mercredi 27 juin 2012

Le point de vue du Nouvel Obs


Le 27/6/2012

La direction du parti a mis sous tutelle la direction de la fédération du département, à cause de "dysfonctionnements lourds".

La rose socialiste a décidé de se mettre un peu à l'ombre dans le Pas-de-Calais. La direction du parti a annoncé la mise sous tutelle des instances de direction de la fédération départementale après avoir constaté des "dysfonctionnements lourds de sections dans une partie du département". Le couperet est tombé à l'issue du Bureau national mardi. La rue de Solférino veut reprendre la main sur sa "fédé 62".


La décision intervient après la parution d'un rapport de la commission présidée par Alain Richard (disponible sur le site de "la Voix du Nord") qui était chargée d'enquêter sur place. Selon le communiqué publié par le PS, le rapport "note avec force l’incapacité de la direction de la fédération à faire respecter les règles du Parti, tant en ce qui concerne le débat démocratique, le fonctionnement des sections, les désignations des candidats, la parité, la diversité, les accords avec les partenaires..."

"un mal nécessaire"

Pour Pierre Ferrari, dissident socialiste à Hénin-Beaumont, en guerre avec la fédération, c'est une première victoire : "Après 4 ans de combat, le rapport confirme le bien-fondé de notre lutte. Il faut faire le ménage. C'est un mal nécessaire. Il est indispensable d'en passer par là." De nombreux militants avaient quitté le PS à la suite de plusieurs scandales de corruption impliquant le maire d'Hénin-Beaumont Gérard Dalongeville. La situation du PS local a profité notamment au FN qui s'est implanté dans la ville du bassin minier. "La direction s'est rendu compte que partout où le PS a fauté, le FN a progressé", juge Ferrari.


Ceux qui dénonçaient à l'époque un système malsain à la tête du PS local jubilent aujourd'hui. "Le rapport prouve qu'il y a un système anti-démocratique, où le despotisme règne à la tête de la fédération", estime Ferrari.


Pour Alain Alpern, autre dissident local qui tient un blog sur le sujet, "il semble que les têtes de la fédération vont tomber. C'est un désaveu pour Catherine Génisson, la première fédérale. Et ensuite c'est Daniel Percheron (président de la région Nord-Pas-de-Calais, ndlr) qui est dans la ligne de mire."
Le timing pour un règlement de compte au sein du PS semble mal choisi au vu des échéances qui attendent la majorité. Mais Martine Aubry, en chef de parti, pouvait-elle laisser passer les attaques dont elle a été la cible? Le dissident Jean-Pierre Kucheida, visé par une enquête préliminaire pour abus de biens sociaux, l'avait qualifiée de "tsarine", s'en prenant aussi à "l'escroc" Montebourg. Des invectives venant d'un mis au ban du parti passe encore, même ancien député. Mais Kucheida n'est pas seul. Il avait reçu le soutien pour sa candidature dissidente (contre le candidat investi par le PS) de Catherine Génisson et Daniel Percheron, les deux patrons de la fédération.


Avec cette mise sous tutelle, la rue de Solférino envoie un message clair aux fédérations qui prennent leurs aises vis-à-vis du parti.

La menace du Congrès

Catherine Génisson a réagi ce mercredi dans un communiqué. Elle estime que le rapport souligne que "l'accusation énoncée à l'encontre d'un système de corruption pouvant bénéficier au PS dans le Pas-de-Calais est dénuée de fondement". Même son de cloche chez Jean-Pierre Kucheida dans la Voix du Nord : "C'est quoi l'information essentielle du conseil national ?... Il n'y a pas de système de corruption au sein de la fédération du Pas-de-Calais."


Le rapport note en effet qu'elle n'a pas découvert de système de corruption. Elle note cependant que "dans la majorité des sections", il y a un "système de comptes bancaires distincts", qu'il "apparaît très souhaitable de ne pas conserver".


En l'absence de preuves sur d'éventuelles malversations, le PS attaque donc sur le non respect du fonctionnement démocratique au sein de la fédération. Le dissident socialiste Alain Alpern s'inquiète : "est-ce que la commission se rend compte de la profondeur du mal ici ?" Pour se faire son avis, Solférino a donc dépêché sur place cinq personnes, Alain Fontanel, Philippe Bonnefoy, Marianne Louis, Laurence Rossignol, et Marc Mancel. Ils doivent tirer au clair la situation. Les dissidents en guerre avec la fédération demande à être entendus dans ce cadre. "Il ne faut pas remplacer une baronnie par une autre", prévient Pierre Ferrari.


De son côté, Jean-Pierre Kucheida brandit contre Martine Aubry la menace du Congrès : "Je n'y serai pas certes mais la fédération du Pas-de-Calais va pouvoir dire sa vérité devant les militants, la façon dont elle a été traitée." Mais avant de procéder au vote, le Pas-de-Calais devra faire le ménage dans ses listes d'adhérents. Le rapport note la multiplication des sections avec moins de cinq adhérents, en désaccord total avec les statuts du parti.

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