lundi 3 février 2014

L'écologie politique 30 ans après : grave, grave !

Noël Mamère,  ex-EELV, puisqu'il a démissionné de ce parti, revient sur son blog (voir ci-dessous) sur les abandons de leurs principes fondamentaux par les Verts. Aujourd'hui, malheureusement, force est de constater que le parti écologiste a bradé la mise en œuvre de ses idées pour garder 2 ministères et des places réservées de parlementaires. Ce constat est valable dans les régions et les intercommunalités où la désertion d'EELV est aussi visible. François Hollande est, non seulement un social-démocrate déclaréé, mais il assume plus qu'avant son insensibilité à la réalité écologique. Seuls comptent les résultats des élections de 2014 et 2015  (et, bien sûr, de la présidentielle de 2017), préoccupation qui est partagée par ses alliés écologistes.

Faute de réaction ces derniers mois, EELV a enterré l'espoir des citoyens qui croyaient que le parti écologiste avait la possibilité de faire fléchir les productivistes. EELV s'est progressivement "prgisée"... et est devenue un parti d'élus n'ayant en tête que leur réelection...

 

 Ecolos : « René Dumont, reviens, ils sont devenus mous ! »


Noël toute l’année. Le blog de Noël Mamère. Député de Gironde
Publié le 28/01/2014 


C’était il y a trente ans, le 29 novembre 1984 à Clichy. Les Verts naissaient de la fusion de deux groupuscules et commençaient à s’installer dans le paysage politique français.
Trente ans plus tard, en 2014, il n’est plus question de célébrer cet anniversaire sous les lampions tant nous prendrions le risque du ridicule devant notre électorat, qui va de déception en déception devant l’absence de résultats de ce gouvernement.
Chaque semaine qui passe apporte en effet son lot de mauvaises nouvelles pour l’écologie. Nous avons vu ces derniers jours la Commission européenne refuser tout engagement contraignant à l’objectif, déjà très faible, de réduction des gaz à effet de serre d’ici à 2030.

La course aux gaz de schiste est ouverte

D’ailleurs, le président du comité énergie de l’association Business Europe se réjouissait de ce résultat, considérant qu’il marquait un changement de paradigme avec le précédent paquet énergie-climat « qui nous amenait droit dans le mur ». Plus de contraintes non plus pour l’utilisation des énergies renouvelables. Elles devront atteindre 27% en 2030, mais sans obligation de résultats pour les 28 pays de l’Union.
Et la Commission déclare officiellement ouverte la course aux gaz de schiste, en dégageant de toute contrainte les pays qui souhaitent exploiter cet hydrocarbure. Ainsi, des Etats comme la Pologne – qui ont exercé de fortes pressions sur la Commission, à l’instar de la Grande-Bretagne – sont-ils juste invités à s’assurer que les mesures en matière de protection de l’environnement sont conformes à quelques principes minimaux communs.
La politique de l’offre productiviste bat son plein. La France s’est-elle opposée à cette politique de la Commission ? Rien n’est moins sûr. Déjà, le 10 décembre dernier, les députés PS au Parlement européen, encouragés par les ministres Frédéric Cuvillier et Jean-Yves Le Drian, avaient fait le forcing pour refuser l’interdiction du chalutage en eau profonde.
Quelques jours plus tôt, en Conseil européen, la France avait cédé devant l’Allemagne en actant l’abandon du renforcement des normes d’émissions des véhicules automobiles… Mais cette politique de soumission face aux lobbies de Bruxelles n’avait-elle pas commencé avec la signature du pacte de stabilité, le TSCG, contrairement aux engagements de campagne de François Hollande ? N’est-ce pas à ce moment-là que nous aurions dû sonner le tocsin ? 

L’après-Sarkozy : 18 mois de régression ?

La réalité oblige à dire que le gouvernement Ayrault présente un bien piètre bilan en matière d’écologie. Le site Reporterre de Hervé Kempf dresse chaque jour une liste impressionnante de ces petites et grandes mesures qui détruisent non seulement l’environnement mais encore l’espoir que nous avions de changer de cap après Sarkozy. Dix-huit mois qui ressemblent fort à une régression : pas de traduction concrète des conclusions de la conférence environnementale – dont on avait d’ailleurs exclu les ONG spécialistes de la santé – mais l’exaltation de la « compétitivité des entreprises », de la croissance pour la croissance.
Le ministre du Redressement productif ne rappelait-il pas ces jours derniers, avec un certain mépris, qu’il y a peut-être un ministre de la biodiversité, Philippe Martin , mais que les choses sérieuses, comme l’énergie, sont l’affaire du Président… Et de lui même, véritable ministre de l’Ecologie ! Celles qui, comme mesdames Bricq et Batho, ont voulu s’opposer courageusement à des mesures anti-écologiques notoires, comme l’interdiction du moratoire sur le forage pétrolier dans la mer de Guyane ou la baisse drastique du budget de l’écologie, ont été remerciées.
Philippe Martin, lui, ne dérange pas. Il assume. Depuis ses effets d’annonce à l’université d’été d’EELV, en août dernier, qui le firent applaudir à tout rompre par des militants bien naïfs, il joue plutôt au fantôme de l’écologie. Jugez vous-même : depuis mai 2012, au nom du choc de simplification, les normes ont été assouplies pour faciliter la construction de projets comme ceux de l’autoroute A831, entre Rochefort et Fontenay-le-Comte, en plein marais poitevin. Coût : 1,5 milliard d’euros. Et ce n’est pas fini.
Selon le rapport Duron, huit nouvelles autoroutes sont prévues. Sans compter les grands projets inutiles, tels que la ligne Lyon-Turin et l’aéroport de Notre- Dame-des-landes. Et que dire de l’autorisation de circulation des poids lourds de 44 tonnes, par un décret de décembre 2012, de la hausse de la TVA dans les transports collectifs, du refus de relever la taxation du gazole au niveau de l’essence , de la suspension de l’écotaxe, sine die, décidée sans « contrepartie », de la fiscalité écologique encore dans les limbes ? 

Hollande joue au VRP du nucléaire

Où est « l’agro-écologie » vantée par notre ministre de l’Agriculture ? Dans le « pacte d’avenir » pour la Bretagne, qui renforce l’agriculture industrielle fondée sur des exportations subventionnées ? Dans le maintien des autorisations d’épandages de pesticides par hélicoptère, sur décision préfectorale ? Dans le rétablissement des aides financières aux retenues d’eau agricole ? Dans les autorisations d’extension de porcheries industrielles ?
Quant au nucléaire, François Hollande ne s’est jamais senti lié par l’accord signé avec EELV. Il a lui-même décidé de l’avènement rapide des réacteurs de quatrième génération, dont le projet « Astrid » (en coopération entre le CEA et Bouygues). Il s’est par ailleurs empressé de soutenir la politique d’Areva, en France comme au Niger, de jouer au VRP du nucléaire partout dans le monde, comme son prédécesseur. Quant à la fermeture de Fessenheim, elle est toujours à l’état de promesse.
Les écologistes sont donc considérés comme quantité négligeable. Lorsque leurs propositions de loi ne sont pas purement et simplement rejetées, comme ce fut le cas de la lutte contre l’obsolescence programmée, elles sont sérieusement amendées, comme ce fut le cas la semaine dernière, à l’Assemblée, avec la proposition de loi relative aux ondes électromagnétiques…
La ministre du Logement est également mise en difficulté lorsque le gouvernement baisse pavillon devant le lobby de l’immobilier, en cédant sur l’obligation de la garantie universelle des loyers, ou lorsque des mesures sur l’urbanisme permettent de déroger à la mise en compatibilité des schémas d’aménagement, Scot, Sdrif, DTA, etc. Pour pouvoir construire plus vite et avec moins de formalités. De même, l’absence dans la loi Alur de tout engagement contraignant contre l’artificialisation des terres met à mal la notion d’égalité des territoires. Même si le renforcement de la loi SRU ou les économies d’énergies grâce à la rénovation thermique des logements, sont des avancées notables, en terme politique l’addition risque d’être lourde à la fin.

Massacre de l’écologie

Je ne parlerai pas ici des autres mesures prônées par l’accord PS-EELV, telles que la loi bancaire et la taxe sur les transactions financières, appliquées à minima, des Roms dont a doublé les expulsions, du droit de vote dans les élections locales pour les étrangers non communautaires, des interventions militaires à répétition en Afrique pour protéger les populations, certes, mais aussi les intérêts de Total, Bolloré et autre Areva… La liste apparaît comme interminable, pourtant, le jeu de massacre de l’écologie risque de continuer.
La loi sur la transition énergétique et la révision du code minier pourraient être les prochaines étapes de ce chemin de croix. Les dirigeants socialistes se fichent comme d’une guigne de leurs partenaires. Ils sont persuadés que les groupes parlementaires écologistes se coucheront de nouveau quand il s’agira de voter la confiance et d’avaliser le pacte de responsabilité. Ils ont sans doute raison. Dès lors, on comprend pourquoi l’heure n’est pas à la fête pour les écologistes. René Dumont, reviens, ils sont devenus mous !

4 commentaires:

  1. Vous avez raison, les verts ne sont là que pour trouver des places à tous les niveaux, gouvernemental , régional , municipal etc...... pas de honte mais surtout aucun travail contre l'environnement .

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  2. Les élus "verts" ne veulent surtout pas perdre leurs privilèges. Alors, la préservation de l'environnement pour les générations futures, ils s'en moquent!
    Idem pour leurs comparses , les barons pseudo-socialos qui ont définitivement enterré l'idéal de Blum et Jaurès! Les idées, le respect des électeurs: au placard! Dès le résultat des élections connu: adieu, belles promesses!Il est grand temps que les électeurs français se réveillent et virent tous ces prometteurs de beaux jours...
    Municipales, européennes, n'ayons pas la mémoire courte et votons pour ceux qui défendront vraiment les intérêts des travailleurs. Ne soyons plus dupes!
    A ce propos,: la semaine, j'ai cru reconnaître à la Télé, notre "bon député européen" JL Cottigny (Monsieur Légion d'Honneur), aux côtés de son compère, C. Dupont que tous les Arrageois connaissent bien. Savez vous qui ils allaient "soutenir"? Leur grand"camarade" militant CFDT qui vient de trahir les siens (licenciés en masse, merci à M; le président du changement c'est maintenant") en acceptant d'être la tête de liste des socialos dans le grand Est! Que venaient faire les 2 compères à ses côtés? Lui apprendre, comment après avoir trahi ses camarades de lutte, on peut trahir tout un peuple?
    Peuple français, il est temps de te réveiller! Sinon, de gros nuages noirs amèneront sur notre pays le mal que nos pères et grands- pères voulaient voir disparaître à jamais: la peste brune !

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    1. "votons pour ceux qui défendront vraiment les intérêts des travailleurs" et pour ceux qui défendent l'environnement pour les générations futures. C'est très lié tout cela...Sans vie possible sur terre, plus de travailleurs !

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    2. C'est exact, on pense ce qu'on veut des élus eelv (quelquefois cela tient en un constat, bien désabusé, mais qui n'en reste pas moins objectif).
      Mais il ne faut pas pour autant "jeter le bébé avec l'eau du bain".
      L'écologie politique est plus nécessaire que jamais quand les traçabilités en tous genres sont brouillées par la mondialisation.
      Cette servilité des quelques écolos qui émergent aux plus hautes responsabilités fait un tort considérable à la crédibilité du mouvement.
      Et c'est "grave, grave", en effet!

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