plus bosser avec eux, de ne plus les traiter comme un média ordinaire, confirme Bruno Bilde, adjoint de Steeve Briois et chargé de la communication. Le point de non-retour, c’est lorsqu’ils ont fait trois unes pour appeler à nous faire battre lors des dernières régionales. Désormais, nous les traitons donc comme des adversaires politiques. Je ne leur file plus aucune information, sauf cas extrême.» Bruno Bilde multiplie également les droits de réponse dans le quotidien : «C’est presque un job à plein temps, un combat quotidien.» Ces mauvaises relations ne datent pas d’hier : «Pascal Wallart est au journalisme ce que la pornographie est à l’amour», écrivait dès 2009, sur son blog, un Briois encore opposant municipal.
A l’ostracisme aujourd’hui pratiqué par l’équipe frontiste s’ajoutent de nombreuses prises à partie. En février, le journal municipal Hénin-Beaumont, c’est vous ! consacrait même sa une à la Voix du Nord, accusée - sur la base de propos sortis de leur contexte - d’avoir «insulté» les habitants de la ville. Dans le magazine, une page est même consacrée à des attaques ad hominem visant Pascal Wallart, qualifié de «larbin» et de «militant» . Le ton est encore plus virulent sur la page Facebook «la Voix d’Hénin», manifestement favorable à la majorité FN, qui moque le «gros Wallart» et prétend révéler le «pacte secret» entre la Voix du Nord et l’opposition. «Cette attitude est contre-productive pour eux, s’étonne le journaliste. Car le résultat, c’est que l’on ne couvre plus l’actualité politique de la ville. Ils font sans doute des choses très bien, mais on ne les voit plus et le maire n’apparaît plus en photo. Ils auraient intérêt à afficher leur sérénité, plutôt que de fonctionner à la trique.»