1- Mensonges sur le laxisme de la justice (repris par le site Désintox et relayés par différents médias)

- Christiane Taubira a facilité l’évasion de 236 détenus en permission, soit près d’un par jour, depuis le début de l’année.

Ce nombre d’évasions, suite à des permissions pour les détenus, est pourtant loin d’être exceptionnel. Au 7 octobre, elles représentent un peu moins de 0,6 % des quelque 40 000 permissions accordées depuis le 1er janvier. Un chiffre équivalent à ceux de 2011, lorsque Rachida Dati, ex-UMP et aujourd’hui députée européenne LR, était ministre de la Justice, et de 2012.
Par ailleurs, la législation en vigueur concernant les permissions de sortie date de 2004. La loi du 9 mars, portée par le garde des Sceaux de Jacques Chirac, Dominique Perben, inscrivait à l’article 723-3 du Code de procédure pénale la possibilité pour «un condamné [de] s’absenter d’un établissement pénitentiaire pendant une période de temps déterminée». Taubira n’y a pas touché depuis son arrivée à la Chancellerie, en 2012. En outre, le nombre de permissions accordées chaque année a plutôt baissé sous le quinquennat de François Hollande. En 2013, on comptait par exemple 55 302 permissions accordées, contre une moyenne légèrement supérieure à 58 000 sur les années Sarkozy.

- «Dans aucune autre démocratie vous ne trouverez un juge d’application des peines (JAP) qui peut dénaturer la peine prononcée initialement par tribunal…» (Georges Fenech, député LR du Rhône, secrétaire national Les Républicains en charge de la justice, sur LCP et magistrat)
Le juge d’application des peines peut bien décider de convertir des peines en travail d’intérêt général ou en jours-amendes, mais, seulement si celle-ci est inférieure ou égale à six mois, comme le prévoit l’article 132-57 du Code pénal.
En revanche, cette peine de deux ans pourra bien être aménagée en semi-liberté ou port d’un bracelet électronique (comme prévu à l’article 723-15 du code pénal), à la condition que le condamné ne soit pas récidiviste.  Là encore, le cadre législatif (loi du 9 mars 2004, dite «Perben II», et loi pénitentiaire du 24 novembre 2009) a été mis en place sous des gouvernements de droite.

- «Il faut supprimer les remises de peine automatiques pour que les délinquants, comme en Allemagne, se voient appliquer au moins les deux tiers de la peine prononcée» (Nicolas Dupont-Aignan)

Nicolas Dupont-Aignan oublie d’apporter quelques précisions. Cette règle ne concerne, de manière systématique, que les récidivistes. Un détenu allemand condamné pour la première fois peut envisager une libération conditionnelle après avoir purgé la moitié de sa peine, si sa condamnation n’excède pas deux années. 

- «100 000 peines de prison ferme ne sont pas exécutées ! 100 000 parce qu’il manque des places de prison !» (Eric Ciotti)

Il ne s'agit pas d'un stock de peines qui ne seront pas exécutées. Et ce n’est pas la surpopulation carcérale, par ailleurs bien réelle, qui paralyse leur exécution.

Les peines les plus courtes mettent souvent plusieurs mois avant d’être effectivement appliquées. D’où un stock de condamnations en attente de traitement qui «ne doit pas être considéré comme un volume inerte de peines "jamais exécutées"», soulignait une étude du ministère de la Justice en novembre 2013, mais relève du cours normal de la procédure pénale. Le juge estime en effet souvent qu’il n’y a pas urgence à incarcérer le condamné : selon la Chancellerie, un tiers seulement des peines d’emprisonnement ferme prononcées entraînent une incarcération le jour de l’audience. Dans ce cas, soit le prévenu est écroué à l’issue de sa comparution immédiate via un mandat de dépôt, soit il comparaît déjà détenu et est maintenu en détention après sa condamnation. Les 70 % des peines de prison restantes, les plus courtes, connaissent un délai de mise à exécution.
Ces petites peines prennent plus longtemps à être traitées, car elles sont souvent susceptibles d’être aménagées. La plupart d’entre elles ne seront d’ailleurs jamais exécutées derrière les barreaux. Pour les peines inférieures à deux ans, la loi pénitentiaire de 2009 portée par Rachid Dati prévoit en effet la saisine d’un juge d’application des peines (JAP), qui peut décider d’un remplacement de la peine de prison par un aménagement de peine (travaux d’intérêt général, bracelet électronique, semi-liberté…). 
D’autres facteurs peuvent enfin ralentir la mise à exécution des peines d’emprisonnement ferme, par exemple si le condamné doit être transféré vers une autre juridiction ou qu’il ne répond pas aux convocations de la justice et qu’il doit être recherché par la police.

2- Trois mensonges de Florian Philippot en une seule déclaration

Invité de l’émission BFM Politique dimanche 18 octobre, le vice-président du Front national Florian Philippot a prophétisé l’arrivée menaçante de centaines de milliers de migrants vers la France dans les années à venir. Selon lui, «une fois que ces 800 000 ou un million sont régularisés en Allemagne, ils ont parfaitement la possibilité de venir librement en France». 3 mensonges, donc :
- le nombre de migrants : il s’agit de personnes qui postulent pour une régularisation.  Parmi les personnes qui ont fait une demande d’asile entre janvier et septembre 2015 en Allemagne, 37,6% ont obtenu le statut de réfugié. Les autres sont renvoyés à plus ou moins brefs délais, suivant la nationalité.
- les migrants (notamment syriens) préfèrent en grande majorité aller en Allemagne. La France n'a plus beaucoup la côte à travers le monde. Faut dire que l'image de racisme et de xénophobie véhiculée par l'extrême droite en est la principale raison !
un réfugié ayant un titre de séjour en Allemagne peut certes se rendre en France (ou dans tout autre pays de l’espace)… mais pour une durée de trois mois seulement. Au-delà de ce délai, il y devient irrégulier et doit être renvoyé en Allemagne. 
La France ne sera donc pas envahie. Mais ces mensonges proférés sur une radio très écoutée laissent des traces chez ceux qui ne sont pas informés.

3- Le mensonge de M. Le Pen

La Voix du Nord a comparé les propositions des candidats aux Régionales en matière de transport. 
MLP veut "rendre le train attractif et populaire" et, pour cela, elle mobilisera d'"importants moyens humains et financiers". A côté du ferroviaire qui retient l'attention de tous les candidats (et pour cause, c'est une compétence du CR), elle est la seule à vouloir mobiliser de l'argent sur les routes : "Nous accompagnerons la rénovation des routes". " La Région épaulera les départements et l'Etat dans leur rénovation et modernisation". Pourquoi la seule ? Parce que ce n'est pas une compétence de la Région (mais celle des départements et de l'Etat)! Incompétence ou tromperie ? Si j'écarte la première hypothèse (et pourtant...), il s'agit de pure démagogie mensongère, les Français restant très attachés à leur voiture, les caresser dans le sens du poil est une duperie à dénoncer. Dépenser beaucoup d'argent pour les routes, comme promis, c'est en dépenser moins ailleurs (formation, lycée, environnement, développement économique, agriculture... On n'en saura, bien entendu, rien). D'autre part, rappelons que la Région est engagée dans une politique de développement durable et, en matière de transport, elle accompagne les transports collectifs, en particulier le ferroviaire. Cet engagement est accompagné par les politiques européennes, mais il est vrai que la député européenne, M Le Pen, est trop peu présente à Bruxelles pour être au courant. Pourtant la candidate à la présidence de la Région devrait savoir, elle... Incompétence ou duperie ?