vendredi 1 juin 2012

« Subprimes », version ch'ti

Le Point 31 mai 2012

Scandale. Jean- Pierre Kucheida, baron du PS à Liévin, s'est pris pour un trader.

PAR JEAN-MICHEL DÉCUGIS ET AZIZ ZEMOURI

«Le juge pourrait estimer que le président, en signant des contrats de nature spéculative sans y avoir été autorisé par le conseil d'administration, ne pouvait méconnaître le caractère illégal de leur conclusion.»
 Le 4 mai 2009, un avocat d'Ernst &Young, un des plus gros cabinets d'audit international, annonce avec diplomatie à la direction de l'Epinorpa, l'établissement public, qui l'a sollicite par e-mail, d'éventuels futurs ennuis judiciaires de son président, le député maire socialiste de Liévin, Jean-Pierre Kucheida. Trois ans plus tard, celui que tout le monde ici surnomme « Kuche » est rattrapé par la justice. En cause, la gestion financière de la Soginorpa, une filiale de l'Epinorpa qui gère, dans le Pas-de-Calais, 63 475 logements miniers, évalués à 2,4 milliards d'euros. Une enquête préliminaire, désignant nommément le baron du PS local, a été ouverte, fin mars, pour «abus de bien social » par le parquet de Douai à la suite de dénonciations des commissaires aux comptes. Parallèlement, quatre autres dossiers sont en cours d'investigation au parquet de Lille sur les liens entre les élus du bassin minier, le PS local et certains autres établissements publics, comme l'Epinorpa, gérés directement ou indirectement par Jean-Pierre Kucheida. Pour ne rien arranger, une commission d'enquête diligentée par le sénateur Alain Richard aurait, selon le site Mediapart, épinglé des irrégularités au sein de la section de Liévin. Ainsi, la plus importante section PS de France, avec 1200 adhérents, serait incapable de justifier pour l'instant l'origine d'une somme de 120 000 euros... Cet imbroglio judiciaire n'empêche pas Jean-Pierre Kucheida de se présenter dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais où il est élu depuis 1981 et où tout le monde l'annonce vainqueur, bien qu'un candidat PS se présente face à lui.

«Il faut souvent trouver un coupable», avait prévenu l'avocat du cabinet Ernst & Young dans son e-mail titré « Abus de confiance » et adressé au directeur financier de la Soginorpa dont Le Point révèle le contenu. Laconique, celui-ci ajoutait: «Si ce dossier devient un dossier de contentieux, à l'instar du dossier de la Société générale, s'agissant de fonds publics, tous les moyens d'action peuvent être développés devant le juge pour obtenir une condamnation.»
Aujourd'hui, les policiers de la PJ de Lille chargés des différentes enquêtes soupçonnent Jean-Pierre Kucheida d'avoir fait, en toute illégalité, des placements financiers hasardeux au risque de déclencher une crise de subprimes version ch'ti.
La Société de gestion immobilière du Nord/Pas-de-Calais a massivement emprunté aux banques, puis, selon leurs conseils, souscrit des swaps spéculatifs, ces opérations financières consistant à échanger des flux financiers en spéculant par anticipation.
Ainsi, à la Soginorpa, on a échangé des emprunts à taux d'intérêt variable contre d'autres en les anticipant à la baisse... ce qui n'a pas été le cas.
Une stratégie largement utilisée dans le milieu de la finance, mais tout à fait contraire à la vocation sociale de la Soginorpa, qui a joué avec l'argent public et avec celui de ses locataires. Plus embêtant, ces spéculations dignes d'un jeu de roulette de casino se sont poursuivies durant des années, malgré les alertes émises dès 2005 par des experts indépendants.
Résultat? Plus de 200 millions d'euros de perte financière probable.
« Si on avait fait un emprunt à taux fixe, le remboursement aurait été plus coûteux», se défend un haut responsable de la Soginorpa, qui condamne néanmoins ce genre de stratégie. Selon la direction générale de la Soginorpa, la totalité de l'emprunt, 458 millions d'euros, équivalent au montant de l'achat de la Soginorpa, dont l'échance vient en 2014, sera remboursé... en réempruntant !

Le 4 juin au CCE puis quelques jours plus tard à l'Epinorpa, les financiers du groupe tenteront de justifier un nouvel emprunt de 120 millions d'euros pour couvrir une partie de ce remboursement.
Ce qui promet un CA houleux.
Jean-Pierre Kucheida peut-il être tenu responsable de cette cavalerie? A-t-il dissimulé des informations à son conseil d'administration ? Joint par Le Point, l'élu n'a pas souhaité répondre.
Outre l'e-mail de l'avocat du cabinet Ernst &Young, les policiers de la PJ de Lille qui sont saisis de l'enquête ont entre les mains, comme le révèle Le Point, une série de courriers électroniques embarrassants pour Kucheida, datés de 2008.
A cette époque, les magistrats de la chambre régionale des comptes (CRC) enquêtent sur les anomalies de gestion de la Soginorpa.
En interne, souffle un véritable vent de panique. Le 16 octobre 2008, à 7 h 9, le directeur financier se montre très préoccupé : « J'ai décidé d'être courageux même si le back-office a fait son boulot en alertant incessamment.»
Le même responsable fait alors part à d'autres hauts cadres de sa volonté de coincer le directeur général et d'informer le directeur de cabinet, « même si on n'a pas encore les rapports ».
S'ensuit un véritable appel au secours: «Hier, on a entendu des mots comme inconscience, incompétence, faute et erreur de gestion et des synonymes de pots-de-vin,  ce qui fait de nous des complices si on ne prévient pas. La situation est suf­fisamment difficile et complexe pour que je continue seul l'alerte. Il faut nous aider. »

Pactole.

C'est seulement deux mois plus tard, en décembre, que le conseil d'administration de l'Epi­norpa autorisera officiellement le président Kucheida à signer des contrats swaps.
Puis, un an plus tard, le 23 novembre 2009, le direc­teur général, pour couvrir son président, introduira une nouvelle délibération prenant «acte de l'en­semble des contrats swaps vivants a ce jour»...
Placements à haut risque, gestion opaque, problème de gou­vernance, appels d'offres douteux... c'est toute la gestion de la Sogi­norpa qui est aujourd'hui dans le collimateur des policiers.
A com­mencer par l'utilisation abusive de la carte de crédit de la Soginorpa pour les besoins privés du député maire de Liévin. Le montant de ces frais de bouche (voyages, dîners, cadeaux...), échelonnés sur plu­sieurs années, s'élève à 45 000 euros.
Les enquêteurs se penchent aussi sur le pactole distribué gracieusement par la Soginorpa chaque année au nom de la promotion des logements miniers. En 2006, par exemple, « publicité, publications, relations publiques, cadeaux» représentaient 561 604 euros. A quoi s'ajoutaient 185 000 euros de prestations et d'indemnités diverses, plus 104 000 euros de subventions distribuées.

De quoi favoriser le clientélisme : sympathisants politiques, habitants, amis en tout genre...
Exemple: le 13 mars 2008, Jean-Pierre Kucheida distribuait à ces clients (locataires, ayants droit), en tant que président de Maisons & Cités, l'enseigne de la Soginorpa, 1 200 places pour le film « Bienvenue chez les Ch'tis ».
Même la famille de « Kuche » n'est pas en reste. Marie, fille du député maire et artiste photographe, intervient sous le nom de MaryKa dans certaines publications de la Soginorpa. Pour preuve, un devis du livre «Les enfants de la cité», d'un montant de 12 000 euros, a atterri à la comptabilité de la Soginorpa. La note était adressée par l'Apepac, une association pour la promotion des arts et de la culture, non assujettie à la TVA.
L'esprit de famille...

Les énigmatiques Amis de la rose

Le sénateur socialiste Alain Richard, qui a diligente une commission d'enquête interne sur le PS du Pas-de-Calais, a de­mandé en avril la dissolution de l'association Les Amis de la rose, des struc­tures opaques et illégales affiliées à des sections PS.
C'est un des scoops de « Rose mafia 2. L'en­quête», en librairie ces jours-ci.
L'auteur, Martin Leprince, qui a scruté à la loupe le PS du Nord/ Pas-de-Calais dans la prolongation des révélations du livre de Gérard Dalongeville, paru chez le même éditeur en février, lève le voile sur ces énigmati­ques associations que l'on retrouve dans de nombreuses communes PS.
Le journa­liste de Nord Eclair raconte comment il s'est heurté à l'opacité de la plupart de ces structures qui ont souvent à leur tête un maire ou un conseiller municipal PS.
En théorie, ces associations auraient pour activité l'organisation de banquets ou de fêtes des sections PS. Mais, en réalité, à la lecture du livre, tout pousse à croire que le véritable objet de celles-ci a pu être de récolter des fonds.
L'auteur relève par exemple que la feuille de chou de 12 pages publiée dans les années 90 par l'association des Amis de la rose d'Hénin-Beaumont contient trois fois plus d'encarts publicitaires que d'articles. Des pubs d'entreprises de BTP, de transport ou de marques automobiles. Contactée par l'auteur, Catherine Génisson, la première secrétaire de la fédération du Pas-de-Calais, reconnaît que, « dans le cadre du fonctionnement du Parti socialiste, ce n'est pas légal», mais conteste qu'il s'agisse d'«une filière parallèle de financement du PS»

« Rose mafia 2. L'enquête », de Martin Leprince (Jacob-Duvemet, à paraître le 7 juin).

9 commentaires:

  1. Profite encore un peu,"kuch",bientôt
    l'hallali pour toi.

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  2. Personnellement sans remettre en cause totalement ses capacités intellectuelles, je vois mal Kucheida jouer avec des mécanismes boursiers.

    De là, à y voir éventuellement la patte de DSK (...) qui avait des relations dans le bassin minier (cf affaire Carlton).

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  3. Sylvie Andrieux,exclue du PS(700000€
    détournés vers des asso fictives),
    maintient néanmoins sa candidature.
    Raison évoquée:"elle se maintient afin que la 3ème circonscription des
    Bouches-du-Rhônes ne tombe pas entre
    les mains du FN.
    Quel courage,bravo Madame!
    Heureusement que cette dame où encore ce brave JPK sont présents
    pour nous défendre,nous,le petit
    peuple.
    Ils sont tous à vomir!

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  4. vla ti pas que Percheron soutient les dissidents ?
    entre-nous peut-il faire autrement?
    son soutien aveugle à Kucheida est un tel aveu de culpabilité !!!!
    jusqu'où ira t-il ?
    aucun scrupule !
    dans la presse est mentionné son propos...je le cite: "il faut voter pour ce que nous sommes"
    qu'il ne s'inquiète pas,on s'est ce que vous êtes...et on sait quoi voter !

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  5. le ps critiquer l état ump mais aujour dhui nous avons l etat ps la plupart des régions des mairies du sénat conseil générale et la chasse aux sorciere ex ds les medias ferrari pas pierre mais laurence ds la police

    EN JUIN lui donnons pas tous les pouvoirs

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  6. au secours,je viens de tomber amoureux d'adriana karambeu ( 40 ans,quelle belle plante)( mieux qu' eum'germaine),vue sur la 2 ,à l'instant.elle vient de m'appeler au phone.mais je n'ose pas la rappeler. aidez moi,svp.
    ça nous change de la politique..
    non.
    je pense que je vais lui mettre un sou ou plus dans sa tirelire..
    de la coix rouge.
    et tizoote aussi,hin
    la croix rouge.

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  7. Celle là on ne nous l'avait pas encore faite mais tout arrive !!!

    Déclaration de Martine Aubry, vendredi devant des journalistes lillois :

    "Qui a fait tout le travail à Hénin si ce n'est le maire Eugène Binaisse qui s'est penché sur les dossiers, aidé par mon directeur de cabinet Jean-Marc Germain depuis deux ans ! (source le monde.fr)

    Alain, tu connais l'existence de ce Monsieur Germain à Hénin-Beaumont ?

    Peux tu nous dire ce qu'il fait en mairie et sur quels dossiers travaille t'il ?.....

    De qui se moque t'on

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  8. A 16h16: Ils ont raison, les Super dirigeants du ps, puisqu'il y a toujours des pigeons pour voter pour eux donc ils continuent à prendre les gens pour des:( Devinez quoi????)

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  9. à 16 h 19.
    les ripoux du P.S.,AUBRY en tête, continuent à nous prendre pour des cons.qui est ce jean marc germain.j'espere que ce n'est pas un emploi fictif.spécialité des socialistes.comme mr tibery fils (aeroport de paris.)

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